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dimanche, 27 juin 2010

Bordeaux, Juin 1940 ...

Pour la troisième fois, pendant quelques jours, Bordeaux devient "capitale" française ...

 

Bordeaux au bout de l'exode - SudOuest.fr_1277251240164.pngDepuis Mai, l’invasion de la Belgique et l’avancée éclair de l’armée allemande, nombre de véhicules de toutes sortes, de toutes tailles, camionnettes, voitures avec ou sans remorques, charrettes à bras, venues de Belgique, du Luxembourg, de Lorraine, du Nord et de la région parisienne, surchargées de valises, de cartons, de baluchons mal ficelés surmontés de matelas fixés tant bien que mal pour protéger des mitraillages, fuient sur les chemins de l’exode, traversent l’unique pont de Bordeaux, déferlent sur les quais ... Au cours des semaines leur nombre augmente sans cesse

La population bordelaise assiste à un raz-de-marée humain de près de 1,5 million d’hommes, de femmes et d’enfants qui va tenter de trouver refuge dans la région. . La place des Quinconces, l'une des plus vastes du port de la lune, est noire de monde. Les réfugiés vivent dans la rue ... mais l'arrivée des réfugiés se concentre surtout dans deux lieux précis : À la gare Saint-Jean, tout d'abord, où s'entassent des centaines d'hommes, de femmes, d'enfants, effondrés sur leurs ballots. Des étudiants de Bordeaux sont mobilisés pour leur distribuer des repas froids; place Pey-Berland, ensuite, point de ralliement des réfugiés équipés de voitures et en partance pour l'Espagne, le Portugal ou le sud de la France, transformée en gare routière.

BORDEAUX, Juin 1940 - Bertrand FAVREAU_1277230227511.pngLe "port de la lune" subit lui aussi les conséquences du conflit. De nombreux navires se rendant vers les ports de Bretagne et de la Manche sont détournés vers Bordeaux au fur et à mesure que les villes du Nord sont prises par les Allemands. L’embouchure de la Gironde reçoit dans un désordre général des dizaines de navires venus de toute la France. Bien sûr, l’intégralité des importations militaires est orientée vers Bordeaux. Le trafic passe de 65 000 t par semaine à 184 000 t pour la semaine du 30 mai au 5 juin. Mais cette joyeuse pagaille n’est que de courte durée car, bientôt, tout doit repartir. Casablanca, qui est proche de Bordeaux et a depuis longtemps des liens privilégiés avec elle, reçoit l’essentiel des navires en fuite. Les produits militaires sont réexpédiés vers les colonies nord-africaines ou l’Angleterre pour ne pas tomber entre les mains des Allemands. Les navires se trouvant dans le port de Bordeaux sont chargés de matériel aéronautique, comme le San Diego, de métaux, en particulier les Casamance ou le Sloga. Le contre-amiral Barnouin, qui sait que la Gironde nécessite des dragages fréquents, expédie la puissante drague Pierre Lefort à Casablanca, dans l'espoir de gêner l’exploitation économique du port par les nazis.

L’eau lourde (oxyde de deutérium) et le radium utilisés pour les expériences menées sur la fission de l'uranium et la réaction en chaîne, dans les laboratoires du collège de France, qui avaient été transportés en Gironde, sont envoyés en Angleterre. Le 18 juin Frédéric Joliot ayant décidé de rester en France, ses collègues Kowarski et Halban emmènent avec eux vingt-six bidons contenant le stock mondial d'eau lourde, soit cent quatre vingt cinq kilos, prêté en mars 1940 à la France de préférence à l'Allemagne par la Norvège, un mois avant son invasion par les troupes nazies. Ils sot munis d'un ordre de mission antidaté du ministre de l'Armement démissionnaire, Raoul Dautry, spécifiant "qu'ils sont chargés de poursuivre en Angleterre les recherches entreprises au Collège de France et sur lesquelles sera observé un secret absolu ". A Paris, les Allemands furieux convoquent Joliot-Curie. Trois bateaux avaient quitté Bordeaux ce jour-là. Deux ont été coulés par la Luftwaffe. Halban et Kowalski étaient sur le troisième. Avec beaucoup de sang froid, Joliot donne le nom d’un des bâtiments qui ont disparu. Les Allemands sont rassurés. Jusqu'à la fin de la guerre, ils ignoreront que l’eau lourde est à la disposition de l’effort de guerre allié ainsi que les deux ingénieurs français qui l’on emportée.

