Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

lundi, 04 mars 2013

Vague blanche pour la Syrie

Le 15 mars prochain marquera les deux ans du début de la révolution syrienne.


En deux ans, selon les Nations unies, plus de 70 000 personnes ont été tuées des dizaines de milliers d’autres sont blessées, disparues ou emprisonnées des milliers de Syriens sont victimes d’actes de torture, de mauvais traitements, de violences sexuelles, de pillages, des millions ont été déplacés à l’intérieur et des centaines de milliers sont réfugiés à l’extérieur.


Pour dire « Stop » aux crimes contre les civils, pour réclamer que justice soit rendue en faveur des victimes, et faire savoir au peuple syrien qu’il n’est pas seul, "Vague blanche pour la Syrie" lanceun appel à une manifestation internationale, en solidarité avec le peuple syrien se tiendra le 15 mars 2013.

avec AMNESTY INTERNATIONAL FRANCE, la FEDERATION INTERNATIONALE DES LIGUES DES DROITS DE L’HOMME (FIDH) , HUMAN RIGHTS WATCH, la LIGUE DES DROITS DE L’HOMME (LDH), L’ORDRE DES AVOCATS DE PARIS, RESEAU EUROMED POUR LES DROITS DE L’HOMME, SOURIA HOURIA, LA DECLARATION DE DAMAS, LE COLLECTIF URGENCE SOLIDARTE SYRIE, L’APPEL D’AVIGNON, REPORTERS SANS FRONTIERES, LE COLLECTIF DU 15 MARS POUR LA DEMOCRATIE EN SYRIE, L’ACAT, L’UNEF, L’ORGANISATION MONDIALE CONTRE LA TORTURE (OMCT) et le soutien de l’agence TBWA/Paris

 

A cette occasion des vidéos 2 minutes pour la Syrie ont été réalisées par Béatrice Soulé et Sarah Moon qui ont demandé à 20 personnalités de commenter les images de reporters-citoyens du réseau Shaam News Network, afin d’accompagner le regard du téléspectateur sur une réalité souvent insoutenable.

 

2' pour la Syrie - Emily Loizeau par vagueblanchepourlasyrie


Il était un homme libre qui disait

tenir debout dans le vent

Comme elle belle la lune quand elle se lève

rejoindre la rumeur du printemps

 

Mon poème n'a pas de mot

Il va au rythme du flot

du sang qui coule sous ta peau

 

Je prendrai des bouts de bois entre mes doigts

je les porterai en flambeau

je réchaufferai la terre

et cueillerai les chagrins d'hivers, les oiseaux

 

mon poème n'a pas de mots

il va au rythme du flot

du sang qui coule sur ta peau

 

Vole le chagrin des oiseaux

vers la ville de Homs et ses lambeaux

Vole le chagrin des oiseaux

quand l'hiver enneige nos plateaux

 

Comme elle est raide la corde,

comme elle est haute

la cime de l'arbre dans le ciel blanc

 

Si ta douleur est profonde quand la nuit tombe

Moi je m'allongerai dedans

 

Je coucherai sous la terre, à l’abri de la lumière

des larmes qui rejoindront la mer

 

Il était un homme libre qui disait

tenir debout dans le sang

D’attraper la foi sauvage des sorciers

la rage pour tenir longtemps

 

Mon poème n'a pas de mot

Il a le son du tonnerre

et de son éclat sur la pierre

 

Vole le chagrin des oiseaux

vers la ville de Homs et ses lambeaux

Vole le chagrin des oiseaux

quand l'hiver enneige nos plateaux

 

Emily Loizeau

samedi, 21 avril 2012

Mai 2012

Monsieur le Président ou madame la Présidente

A l'heure où je vous écris d'une main impatiente

Je ne connais pas votre nom,

Je ne connais pas votre camp,

Mais permettez moi ce message, ça ne prendra pas longtemps.

Je veux d'abord vous adresser toutes mes félicitations

Vous venez de remporter la plus belle des élections

Vous avez du batailler dur pour en arriver là

Donner quelques mauvais coups et encaisser des coups bas

Mais si vous avez atteint la plus haute des fonctions

J'espère que ce n'est pas pour votre unique ambition

Mais bien pour essayer et par tous les moyens

De rendre une vie meilleure pour tous vos citoyens

Car vous le savez mieux que moi

Le plus dur est à venir

Vous avez fait des promesses

Il va falloir les tenir

Des gens ont voté pour vous, une belle majorité

Ne pas les décevoir sera la priorité

C'est que malgré tout ce qu'on dit notre pays on l'aime

On oublie pas la chance qu'on a mais on voit bien les problèmes

Et c'est parce qu'on aime la France qu'on se doit d'être exigeants

Si vous voulez notre confiance on ne pourra pas être indulgents

Bien sur on vous attend pour que vous penchiez sur le cas

De ceux qui souffrent, de ceux qui luttent, de tous ces gens qu'on entends pas

Si vous vous montrez solidaire, c'est tout le pays qui va vous suivre

Un pays qui tends la main est tellement plus beau à vivre

Et si vous construisez l'avenir en vous occupant des enfants

Offrir à tous le même espoir de devenir fort en devenant grand

Il paraît que sur notre drapeau il y a le mot égalité

C'est peut être avec ce mot que vous gagnerez notre respect

On vous demande aussi de la franchise et un peu de sincérité

Tant pis s'il y a moins de rêve, au moins y'aura de la vérité

Ca serait bien qu'au moins une fois on prenne le peuple au sérieux

La dessus vu vos prédécesseurs vous ne pourrez faire que mieux

Et si pouviez aussi agir sur l'ambiance générale

Moins de regards de travers et une France plus conviviale

Toutes nos petites différences sont une richesse à sauvegarder

Un pays multicolore est tellement plus beau à regarder

Ayez la culture de l'humain plutôt que la culture du chiffre

Ayez la culture de demain en misant sur l'altruisme

Il paraît que sur notre drapeau il y a le mot fraternité

C'est peut être avec ce mot que vous ferez notre fierté

Ecrire au Président, ça pourrait paraître pompeux

C'est juste pour que vous sachiez qu'on a envie d'y croire un peu

Croire que ça peut marcher même si souvent on a des doutes

Croire que ça peut changer parce là on fait fausse route

Monsieur le Président ou madame la Présidente

Si je vous écrit cette lettre d'une main exigeante

C'est que vous êtes au sommet et franchement c'est la classe

Mais laissez-moi vous dire que j'aimerai pas être à votre place

Ca doit être chaud c'est que du stress, et de la pression à haute dose

Et tous ces gens qui vous écrivent alors qu'ils connaissent pas grand chose

Quoi qu'il en soit, moi je suis sincère dans ces remarques que je vous lance

Maintenant c'est à vous de faire, la France vous regarde

Alors, bonne chance !

 

Grand corps malade



lundi, 27 février 2012

Il y a 100 ans ... la retraite à 60 ans !

Eh oui, au moment où l'âge de la retraite est repoussé à 62 ans, qui se souvient qu'il y a 100 ans jour pour jour, les travailleurs pouvaient partir à 60 ans ?

En effet l’âge auquel on peut faire valoir ses droits à la retraite a varié à plusieurs reprises depuis qu’il existe une législation concernant les "retraites ouvrières".

 

La loi du 18 juin 1850 avait créé une caisse des retraites pour la vieillesse (qui deviendra avec les lois de 1884 et 1886 la Caisse nationale des retraites), à laquelle l'adhésion était "volontaire, spontanée et libre" donc facultatif. Le cotisant pouvait prendre sa retraite à sa guise à partir de cinquante ans, la rente qui lui était versée étant proportionnelle aux versements qu’il avait accomplis. Il n'y avait pas d’âge maximum au delà duquel le travailleur avait l'obligation de partir, du moins jusqu'à la loi du 20 juillet 1886 où le maximum fut alors fixé à 65 ans. C’était la première loi (capitalisation) qui concernait les salariés du secteur privé. Les ouvriers, aux capacités d’épargne limitées, n’y souscriront guère ...

Envisagé à partir de 1880, le principe des retraites ouvrières et paysannes (ROP) ne commence à être débattu véritablement que 10 ans plus tard. Avec l'entrée d'Alexandre Millerand dans le cabinet Waldeck-Rousseau en 1899, l'état s'implique dans ce dossier et soutient le projet du 14 mai 1901 de Paul Guieysse pour une Caisse nationale de retraite ouvrière inspirée de celle des mineurs. Il veut mettre en place un système plus efficace que les caisses de secours qui mécontentent tout le monde et dont l’équilibre financier est toujours incertain. Ils prétend, au nom de la laïcité, combattre aussi l’influence des sociétés de bienfaisance catholiques. La mutualité peut assurer des caisses de retraite, les sociétés de secours mutuels collecter les cotisations et prendre en charge le service des retraites. Mais la caisse d'Etat est privilégiée au détriment de la Caisse autonome, les concepteurs de la loi, René Viviani, Alexandre Millerand, tous deux anciens socialistes, estimant que les mutualistes ne sont pas capables de gérer techniquement ce système.

