dimanche, 15 octobre 2006
L’Est Républicain, les "outrances de la dernière guerre" ou la "barbarie nazie" ?
Le journal l’Est Républicain a refusé de publier une petite annonce pour un anniversaire de décès parce qu’elle fait référence à la "barbarie nazie".
Ce texte disait :
"Il y a 40 ans, le 11 septembre 1966, disparaissait à la fleur de l'âge, Fred Wolfsohn dit “ Volson”, des suites d'une mauvaise rencontre avec la barbarie nazie.
Ses fils, Patrick, Joël, Eric, sa sœur Paulette Slenzinski, et son ami de toujours, Marcel Chagnac vous demandent une pensée pour lui."
Et voilà la réponse faite par le journal :
" […]Nous sommes bien évidemment sensibles aux souffrances endurées par toutes les personnes qui ont subi les outrances de la dernière guerre mais comme nous vous l’avons expliqué par téléphone, nous ne pouvons pas faire paraître la formulation « des suites d’une mauvaise rencontre avec la barbarie nazie ». En effet, une déontologie s’applique à notre rubrique nécrologique dans laquelle aucune allusion politique ou idéologique ne peut s’exprimer.
Vous comprendrez bien que dans le cas contraire, le contenu de nos avis de décès serait totalement dénaturé.
Nous vous proposons trois phrases qui respectent notre déontologie et qui rappelleront cependant le contexte qui a entraîné le départ prématuré de Monsieur Fred Wolfsohn :
- suite aux traumatismes des camps de concentration,
- victime du traumatisme des camps de concentration,
- victime de ce qu’il a subi en camps de concentration."
L’Est Républicain a donc refusé de diffuser cette petite annonce parce que "son contenu polémique serait de nature à heurter ses lecteurs", arguant du fait que la référence à la "barbarie nazie" relève de la politique et de l’idéologie, et n’a donc pas sa place dans la rubrique des petites annonces !!!
Pourtant Le Monde, le Figaro, Le Républicain Lorrain, La Presse de la Manche ont publié l’annonce de la famille Wolfsohn, le plus souvent à l’initiative de personnes inconnues ou d’amis scandalisés par cette histoire. Et aucun de ces journaux n’a mis en avant une quelconque "déontologie" leur interdisant de publier cette annonce.
Outre le fait que nombre d’annonces font état de notions à caractère idéologique, comme "Le Seigneur l’a rappelé à lui" ou "Mort pour la patrie", il est stupéfiant de prétendre que la barbarie nazie relève du parti pris politique ou idéologique et non pas du fait historique. Ce fait traduit bien une dérive idéologique de l’Est Républicain, journal qui pourtant s'était sabordé en 1940 pour ne pas paraître pendant l'occupation nazie …
Pour plus d'informations, lire le communiqué du SNJ et le site de la famille Volson
01:30 Publié dans coup de gueule | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook |
Commentaires
C'est incroyable cette info ! Quel scandale et quelle honte ! Ca m'étonne que ça n'ait pas fait plus de bruit jusque-là.
On en sait plus sur le passé du directeur de la publicité de l'Est républicain, puisqu'il semble être à l'origine de la censure selon le communiqué du SNJ?
Alors maintenant, dans un avis de décès, on ne peut plus écrire ce qu'on veut? Et si c'est un dirigeant ou un militant d'un parti politique ou d'un syndicat, on ne va plus pouvoir en parler et lui rendre hommage?
Et puis quand même, qualifier les camps de concentration d' "outrances de la guerre", on n'est plus très loin du "point de détail"...
Décidément, certains journaux sont bien mal barrés...
Merci en tout cas pour cette information.
Écrit par : Nicolas | dimanche, 15 octobre 2006
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