C’est aussi de Bordeaux que part une partie des réserves de la Banque de France, qui y a transféré son siège social. Des devises, de l’or, des titres et valeurs sont chargés sur quatre bâtiments qui partent pour le Maroc et le Canada. Les derniers navires quitteront Bordeaux le 24 juin, alors que l’armistice a déjà été signé à Compiègne. De même le personnel de la radio d'Etat est transféré de Paris à Bordeaux le 10 juin 1940.

A Bordeaux se replie aussi une partie de l'industrie : en 1938, l'expansion hitlérienne et les Accords de Munich avaient conduit le gouvernement français à inviter les industriels à créer des usines loin des zones présumées des futurs combats. La Société anonyme des automobiles Peugeot (SAAP), avait opté pour des usines en région bordelaise : une 18 quai de Queyrie dans une fabrique de conserves de fruits abandonnée depuis 7 ans, pour la fabrication des pièces du moteur Gnome-Rhone 14M, une 84 rue du Médoc au Bouscat dans les ateliers de réparation d'une de ses succursales pour la fabrication d'outillages, et la dernière à Mérignac, le château de Beauséjour à Arlac, destinée aux ateliers de carrosserie et de fonderie sur les 22 hectares du site, dans le but de fabriquer des trains  d'atterrissage, une partie de cellules d'avions Amiot et des compresseurs Gnome-Rhône, mais aussi avec l'arrière pensée d'installer une usine d'automobiles après la guerre ... Peugeot crée même une école d'apprentissage au Bouscat. En juin 1940, les usines Peugeot de la région bordelaise sont opérationnelles, et 4 000 salariés de Sochaux ainsi qu’une partie des archives sont évacués sur Bordeaux, à la demande du gouvernement. L'école Flornoy, dans le quartier Saint Augustin, accueille quelques uns de ces réfugiés. Le bombardement de Bordeaux de Juin 1940 par  les avions allemands fera rentrer chez eux la  plupart des Franc-Comtois. Pendant l'occupation, les troupes allemandes organiseront à Beauséjour un atelier de réparation des automobiles, en particulier celles récupérées sur les chemins de l'exode; mais un groupe de résistance "Peugeot" sabotera les machines-outils.

 

En quelques semaines, la population bordelaise est multipliée par deux, passant de 300 000 à 700 000 habitants. Une telle foule n'est plus contrôlable ... Le Ministre de l'intérieur Georges Mandel prend un arrêté obligeant les réfugiés de Belgique, de Hollande et du Luxembourg entrés en France depuis le 10 mai, à se présenter aux autorités, sous peine d'internement. Le 28 mai, le préfet demande aux non-Français (Belges et Luxembourgeois surtout) de se replier sur la Haute-Garonne, l'Hérault ou la Côte d'Or. Le 6 juin, le maire Adrien Marquet prend la décision de rationner l'eau. Le 10 juin, les réfugiés sont sommés de quitter Bordeaux et un périmètre de 20 kilomètres autour de Bordeaux avant le 13 juin, dernier délai ! Il s'agit de faire de la place pour le Gouvernement français qui a quitté Paris ...

Le préfet Bodeman ordonne que tous les navires quittant le port et à destination soit de l’Afrique du Nord, soit de l’Angleterre, soit des colonies, emmènent autant de passagers étrangers que possible. Cela diminue les interminables files d’attente devant les consulats des pays neutres (Etats-Unis, Espagne, Portugal) et de Grande-Bretagne, lesquels, de toute manière, ne délivrent les visas qu’au compte-gouttes. L’évacuation des ressortissants étrangers, mêlés aux civils français partant pour l’Afrique du Nord, dure ainsi jusqu’à ce que la Gironde et ses ports deviennent impraticables.