Jules Guesde et Paul Lafargue estiment que "la société bourgeoise et capitaliste qui crée et favorise l'exploitation du prolétariat doit pourvoir au bien-être et à la subsistance des vieux travailleurs" mais dénoncent en 1901 le projet qui veut rendre obligatoire les cotisations de retraite.

cgt_retraite 1912.jpgLe projet dans son ensemble fait d'ailleurs l’objet de vives critiques, venant de tous bords : d'un côté la droite, le monde paysan et le patronat qui dénoncent le coût de la mesure et "l’invitation à la paresse", ainsi que l'Eglise qui craint pour ses sociétés de bienfaisance, de l'autre côté la Mutualité, farouchement attachée à la cotisation volontaire et qui ne veulent pas admettre qu'à eux seuls ils n'ont pas les moyens d'assurer cette retraite, et les anarcho-syndicalistes (Jouhaux, Monatte, Merrheim) de la CGT qui estiment par contre que c'est à l'état de financer les retraites. Ces derniers dénoncent une "retraite pour les morts" compte tenu de l’espérance de vie peu élevée des ouvriers. Les cotisations apparaissent trop élevées pour des salaires misérables, et les pensions versées sont, de surcroît, très modiques. Ce nouveau dispositif est donc assimilé à "une vaste escroquerie étatiste, dont les travailleurs feront tous les frais", où "tous paieront pour cela et, de ce chef, des milliards s'entasseront bientôt dans les coffres de l'Etat" (L'Action syndicale du 3 mars 1910).

retraite 1910.jpg

Pourtant, peu à peu une minorité autour de Jean Jaurès, Edouard Vaillant, Albert Thomas, et Marcel Sembat, bientôt soutenue par les allemanistes et les syndicalistes réformistes, voire quelques guesdistes (Jean Ducasse, Victor Renard, Charles Goniaux ...), en est venu à défendre la loi sur les ROP, tout en la trouvant insuffisante. Tous soulignent l’importance d’inscrire dans la législation le passage de l’assistance au droit, la reconnaissance de la légitime intervention de l’État, le progrès de la socialisation des richesses et le potentiel d’émancipation ouvrière par la gestion des caisses de retraites.

Edouard Vaillant est favorable à l'assurance obligatoire, toutefois, comme il l'explique à la chambre des députés le 26 mars 1910, il refuse le principe de la retenue sur le salaire ouvrier. Quelques semaines plus tôt, il a fait adopter, par 197 voix contre 157 lors du VIIème congrès de la SFIO, un texte en faveur de la loi et de son amélioration immédiate sur la base de 3 principes : refus de la capitalisation, gestion ouvrière des caisses et abaissement rapide de l'âge de la retraite. En revanche Paul Lafargue s'y oppose au congrès de la SFIO de 1910 et Jules Guesde, à la Chambre des députés le 31 mars, persiste dans son opposition et est le seul député SFIO à voter contre. Comme la CGT, ils demandent que la retraite soit financée par un impôt spécial "n'atteignant que les privilégiés du capitalisme industriel et terrien.". Les autres votent pour ... Il sera toujours temps, considèrent-ils, d'améliorer ce système. Finalement les mutualistes, convaincus par Léopold Mabilleau, s'y rallient aussi.

huma 19100401_Jaures loi ROP.jpgJaurès écrit dans "l'Humanité" du 1er avril 1910 : "A la presque unanimité, la Chambre a voté hier soir la loi des retraites ouvrières et paysannes. Quels que soient les défauts de la loi que nous avons signalé et que nous corrigerons, c'est chose émouvante de voir consacré ainsi le principe même du droit à la vie et de l'assurance sociale. Ce qui était encore, il y a dix ans, l'utopie lointaine, la chimère raillée, devient par l'effort du prolétariat, par la revendication des travailleurs, la vérité légale, la réalité sociale [...] Dès maintenant, en ce qui concerne la loi même des retraites, notre plan est formé, selon la volonté du Parti, pour l'améliorer et la compléter [...]"

Avec la loi du 5 avril 1910 qui crée les retraites ouvrières et paysannes, les ROP, pour les salariés gagnant moins de 3 000 francs (ce qui permet d’exempter ceux qui préfèreraient se constituer une épargne en achetant un bien immobilier ...), les salariés peuvent prendre leur retraite à 65 ans et recevoir une allocation viagère de l'Etat. Afin de financer celle-ci, une cotisation est prélevée sur les salaires.

La mise en œuvre de la loi fait l’objet d’un rapport annuel au président de la république et le suivi est effectué par un conseil supérieur des retraites ouvrières, composé de personnes qualifiées sur le sujet et de hauts fonctionnaires. En 1912, on constate que si près de 7,5 millions de travailleurs peuvent bénéficier de cette loi, ils ne sont en réalité que 2,65 millions à en profiter, les autres n'ayant versé aucune cotisation, d'ailleurs encouragés par les patrons qui ne voulaient pas de cette retraite obligatoire. Ces chiffres vont d'ailleurs décroître dans les années qui suivent.

La loi de finances du 27 février 1912 donne satisfaction à la revendication syndicale sur l'âge de départ, en abaissant à 60 ans l’âge auquel on pouvait faire valoir ses droits, étant entendu qu’il est possible d’attendre d’avoir atteint 65 ans ... Ce dispositif ne résistera pas à la première guerre et à l'inflation durable, l’employeur n’ayant de plus pas la possibilité d’imposer le prélèvement à ses salariés.

La loi du 5 avril 1928 et du 30 avril 1930 qui instituent, pour les salariés titulaires d'un contrat de travail, une assurance pour les risques maladie, maternité, invalidité, vieillesse et décès, conserve la disposition d'âge de départ acquise en 1912.

La loi du 14 mars 1941, relative à l’"allocation aux vieux travailleurs salariés", comporte une réforme majeure. En effet l'érosion monétaire ne permet plus de préserver le pouvoir d'achat des retraités, ce qui conduit à l'abandon du système de la capitalisation au profit de celui de la répartition, qui va permettre de verser rapidement des retraites aux personnes âgées. Mais l'âge "normal" de la retraite reste 60 ans, sauf pour l’allocation spéciale "aux vieux travailleurs français sans ressources suffisantes" qui n’ont pas cotisé assez longtemps ou pas cotisé du tout, qui n'est versée qu'à partir de 65 ans.

C'est l'ordonnance du 19 octobre 1945 qui, de fait, reculera l'âge de la retraite à 65 ans en minorant les droits acquis à 60 ans à seulement 20% du salaire

Il faudra attendre les deux ordonnances du 26 et du 30 mars 1982 pour revenir à l'âge de la retraite à 60 ans, avec une pension à taux plein pour 37 ans et demi de cotisation.

En repoussant l’âge de la retraite à 62 ans, le gouvernement a donc renié un acquis si longuement attendu par les salariés.

mardi, 10 mai 2011

Une rose dessine le mot espoir ...


Regarde :

Quelque chose a changé.

L'air semble plus léger.

C'est indéfinissable.

 

Regarde :

Sous ce ciel déchiré,

Tout s'est ensoleillé.

C'est indéfinissable.

 

Un homme,

Une rose à la main,

A ouvert le chemin

Vers un autre demain.

 

Les enfants,

Soleil au fond des yeux,

Le suivent deux par deux,

Le coeur en amoureux.

 

Regarde :

C'est fanfare et musique,

Tintamarre et magique,

Féerie féerique.

 

Regarde :

Moins chagrins, moins voûtés,

Tous, ils semblent danser

Leur vie recommencée.

 

Regarde :

On pourrait encore y croire.

Il suffit de le vouloir

Avant qu'il ne soit trop tard.

 

Regarde :

On en a tellement rêvé

Que, sur les mur bétonnés,

Poussent des fleurs de papier

 

Et l'homme,

Une rose à la main,

Etoile à son destin,

Continue son chemin.

 

Seul,

Il est devenu des milliers

Qui marchent, émerveillés

Dans la lumière éclatée.

 

Regarde :

On a envie de se parler,

De s'aimer, de se toucher

Et de tout recommencer.

 

Regarde :

Plantée dans la grisaille,

Par-delà les murailles,

C'est la fête retrouvée.

 

Ce soir,

Quelque chose a changé.

L'air semble plus léger.

C'est indéfinissable.

 

Regarde :

Au ciel de notre histoire,

Une rose, à nos mémoires,

Dessine le mot espoir...



vendredi, 08 avril 2011

no gazaran (suite)

46 minutes pour comprendre les enjeux de la mobilisation contre les gaz et huiles de schiste.

Ames sensibles, attention !

 

<embed

 

Et pour ceux qui ont le temps, le film intégral ... 1 h 3/4 quand même !

lundi, 07 mars 2011

No gazaram !

 Alertée par une voisine blogueuse sur un projet de recherche d"hydrocarbures" pratiquement à ma porte, j'ai fini de collecter toutes les informations pertinantes que j'ai pu trouver sur les hydrocarbures de schistes. "nimby" (Not In My Back Yard - Pas dans mon jardin) me direz-vous ? Pas du tout, cet article était en préparation déjà depuis quelques semaines !

 

Le pétrole est mort ! Vive les hydrocarbures de schiste ? oui mais ...

NON-au-gaz-de-schiste-08-A03.jpgLe gaz de schiste, c'est parait-il la promesse d’un avenir énergétique radieux pendant encore quelques décennies. Les réserves sont gigantesques et il y en a un peu partout sur la planète. Selon le rapport du géant italien de l’énergie E.ON, des milliers de milliards de mètres cubes de gaz en Europe, sept fois plus en Amérique du Nord et plus encore en Asie et en Australie … De quoi flamber encore pendant quelques décennies sans besoin d’énergies renouvelables. Les réserves mondiales sont gigantesques alors que celles du gaz naturel "classique" risquent de diminuer en parallèle avec celles du pétrole. Les prix mondiaux du gaz sont d'ailleurs orientés à la baisse à cause de l'exploitation des gaz de schiste, contrairement à ce qui se passe en France où le prix du pétrole est indexé sur celui du pétrole. La France serait elle aussi assise sur d'importantes réserves de ce gaz naturel, sauf qu'au lieu d'être concentré au sein de poches souterraines, celui-ci est disséminé dans ces argiles profonds et imperméables.

Alors au moment où on nous annonce une forte hausse des tarifs de gaz, tout va très bien, Madame la Marquise ? Eh bien non, car la technologie qui permet de capturer ce gaz est extrêmement lourde de conséquences pour l'environnement, et en signant en mars 2010 des arrêtés autorisant leur recherche, Jean-Louis Borloo, pourtant déclaré champion des énergies renouvelables, a mis le feu aux poudres ... Et le Centre d’analyse stratégique, "en charge d’éclairer le Gouvernement dans la définition et la mise en œuvre de ses orientations stratégiques en matière économique, sociale, environnementale ou culturelle", s'interroge donc sur l'opportunité de se lancer dans leur exploitation.

