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mardi, 12 avril 2011

12 avril 1961 ... une date à part !

Toussaint-Jusqu'à la lune en fusée aérienne_1948.jpgSans doute va-t-on sourire si j'écris que cette journée fut celle qui a le plus décidé de mon avenir ! Et pourtant c'est bien à partir de ce moment que, petit à petit, a germé en moi l'idée de devenir ingénieure pour travailler dans le spatial ... et c'est finalement bien ce que j'ai fait. J'ai d'ailleurs tellement dû le répéter à mes camarades qu'en fin de seconde, elles m'avaient dédicacé une photo de classe avec ces mots "à notre future astronaute". Bon, je ne me suis jamais envolé dans le ciel, mais j'ai fait toute ma carrière professionnelle dans les fusées, en particulier ARIANE. Et j'avoue que je m'y suis "défoncée" !

Ce 12 avril donc, j'étais pensionnaire, car ma mère, atteinte d'un cancer, était soignée loin de nous, à l'institut Curie, elle allait mourir 4 mois plus tard et mes grands parents avaient déjà beaucoup de mal à s'occuper des plus jeunes pendant que mon père sillonnait les routes avec son métier et "montait" un week-end sur deux à Paris. C'est dire que ce qui se passait "dehors" ne me parvenait que très peu ... le procès d'Eichmann qui avait commencé la veille, la crise de Berlin avec le bouclage de la frontière entre l'est et l'ouest ce même 12 avril, le fiasco de la Baie des Cochons ou le putsch d'Alger quelques jours plus tard, tous des évènements importants qui ont fait la une des journaux et des radios, je n'en ai aucun souvenir personnel. Mais de Iouri Gagarine dans l'espace, si !!!

Pourtant à 12 ans, j'étais déjà très intéressée par l'actualité, à l'image de mes parents qui se passionnaient pour la politique, lisaient les journaux et écoutaient beaucoup la radio. Avant la maladie de ma mère, mon père avait d'ailleurs eu des velléités de militer ... je préfère ne pas trop savoir où ...

J'étais pensionnaire donc, dans une école privée, où la majorité des enseignants et encadrants étaient des laïcs, mais où quelques personnes de la cantine ou de l'internat étaient des religieuses. Nous avions donc comme surveillante une polonaise qui avait fui le communisme et était rentrée dans la congrégation à qui appartenait cette école. Très catholique, elle détestait les juifs et aurait bien pardonné à Adolf Eichmann ses crimes, mais elle détestait encore plus les communistes qui l'avaient obligée à fuir sa campagne polonaise pour ne pas renier sa religion. Elle était rondouillarde, avec un teint rouge, et ne parlais pas bien le français, c'est à peu près tout ce dont je me souviens d'elle car avec les années, ma mémoire la confond avec une autre religieuse polonaise, surveillante de cantine elle aussi, mais quelques années plus tard et dans une autre école. La première était une "peau de vache" aigrie, alors que la seconde était la crème des surveillante, chouchoutant les pensionnaires en leur donnant les meilleures parts au détriment des demi-pensionnaires, sous le prétexte que celles-ci mangeraient mieux le soir ...

Ce jour là donc, un mercredi, nous étions à la cantine. Peut être pour le repas de midi ou pour le gouter ... Bien sûr nous n'avions aucun écho de ce qui se passait dans le monde. Je vois encore très bien la grande salle où nous nous trouvions, donnant sur la cour de récréation par une large porte-fenêtre, avec une grande table en fer à cheval où nous prenions nos repas. Je tournais le dos à la fenêtre et faisais face à la porte qui menait à la cuisine, ça j'en suis sure. A ce moment notre surveillante polonaise, d'habitude peu loquace, est rentrée dans la salle en courant et surtout en criant "un homme dans l'espace, un homme dans l'espace !". Il lui fallut bien cinq minutes pour reprendre son souffle et nous raconter qu'un homme, un jeune Russe de 27 ans, était le premier à réaliser un vieux rêve humain, aller dans l'espace, et qu'il était revenu vivant et même en bonne santé de ces 108 minutes en apesanteur ... notre surveillante polonaise avait trouvé son héros, et le comble, c'était un russe !

illustration tirée du livre Jusqu'à la lune en fusée aérienne de Otfrid von Hanstein, paru en 1928 en Allemagne , traduit en France en 1948 par Tancrède Vallerey et finement illustré par Maurice Toussaint. 

jeudi, 03 février 2011

Le 3 février 1851, une loi vote un crédit spécial pour subventionner les lavoirs

lavandiere_2.jpgDepuis les temps les plus reculés, laver le linge est une activité dévolue à la femme.

Une des plus ancienne description de lavage est sans doute extraite du chant VI de l'Odyssée d'Homère (traduction de Leconte de Lisle)

"[...] Et sa mère était assise au foyer avec ses servantes, filant la laine teinte de pourpre marine ; et son père sortait avec les rois illustres, pour se rendre au conseil où l'appelaient les nobles Phaiakiens. Et, s'arrêtant près de son cher père, elle lui dit :

- Cher père, ne me feras-tu point préparer un char large et élevé, afin que je porte au fleuve et que je lave nos beaux vêtements qui gisent salis ? Il te convient, en effet, à toi qui t'assieds au conseil parmi les premiers, de porter de beaux vêtements. Tu as cinq fils dans ta maison royale ; deux sont mariés, et trois sont encore des jeunes hommes florissants. Et ceux-ci veulent aller aux danses, couverts de vêtements propres et frais, et ces soins me sont réservés.

lavandiere_3.jpgElle parla ainsi, n'osant nommer à son cher père ses noces fleuries ; mais il la comprit et il lui répondit :

- Je ne te refuserai, mon enfant, ni des mulets, ni autre chose. Va, et mes serviteurs te prépareront un char large et élevé propre à porter une charge.