Culture - Nos lectures du Vendredi - -Aristides de Sousa Mendes, héros rebelle , Juin 1940- , éditions Confluences - Comité Aristides de Sousa Mendes. - AQUI !_1277251174074.pngLe consul portugais à Bordeaux, Aristides de Sousa Mendes, homme de grande culture et de grande sensibilité, est au fait de la situation des réfugiés étrangers qui ont, pour la plupart, déjà fui le régime nazi quand il s’est installé dans leur pays natal. Confronté à une demande massive, il essaie chaque fois d'obtenir de son premier ministre l'autorisation de délivrance de visas, et se heurte à des refus systématiques, car Salazar, qui a peur de voir arriver chez lui trop de personnes jugées indésirables, a commis la fameuse circulaire numéro quatorze, du 11 novembre 1939, qui permet de trier les réfugiés et interdit aux consuls de délivrer des visas sans un accord préalable du ministère.  ... mi juin, Sousa Mendes décide de délivrer, sans aucun critère et sans aucune limite, des visas, des faux passeports à tous ceux qui en font la demande. "Je déclare que je donnerai, gratuitement, un visa à quiconque le réclamera. Je désire être du côté de Dieu contre l’homme, plutôt que de servir l’homme, contre Dieu." La nouvelle se répand comme une traînée de poudre parmi la population cosmopolite des réfugiés. L'espoir renaît. Entre le 17 et 21 juin il sauve ainsi plus de 30 000 personnes en mettant sa signature et son tampon sur des documents de toutes natures. Le 22 juin, Aristides de Sousa Mendes continue de délivrer les précieux sésames depuis Bayonne où il se réfugie, puis à Hendaye où il tient une sorte de permanence administrative à la terrasse des cafés. Le 23 juin, Salazar décrète que les visas émis par le consul général du Portugal à Bordeaux sont nuls et sans effet. Fin juin, les autorités allemandes et espagnoles félicitent Salazar pour sa décision de maintien de l'ordre et pour avoir mis un terme aux agissements de son consul général à Bordeaux. Salazar ordonne l'ouverture d'une procédure disciplinaire contre Aristides de Sousa Mendes quatre jours avant son retour au Portugal, le 4 juillet 1940. Ce même jour, il informe les autorités anglaises qu'il a mis fin aux dysfonctionnements qui se sont produits à Bordeaux et à Bayonne et que le consul a été relevé de ses fonctions. Aristides de Sousa Mendes prend alors la tête d’une colonne de réfugiés et se dirige vers la frontière espagnole. Il parvient à faire passer la frontière espagnole à tous les réfugiés, qui parviendront ainsi au Portugal. Rentré au Portugal le 8 juillet, Sousa Mendes se voit privé de nombreux droits : exercice de la profession, permis de conduire. Il survit alors grâce à la solidarité de la communauté juive de Lisbonne. Il mourra dans la misère le 3 avril 1954. Yad Vashem le fera Juste parmi les Nations.

 

À partir du 14 juin, le gouvernement français et tout l'appareil d'État, soit plus d'un millier de fonctionnaires, se replient à leur tour en Gironde. Le président de la République, Albert Lebrun, s’installe dans l’hôtel de préfecture et le président du Conseil, Paul Reynaud, également ministre des Affaires étrangères, de la Défense nationale et de la Guerre, dans l’hôtel du commandant de la XVIIIe région militaire, deux bâtiments situés rue Vital-Carles.

