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lundi, 01 septembre 2008

Big brother (ou plutôt Edvige) is watching you !!!

Photo de Vic Polsinelli sur http://www.vicgallery.com

 

 

 

"Monsieur le procureur de la République,

J'ai l'honneur de porter ci-dessous à votre connaissance une liste d'individus, groupes, organisations et personnes morales, dont moi, qui, en raison de leur activité individuelle ou collective, sont susceptibles de porter atteinte à l'ordre public.

Cette liste est disponible sur le site de la pétition "Non à Edvige!", circulant sur Internet.

Veuillez agréeer, Monsieur le procureur de la République, mes plus viles salutations."

Car signer une pétition contre un fichier destiné à "protéger l'ordre public", ne serait-ce pas déjà se montrer susceptible de troubler l'ordre public ? Il faut donc absolument dénoncer tous les signataires de la pétition anti-Edvige qui méritent légalement de figurer sur ce fichier. Combien de noms déjà ? Plus de 90 000 ! Une bonne prise n'est-ce pas ? Non mais !!!

 

Car depuis le début de l'été, associations et syndicats se mobilisent contre le fichier Edvige (littéralement: Exploitation documentaire et valorisation de l'information générale), appelant à signer la pétition "Non à Edvige!" circulant sur Internet, et un recours a été déposé vendredi devant le Conseil d'Etat pour obtenir le retrait pur et simple de ce nouveau fichier considéré comme «liberticide»

Jusqu’ici étaient fichées "les personnes majeures qui, par leurs actions violentes, étaient susceptibles de porter atteinte à la sûreté de l’Etat". Eh bien désormais le gouvernement, c'est-à-dire les renseignements généraux et les services de police, et non pas la justice (or, en démocratie, c’est le juge qui est le garant des libertés individuelles), pourront ficher les personnes "susceptibles de porter atteinte à l'ordre public". Ainsi, participer à une manifestation sera, selon le texte, une raison suffisante pour être fiché …

Le texte vise également toute personne "ayant sollicité, exercé ou exerçant un mandat politique, syndical ou économique ou qui joue un rôle institutionnel, économique, social ou religieux significatif." ... Bref, tout citoyen (et d'ailleurs aussi toute institution) faisant preuve ou ayant fait preuve d'un quelconque engagement dans la vie sociale ! Et ce à partir de l'âge de ... 13 ans ! Dont on stockera et croisera les informations d'état civil, de profession, les signes physiques particuliers, les photographies, le "comportement", l'immatriculation des véhicules, les adresses, numéros de téléphone et adresses électroniques, informations fiscales et patrimoniales, les déplacements, etc. ... ce qui n'est pas sans rappeler les fiches du ministre Foucher qui comportait renseignements, dénonciations et calomnies sur tout individu suspecté de ne pas être un bon sujet de l’Empire.

 

Et comme si cela n'est pas suffisant, on stockera aussi les données relatives à leur environnement, notamment aux personnes "entretenant ou ayant entretenu des relations directes et non fortuites avec elle.... Donc, si vous côtoyez une personne susceptible de "porter atteinte à l’ordre public", par exemple votre frère ou votre sœur qui manifeste contre la vie chère, vous pourrez être fiché.

Et qui aura accès à ces infos ? Réponse simple, tout le monde ou presque ! Puisque en plus des services spécialisés (services d'information générale de la direction centrale de la sécurité publique ou des directions départementales de la sécurité publique), le texte prévoit aussi "tout autre agent d'un service de la police nationale ou de la gendarmerie nationale, sur demande expresse" ... seule limite prévue par le décret : "dans la limite du besoin d'en connaître". Tu parles d’une garantie !

Vous n'y croyez pas ? eh bien cliquez ici pour télécharger le décret créant ce fameux fichier EDVIGE

Big brother is watching you !!! Fait rare, la Commission Nationale Informatique et libertés, a publié un communiqué faisant part de ses désaccords.

 

Alors signez et faites signez la pétition "Non à EDVIGE!" , qui regroupe près de 700 organisations, collectifs, partis et syndicats contre ce fichier qui institue un niveau de surveillance des citoyens totalement disproportionné et incompatible avec une conception digne de ce nom de l’état de droit.

A suivre : le 9 septembre, conférence de presse publique du collectif "Non à EDVIGE", à 11 heures à la Bourse du travail.