Ayant ainsi parlé, il commanda aux serviteurs, et ils obéirent. Ils firent sortir un char rapide et ils le disposèrent, et ils mirent les mulets sous le joug et les lièrent au char. Et Nausikaa apporta de sa chambre ses belles robes, et elle les déposa dans le char. Et sa mère enfermait d'excellents mets dans une corbeille, et elle versa du vin dans une outre de peau de chèvre. La jeune vierge monta sur le char, et sa mère lui donna dans une fiole d'or une huile liquide, afin qu'elle se parfumât avec ses femmes. Et Nausikaa saisit le fouet et les belles rênes, et elle fouetta les mulets afin qu'ils courussent ; et ceux-ci, faisant un grand bruit, s'élancèrent, emportant les vêtements et Nausikaa, mais non pas seule, car les autres femmes allaient avec elle.

lavandiere_4.jpgEt quand elles furent parvenues au cours limpide du fleuve, là où étaient les lavoirs pleins toute l'année, car une belle eau abondante y débordait, propre à laver toutes les choses souillées, elles délièrent les mulets du char, et elles les menèrent vers le fleuve tourbillonnant, afin qu'ils pussent manger les douces herbes. Puis, elles saisirent de leurs mains, dans le char, les vêtements qu'elles plongèrent dans l'eau profonde, les foulant dans les lavoirs et disputant de promptitude. Et, les ayant lavés et purifiés de toute souillure, elles les étendirent en ordre sur les rochers du rivage que la mer avait baignés. Et s'étant elles-mêmes baignées et parfumées d'huile luisante, elles prirent leur repas sur le bord du fleuve. Et les vêtements séchaient à la splendeur de Hèlios."

Et c'est en rentrant au palais et qu'elles aperçurent Ulysse habillé seulement d'une branche chargée de feuilles ...

 

Mais ce travail n'est pas si paradisiaque ! Le métier de lavandière est un métier très pénible, la blanchisseuse est agenouillée toute la journée dans l'humidité, et l'hiver, il faut casser la glace du lavoir qui est gelé, battre le linge dans le froid et l'eau glacée et l'humidité ... Les lavandières ont souvent "l'onglée" aux doigts.

lavandieres_2_m.jpgDès XIIème siècle, la lessive du gros linge est en usage une fois l'an, puis deux fois l'an, voire trois fois au XIXème siècle et dure deux ou trois jours. A côté de ces temps forts, il y a naturellement des lessives plus modestes, le fameux "jour de lessive" destiné aux vêtements de travail, aux sous-vêtement et aux bas de coton, aux tabliers, aux mouchoirs ...

La lessive est effectuée à partir d'un point d'eau, fontaine, mare, étang, cours d'eau. Sur les bords de la seine, comme sur les rives de toutes les rivières de France, on pouvait donc rencontrer des lavandières qui se servaient d’une planche à laver, d’une petite caisse pour s’agenouiller près de l’eau, d’un planche à frotter et d’un battoir qu'elles transportaient dans leur brouette lourdement chargée. Elles installaient leur selle (sorte de planche sur deux trétaux) et, à genoux, avec des gestes immuables, elles savonnaient, battaient, malaxaient, roulaient et essoraient leur linge sur les bords du fleuve.

« C’est ici, du matin au soir,

Que par la langue et le battoir

On lessive toute la Ville.

On parle haut, on tape fort,

Le battoir bat, la langue mord !

Pour être une laveuse habile,

Il faut prouver devant témoins

Que le battoir est très agile,

Que la langue ne l’est pas moins."

Achille Millien

 

A Paris, les rues des Lavandières (ou encore Lavandières Saint-Jacques) et des avandières Sainte Opportune datent du XIIIème siècle et doivent leur nom aux lavandières que le voisinage de la rivière avait attirées. Une rue des Blanchisseuses fut également ouverte, vers 1810, entre le quai de Billy et la rue de Chaillot.

La Taille de 1292 cite 43 lavandiers ou lavandières, parmi lesquels "Jehanne, lavendière de l'abbaie" de Sainte-Geneviève ; elle habitait la "rue du Moustier" qui est devenue la rue des Prêtres-Saint-Étienne du Mont. Cependant, à cette époque et dans la plupart des communautés, les religieux lavaient eux-mêmes leurs vêtements et leur linge. On faisait chauffer l'eau à la cuisine. Les objets blanchis étaient ensuite étendus soit dans le cloître, soit dans un séchoir spécial.

Jean-Baptiste_Siméon_Chardin_019.jpgChargées de l'entretien du linge des familles aisées, les lavandières font partie du personnel habituel des "hôtels", tout comme les panetiers, les clercs de la paneterie des nappes, les clercs de la paneterie du commun, les charretiers de la paneterie des nappes, les "porte chapes" (ou maîtres traiteurs, du mot chape, couvercle qui sert à couvrir les plats afin de les maintenir chauds), les sommeliers, les gardes-chambre (ou chambellans), les portiers, les portefaix et les valets de la porte, les sommiers ou voituriers ... qui touchent des gages, reçoivent de l'avoine, des chandelles, du bois.

D'autres encore travaillent à la journée au service de particuliers, de maîtres de grandes maisons, de fermiers, de métayers, de notables, pour un maigre salaire en toutes saisons, sauf lorsque le fleuve était pris par les glaces. Une ordonnance du 30 janvier 1350 fixe à "un tournoi en toute saison le prix que pourront demander toutes manières de lavandières de chacune pièce de linge lavé." (source : "La vie privée d'autrefois: arts et métiers, modes, moeurs, usages des parisiens du XIIe au XVIIIe siècle d'après des documents originaux ou inédits). Elles côtoient les ménagères de condition modeste qui viennent laver elles-mêmes leur linge à la rivière. Ces opérations sont décrites ICI, avec un poème bien sympathique, ICI, ICI ou encore LA, avec des photos anciennes...

Bien que jamais érigées en corporation régulière, les blanchisseuses ou lavandières "professionnelles" doivent se plier à partir du XVIIe siècle aux exigences d'une administration parisienne veillant à la bonne hygiène ! Très tôt, les lois et les décrets visant l’existence et l’implantation d’établissements insalubres dans Paris poussent les industries du blanchissage à quitter la capitale pour s’installer dans les communes voisines.

lavandiere.jpgAvec les progrès de l'hygiène, des locaux plus confortables et fonctionnels apparaissent, avec en particulier la construction de lavoirs. Choléra, variole et typhoïde ont marqué le XIXème siècle. Le linge peut véhiculer des germes malsains. Les habitants qui viennent s’approvisionner en eau trouvent l’eau des puits et des rivières souillée par les savons et les saletés. L’édification de lavoirs s’impose. Par la loi du 3 Février 1851, l'Assemblée législative vote un crédit spécial de 600 000 francs pour subventionner, à hauteur de 30 %, la construction d’établissement modèles de bains et lavoirs publics, gratuits ou à prix réduits. Chaque projet est subventionné à hauteur de 20 000 francs. Malgré les sommes à trouver pour compléter la subvention, de nombreuses communes, même modestes, engagent les travaux. La construction est commandée par les municipalités sous le contrôle de l'administration départementale. Les travaux sont mis alors en adjudication sur rabais à la chandelle, d'où une certaine similitude de conception et de matériaux. Il y a au moins un lavoir par village ou hameau et l'on peut estimer l'importance du village au nombre de ses lavoirs. Certains possèdent même un dispositif pour chauffer des lessiveuses et produire de la cendre qui blanchit le linge ... Les lavoirs seront utilisés jusqu'à l’arrivée de l’eau courante dans les maisons.

