mardi, 30 janvier 2007
JUSTESSE DE GEORGES DE LA TOUR
L'unique condition pour ne pas battre en interminable retraite était d'entrer dans le cercle de la bougie, de s'y tenir, en ne cédant pas à la tentation de remplacer les ténèbres par le jour et leur éclair nourri par un terme inconstant.
Il ouvre les yeux. C'est le jour, dit-on. Georges de La Tour sait que la brouette des maudits est partout en chemin avec son rusé contenu. Le véhicule s'est renversé. Le peintre en établit l'inventaire. Rien de ce qui infiniment appartient à la nuit et au suif brillant qui en exalte le lignage ne s'y trouve mélangé.
Le tricheur, entre l'astuce et la candeur, la main au dos, tire un as de carreau de sa ceinture ;
des mendiants musiciens luttent, l'enjeu ne vaut guère plus que le couteau qui va frapper ;
la bonne aventure n'est pas le premier larcin d'une jeune bohémienne détournée ;
le joueur de vielle, syphilitique, aveugle, le cou flaqué d'écrouelles, chante un purgatoire inaudible.
C'est le jour, l'exemplaire fontainier de nos maux. Georges de La Tour ne s'y est pas trompé.
René Char - 26 janvier 1966
Georges de La Tour est mort le 30 janvier 1652
23:55 Publié dans litterature, peinture | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook |
Commentaires
Georges de La Tour + René Char...
nous sommes gâtés!
merci!
;o)
Écrit par : bourrique | jeudi, 01 février 2007
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