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vendredi, 03 mars 2006

"Le chemin entre l'indifférence et le mépris n'est pas bien long, il est le même entre le mépris et le racisme." (Solidarité Guyane)

 

medium_amerindien_small.jpgLes explorations de la blogosphère ont du bon, elles permettent de s'informer sur un tas de sujets que notre presse, avide de scandale plutôt que d'information, nous passe sous silence. Bien sûr il faut garder un œil critique, tout ce qui s'écrit sur Internet n'est pas à prendre comme argent comptant, et une vérification est toujours nécessaire.

Un exemple me touche puisqu'il concerne la Guyane. En allant sur le site (excellent) de "Réac de Gauche" qui s'indignait justement dans une note de l'uniformité de l'information et de la presse dite de gauche " qui se couche devant la loi des marchés qu'elle considère comme inéluctable.", j'ai appris qu'en Guyane sévissaient la maladie de Chagas, dont je n'avais jamais entendu parler malgré mes nombreux voyages professionnels là-bas ! La dengue, sorte de grippe tropicale due à des virus qui sont transmis par un moustique (Aedes aegypti).ainsi que la leishmaniose cutanée et cutanée américaine, transmise par le phlébotome, petit insecte ressemblant à un moustique, sont également présentes en Guyane, la Brucellose y est courante, ainsi que l'Hépatite A, et les Hépatites B et D y sont hautement endémiques.

Selon l'OMS les maladies infectieuses constituent la cause de 43% des décès dans les pays pauvres pour 1% dans les pays riches, les 4 facteurs influant étant l'hygiène, la nutrition, la vaccination et l'accès aux soins

Pour ce qui est de l'accès aux soins, les liens entre pauvreté et santé sont clairs dans le département français de Guyane, et l'état des lieux de la santé y est donc particulièrement calamiteux, avec une espérance de vie en moyenne 4 ans inférieure à la moyenne nationale. Bien sûr le dispositif de couverture maladie universelle assure aux plus modestes la prise en charge de la plupart des soins. Mais en Guyane le taux de CMU n’a rien à voir avec l’Hexagone, de 7.5% en métropole on passe à 42% voire 70% dans certaines communes, ce département connaît également une très forte immigration et beaucoup d'étrangers en situation irrégulière, et au final la consommation médicale moyenne d’un Guyanais est 4 fois moindre que celle d’un habitant de l’hexagone (environ 500 euros en Guyane pour 2000 euros en métropole) alors que tous les indicateurs sanitaires sont dans le rouge !

Une étude publiée par les syndicats de médecins de Guyane montre aussi que le nombre de praticiens y est 3 fois plus faible qu'en métropole. A cette pénurie s'ajoute la difficulté pour le personnel médical de couvrir l'ensemble du territoire. De plus les médicaments efficaces, en particulier contre le paludisme, traînent à obtenir les autorisations de l'administration sanitaire française, alors qu'ils sont déjà en circulation dans les pays limitrophes comme le Surinam (voir le site Tamanoir)

Mais une des solutions efficaces serait sans aucun doute la prévention des maladies infectieuses. Et les vaccins constituent de puissants outils de prévention !

Ainsi pour le paludisme qui tue 1 million de personnes dans le monde chaque année, la revue britannique The Lancet, a publié en novembre 2005 des résultats sur le vaccin RTS, S/AS02A, fruit d’un partenariat entre le laboratoire GlaxoSmithKline et l’Initiative pour un vaccin contre le paludisme (Malaria Vaccine Initiative) lancée par l’organisation humanitaire américaine Path. Testé sur 2022 enfants âgés de 1 à 4 ans en zone rurale au Mozambique, ce vaccin a permis de retarder ou d’éviter chez 30% des sujets testés un premier accès palustre. Six mois après la vaccination, la présence de parasites dans le sang était de 37% inférieure dans le groupe vacciné, et la fréquence des formes sévères de la maladie, en particulier la malaria cérébrale, réduite de 58% ! Reste à vérifier que le vaccin protège de manière durable et qu’il n’exige pas trop de rappels : les chiffres montrent que 21 mois après la vaccination, la protection des enfants traités est resté supérieure à 38,8% pour les formes sévères de paludisme. Le Dr Pedro Alonso de l’université de Barcelone qui a dirigé l'étude au Mozambique, pense donc qu'il serait "possible de mettre au point un vaccin capable de maîtriser la pandémie de paludisme". Mais d’autres professionnels sont quant à eux beaucoup plus sceptiques sur le sujet et estiment que l'efficacité est insuffisante. Le principal problème reste en effet le prix du vaccin, 5 dollars minimum... Nous voilà replongés dans l’éternel affront entre les industries pharmaceutiques et les pays pauvres, et face à cela une question : à quand l’accès aux médicaments des pays en voie de développement ?

Il est donc plus que temps de souligner le caractère particulièrement scandaleux du silence des bonnes consciences dans les pays industrialisés, où sont produits des médicaments efficaces contre la quasi totalité de ces fléaux endémiques qui continuent d'anéantir les forces vives dont les pays en développement ont tant besoin. Apparemment, les grands groupes pharmaceutiques n'éprouvent aucun intérêt à commercialiser leurs produits, à prix modéré et donc accessible, sur le marché des pays les plus pauvres !

Mais si nous n'avons pas réussi jusqu'ici à mobiliser suffisamment la conscience internationale sur les ravages de tous ces fléaux, n'est ce pas parce que, de notre côté, nous avons tendance à considérer ces maladies comme inévitable, comme une forme de fatalité sous les tropiques, et à adopter une attitude de laisser-aller, jusqu'à ce que le chikungunya fasse rage à la Réunion et s'étende dans les zones touristiques de l'océan Indien, menaçant nos vacances et le cours des valeurs hôtelières à la Bourse de Port-Louis !!!

Commentaires

Merci pour ton petit mot! L'expo dure quinze jours... Ca me ferait plaisir que tu y ailles! Il y aura un compte-rendu de l'expo demain sur http://www.ekologik.com/

Bonne soirée!
Virginie

Écrit par : Virginie | dimanche, 05 mars 2006

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