Lieu de convivialité, le lavoir est également un lieu de chant ; on y fredonne quelques airs à la mode et parfois on y va de ses  commérages : "Au lavoir, on lave le linge, mais on salit les gens" dit-on !

 

A Paris et dans de nombreuses villes traversées par un fleuve, est-ce parce que les lavandières étaient réputées de mœurs légères et que les mauvais garçons se mêlaient souvent aux lessives que l'on décida de créer des endroits où les jeunes filles et les femmes honnêtes des classes populaires pourraient laver leur linge en toute tranquillité, les fameux bateaux-lavoirs ?

 

" Ô Lavandière "

 

Sachez qu'hier, de ma lucarne,

J'ai vu, j'ai couvert de clins d'yeux,

Une fille qui dans la Marne

Lavait des torchons radieux

 

Je pris un air incendiaire

Je m'adossais contre un pilier

Puis le lui dis " Ô Lavandière "

Blanchisseuse étant familier

 

La blanchisseuse gaie et tendre

Sourit et, dans la hameau noir

Au loin, sa mère cessa d'entendre

Le bruit vertueux du battoir.

 

Je m'arrête. L'idylle est douce

Mais ne veut pas, je vous le dis,

Qu'au delà du baiser on pousse

La peinture du paradis.

 

Victor Hugo

 

L'origine des bateaux-lavoirs remonterait au XVIIe siècle. Le 16 septembre 1623, un traité assure à un entrepreneur, Jean de la Grange, secrétaire du roi Louis XIII, divers droits à conditions qu'il poursuive l'aménagement de l'Ile Notre-Dame et de l'Ile aux vaches, dont celui de mette à perpétuité sur la Seine "des bateaux à laver les lessives, en telle quantité qu'il feroit avisé & en tel endroit qu'il jugerroit à propos; pourvû que ce fût sans empêchement de la navigation, ni que le bruit pût incommoder les maisons du Cloître Notre-Dame". (source : "traité de la police" de M.De la mare, volume 1 - page 100 de l'édition de 1722).

Bateau-lavoir-2.jpgMais c'est surtout au XIXème siècle que les bateaux-lavoirs se développent partout en France, un mouvement qu’accélère la loi du 3 février 1851. Un lavoir flottant établi à Paris même, la Sirène, propose déjà les appareils les plus perfectionnés de l’époque. Il a été détruit par les glaces durant les grands froids de 1830. Les lavoirs flottants sont pourvus de buanderies à partir de 1844 afin de lutter contre la forte concurrence des lavoirs publics et des grandes buanderies de banlieue qui ne cessent de se créer, véritables usines à laver qui mettent à disposition des laveuses eau chaude, essoreuses, séchoirs à air chaud et à air libre, réfectoire et même parfois salle de garde pour les enfants en bas âge. 25 à 30 mètres de long; au premier niveau se trouvent les postes des blanchisseuses et, au milieu, deux rangées de chaudières posées sur des briques. L’étage se partage entre l’habitation du patron et le séchoir.

3309-14.jpgEn 1852, il existe dans Paris 93 lavoirs et buanderies, principalement répartis dans les divers quartiers pauvres, comme le Lavoir Moderne Parisien dans le quartier de la Goutte d'Or; les bateaux-lavoirs stationnant sur le canal Saint-Martin sont au nombre de 17, ceux sur la Seine s'élèvent à 64 ( source : Dictionnaire historique des rues et monuments de Paris en 1855 de Félix et Louis Lazare, page 111 et suivantes) Mais pour beaucoup de familles pauvres, l’usage des bateaux-lavoirs est trop onéreux et, depuis les quartiers éloignés, il est bien pénible de porter son linge aux bateaux-lavoirs sur une brouette … et bientôt le nombre des bateaux-lavoirs parisiens est en constante perte de vitesse. En 1880, il n'y a plus en Ile-de-France que 64 bateaux-lavoirs offrant 3800 places de laveuses. Vingt-trois de ces lavoirs flottants sont à Paris même, dont six sur le canal Saint-Martin et trente-cinq se répartissent en banlieue sur la Seine, la Marne et l’Oise. À la fin du XIXe siècle, la plupart de ces bateaux-lavoirs sont la propriété d’une seule famille en vertu d’un bail qui lui a été consenti, en 1892, par la Société du Canal Saint-Martin. Mais, les bateaux-lavoirs disparaissent inéluctablement dans la première moitié du XXe siècle.

Les 4 derniers bateaux-lavoirs sur la Seine disparaissent pendant la dernière guerre mondiale, sur ordre des allemands, pour faciliter la navigation : une vidéo de l'INA annonce cette décision ...

retrouver ce média sur www.ina.fr

 

Au fait, vous souvenez-vous qu'une des insultes du capitaine Haddock est "Amiral de bateau-lavoir" ?

 

Emile Zola a décrit le travail des lavandières dans plusieurs de ses écrits :

"Un grand hangar, monté sur piliers de fonte, à plafond plat, dont les poutres sont apparentes. Fenêtres larges et claires. En entrant, à gauche, le bureau, où se tient la dame; petit cabinet vitré, avec tablette encombrée de registres et de papiers. Derrière les vitres, pains de savon, battoirs, brosses, bleu, etc. A gauche est le cuvier pour la lessive, un vaste chaudron de cuivre à ras de terre, avec un couvercle qui descend, grâce à une mécanique.  A côté est l'essoreuse, des cylindres dans lesquels on met un paquet de linge, qui y sont pressés fortement, par une machine à vapeur. Le réservoir d¹eau chaude est là. la machine est au fond, elle fonctionne tout le jour, dans le bruit du lavoir; son volant  ; on voit le pied rond et énorme de la cheminée, dans le coin. Enfin, un escalier conduit au séchoir, au-dessus du lavoir, une vaste salle fermée sur les deux côtés par des persiennes à petites lames ; on étend le linge sur des fils de laiton. A l'autre bout du lavoir, sont d'immenses réservoirs de zinc, ronds. Eau froide.