 

Gaz et huile de schiste, Kesako ?

Les hydrocarbures se sont formés à partir de diverses matières organiques (algues, végétaux, animaux…) déposées dans une roche mère, puis au cours des temps géologiques une partie des hydrocarbures a migré vers une "roche-réservoir" où ils ont été "piégés", ce qui a empêché que la migration se poursuive jusqu’à la surface. Dans le cas des réserves gazières conventionnelles, la roche-réservoir a une perméabilité suffisante pour permettre l’écoulement du gaz vers des puits forés à partir de la surface, ce qui rend possible l’extraction du gaz. Le pétrole est donc situé dans des "poches" situées au-dessus des "roches-mères".

Mais dans le cas des "gaz de schiste" ("shale gas"), les hydrocarbures se trouvent dans des roches situées entre 1 et 3 kilomètres de profondeur, qui sont à la fois compactes et très peu perméables. Le gaz est contenu dans des couches sédimentaires très riches en matière organique, dont la minéralogie est principalement argileuse, avec des quartz et des carbonates qui les rendent friables et leur donne l’apparence du schiste.

La traduction française "gaz de schistes" est donc géologiquement approximative et vient d'une "mauvaise" traduction de l'anglais "shale" qui désigne en fait toute roche sédimentaire litée à grain très fin, en générale argileuse ou marneuse, alors que le schiste désigne toute roche susceptible de se débiter en feuillet. On devrait donc plutôt parler de "gaz de marnes" ou de "gaz de pélites" ...

 

Même si ce n'est pas notre sujet, parlons tout d'abord des schistes bitumineux (oil shale), ni schiste véritable, ni bitume, mais en fait des roches-mères contenant de la matière organique (kérogène) immature, qui n'a pas encore généré de pétrole, car n'ayant pas subi les conditions de température et de pression nécessaire à la génération d'hydrocarbures. Le schiste bitumineux contient généralement suffisamment de pétrole qui brûle sans traitement supplémentaire, et il est connu comme "la pierre qui brûle".  Il existe deux méthodes d’extractions :

  • des mines à ciel ouvert, où l'on retire les couches supérieures afin d’exposer la kérogène à l’air libre et de le traiter par la suite : On creuse depuis la surface, on récupère la roche, on la pyrolyse par le procédé appelé "Retorting" à une température très élevée (450, 500 °C) dans une enceinte privée d’air et ensuite on récupère la vapeur et on raffine le tout. Les schistes d'âge permien, ont été exploités en France, par extraction minière et cuisson (retorting), dans les bassins d'Autun (Saône-et-Loire), de 1835 à 1957, et d'Aumance (Allier) de 1853 à 2001.
  • In situ : Shell est entrain de développer un procédé de «Retorting in situ» visant à chauffer de gros volumes de roche par le moyen de résistances électriques placées dans des puits verticaux (plusieurs centaines de °C).

Le retorting est très gourmand en énergie et en eau, émet beaucoup de C02 et plusieurs polluants comme les oxydes de souffre, oxydes d’azote, des particules, ou encore du monoxyde de carbone. ... enfin le coût d’extraction des kérogènes peut varier entre 52 et 113 dollars le baril contre 6 et 39 pour le pétrole conventionnel ...

Mais ce n'est pas ce n'est pas ce qui nous préoccupe dans cet article  ... et le pétrole de schiste, ou Shale oil en anglais ne doit pas être confondu avec le Oil shale !

 

Le pétrole de schiste (shale oil) concerne des roches-mères matures qui ont généré du pétrole. Il est contenu dans des couches épaisses d’argile dans lesquelles des intercalations fines contiennent du sable qui enferme du pétrole dans ses pores. Les conditions d’écoulement sont très difficiles car la perméabilité est très faible. Quand au gaz de schiste (shale gas), c'est du méthane formé par la dégradation du kérogène et encore contenu dans sa roche mère, parce que celle-ci n'est pas (ou très peu) perméable. Ce méthane y est souvent contenu dans des (micro)pores ne communiquant pas entre eux, ou éventuellement adsorbé sur des particules argileuses, d’où l’imperméabilité de la roche. Cette non perméabilité a empêché le méthane (et les autres hydrocarbures) de migrer. La roche mère est donc restée riche en gaz. C'est donc à la fois une roche mère et une roche "magasin".

Les couches géologiques concernées sont celles du Lias et notamment celles du Toarcien dont l'âge est d'environ 180 millions d'années.

Le problème est que l'accumulation n'est pas discrète (beaucoup de gaz réuni en un point) mais continue (le gaz est présent en faible concentration dans un énorme volume de roche), ce qui rend l'exploitation bien plus difficile ...

 

Un  trésor empoisonné ...

L'exploitation des huiles et gaz de schiste fait donc appel à de nouvelles techniques, telle que la fracturation de la roche par injection d’un mélange d’eau, de sable et de produits chimiques propulsé à très haute pression (600 bars), qui fait remonter le gaz vers la surface avec une partie de ce "liquide de fracturation". cliquer sur l'image ci-dessous, puis ensuite sur les flèches rouges pour voir  une animation très bien faite pour tout comprendre sur cette méthode ...

 

ecran1_fond.jpg

 

Problème, à la différence du pétrole, souvent présent dans de vastes gisements, ce gaz de schiste se trouve dans des petites zones plus largement disséminées. Et parfois, dans des zones habitées.

comment-extrait-on-le-gaz-de-schiste.jpgAutre problème, ce procédé nécessite d’énormes quantités d’eau (plusieurs milliers de m3 par fracturation soit plusieurs centaines de camions), dans des  régions déjà frappées de sécheresse endémique depuis plusieurs années (notamment en Drôme et en Ardèche). Question sensible : que faire de l’eau pompée ? L'envoyer dans nos stations d’épuration domestiques qui ne sont pas conçues pour ? De plus une partie reste au fond du puits, avec des résidus de sable et de nombreux produits chimiques (on parle de 500 à 2 000 produits, dont une partie sont des cancérigènes connus, tels le benzène ...) d'où un énorme danger pour les nappes phréatiques ! Or  Selon le site Owni, un puits pourrait être fracturé jusqu’à 14 fois ... Et il faut un grand nombre de puits pour exploiter un champ, de 10 à 15 au km2 selon Roland Vially de l’Institut français du pétrole (Co2 mon amour, France Inter, 8/01).

On imagine alors la pollution de l'eau et de l'air par les produits chimiques et les gaz, les norias de camions pour acheminer la logistique et l’eau ...

De l'avis unanime des scientifiques, la méthode de l'injection de millions de mètres cubes d'eau, de sable et d'additifs chimiques destinés à casser les schistes et libérer les gaz pourrait avoir un impact catastrophique sur le milieu naturel : eau potable contaminée, diffusion de produits toxiques ...

Un documentaire Gasland (1h40 au total), réalisé par l'américain Josh Fox en 2010, porte précisément sur l'impact de l'extraction des gaz de schiste. Il montre une Amérique prête à sacrifier air pur, eau douce et santé humaine pour quelques mètres cubes de gaz de plus … Bien sûr, comme chez Michael Moore, tout est ici à charge et l'industrie combat farouchement ses affirmations.

Une étude dévastatrice publiée par le ministère de l’Environnement américain (Environmental Protection Agency) sur la filière du gaz naturel devrait apporter de l’eau au moulin aux opposants. Selon l’agence, l’exploration et l’exploitation des gaz de schiste est beaucoup plus polluante que prévu, en particulier à cause de la quantité importante de méthane qui s’échappe dans l’atmosphère. Et lorsque toutes les émissions de gaz à effet de serre sont comptées, la filière du gaz de schiste deviendrait à peine 25 % plus propre que le charbon, la pire des énergies fossiles en ce domaine ... Et si l’on considère l’impact sur 20 ans (en adéquation avec la durée de vie des puits de gaz de schiste), le méthane contenu dans le gaz de schiste, a un PRG (Pouvoir de réchauffement Global) 72 fois plus "efficace" que le CO2 en termes d’effet de serre.

Et la gigantesque enquête sur les gaz de schiste publiée par le New York Times est une nouvelle bombe lancée sur cette technique d'extraction. une traduction de l'article est disponible au format OpenOffice ICI ou Microsoft Office ICI.

Ces documents révèlent que les eaux rejetées par les forages de gaz de schiste sont radioactives à des taux qui peuvent atteindre 1.000 fois les limites autorisées pour l’eau de boisson. Selon les documents que s’est procurés le New York Times, les niveaux de radioactivité dans les eaux usées sont tels que les industriels ne peuvent pas les dépolluer complètement. La moitié des eaux serait donc envoyée dans les stations d’épuration traditionnelles, qui n’ont souvent pas les capacités de ramener les eaux à des niveaux correspondant aux normes requises pour l’eau de boisson.

Pour ceux qui n'ont pas le temps de lire les dix pages de l'original. Rue89 a épluché cette enquête : " Le quotidien américain a consacré de gros moyens au déchiffrage des quelque 30 000 pages de documents confidentiels provenant de l'agence américaine de protection de l'environnement, l'EPA, et de différentes sources internes à l'industrie, qu'il s'est procurés. Une méthode "à la manière de WikiLeaks", mais avec le professionnalisme des équipes du journal, qui ont ajouté aux données brutes :

  • une infographie interactive : une carte recense la radioactivité présente dans 149 des quelque 200 puits installés dans l'Etat de Pennsylvanie et recense 42 puits dont l'eau rejetée dépasse la norme autorisée pour l'eau potable en radium, 4 dans le cas de l'uranium, 41 dans celui du benzène, 128 les dépassent pour le « gross alpha » (des radiations causées par les émissions d'uranium et de radium) ;
  • un reportage vidéo où l'on voit des habitants des montagnes rocheuses (Colorado) obligés de déménager parce que les gaz de schiste les ont « empoisonnés ». Nausées, diarrhées, saignements de nez… ils se disent contaminés par les fuites provenant des extractions autour de chez eux ;
  • et un fichier d'analyse de plus de 200 échantillons pris dans les puits : les taux de radium et d'uranium sont mentionnés ainsi que le cancérigène benzène."