Le lavoir contient cent huit places. Voici maintenant de quoi se compose une place. On a, d¹un côté, une boite placée debout, dans laquelle la laveuse se met debout pour garantir un peu ses jupes. Devant elle, elle a une planche, qu'on appelle la batterie et sur laquelle elle bat le linge ; elle a à côté d'elle un baquet sur pied dans lequel elle met l'eau chaude, ou l'eau de lessive. Puis derrière, de l¹autre côté, la laveuse a un grand baquet fixé au sol, au-dessus duquel est un robinet d'eau froide, un robinet libre ; sur le baquet passe une planche étroite où l'on jette le linge; au-dessus; il y a deux barres, pour prendre le linge et l'égoutter. Cet appareil est établi pour rincer. La laveuse a encore un petit baquet sur pied pour placer le linge, et un seau dans lequel elle va chercher l'eau chaude et l'eau de lessive.

on a tout cela pour huit sous par jour. La ménagère paie un sou l'heure. L'eau de javel coûte deux sous le litre. Cette eau, vendue en grande quantité,est dans des jarres. Eau chaude et eau de lessive, un sou le seau. On emploie encore du bicarbonate - de la potasse pour couler. Le chlore est défendu."

Carnets d'enquêtes - La Goutte d'Or 1875

Sur le boulevard, Gervaise tourna à gauche et suivit la rue Neuve-de-la-Goutte-d'Or. En passant devant la boutique de Mme Fauconnier, elle salua d'un petit signe de tête. Le lavoir était situé vers le milieu de la rue, à l'endroit où le pavé commençait à monter. Au-dessus d'un bâtiment plat, trois énormes réservoirs d'eau, des cylindres de zinc fortement boulonnés, montraient leurs rondeurs grises ; tandis que, derrière, s'élevait le séchoir, un deuxième étage très haut, clos de tous les côtés par des persiennes à lames minces, au travers desquelles passait le grand air, et qui laissaient voir des pièces de linge séchant sur des fils de laiton. A droite des réservoirs, le tuyau étroit de la machine à vapeur soufflait, d'une haleine rude et régulière, des jets de fumée blanche. Gervaise, sans retrousser ses jupes, en femme habituée aux flaques, s'engagea sous la porte, encombrée de jarres d'eau de javel. Elle connaissait déjà la maîtresse du lavoir, une petite femme délicate, aux yeux malades, assise dans un cabinet vitré, avec des registres devant elle, des pains de savon sur des étagères, des boules de bleu dans des bocaux, des livres de bicarbonate de soude en paquets. Et, en passant, elle lui réclama son battoir et sa brosse, qu'elle lui avait donnés à garder, lors de son dernier savonnage. Puis, après avoir pris son numéro, elle entra. C'était un immense hangar, à plafond plat, à poutres apparentes, monté sur des piliers de fonte, fermé par de larges fenêtres claires. Un plein jour blafard passait librement dans la buée chaude suspendue comme un brouillard laiteux. Des fumées montaient de certains coins, s'étalant, noyant les fonds d'un voile bleuâtre. Il pleuvait une humidité lourde, chargée d'une odeur savonneuse, une odeur fade, moite, continue ; et, par moments, des souffles plus forts d'eau de javel dominaient. Le long des batteries, aux deux côtés de l'allée centrale, il y avait des files de femmes, les bras nus jusqu'aux épaules, le cou nu, les jupes raccourcies montrant des bas de couleur et de gros souliers lacés. Elles tapaient furieusement, riaient, se renversaient pour crier un mot dans le vacarme, se penchaient au fond de leurs baquets, ordurières, brutales, dégingandées, trempées comme par une averse, les chairs rougies et fumantes. Autour d'elles, sous elles, coulait un grand ruissellement, les seaux d'eau chaude promenés et vidés d'un trait, les robinets d'eau froide ouverts, pissant de haut, les éclaboussements des battoirs, les égouttures des linges rincés, les mares où elles pataugeaient s'en allant par petits ruisseaux sur les dalles en pente. Et, au milieu des cris, des coups cadencés, du bruit murmurant de pluie, de cette clameur d'orage s'étouffant sous le plafond mouillé, la machine à vapeur, à droite, toute blanche d'une rosée fine, haletait et ronflait sans relâche, avec la trépidation dansante de son volant qui semblait régler l'énormité du tapage."

L'Assommoir

 

lina bill_lavandière en provence.jpegA partir du XIXème siècle, la lessive se fait aussi "chez soi". En vue de ces lessives, on conserve la cendre de bois des cendriers et on la passe au tamis fin pour obtenir une poudre gris clair, fine et soyeuse au toucher. On chauffe de l'eau puis on la verse dans un cuvier chargé de linge recouvert de ces cendres, qui alors libèrent des sels de potasse qui traversent le linge. La première passe se fait avec de l'eau chaude, mais pas bouillante, pour ne pas "cuire les taches". ("coulage à froid"). L'eau qui s'écoule est récupérée, remise à chauffer et on recommence ainsi de suite pendant des heures ("coulage à chaud"). Le linge est alors sorti brûlant du cuvier avec de longues pincettes de bois et brossé ("lessivage") puis et mis à égoutter sur des tréteaux. Ensuite, le linge est rincé à la rivière ou au lavoir ("retirage"). Suit le tordage (le linge est frappé et tordu) et le séchage. S´il fait beau il est posé sur l´herbe pour y être azuré ("la mise au pré") ...

museeagricole.botans.free.fr_automne2005_IMG_2162 B.jpgL'arrivée de l'eau courante dans les foyers achèvera l'histoire des lavoirs. L'"eau courante" dans les maisons se généralise vers 1950 dans les villes puis lentement dans les campagnes. On fait la lessive dans la buanderie où l'on ne craint pas de répandre de l'eau. Même si les machines à laver semi-automatiques existaient déjà depuis plus de 20 ans, elles étaient rares dans les familles et j'ai assisté dans mon enfance à ces séances de lavage, à peine modernisées ! On n'utilisait bien sûr plus de cuvier mais une lessiveuse "à champignon", la cendre était remplacée par du perborate acheté à la pharmacie. La lessiveuse était une grande marmite qui servait à faire bouillir le linge. Au fond se trouvait un double-fond, d'où remontait un tuyau avec, au bout, un pommeau. Après avoir été savonné sur la planche à laver, le linge était disposé dans la lessiveuse. On allumait le feu dans un petit poêle en dessous, et la chaleur faisant monter l'eau dans le tuyau et le pommeau qui arrosait le linge d'eau bouillante. L'eau redescendait en traversant le linge et retombait au fond pour remonter à nouveau ... ça sentait mauvais et il faisait une chaleur moite étouffante dans la buanderie. Ensuite ma mère laissait refroidir un peu la lessiveuse et une femme de ménage venait l'aider à la vider petit à petit dans un grand bac où le linge était rincé à l'eau froide. C'est ensuite toute la maison qui était mise à contribution pour essorer les grosses pièces que l'on prenait à chaque bout pour les tordre.Je me souviens toutefois d'une essoreuse électrique que mes parents avaient achetée à des américains d'un camp de l'OTAN  ... Au milieu des années 60, le départ à la retraite de notre "lavandière" rendit nécessaire l'achat d'une machine à laver.

meredenis.jpg

La deuxième partie du XXème siècle pensait en avoir fini avec les lavandières quand le fabricant de lave-linge Vedette se choisit la Mère Denis pour raviver un mythe forgé au cours des siècles autour de ce métier. Un petit chemin qui descend au lavoir, une brouette de linge, un battoir, une brosse et l'amour du travail bien fait.d eux bonnes grandes mains de lavandière et l'amour du travail bien fait ... Vedette mérite votre confiance, "C'est ben vrai ça!"

samedi, 08 janvier 2011

Il y a 50 ans, les français disent "oui" à l'indépendance de l'Algérie

Il y a 50 ans, le 8 janvier 1961 est organisé le premier référendum de la Ve République. Ont voté les électeurs de la métropole, de l'Algérie, mais aussi des DOM, des TOM et du Sahara français.

(cliquer ICI pour voir la vidéo des actualités françaises sur le site de l'INA ... après la pub ...)

 

En 1959, devant le refus de la «paix des braves», l'impossibilité d'une solution militaire qui rétablirait la sécurité et la poursuite des attentats, de Gaulle franchit une étape décisive en proposant une solution qui signifie implicitement le rejet de l'intégration, thème majeur des partisans de l'Algérie française.

_1294499339115.pngDans une allocution radio-télévisée prononcée au palais de l'Elysée le 16 septembre 1959, il annonce sa décision de recourir à l'autodétermination, c'est-à-dire le droit pour les populations d'Algérie de choisir librement leur destin par le suffrage et il propose trois solutions : la sécession, l'intégration ou l'association, promettant l'aide et la coopération de la France si la solution choisie est celle d'une Algérie indépendante associée à la France.

Le Gouvernement Provisoire de la République Algérienne (GPRA) créé par le FLN le 19 septembre 1958, et qui entend avoir le monopole des discussions avec la France pour se constituer en gouvernement légitime de l'Algérie, refuse dès 28 septembre et exige, préalablement à toute discussion, l'indépendance totale. De même refus des activistes de l'Algérie française qui s'estiment trahis par de Gaulle et tentent de déclencher en janvier 1960, un 13 mai à rebours, la semaine des barricades. En février 60 les mouvements activistes sont dissous, Soustelle quitte le gouvernement, et on assiste à des sanctions et mutations dans l'armée (Limogeage de Bigeard et de Godard, Gardes, chef du 5e bureau, inculpé avec Lagaillarde, Sapin-Lignières, Perez et Susini.

Cette période voit en effet émerger de façon croissante une mouvance ultra de plus en plus organisée, appuyée par l'armée. L'affrontement des 2 communautés devient de plus en plus évident, d'autant que la radicalisation croissante de l'opinion des Français d'Algérie ne laisse que peu de place à des réformes des bases de la vie des communautés sur lesquelles reposait l'espoir de construction d'une Algérie fraternelle. Au printemps de 1960, la position de Général de Gaulle est bien arrêtée : l'intégration est une chimère, les Algériens ne sont pas et ne seront jamais des Français. Il n'existe pas d'autre alternative que la sécession. Mais il veut que celle-ci se fasse dans un cadre qui sera mis en place par la France. Le 14 juin, il propose aux "dirigeants de l’insurrection" de négocier. Le GPRA accepte, et le 25 juin 1960, s’ouvrent les rencontres de Melun. Les discussions se soldent alors par un échec car les divergences entre les deux parties sont profondes. Ainsi la France exige-t-elle une trêve en préalable à toute discussion, ce que le FLN refuse.

_1294499896050.pngContre les adversaires de sa politique, le Général déclare en Novembre 1960 qu'il est prêt à utiliser toutes les armes que lui fournit la Constitution, autrement dit le recours à l'article 16, le référendum ou la dissolution de l'Assemblée nationale si celle-ci s'opposait aux solutions retenues. Ce discours provoque la colère des colons qui manifestent en Algérie. Le GPRA demande un référendum sous contrôle de l'ONU

La question posée aux Français est : "Approuvez-vous le projet de loi soumis au peuple français par le président de la République et concernant l'autodétermination des populations algériennes et l'organisation des pouvoirs publics en Algérie avant l'autodétermination ?"

Les principales forces politiques sont partagées : la SFIO, le MRP et l'UNR sont pour; le PCF, le Parti Radical, le Regroupement national pour l'unité de la République  de Jacques Soustelle et l'extrême droite sont contre; d'autres comme le PSU soutiennent l'autodétermination, mais s'opposent à la politique algérienne du général de Gaulle et au caractère plébiscitaire du référendum, certains préconisant le non, d’autres un vote blanc ou nul; le CNIP ne donne pas de consigne de vote ...

En décembre 60 certains dirigeants activistes de l’Algérie française, dont Pierre Lagaillarde et Jean-Jacques Susini, s’enfuient en Espagne et y rejoignent le général Salan. Des contacts en Algérie sont pris par l'intermédiaire du capitaine Pierre Sergent avec le général Jouhaud et le FAF clandestin pour préparer une nouvelle journée d'action lors de la visite du général de Gaulle en Algérie. Le putsch mené par Jouhaud et Dufour avorte tandis que des contre manifestations particulièrement massives pour l’indépendance de l’Algérie éclatent à Alger et à Oran puis dans le reste du pays. Ces manifestations, qui dureront plus d’une semaine, sont de véritables soulèvements populaires contre le colonialisme et la population affrontera directement les forces de l’ordre et les parachutistes, qui tirent sur la foule. Le bilan officiel est de 127 personnes tuées, dont 8 Européens, et 600 blessés. Véritables démonstrations de force, ces manifestations prouvent l’adhésion de la population à la lutte pour l’indépendance et son soutien au FLN qui a appelé au boycott du référendum. Le 20 décembre, les Nations unies reconnaissent à l'Algérie le droit à l'autodétermination.