 

Le mensonge par omission du ministre Borloo

1ba555702cda93519a8094967fd55bbe.jpgEn France, un permis, attribué dans le plus grand secret début 2006, a déjà donné lieu en 2007 à des forages d'exploration en Haute-Garonne et en Ariège, selon cette technique de la "fracturation hydraulique". Le site Médiapart a trouvé l'existence de ce permis en examinant le rapport d'activité 2007 de l'ancienne DRIRE (aujourd'hui DREAL, direction régionale de l'environnement de l'aménagement et du logement) Midi-Pyrénées. Le permis de Foix, accordé en 2006 à Encana France (filiale d'un groupe canadien), a été prolongé en juin 2010 jusqu'en 2014, mais sur une surface ramenée de 3478 à 549 km2 attribuée à Vermilion Pyrénées SAS (filiale d'un autre canadien). Un forage en octobre 2007, aurait permis, selon la DRIRE, de trouver du gaz mais si cet essai "s’est avéré positif du point de vue de la méthode, la quantité recueillie ne permet pas d'avoir une rentabilité économique du forage". Finalement, l’aventure a vite tourné court pour Encana ...

Encore novices dans l’exploitation des huiles et gaz de schistes, les groupes français ne peuvent se passer de partenaires américains, les seuls à maîtriser la technique clef d’extraction de ces nouvelles ressources. Depuis le printemps 2010, le géant pétrolier français Total s'est donc allié avec l’américain Chesapeake, le leader mondial dans l’exploration, pendant que GDF Suez s’est offert l’expertise des texans Schuepbach Energy et Dale, "spécialiste du forage urbain" pour explorer des milliers de km² dans le Sud de la France.

gaz_schiste_poster.jpgSignés par Jean-Louis Borloo par arrêtés datés du 1er mars 2010, trois permis exclusifs de recherche (Permis de Montélimar; Permis de Nant, Permis de Villeneuve de Berg)) couvrent en effet une surface totale de 9 672 km2 sur les départements de l’Ardèche, la Drôme, le Vaucluse, le Gard, l’Hérault, l’Aveyron et la Lozère, dessinant un gigantesque V de Montelimar au Nord de Montpellier, remontant à l’Ouest le long du parc naturel des Cévennes.... Un permis de recherche est un euphémisme implicite qui signifie permis d'exploiter ! "On en est encore au début de la phase d’exploration" s’empresse-t-on de souligner chez Total et au ministère de l’écologie – qui a perdu la compétence énergie lors du remaniement de l’automne. Ils se veulent rassurants ... Début janvier, alors que la mobilisation des "anti-gaz de schiste" pointe à peine, le directeur de cabinet de Nathalie Koscuisko-Morizet, Jean-Marie Durant, détaille dans un courrier les étapes prévues par le code minier. Il écrit notamment que les permis d’exploration "ont pour objectif une meilleure connaissance du sous-sol", estimant que "les forages à réaliser sont des puits de reconnaissance faisant appel à des techniques classiques". Il insiste : " Les techniques qui (vous) inquiètent" sont réservées à la phase d’exploitation. C’est faux, comme le démontre le précédent du "permis de Foix" : même en phase d’exploration, la fracturation hydraulique est utilisée.

D’autres permis devraient bientôt être délivrés par le ministère en charges des Mines – compétence d’Eric Besson, principalement dans le Sud-Est, le Bassin parisien et en Aquitaine, en gris sur la "carte des titres miniers d'hydrocarbures" qui fournit 2 fois par an (1er janvier et 1er juillet) les permis, demandes de permis et titres d'exploitation ... Les permis de recherche sont accordés par simple arrêté ministériel sans enquête publique et il sont renouvelables de façon quasi automatique (cf. l’alerte donnée par Corinne Lepage à propos des permis de recherche confirmée ici) ... José Bové estime qu'un "huitième du territoire est concerné".!

Pourquoi découvre-t-on le sujet plusieurs mois après les autorisations accordées par le gouvernement ? La presse, alertée dès le 6 octobre dans Charlie-Hebdo par le journaliste Fabrice Nicolino, était au courant, mais n'avait pas creusé le sujet, les grandes associations écologistes ne se sont mobilisées que tardivement, prétextant un manque d'information ... A la tête de la contestation, on trouve en effet essentiellement des groupes locaux, le député européen José Bové, mais pas ces associations écologistes, plutôt en retrait !

 

Et maintenant ...

Nathalie Kosciusko-Morizet a annoncé une mission, chargée "d'éclairer le gouvernement sur les enjeux économiques, sociaux et environnementaux des hydrocarbures de roche-mère", confiée conjointement au Conseil général de l'industrie, de l'énergie et des technologies (CGIET), ceux-là même qui ont lancé ce délirant programme, et au Conseil général de l'environnement et du développement durable (CGEDD - nouveau nom des Ponts et Chaussées), avant de préciser qu'aucune autorisation de travaux sur le gaz de schiste ne sera donnée ni même instruite avant le résultat de cette mission'' et qu’il n’était "pas question d’autoriser en France une exploitation telle qu’elle est pratiquée en Amérique du Nord". Cette mission  rendra un rapport d'étape le 15 avril 2011 et un rapport final le 31 mai 2011. "Les rapports seront rendus publics et les conclusions en seront tirées avant fin juin 2011", précisent les ministères. Par ailleurs, le 10 février, au cours d'une réunion avec les deux ministres, les entreprises minières ont présenté leurs projets et il a été "décidé conjointement" de "différer" certaines opérations. En contrepartie, "les ministres ont pris acte de l'intérêt des industriels pour une éventuelle prolongation de la durée des permis d'exploration afin de prendre en compte ces décisions.". Les reports annoncés sont variables selon l'avancement des projets et sont le fruit d'un consensus décidé après avoir "examiné la compatibilité des calendriers industriels avec les travaux de la mission CGIET-CGEDD." Ce retard est d’ailleurs très relatif, Monsieur Balkany ayant déjà annoncé qu’il forerait son premier puits dès le jour de la remise du rapport le 15 avril prochain, cela promet ! Une décision qui pourrait décevoir les organisations qui réclament un moratoire. D'autant qu'Eric Besson a fait sursauter les défenseurs de l’environnement en précisant sur Europe 1 le 16 février que "La France n'a pas fermé la porte au gaz de schiste" ... Les 2 ministres ne semblent pas avoir une position identique ... à moins que l'objectif soit de faire le gros dos jusqu'aux élections cantonales !

La résistance s’organise avec notamment la signature d’une pétition qui a recueilli des dizaines de milliers de signatures pour demander un débat public et un moratoire ... ce qu'interdit le nouveau code minier adopté discrètement !

De nombreux rassemblements de citoyens et d'élus se sont tenus ou doivent se tenir dans le sud-EST ou le Sud-Ouest, comme à Villeneuve de Berg, Barjac, Cahors, Gagnières, Lanuejols ou Ispagnac ...

Les prises de position d'élus se multiplient, comme le Conseil général du Gard, Martin Malvy, Jean-Jacques Queyranne, respectivement présidents (PS) des Régions Midi-Pyrénées et Rhône-Alpes, ainsi que par les eurodéputés d'Europe Ecologie Eva Joly et José Bové, et depuis un mois on assiste à  une volée de questions à l'Assemblée nationale ...

L'Association des Régions de France (ARF) relève que "les eaux usées et sursalées résultant de l'exploitation des gaz de schiste s'apparentent à des déchets dangereux", et rappelle que depuis 2002, les Régions ont à charge de planifier la gestion de ce type de déchets.

Pierre Morel-à-L’Huissier, député UMP de la Lozère et Pascal Terrasse, député PS de l’Ardèche ont créé un comité de surveillance et de précaution sur le gaz de schiste et appellent d’autres parlementaires à les rejoindre.

La fédération des Parcs naturels regionaux s'est également prononcé contre les explorations géologiques et toute exploitation.

 

Et dans En Ile-de-France ...

gazdeschiste2011.jpgL'exploitation des gaz de schiste est plus avancée que celle des huiles pour une raison simple : la viscosité du gaz en sous-sol est bien moindre que la viscosité des liquides. Ces derniers s’écoulent beaucoup moins bien. Dans la région parisienne, comme en Picardie et en Champagne-Ardenne, les permis ne concernent pas la recherche de gaz de schiste mais d'huiles de schistes. S’appuyant sur les similitudes géologiques existant avec la formation de Bakken, dans le Dakota du Nord, aux Etats-Unis, on peut penser que le Bassin Parisien recèle ce pétrole qui était jusqu’à présent inaccessible avec les techniques habituelles.

Il faut trouver des bons coins ("sweet spots"), des endroits où les caractéristiques de la roche permettent d'espérer des débits corrects (entre 500 et 1 000 barils par jour par puits, mais avec un déclin de 50% à 70% la première année). Pour que le "shale oil" fonctionne dans le Bassin de Paris, il faut forer dans les régions où la roche-mère, principalement constituée d’une roche connue sous le nom de "Schistes-Cartons" ("black shales"), d’âge Toarcien (180 millions d’années environ), est à une profondeur suffisante pour avoir engendré des hydrocarbures. Cette profondeur minimale d’enfouissement est de l’ordre de 2 300 mètres. Il existe d’autres roches-mères plus anciennes et donc plus profondes dans le Lias (entre 180 et 200 millions d’années) mais elles sont moins bien connues, et ne seront étudiées que dans un deuxième temps.