L’avant-veille du scrutin, Charles de Gaulle apparaît à la télévision, s’adressant aux Français pour prôner le vote en faveur du OUI. L'Humanité du samedi 7 Janvier 1961 titre : "Demain, votez NON contre la guerre d'Algérie pour imposer la négociation pour la paix en Algérie"

humanite_9_1_1961.jpg32 520 233 personnes prennent part au vote, dont 4 470 215 en Algérie. Les résultats sont proclamés par le Conseil Constitutionnel, 14 janvier 1961 : 17 447 669 (75% des votants soit 54% des inscrits) ont voté "oui". Pour l'Algérie seule, 1 749 969 ont voté "oui" (69,5 % des votants, mais seulement 40% des inscrits). le "Oui" l’emporte massivement, même si L'Humanité du lundi 9 Janvier 1961 titre : « Malgré l'appui des forces réactionnaires, De Gaulle perd en voix et en pourcentage par rapport au 28 Septembre 1958. Dans les villes algériennes les électeurs musulmans répondant à l'appel du G.P.R.A. ont boycotté en masse le scrutin » et encore le lendemain "« Le référendum a montré que l'immense majorité des français veut la paix. Et maintenant négociation immédiate pour le cessez-le-feu et les garanties de l'autodétermination avec les représentants du Gouvernement Provisoire de la République Algérienne »

Le lendemain du scrutin, Challe donne sa démission de commandant en chef de Centre Europe et le 11 février Lagaillarde, réfugié en Espagne, fonde l'OAS (Organisation Armée secrète). Néanmoins, conforté par les résultats globaux du référendum, le général de Gaulle poursuit la politique engagée : de nouvelles négociations s’ouvrent avec le gouvernement provisoire de la République Algérienne à l’été 1961, tandis que le putsch raté d’avril 1961 va définitivement marginaliser les tenants les plus radicaux du maintien de l’Algérie française.

mercredi, 04 novembre 2009

La FEIJOADA brésilienne !

La Feijoada a été créée par les esclaves du Brésil colonial qui récupéraient les "bas" morceaux de viande de porc que leurs propriétaires ne voulaient pas manger. Les oreilles, le groin, la queue et les pieds de cochon étaient cuits avec des haricots noirs (feijão en portugais). Aujourd'hui la feijoada est devenu le plat national brésilien. Servie le mercredi et le samedi au restaurant dans une petite casserole en fonte ou en terre cuite, D'un coût peu élevé, elle est appréciée par toutes les classes sociales, elle est aussi l'occasion de réunions familiales et de rassemblements d'amis. C'est à ce plat que Chico Buarque a dédié une samba !

Il y a une quarantaine d'années, mes beaux-parents étant en poste à Rio, ils débarquaient régulièrement à Roissy avec un sac rempli de viande salée et séchée, de haricots noirs feijão, de la "farofa", farine de manioc qui ressemble au Kwak guyanais, du "Queijo Minas", fromage du Minas Gerais qui ressemble un peu à la fêta grecque et de la goiabada (pâte de goyave), et bien sûr de la Cachaça (alcool brésilien ressemblant légèrement au rhum blanc) et du café. C'était alors l'occasion d'inviter tous nos copains étudiants qui appréciaient de sortir de l'ordinaire du "restau U". La cuisson de la feijoada était "folklorique" sur le petit réchaud de notre studio. Aujourd'hui ma cuisine est plus confortable, mais cela fait bien longtemps que je ne m'y suis plus essayée !

Alors si le cœur vous en dit, invitez tous vos amis, ce n'est pas un plat pour un tête à tête, et en route pour Rio !


feijoada.jpgingrédients (Pour au moins 10 personnes)

  • 1 kg de feijão preto (haricot noir), ou plutôt de feijão "mulatinho" ("mulâtre")
  • 500 g de bas morceaux de porc salés (pied, groin, oreille et queue de porc)
  • 500g de viande de porc salée
  • 500 g de "charque" ou viande de bœuf séchée
  • 500 g de lombo (longe) de porc frais (ou des côtelettes de porc)
  • 500 g de chorizo
  • 1 paio (gros saucisson fumé type saucisson à cuire)
  • 100 g de bacon (au brésil viandes de porc fumées)
  • De l'oignon
  • 1 tête d'ail.
  • 3 à 4 tomates selon leur grosseur.
  • Laurier, ail
  • 5 clous de girofle.
  • huile, Sel, Poivre
  • 1 kg de riz
  • De la "farofa"
  • Des oranges
  • Chou vert, chou chinois ou couve
  • "Molho carioca" (mélange de lime, piments, fines herbes) voir recette plus bas, et/ ou de la "sauce chien" antillaise.

Les quantités semblent gargantuesques... mais pas mal de ces morceaux de viande (pieds, côtes, ...) ont beaucoup de gras et d'os.

Le problème est bien sûr l'approvisionnement ! mais il existe une boutique "en ligne" où on trouve la farofa nature ou déjà grillée au beurre, le feijão et la viande séchée en sachet sous vide. Ils ont même un "Kit" Feijoada avec l'ensemble d'ingrédients pour préparer la Feijoada (pour 4 personnes) ou juste le Kit viandes pour la Feijoada. Enfin ils ont un magasin à Paris (adresse sur le site).


Préparation

  • 48 heures à l'avance, faites tremper les haricots noirs dans un grand volume d'eau, changez l'eau au moins 3 fois.
  • La veille, faites dessaler les viandes salées et séchées dans des récipients séparés. L'eau de dessalage des viandes doit être renouvelée plusieurs fois !!!.
  • Le jour même, et au moins cinq heures avant de servir, faites bouillir les haricots avec 5 feuilles de laurier, 3 clous de girofle, 5 gousses d'ail puis baissez le feu et laissez mijoter 3 heures.
  • Pendant ce temps, égouttez les viandes, et portez-les à ébullition pendant 15 minutes, départ dans de l'eau froide pour ôter l'excès de graisse.
  • - Dans une grande cocotte, faites chauffer 3 cuillères à soupe d'huile et faites blondir les oignons émincés, ajoutez toutes les viandes déssalées, rajouter 3 feuilles de laurier, 2 clous de girofle, les tomates coupées en morceaux, 10 gousses d'ail épluchées et dégermées puis versez de l'eau froide jusqu'à la hauteur des viandes. Poivrez, portez à ébullition puis laissez mijoter 2 heures à couvert.
  • Ajoutez les haricots, les saucisses et chorizo, 2 gousse d'ail pilées, 2 oignons hachés, le laurier et la coriandre. Laissez cuire le tout pendant 1 heure.


servire-feijoada.jpgLe riz blanc, les haricots et la viande sont servis séparément et mélangés dans l'assiette. Le plat est accompagné d'orange coupées en tranches, de choux chinois (ou de choux vert) coupé en lanières et sauté à l'ail, de farofa  mise à revenir dans un peu d'huile de palme avec du bacon coupé en petits dés et des oignons émincés).

On sert aussi de la sauce "molho carioca", qui accompagne traditionnellement les poissons grillés ou cuits à la vapeur mais aussi le poulet grillé ou fumé.

Ingrédients pour 50 cl de sauce molho carioca : 6 oranges, 6 limes ou citrons verts, 1 gousse d'ail, 1 morceau de piment antillais épépiné plus ou moins gros selon la force désirée, 1 demi-bouquet de persil, 3 cives ou un bouquet de ciboulette, Sel

Recette de la sauce "molho carioca" : Pelez à vif, les oranges et les limes ou citrons verts et coupez-les en petits dés. Emincez finement une gousse d'ail, le piment épépiné, le persil et les cives. Mélangez le tout aux dés d'oranges et de citron et salez. Réservez la sauce "molho carioca" au frais jusqu'au moment du service.


A l'apéritif, pour rester dans la tradition brésilienne, une Caïpirinha : 10 cl de Cachaça, 1 citron vert (à Rio, on allait le cueillir dans le jardin ...) pelé à vif et coupé en dés, 2 cuillères à soupe de sucre de canne liquide, 5 glaçons. Ecrasez un peu les dés de citron et mélangez avec le sucre de canne. Ajoutez les glaçons et ensuite la cachaça. Mélangez et dégustez (avec modération !). Ou une Batida (notre "planteur") de maracujá (fruit de la passion). Pendant le repas, on peut boire un vin brésilien tout a fait honorable des vignobles du sud du pays ...


image10640.jpgPour le dessert, du "Romeu e Julieta", c'est à dire de la "goiabada com queijo" bien sûr !  puis un Bolo de Fuba (et sur youtube http://www.youtube.com/watch?v=oNq2V-NXDE4 ), délicieux cake brésilien, accompagné de mousse de maracujá  ...


pe-de-moleque.jpgAvec le café ... brésilien, un Pé de Moleque, sucrerie à base de cacahuète et de caramel.

 

Et peut être, si le sommeil vous prend, une petite infusion de Guarana pour vous donner un petit coup de fouet et vous aider à éliminer ce (trop ?) riche repas ...


 

dimanche, 15 février 2009

La retirada ... suite

En commentaire de ma note, Béeatrice m'a indiqué que Paco Ibanez chante le 21 février à Argeles. En effet l'anniversaire de la retirada est l'occasion de nombreuses manifestations et commémorations, expositions, conférences, marches symbolique, spectacles ... programme à télécharger en cliquant ici

samedi, 10 janvier 2009

Coplas por la muerte de su padre

Je viens de perdre un ami, et pure coincidence, France inter passait tout à l'heure cette belle chanson de Paco Ibáñez, tiré d'un long poème médiéval ... le début de la version "originale" du XVième siècle ...

 

I - Recuerde el alma dormida

Recuerde el alma dormida,

avive el seso y despierte

contemplando

cómo se pasa la vida,

cómo se viene la muerte

tan callando,

cuán presto se va el placer,

cómo, después de acordado,

da dolor;

cómo, a nuestro parecer,

cualquiera tiempo pasado

fue mejor

 

II - Pues si vemos lo presente

Pues si vemos lo presente

cómo en un punto se es ido

y acabado,

si juzgamos sabiamente,

daremos lo no venido

por pasado.

No se engañe nadie, no,

pensando que ha de durar

lo que espera

mas que duró lo que vio,

pues que todo ha de pasar

por tal manera.

 

III - Nuestras vidas son los ríos

Nuestras vidas son los ríos

que van a dar en la mar,

que es el morir,

allí van los señoríos

derechos a se acabar

y consumir;

allí los ríos caudales,

allí los otros medianos

y más chicos,

y llegados, son iguales

los que viven por sus manos

y los ricos.

 

La suite ici

 

Coplas por la muerte de su padre, appelé également Coplas a la muerte del maestro don Rodrigo, ou tout simplement coplas de Jorge Manrique, une élégie écrite par Jorge Manrique à la mort de son père. Écrite après le 11 Novembre 1476, date de la mort de Don Rodrigo Manrique, ce long poème constitue une des œuvres capitales de la la poésie castillan.

Le poème est composé de 40 strophes (on parle de "laisse" dans la littérature médiévale). Chacune est une suite 12 vers caractérisés par une alternance de deux octosyllabe suivis d'une tétrasyllabe ou d'une pentasyllabe. Pour sa part, Paco Ibáñez en a fait une version musicale dans les années 60 avec un rythme imposé par cette forme très particulière.

Et la chanson donc en vidéo ...

 

 

Une fenêtre ouverte

La mort n'est jamais complète,

il y a toujours puisque je le dis

puisque je l'affirme

au bout du chagrin

une fenêtre ouverte

une fenêtre éclairée.

Il y a toujours un rêve qui veille,

désir à combler,

faim à satisfaire,

un cœur généreux

une main tendue

une main ouverte

des yeux attentifs

une vie, la vie à se partager.

Paul Eluard.

vendredi, 09 janvier 2009

Le 9 janvier 1959 première de Cinq colonnes à la une

ecard_07.jpg.bOHqZk.jpgLe 9 janvier 1959 pour la première fois, un magazine d’actualité du nom de Cinq colonnes à la Une, impose son rendez vous le premier vendredi de chaque mois, à 20h30, autour de l’équipe de Pierre Lazareff, Pierre Dumayet et Pierre Desgraupes et du réalisateur Igor Barrère. Le petit écran ouvre ainsi une fenêtre sur le monde. L'émission cessera d'être diffusée peu après les évènements de mai 1968, après 103 numéros.

Je ne sais pas si ça vous dit quelque chose, mais la musique du générique, c’est vraiment quelque chose !!!

Au menu de cette première émission : de la politique avec un portrait de Michel DEBRE, nommé premier "premier ministre" de la Cinquième République la veille 08 janvier 1959, un reportage en Algérie, sur le sergent Charlie Robert, jeune appelé dans une compagnie opérationnelle et chef de groupe de combat de tirailleurs, ou encore l'interview en triplex de trois ouvriers de l'industrie automobile, un Français travaillant chez Renault à Flins, un Allemand employé de Volkswagen et un Italien de la firme Fiat à Turin. Ce reportage les montre tout d'abord en activité sur leur propre lieu de travail, sur leur niveau de vie, leurs salaires, les vacances, et leurs sentiments devant les débuts du marché commun, qu'ils voient tous d'un bon œil ; la culture avec l'ouverture prochaine à Athènes du Musée de l'Acropole, ou le Pape Jean XXIII et son expérience du cinéma ; les spectacles avec la présentation par France Roche du film "Jeux dangereux" de Pierre Chenal avec Sami Frey et Pascale Audret, un concours de hula-hoop aux Etats-Unis, ou la 100ème du show Yves Montand au théâtre de l'Etoile ; des faits divers et un interview d'Alain Bombard suite au naufrage de deux canots de sauvetage près du port d'ETEL (BRETAGNE) qui a causé la mort de neuf personnes lors d'une expérience menée par lui même, et même du "poeple" avec Brigitte Bardot dans son premier film réalisé en 1939 par sa maman "tatty", ou les petits-fils du général De GAULLE, Charles, Yves et Jean en promenade au Bois de Boulogne avec leur mère …

 

Générique cinq colonnes à la unes ici

jeudi, 08 janvier 2009

Sa mort nous laisse baba.

lenotre.jpg"- Si on parlait un petit peu du mariage ? Pour le traiteur, j’ai pensé qu’on pouvait prendre Lenôtre.