Deux sociétés pétrolières, TOREADOR ENERGY FRANCE (qui possède déjà 133 puits conventionnels dans la région, pour 885 barils/jour), associé à l'américain Hess, et Vermilion, se partagent déjà aujourd’hui les permis du sous-sol francilien. Le vice-président de Toréador n’est autre que Julien Balkany, le demi-frère de Patrick Balkany, député maire de Levallois-Perret. Gageons que Julien Balkany et sa société Toreador n'ont pas quitté Dallas pour s'implanter à Paris, sans garanties politiques, ou plutôt que cette Société, qui a déposé sa première demande de permis de forage en France le 3 juillet 2007, a vu d'un très bon œil que Julien Balkany les rejoigne en janvier 2009 ...

La fédération régionale de France nature environnement avait publié en janvier une carte interactive de la Direction générale de l’énergie et du climat faisant état d’autorisations de forages sur un secteur couvrant plus de 8 000 km2, en Seine-et-Marne, mais aussi dans l’Essonne et dans les Yvelines. Trois permis d’exploration ont déjà été accordés, et plus de vingt demandes ont été déposées, sans aucune transparence ni concertation avec les collectivités concernées. Et pour l'heure, seules les opérations de fracturation sont suspendues en Ile-de-France jusqu'au 31 mai. Les premiers forages verticaux devraient, eux, débuter dès le 15 avril. Les travaux de préparation (terrassement, avant-trou) sont déjà en cours près de Château-Thierry.

La Seine-et-Marne est le département francilien le plus touché puisque les trois permis d’exploration y ont déjà été attribués à Doue, Signy-Signets et à Jouarre, au cœur du projet de Parc naturel régional (PNR) de la Brie et des deux Morin. 80% de la surface du département, y compris dans les zones urbaines, est concerné par les permis attribués et les demandes en cours d'instruction. 

Christian Jacob, président du groupe UMP, Jean-François Copé, président de l’UMP, et Franck Riester, tous trois députés du département, disent qu’ils n’étaient pas au courant. Or, M. Jacob a été rapporteur de la loi sur le Grenelle de l’environnement … Et alors que la ministre de l’écologie avait assuré qu’aucune autorisation de forage exploratoire ne serait donnée avant la fin d’une mission d‘information qu’elle a diligentée avec le ministère de l’industrie, les travaux ont bel et bien commencé dans la Brie.

gazdeschiste_gd.jpgEt dans le département des Yvelines, les sociétés POROS SAS et TOREADOR ont déposé des demandes de permis de recherche d’hydrocarbure, conventionnel ou non, respectivement n°1552 et n°1566, déclarées recevable et en fin d’instruction. Ces permis couvrent plus des 2/3 des Yvelines, (cf. plan établi à partir du plan officiel).

 

Les élus socialistes du Conseil Régional, Jean-Paul Huchon en tête, se sont rendus à Doue, en Seine-et-Marne pour exiger un moratoire d’urgence sur tous les forages d’exploration de gaz de schiste prévus ou en cours en Ile de France. Jean-Paul Huchon, qui estime que l’exploitation du pétrole non conventionnel serait contraire aux divers documents d’urbanisme et de protection de l’environnement de la collectivité, a demandé au préfet de Région dans un courrier rendu public lundi 7 février de lui fournir toutes les informations en sa possession, et la tenue d’un débat public. Jean-Paul Huchon a exprimé ainsi son opposition à l'exploitation des gaz de schiste en Ile-de-France : "L'indépendance énergétique durable de notre région viendra plus certainement d'une action résolue pour l'efficacité énergétique des bâtiments, le développement des transports en commun et des véhicules propres, et le soutien constant à la production d'énergie renouvelable."


Pour un moratoire sur le Gaz de schiste !
envoyé par Groupe-socialiste-IDF. - L'info internationale vidéo.

De son côté, Europe Ecologie a annoncé dans un communiqué que les groupes de la majorité du conseil régional d'Ile-de-France avaient à leur tour réclamé à Nathalie Kosciusko-Morizet "un moratoire d'urgence" sur l'exploration du pétrole de schiste (ou "schistes bitumineux") et demandé "d'étendre la mission sur les gaz de schiste aux pétroles de schiste".

 

Samedi 5 mars, une manifestation a eu lieu à Doue. Toreador, qui a investi 120M€, a néanmoins informé la commune de la reprise des travaux dès le 15 avril, avec l’arrivée d’une tour de forage.

 

 

AFFAIRE A SUIVRE !

mercredi, 29 décembre 2010

Le code du travail a 100 ans.

Le code du travail a eu 100 ans hier. Gérard Filoche était hier matin sur France-Info pour en parler

 


Gerard FILOCHE et le centenaire du Code du travail
envoyé par FranceInfo. - L'info internationale vidéo.

 

Le "Code du Travail et de la Prévoyance Sociale" a été initialisé par la loi du 28 décembre 1910 portant codification des lois ouvrières.

Pendant la première moitié du XIXe siècle un certain nombre de voix s’élèvent pour critiquer le code civil qui n’a rien prévu pour les ouvriers. On lui reproche surtout l’inégalité des cocontractants dans le contrat de louage de services. A partir de 1830 des libéraux en réclament la révision pour y inclure une législation du travail. Sous la Monarchie de juillet, les socialistes et le parti républicain et démocrate réclament des réformes en faveur des ouvriers. Sous le Second Empire, en 1866 un comité se fonde pour étudier et préparer la refonte du code civil. La question est reprise sous la Troisième République à partir des années 1880.

groussier1.jpgLa question de codification des lois ouvrières est posée pour la première fois en France devant le Parlement par le député socialiste Arthur Groussier, qui dépose le 14 avril 1896 une proposition de résolution chargeant la commission du travail de rassembler et réviser toutes les lois concernant la défense des intérêts des travailleurs et réglant leurs rapports avec leurs employeurs pour en faire un Code du travail.

Arthur Groussier reprend l’idée dans la législature suivante et dépose le 13 juin 1898, une proposition sur le code du travail où il a procédé lui-même à la codification.

La proposition Groussier réglemente la formation du contrat, les obligations qui en résultent, les indemnités qui doivent être allouées en cas de brusque rupture, la fixation et le mode de paiement des salaires. Elle proclame la limitation de la durée du travail effectif à huit heures par jour avec une seule exception : en cas de réparations ou travaux nécessités par un accident grave. Groussier écrivait dans l'exposé des motifs de sa proposition, que la diminution des heures de travail est le seul moyen, dans l'organisation sociale actuelle, d'amoindrir les misères et les souffrances du prolétariat. La proposition contient l'indication des mesures les plus essentielles pour assurer l'hygiène et la sécurité des travailleurs. Près de cent articles sont consacrés aux assurances du travail. Enfin, la proposition envisage la création de deux institutions nouvelles, celle des Chambres de travail qui établiront les statistiques relatives au travail, garantiront le bon fonctionnement de l'inspection et étudieront les questions concernant les rapports des travailleurs et de leurs employeurs, celle des Tribunaux du travail, composés de patrons et d'ouvriers, comme nos Conseils de prud'hommes actuels, mais qui n'auront pas seulement compétence pour trancher les litiges concernant les contrats de travail, mais régleront aussi les contestations ouvertes à la suite, soit d'un accident, soit d'une infraction aux dispositions sur l'hygiène et la sécurité du travailleur. En même temps qu'il comblait les lacunes de la législation sociale, Groussier s'efforçait de mettre en ordre les textes épars concernant les salariés et disséminés dans les nombreuses lois qui se sont succédé au cours du dix-neuvième siècle. "Chaque année, disait-il dans son exposé de motifs, de nouvelles lois viennent s'ajouter, contredisant quelquefois sans les abroger les textes existants. Les dispositions particulières au travail s'enchevêtrent dans des textes d'ordre différent concernant l'assistance, l'hygiène générale, la prévoyance, et ces lois le plus souvent n'intéressent qu'une profession, une catégorie de travailleurs. Aucune vue d'ensemble ne se dégage de leur examen.". Cette proposition n'est pas votée.

En 1900, pour remédier aux lenteurs de l’élaboration d’une législation du travail, le groupe socialiste de la Chambre propose la création d’un Ministère du travail et la mise à l’étude immédiate d’un code ouvrier, synthèse méthodique de toutes les lois votées. Le 26 mars 1901, le député Julien Goujon dépose un nouveau projet de loi codifiant les lois industrielles et ouvrières pour en faire un code du travail. En janvier 1903 le projet socialiste de code du travail est présenté à nouveau au Parlement par le député Victor Dejeante.

Le Ministre en charge du commerce et de l’industrie dans le gouvernement Waldeck-Rousseau, Alexandre Millerand, à la suite d’une autre proposition par Charles Benoist invitant le gouvernement à préparer un code du travail, institue une commission extra-parlementaire, chargée de la codification des lois du travail, mais il interdit à la commission d’introduire dans la législation une seule disposition nouvelle : son mandat unique est de codifier les lois en vigueur. Elle va travailler et aboutir à un projet d’ensemble divisé en six livres, dont elle présente les cinq premiers en avril 1904. Arthur Groussier a très activement collaboré à la rédaction des deux premiers livres, avec un juriste, Paul Sumien.

groussier2.jpgEn février 1905, le gouvernement s’approprie, sans changement, le texte préparé par la commission extraparlementaire, et dépose sur le bureau de la chambre, un projet englobant les livres I à V. La chambre le vote le 15 avril 1905 sans discussion et après de courtes observations du ministre du commerce Fernand Dubief, et des députés Jean Jaurès et Charles Benoist, rapporteur de la loi. Le Sénat est saisi, mais limite son examen au 1er livre malgré le rapport d’ensemble qui lui a été présenté par le sénateur Paul Strauss le 6 mars 1906

Le Sénat fait traîner son étude du texte transmis après le vote de la Chambre ; il disjoint les livres, fait des changements de détail et finalement vote le 7 juin 1910. La Chambre saisie à nouveau, conformément au rapport Groussier, pour accélérer le processus, vote le texte sénatorial qui devient la loi du 28 décembre 1910 qui sera complétée par un décret du 12 janvier 1911. Le livre I du code du travail rentre en vigueur le jour même de la publication du décret, soit le 18 janvier 1911. Ce livre contient 106 articles qui remplacent seize lois.