- Qui c’est ?

- Pardon ?

- Le traiteur ! Qui c’est ?

- C’est Lenôtre mais si vous préférez prendre le vôtre...

- Non, on va prendre le vôtre."

C’était en 2001, un dialogue entre la mère de Chochana et celle de Serge, dans La Vérité si je mens 2. Bien sûr ce n'était pas très original, nous, on l'avait déjà fait ... mais ces répliques sont devenues culte. Pour une maison comme Lenôtre, c'était aussi une sorte de consécration populaire !

6a00e550247899883400e550a2a8278834-800wi.jpgParmi ses inventions, un gâteau à la pâte de macaron et à la crème de nougatine baptisé Succès, ou l' Opéra (mais cette paternité est contestée, ce gâteau aurait été inventé en 1955 par Cyriaque Gavillon de la maison Dalloyau qui voulait créer une nouvelle forme d'entremets avec des tranches apparentes pour lequel une seule bouchée suffisait à donner le goût du gâteau entier et que son épouse, Andrée Gavillon, baptisa "Opéra" en hommage à une danseuse étoile et à ses petits rats qui faisaient des entrechats dans la boutique ... et pour nous embrouiller encore plus, on retrouve trace d'un gâteau de même composition sous le nom de gâteau Clichy dont un certain Louis Clichy serait le créateur en 1903 pour de l'Exposition Culinaire à Paris ...).

6a00d83545496553ef00e54fdc6dd78833-800wi.jpgIl parait que Sacha Guitry et Marcel Pagnol ont été ses premiers inconditionnels, en particulier de ses macarons glacés (là, le macaron serait né à Venise au Moyen Âge et aurait été introduit en France par Catherine de Médicis ... mais selon la maison Ladurée c'est Pierre Desfontaines, petit-fils de Louis Ernest Ladurée qui, au début du XXe siècle, aurait eu l'idée d'accoler deux à deux des petits gâteaux ronds à la fois moelleux et croustillants et de les garnir d'une ganache.) et financiers (là encore il y a contestation ! a-t-il été créé par le pâtissier Lasne près de la Bourse vers 1890, pour régaler les financiers rapidement et sans se salir les mains, ou par les sœurs de la Visitation de Nancy en l'honneur du roi Stanislas de Pologne ?)

132920572_2819fa250d.jpg

Aujourd'hui la mort de celui qui nous a fait fondre de Plaisir (aux noix, mon préféré depuis au moins 30 ans ... enfin fondre, pas les kilos ! et à déguster avec un bon Porto, il parait qu'il a été conçu exprès à la demande d'une association de gourmets, le Club des Cent ?) nous laisse baba !

mercredi, 07 janvier 2009

Pour prolonger Noel !

coriolani1.jpgJe sais, il fait froid, pas le temps à sortir dehors ! eh bien, pourquoi ne pas se lancer dans une partie de jeu de l'oie ? Traditionnellement, le jeu de l'oie comprend 63 cases disposées en spirale enroulée vers l'intérieur et comportant un certain nombre de pièges. Le pion est déplacé sur les cases en fonction du résultat de l’addition de deux dés lancés. Le but est d’arriver le premier à la dernière case, située au centre de la spirale. Seulement, de nombreux pièges parsèment le parcours … Il n’y a aucune stratégie, aucune réflexion. Seuls le hasard et la chance règnent, il faut compter sur son étoile, bonne ou mauvaise.

Pour certains ce jeu remonterait aux Egyptiens. Dans Amours et fureurs de la Lointaine (Stock, 1995), Christine Desroches-Noblecourt évoque le jeu égyptien du serpent, qui présente d'étranges similitudes avec le jeu de l'oie. Pour d'autres, comme Henry-René D'Allemagne, qui lui a consacré un livre (Le Noble Jeu de l'oie en France de 1640 à 1950, Paris, Gründ, 1950), le jeu aurait été inventé par les généraux grecs pour tuer le temps lors du siège de Troie. Mais la première mention de ce jeu provient de la cour des Médicis à Florence, vers 1580, et les plus anciens jeux de l'oie retrouvés, en Italie notamment, datent du début du XVIè siècle. On parle alors du "noble jeu renouvelé des Grecs". Depuis , le jeu de l'oie a inspiré une multitude de jeux éducatifs et moraux et certains font de son étude une des bases de leur recherche philosophique.

JeuDeLOie.jpgCe soir, puisque maintenant vos émissions préférées se terminent pus tôt, vous pourrez commencer le roman de Jules Verne "Le Testament d'un excentrique ... Il s'agit d'un gigantesque jeu de l'oie : chaque case du jeu de l'oie correspond à un état des USA de l'époque. Comme le nombre d'états est inférieur à celui du nombre de cases du jeu de l'oie, l'état de l'Illinois (celui de la ville de Chicago) est répété plusieurs fois. Le gagnant du jeu de l'oie sera désigné comme l'héritier d'un millionnaire de Chicago.

Le Testament d'un excentrique est disponible gratuitement sur Wikisource ...

yvelines_oie1.jpgEt, dès que le temps le permettra, pourquoi ne pas aller faire une visite du Musée du jeu de l'oie situé dans le palais du roi de Rome de Rambouillet. Là sont présentées les 2 500 pièces de la collection de Pierre Dietsch, un polytechnicien d'origine alsacienne, responsable d'une petite société d'édition, qui écuma l'Europe pendant plus de trente ans pour constituer une des plus belles collections au monde. Cet homme discret, d'une infinie courtoisie, bibliophile éclairé, mourut en 2000, quelques mois après avoir laissé ses jeux en dépôt au musée de Rambouillet.

Musée du jeu de l'oie de Rambouillet : http://www.cg78.fr/culturel/musees/28_oie.htm ou http://www.ramboliweb.com/lepalaisduroiderome/index.asp