Seul le livre I est donc adopté ("Des conventions relatives au travail") par la loi du 28 décembre 1910, C’est un texte incomplet, promulgué hâtivement, qui ne change rien à la législation existante, mais qui constitue une "codification des lois ouvrières" dans lequel sont rassemblés tous les textes qui assurent la protection légale des travailleurs, ou qui leur garantissent tant le droit d'association, que la possibilité de faire juger leurs différends par une juridiction professionnelle. Certes, ce code n’a pas créé pour les travailleurs des droits nouveaux, mais ce rassemblement des textes a été fait avec méthode, afin de faire ressortir les insuffisances et les superfétations de la législation existante. Il constitue un document précis, dans lequel employeurs et travailleurs trouvent facilement la définition de leurs droits et devoirs.

Le Livre II traite de la réglementation du travail. C'est dans ce livre que se trouvent codifiées les lois sur la limitation des heures de travail et sur l'hygiène et la sécurité des travailleurs. Il sera adopté en juin 1912

Le Livre III a trait aux Groupements professionnels, livre IV concerne la juridiction et la représentation professionnelles. Les livres IV et III seront adoptés successivement en 1924 et 1927, après avoir perdu entre temps la partie V relative à la "prévoyance sociale".

Le code du travail concerne les salariés sous contrat de travail de droit privé, les salariés de secteur public étant soumis à des statuts particuliers.

Sa première grande refonte a eu lieu en 1973.

Plus récemment le gouvernement a mené entre février 2005 et mai 2008 une réécriture du code, dans le but affiché de le simplifier et de supprimer des dispositions jugées "obsolètes", ce qui a abouti en 2008 ... à doubler le nombre d'articles ! De plus ce Code du travail, a été largement affaibli par la loi TEPA qui vide de sa substance toute référence à une durée légale du travail, et par la réduction des moyens de contrôles de l'inspection du travail.

Des "bruits" courent que, à la demande du Medef, le gouvernement pourrait instituer une nouvelle mission d'étude pour le début d"année prochaine, devant se prononcer sur une nouvelle "simplification"...

lundi, 20 décembre 2010

Il y a 25 ans, ouverture des premiers “ Restos du cœur ”.

Coluche.jpgIl y a 25 ans, le 21 décembre 1985, l'association de lutte contre la pauvreté fondée par le Coluche ouvre ses premiers centres de distribution de vivres dans toute la France.

Une rencontre insolite est à l’origine du concept des Restos du Cœur, celle de Coluche et du député belge au Parlement Européen José Happart. Celui-ci avait introduit une "motion sur la pauvreté" au Parlement de Strasbourg, où il demande que les surplus alimentaires chèrement stockés et détruits soient mis à la disposition de ceux qui en ont besoin. Malheureusement, celle-ci laisse tout le monde indifférent.

Dans les mois qui suivent, Coluche, profitant de l’antenne d’Europe 1, crie la détresse et la misère de certains face au monde, au gaspillage de la société de consommation, à la satisfaction des nantis, au dénuement, au paupérisme des autres. Cette série d’émissions lui vaut nombre d’appels de détresse. C’est à ce moment que lui revient en mémoire l’interpellation du député belge. Et le 26 septembre, Coluche dénonce lui aussi la destruction des surplus agricoles en France et en Europe. "J'ai une petite idée comme ça. Si des fois y'a des marques qui sont intéressées par sponsorer une cantine gratuite qu'on pourrait commencer par faire à Paris, nous on est prêts à aider une entreprise comme ça qui ferait un resto qui aurait comme ambition, au départ, de distribuer 2 000 à 3 000 couverts par jour [...] Quand il y a des excédents de bouffe à droite à gauche, et qu’on les détruit pour maintenir les prix sur le marché, on pourrait les récupérer [...]  et on essaiera de faire un grande cantine pour donner à manger à tous ceux qui ont faim."

 

 

 

 

L’idée des "restos du cœur" est lancée … Plus de 5 000 bénévoles se mettent au service de cette initiative. Jusqu'au 21 mars, au début du printemps, ils distribuent 8,5 millions de repas. Jean-Jacques Goldman crée la Chanson des Restos "Aujourd'hui, on n'a plus le droit, ni d'avoir faim ni d'avoir froid ..." qui va faire un tube et attirer l'attention de tous les médias. Une première émission de télévision est organisée face à l'événement : elle récoltera des millions de francs de dons.

 

 

 

 

Coluche ne veut pas en rester là et entend interpeller un maximum de responsables politiques. Il entre en contact avec José Happart en lui demandant une entrée au Parlement Européen. Happart accepte. En février 86, Coluche plaide la cause des Restos devant le Parlement européen en soulignant que les surplus de nourriture coûtent davantage si on les stocke que si on les distribue gratuitement aux pauvres. Il sera entendu et en 1987 le PEAD (Programme Européen d’Aide aux plus démunis) est institué ... Ces stocks sont distribués par quatre associations dès 1987 : la banque alimentaire de l'abbé Pierre, la Croix-Rouge, le Secours populaire et bien sûr les Restos du Coeur.

Durant l'hiver 1986-1987, une deuxième campagne s’organise, malgré la disparition de Coluche, des associations départementales se créent portant les nom et logo des Restos du Cœur. Ils distribuent 11,5 millions de repas et sont soutenus par 6 000 bénévoles. Le mouvement perdure et s'amplifie : l'année suivante, les Restos du Coeur organisent une autre campagne pour aider les plus démunis tout au long de l'année et non plus seulement en hiver. 22 millions de repas sont distribués par 7 300 bénévoles.

Peu de temps après avoir lancé les Restos du Cœur, Coluche constate que les plus nombreux donateurs sont ceux dont les revenus sont les plus bas. Or, rien ne les avantage fiscalement. Une injustice de plus !

Coluche décide de faire étudier le problème par des fiscalistes, et lance son idée au cours d'une émission télévisée réalisée en janvier 1986 sur TF1, quelques mois avant les élections législatives de décembre. Tous les leaders politiques, de la gauche à la droite, l'assurent alors de leur soutien à cette proposition de loi. Malheureusement, le 19 juin 1986 prive les partisans de ce texte de leur principal aiguillon, et un nouveau gouvernement oublie les engagements du précédent ... jusqu'en 1988, où Michel Charasse inscrit dans la Loi de Finances 1989 un texte proche de celui initialement proposé par Coluche. Et c'est à l'unanimité du Parlement que la "Loi Coluche" est votée en 1988, en référence au fondateur des Restaurants du Cœur. Son nom officiel est article 238 bis du Code Général des Impôts. Elle crée une réduction d'impôts supplémentaire pour les associations caritatives et humanitaires qui viennent en aide aux personnes en difficultés en fournissant de la nourriture, des soins ou un logement aux personnes dans la précarité. Comme le répondait Coluche à certains qui s'inquiétaient qu'il leur fasse de l'ombre : "Mais non ! Je vais vous faire du soleil !".

Cette même année, 25 millions de repas sont distribués par 8 500 bénévoles.

En 1989 a lieu la première tournée des Enfoirés, suivie d’un premier disque au profit de l’association.

affiche-resto-du-coeur.jpgAprès les Restos du Coeur, sont créés les Relais du Coeur destinés à aider les personnes dans leur démarche de réinsertion, les Camions du Coeur, quant à eux, vont dans les rues de Paris pour servir des repas chauds aux sans-abri. Mais la situation en France ne fait qu'empirer et les Restos doivent ouvrir les Toits du Coeur afin d'héberger des personnes en cours de réinsertion. Les chiffres des repas distribués et le nombre de bénévoles ne cessent d'augmenter année après année. Sont ensuite créés les Ateliers et les Jardins du Coeur pour redonner une vie sociale, un rythme de vie et un savoir-faire aux plus démunis. Les actions ne s'arrêtent pas là. Une maison de vacances est organisée à Châtellerault, les premiers relais bébés ouvrent leurs portes, la Péniche du Coeur est installée à Paris ainsi que des résidences sociales à Poissy, au Mans, à Dijon, etc ... des ateliers de lutte contre l'illettrisme sont mis en place ...

Aujourd'hui, la loi accorde aux particuliers qui font un don au profit de n'importe quelle association ou fondation, une réduction fiscale qui est fixée à 66% de la somme versée dans la limite de 20% du revenu imposable. L'amendement Coluche porte cette réduction d'impôt à 75% lorsque ces dons bénéficient aux associations comme les Restos du Coeur "qui procèdent à la fourniture gratuite de repas à des personnes en difficulté, qui contribuent à favoriser leur logement ou qui procèdent, à titre principal, à la fourniture gratuite de soins à des personnes en difficulté." (Art. 200-1 ter du code général des impôts).

Le consensus politique lors du vote de cette loi ne devait pourtant pas empêcher certains de la remettre en cause, comme ce fut le cas lors de l’examen de la loi sur le mécénat en plein mois d’août 2003 ... Mais grâce à l’intense mobilisation des bénévoles des Restos, la loi Coluche fut finalement sauvée et renforcée par les votes unanimes de l'Assemblée Nationale et du Sénat. Cette année encore, en septembre, dans un entretien aux Echos, le ministre du budget François Baroin ... dont la compagne, Michèle Laroque, ne cesse pourtant depuis des années de solliciter la générosité publique pour le Financement des Restos du Cœur avec Les Enfoirés … évoquait la possibilité de retoucher la loi "Coluche" sur les dons aux associations, alors que déjà les dons ont piqué du nez à cause de la crise économique ! Cette défiscalisation, est pourtant un moyens, pour les particuliers, de financer la vie associative, et notamment de soutenir des actions menées par les association suite au désengagement ou au désintérêt de l’état ! Et "la crise" a bien failli être le prétexte pour condamner a coup sûr l’ensemble des associations de Solidarité et d’entraide ! Alors que le slogan des Restos du Coeur est de plus en plus d'actualité ...

"On compte sur vous !"

Finalement le gouvernement a fait machine arrière ... mais pour combien de temps ?

jeudi, 02 septembre 2010

La haine des bourgeois

van_gogh_camp_tzigane_l.jpg"Je me suis pâmé, il y a huit jours, devant un campement de Bohémiens qui s’étaient établis à Rouen. Voilà la troisième fois que j’en vois. Et toujours avec un nouveau plaisir. L’admirable, c’est qu’ils excitaient la haine des bourgeois, bien qu’inoffensifs comme des moutons.

Je me suis fait très mal voir de la foule, en leur donnant quelques sols. Et j’ai entendu de jolis mots à la Prudhomme. Cette haine-là tient à quelque chose de très profond et de complexe. On la retrouve chez tous les gens d’ordre.

C’est la haine qu’on porte au Bédouin, à l’Hérétique, au Philosophe, au Solitaire, au Poète. Et il y a de la peur dans cette haine. Moi qui suis toujours pour les minorités, elle m’exaspère. Il est vrai que beaucoup de choses m'exaspèrent. Du jour où je ne serai plus indigné, je tomberai à plat, comme une poupée à qui on retire son bâton."

Gustave Flaubert, lettre à Georges Sand, Croisset le 12 juin 1867

mardi, 20 avril 2010

Satory a aussi son "mur des fédérés" ...

IMG_0199.jpgIl y a 10 jours, direction Satory ... avec comme but de la ballade la plaque commémorant l'exécution de communards. Une petite plaque, difficile à trouver tant elle est discrète ! Un groupe de militaires, qui habitent pourtant là depuis 20 ans nous disent-ils, n'en a jamais entendu parler ... Heureusement nous savons que ce "mur des fédérés" est proche de l'étang de la Martinière. Nous le trouverons au bout de l'avenue Guichard, juste à côté de la réserve d'eau ...

 

Tout le monde connaît la "semaine sanglante" de mai 1871, et les exécutions sommaires opérées à travers Paris par les soldats versaillais, les communards fusillés sur-le-champ, au pied des barricades, et la vingtaine de "cours prévôtales" qui jugent hâtivement les hommes et les femmes pris les armes à la main et les font fusiller sur place. ... Thiers télégraphiera le 29 mai aux préfets à propos des Parisiens insurgés : "Le sol est jonché de leurs cadavres ; ce spectacle affreux servira de leçon" !

girardet_Louise Michel à Satory.pngOn connaît moins la " terreur tricolore " qui suit : En quelques jours, fin mai/début juin, les troupes de Mac-Mahon raflent plus de 40 000 prisonniers qui sont parqués en divers lieux improvisés à Versailles, dans les casernes, les dépôts et les maisons d'arrêt, à l'Orangerie ou aux Écuries du château. Parmi eux, Louise Michel, arrêtée le 24 mai, et qui restera au camp de Satory jusqu'en septembre, où elle est alors transférée à la prison d'Arras.

Durant le voyage il y a des exécutions, malgré les ordres de Mac-Mahon : "Quand les hommes rendent leurs armes, on ne doit pas les fusiller... cela était admis. Malheureusement, sur certains points on a oublié les instructions que j'avais données". Le 31 mai, un journaliste raconte que, devant lui, le général De Galliffet fait abattre 83 hommes et 12 femmes. Galliffet déclare "Dimanche matin, sur plus de 2 000 fédérés, 111 d'entres eux ont été fusillés et ce, dans des conditions qui démontrent que la victoire était entrée dans toute la maturité de la situation". Sa férocité envers les insurgés lui vaudra le surnom de "Marquis aux talons rouges"

De très nombreux témoignages racontent que durant le trajet les prisonniers sont injuriés et battus par des habitants de Versailles, sans que les soldats escorteurs n'interviennent. Le bilan officiel, rapporté par le général Appert devant l'Assemblée nationale en 1875, fait état de 43 522 arrestations, parmi lesquels 819 femmes et 538 enfants. On en relâche près de 7 700 qui avaient été arrêtés par erreur !

Au camp de Satory, le calvaire continue: aucune hygiène, peu de soins pour les blessés, les épidémies se développent. On abat même 300 prisonniers pour tentative de fuite dans la nuit du 27 au 28 mai.

courbet_les fédérés aux grandes écuries à versailles.pngC'est le spectacle de ces hommes et de ces femmes entassés les uns avec les autres, et qui vécurent plusieurs mois sans abri ni soin, que dessine Gustave Courbet sur l'une des pages du carnet de croquis au fusain où il a consigné quelques scènes de la Commune et de sa répression.

Un grand nombre meurent de maladie, de blessures ou sont abattus et inhumés sur place, entre l'étang de la Martinière et le "Mur des Fédérés" où subsiste une fosse commune à l'emplacement de laquelle une plaque commémorative a été apposée.

 

De sa prison Louise Michel écrit le 8 septembre 1871 :

 

À mes frères


Passez, passez, heures, journées !

Que l'herbe pousse sur les morts !

Tombez, choses à peine nées ;

Vaisseaux, éloignez-vous des ports ;

Passez, passez, ô nuits profondes.

Emiettez-vous, ô vieux monts ;

Des cachots, des tombes, des ondes.

Proscrits ou morts nous reviendrons.

Nous reviendrons, foule sans nombre ;

Nous reviendrons par tous les chemins,

Spectres vengeurs sortant de l'ombre.

Nous viendrons, nous serrant les mains,

Les uns dans les pâles suaires,

Les autres encore sanglants,

Pâles, sous les rouges bannières,

Les trous des balles dans leur flanc.

Tout est fini ! Les forts, les braves,

Tous sont tombés, ô mes amis,

Et déjà rampent les esclaves,

Les traîtres et les avilis.

Hier, je vous voyais, mes frères,

Fils du peuple victorieux,

Fiers et vaillants comme nos pères,

Aller, la Marseillaise aux yeux.

Frères, dans la lutte géante,

J'aimais votre courage ardent,

La mitraille rouge et tonnante,

Les bannières flottant au vent.

Sur les flots, par la grande houle,

Il est beau de tenter le sort ;

Le but, c'est de sauver la foule,

La récompense, c'est la mort.

Vieillards sinistres et débiles,

Puisqu'il vous faut tout notre sang,

Versez-en les ondes fertiles,

Buvez tous au rouge océan ;

Et nous, dans nos rouges bannières,

Enveloppons-nous pour mourir ;

Ensemble, dans ces beaux suaires,

On serait bien là pour dormir.

 

Et le 4 octobre 1871, toujours de cette même prison :

 

Les Œillets rouges


Si j'allais au noir cimetière,

Frère, jetez sur votre soeur,

Comme une espérance dernière,

De rouges œillets tout en fleurs.

Dans les derniers temps de l'Empire,

Lorsque le peuple s'éveillait,

Rouge œillet, ce fut ton sourire

Qui nous dit que tout renaissait.

Aujourd'hui, va fleurir dans l'ombre

Des noires et tristes prisons.

Va fleurir près du captif sombre,

Et dis-lui bien que nous l'aimons.

Dis-lui que par le temps rapide

Tout appartient à l'avenir

Que le vainqueur au front livide

Plus que le vaincu peut mourir.

 

 

 

 

versailles_commune_conseil de guerre.pngA Versailles siège un conseil de guerre.

Parmi les prévenus, Théophile Ferré, collaborateur à La Patrie en danger, journal d'Auguste Blanqui, orateur au club des "Défenseurs de la République", et membre du 152e bataillon de la Garde nationale (Montmartre), il est délégué au Comité central républicain des Vingt arrondissements. Il dirige la défense des canons de la Garde nationale qui sert de prétexte au soulèvement du 18 mars 1871 et propose de marcher immédiatement sur Versailles où se trouvent l'Assemblée nationale et le gouvernement Thiers. Le 26 mars, il est élu au Conseil de la Commune par le XVIIIe arrondissement. Il siège à la commission de Sûreté générale, dont il démissionne le 24 avril, mais est immédiatement réélu. Le 1er mai, il est nommé substitut du procureur de la Commune et le 13 mai délégué à la Sûreté générale. Il vote pour la création du Comité de Salut public. Le 24 mai, il donne son consentement pour l'exécution des otages, parmi lesquels se trouve l'archevêque de Paris Georges Darboy. Lors de son procès pour avoir participé à la Commune, les juges du 3e Conseil de guerre veulent lui faire également endosser la responsabilité de l'ordre d'incendie du ministère des Finances, ce qui se révèle inexact. Au cours de ce procès, Ferré refuse de se défendre. Cependant, accablé de calomnies, il rédige une lettre dans laquelle il se défend, mais que le tribunal ne lui permettra pas de lire. Il est condamné à mort le 2 septembre 1871 et exécuté au camp de Satory à Versailles le 28 novembre.

Il est le seul membre de la Commune de Paris condamné à mort et effectivement exécuté. C'est aussi le compagnon de Louise Michel, et le film Louise Michel la rebelle nous la montre écrivant au président de la République pour l'insulter tous les 28 du mois en mémoire de son compagnon.

 

En même temps que Théophile Ferré, est exécuté Louis Rossel. Officier, il est le seul militaire d'importance à avoir participé à l'insurrection. Jugeant que la guerre contre Bismark avait été perdue à cause de l'incompétence de Bazaine et d'autres dirigeants, il a essayé en vain de convaincre Léon Gambetta de continuer le combat. Le 18 mars 1871, quand Paris se soulève, et qu'Adolphe Thiers déplace son nouveau gouvernement à Versailles avec l'armée régulière, il décide alors de rejoindre la Commune de Paris. Il devient chef de la 17e Légion de la Commune, puis Chef d'État-major, et enfin Président de la Cour Martiale mais il démissionne, ulcéré par son manque de moyens et d'écoute. Le Comité de la Commune, allant dans son sens, le nomme Ministre délégué à la Guerre. Pour ne négliger aucune énergie, Rossel fait alors appel aux femmes qui le remercient de son attitude. Mais Rossel se trouve bientôt en butte à l'hostilité de certains membres du Comité du Salut Public et notamment de l'anarchiste Félix Pyat, qui l'accuse d'aspirer à la dictature, alors qu'au contraire Rossel s'y refuse, bien que certains l'y poussent. Alors il démissionne avec éclat mais ne fuit pas la Commune. "Mon prédécesseur, écrit-il, a eu le tort de se débattre au milieu de cette situation absurde. Eclairé par son exemple, sachant que la force d'un révolutionnaire ne consiste que dans la netteté de la situation, j'ai deux lignes à choisir : briser l'obstacle qui entrave mon action ou me retirer. Je ne briserai pas l'obstacle car l'obstacle c'est vous et votre faiblesse ; je ne veux pas attenter à la souveraineté publique. Je me retire et j'ai l'honneur de vous demander une cellule à Mazan." Le jour même, Rossel est arrêté par ordre du Comité de Salut Public et gardé à la questure sous la garde très "souple" et très amicale de Varlin puis Gérardin. La quasi-totalité de la presse prend sa défense. Il faut dire que Rossel défendait fortement la presse libre et avait défendu leur liberté totale alors que la majorité de la Commune avait fait interdire certains journaux. Rossel reste à Paris. Il préfère être "du côté des vaincus, du côté du peuple". Un accident l'empêchant de marcher, il écrit pendant la "semaine sanglante" des notes lucides sur la Commune et sur la société.

Les Versaillais l'arrêtent, le jugent deux fois. Sa famille nîmoise, des étudiants parisiens, des notables de Nîmes, de Metz, de Montauban, des protestants, Victor Hugo, le colonel Pierre Denfert-Rochereau et de nombreux intellectuels le défendent, en vain. Adolphe Thiers propose à Louis Rossel de le gracier s'il s'exile à vie. Il refuse, voulant assumer ses responsabilités, ne voulant pas trahir son pays et ses convictions ni soulager la conscience de Thiers. "Mourir jeune, d'une mort rapide, d'une mort honorable, laisser un nom respecté et un courageux exemple ce n'est pas un sort à plaindre. Ma mort sera cent fois plus utile que ma vie ou qu'aurait été une longue carrière bien remplie. Je ne me plains pas." Il est, lui aussi, fusillé le 28 novembre 1871, à l'âge de vingt-sept ans, au camp de Satory. Le matin de l'exécution, il remet à son pasteur et ami, M. Passa, une lettre qui est son testament politique : "Je vous charge si jamais le parti que j'ai soutenu arrivait au pouvoir et s'il menaçait ses adversaires de sa vengeance, de faire usage de cette lettre pour leur dire qu'à ma dernière heure, je demande instamment à ceux qui ont l'honneur de défendre la liberté, qu'ils ne vengent pas leurs victimes. Ce serait indigne de la liberté et de nous qui sommes morts pour elle. Votre ami dévoué, Louis-Nathaniel Rossel" Son exécution était, pour Adolphe Thiers, motivée politiquement : "Il fallait faire un exemple."

Dans les années qui suivront la répression, naissent des chansons communardes qui seront sauvées par le colportage et la transmission orale

La Complainte de Rossel


Il n'avait pas trente ans, le cœur plein d'espérance

Plein de patriotisme et d'abnégation,

Quand les bourreaux français tranchèrent l'existence

De ce grand citoyen, de ce fier champion.

C'est pour la Commune égorgée

Qu'il est mort frappé par la loi.

Ô Rossel, mon enfant, ta mort sera vengée,

Ô martyr, dors en paix, dors en paix,

La France pense à toi.

On l'a fait fusiller comme un coupable infâme,

Comme s'il eût commis des crimes inouïs,

Ce fier vaillant soldat qui n'avait dans son âme

Que trop d'amour, hélas ! pour son pauvre pays

Il est mort glorieux pour le salut du monde,

Comme le Christ est mort par la main des bourreaux.

Mais son sang généreux vivifie et féconde

Le droit de liberté qu'il défendait si haut.

La République était son amante adorée,

Pour elle, il a donné sa jeunesse et son sang.

Les Français en émoi, la France déchirée

Pleurent avec nous ce fils, pleurent cet innocent.

Adieu, mon fils, adieu. Ton immense infortune

Laisse dans notre cœur un immortel regret.

Mais si le peuple un jour refaisait la Commune,

C'est au nom de Rossel qu'il se soulèverait.

(à écouter sur http://www.deezer.com/fr/music/rosalie-dubois/chants-de-r...)

 

Picchio_la veuve du fusillé.pngL'histoire a aussi gardé le nom du sergent Pierre Bourgeois, surtout parce qu'il est présent dans un photomontage du général Appert, " Exécution de Rossel, Bourgeois, Ferré". Au début de mars 1871, le 45ème de ligne est transféré à Paris pour y assurer le maintien de l'ordre. Les soldats cantonnent dans le jardin du Luxembourg. Le 12 mars, le sergent Bourgeois, en état d'ébriété, terrasse un officier odieux. Emprisonné au Cherche-Midi, il est libéré par les Fédérés, le 21 mars et s'engage dans la garde nationale. Il prend part à quelques combats contre l'armée de Versailles. Pierre Bourgeois réussit à sortir de Paris mais il sera dénoncé et arrêté. Il est condamné à mort par le 2ème Conseil de guerre pour outrages et voies de fait envers un capitaine du génie, port d'armes contre la France en combattant dans les rangs des bataillons fédérés de la garde nationale contre l'armée française.

 

Commune de Paris_002.jpgAu total, vingt-cinq condamnés à mort par le conseil de guerre sont fusillés au petit matin au polygone d'artillerie, situé maintenant au bord de l'autoroute A 86, devant cinq mille hommes de troupe et quelques curieux.

"Quoique le bruit de cette triple exécution ait été répandu, la population est presque restée indifférente au tragique événement qui allait se passer, et c'est à peine si quelques curieux ont cherché à assister à cette lugubre cérémonie.

C'est à 5 heures ce matin que les condamnés ont été prévenus que l'heure fatale arrivait pour eux et à 7 h heures le funèbre cortège sortait de la prison et a suivi, précédé d'un peloton de cuirassiers et escorté de la Gendarmerie à cheval, la rue St Pierre, l'avenue de Paris, l'Avenue de la Mairie, l'avenue de Sceau et l'avenue du Camp.

Les trois condamnés étaient dans une voiture des transports militaires dans laquelle avait pris place Mr PASSAT, pasteur protestant et Mr l'Abbé FOLLET, aumônier des prisons.

Arrivés à 7 heures 20 minutes sur le plateau Satory où se trouvaient réunis le Régiment du Génie et des Détachements des différents corps de l'armée de Versailles, R0SSEL est descendu le premier et s'est immédiatement dirigé, accompagné de Monsieur le Pasteur protestant, vers le lieu de l'exécution et s'est placé au piquet qui lui était destiné et en face duquel se trouvait le peloton d'exécution, BOURGEOIS est venu ensuite assisté de Mr l'Abbé FOLLET, puis FERRE seul entre deux gendarmes.

Ils étaient à peine placés qu'un roulement de tambour s'est fait entendre et, quelques secondes après, les feux des trois pelotons d'exécution annonçaient que justice était faite.

ROSSEL est tombé le premier, la mort a été instantanée; 7 balles dont deux avaient traversé le cœur, l'avaient atteint en pleine poitrine - B0URGEOIS et FERRE avaient été moins bien visés; trois balles seulement, dont les blessures n'étaient pas mortelles, les avaient frappés l'un et l'autre et ils ont dû rece­voir le coup de grâce pour amener la mort. La contenance de ces trois malheureux a été digne; il n'ont pas eu un mutant de faiblesse.

ROSSEL surtout a été d'une convenance qui a fait l'admiration, si on peut se servir de cette expression des témoins les plus rapprochés au moment de l'exécution.

Tous les trois s'étaient d'abord refusés à avoir les yeux bandés, mais sur l'observation qui leur a été faite ROSSEL et BOURGEOIS ont accepté le bandeau. Seul FERRE auprès duquel on n'a pas pu revenir assez tôt, a été frappé sans avoir les yeux couvert. D'un bandeau." (http://lacomune.perso.neuf.fr/pages/Actua2004B23/pageactu... )

 

Ils sont ensuite enterrés dans le cimetière Saint-Louis, dans le carré des suppliciés surnommé poétiquement "l'enclos des rossignols" Ils ont droit à une fosse séparée surmontée d'une croix de bois portant leur nom. Ultérieurement, Ferré sera transféré à Levallois-Perret et Rossel au cimetière protestant de Nîmes. De vives manifestations en sa faveur éclatèrent lorsqu'il y fut enterré. En revanche, la dépouille du sergent Bougeois ne fut réclamée par personne, ses parents étant décédés.

Certains hommes politiques ont rendu hommage à Rossel, tels Charles de Gaulle dans Le Fil de l'épée et Jean-Pierre Chevènement, auteur de "Louis Rossel et la Commune de Paris", et 2 téléfilms retracent sa vie, l'un "Le Destin de Rossel" de Jean Prat avec Sami Frey en 1966 puis "Rossel et la commune de Paris", de Serge Moati d'après le livre de Jean-Pierre Chevènement, avec André Dussolier en 1977.