BORDEAUX, Juin 1940 - Bertrand FAVREAU_1277230741507.pngEtrange théâtre, ce 16 juin 1940, que la ville de Bordeaux, devenue la capitale improvisée d'une France déjà largement envahie par les troupes hitlériennes : trois conseils de ministres en vingt-quatre heures, présidés par deux chefs de gouvernement successifs, Paul Reynaud et le maréchal Pétain, l'un à bout de résistance, l'autre usé par l'âge et décidé à arrêter les combats. Un monde s'écroule au milieu d'un immense exode et d'un chaos indescriptible. Une république se meurt dans une indifférence quasi générale. Le 17 juin, Paul Reynaud démissionne, aussitôt remplacé par le maréchal Pétain, le "vainqueur de Verdun", qui invite le jour même, depuis le studio de la radio Bordeaux-Lafayette, les Français "à cesser le combat". Il demande l'armistice à l’Allemagne, signant la défaite de la France, la fin de la IIIe République et s’engageant dans la politique de collaboration avec l'occupant. Jusqu'au 29 juin, date du départ du gouvernement pour Vichy, Bordeaux est bien la capitale de la défaite. Le 27 juin, son maire, Adrien Marquet, devient le ministre de l'Intérieur de Philippe Pétain ...

Mais ce même 17 juin à Bordeaux, le général de Gaulle n’accepte pas de déposer les armes. En désaccord avec Pétain, il choisit de désobéir ! Il quitte la France et s'envole de Mérignac pour Londres, "emportant avec lui l'honneur de la France" comme l’écrivait sir Winston Churchill. Il y prononcera le lendemain sur les ondes de la BBC "radio Londres" le fameux Appel du 18 juin 1940 ... Le 23 juin, sera voté, à la demande du maréchal Pétain, un décret rétrogradant le général de Gaulle au rang de colonel et le mettant à la retraite d’office par mesure disciplinaire.

BORDEAUX, Juin 1940 - Bertrand FAVREAU_1277229578312.pngA peine arrivé à Bordeaux, le Gouvernement français envisage de s'installer à Alger. Le Conseil des ministres du 18 juin décide que le président Lebrun, accompagné d'une partie des ministres et des présidents des deux chambres, doit s'embarquer à Port-Vendres, tandis que le paquebot Massilia sera mis à la disposition des parlementaires au départ de Bordeaux. Sous l'influence de Laval, la décision n'est pas exécutée et le 20 juin 1940, 27 parlementaires seulement - dont Édouard Daladier, Georges Mandel arrêté le 17 juin et accusé d’avoir fomenté un coup d’Etat puis relaché, Jean Zay, Pierre Mendès France – appareillent du Verdon à bord du Massilia pour Casablanca, sous les insultes de l’équipage.

BORDEAUX, Juin 1940 - Bertrand FAVREAU_1277230681959.pngDans la nuit du 19 au 20 juin, aux alentours de minuit, douze bombardiers Heinkels He-111 du IV Fliegerkorps, basé à Dinard, font leur apparition au dessus de Bordeaux, larguant au hasard 61 bombes (88 au total dans l’agglomération), causant de nombreux dégâts matériels et humains : 185 blessés et 68 morts, dont certains, dans le quartier Saint Michel, noyés par la rupture de canalisations. Dans la nuit du 14 au 15 juin, des avions allemands avaient bien survolé Bordeaux, mais nul n’avait imaginé un bombardement !!!

Le 22 juin 1940, alors que le gouvernement français est toujours installé à Bordeaux, la France signe l'Armistice. Le IIIe Reich met en place toute une série de mesures pour limiter la circulation des personnes et instaure la ligne de démarcation.

 

carte-exode-250.jpgLe 10 juin 1940, Georges Mandel, ministre de l’Intérieur et ancien député de la Gironde, avait ordonné l’évacuation vers le sud de la population des prisons du Cherche-Midi et de la Santé. 1 865 détenus sont d'abord transférés à Bordeaux au Fort du Hâ ; 306 viennent du Cherche-Midi, 1 559 de la Santé. La plupart sont en attente de jugement devant les tribunaux militaires de Paris, déserteurs, insoumis, militaires détenus pour motifs de droit commun et politiques ... Le 21 juin 1940, au terme d’un exode éprouvant d’une dizaine de jours, 1020 des 1865 détenus parviennent au camp de Gurs, dans les Pyrénées Atlantiques. En route, des prisonniers épuisés ont été abattus, d'autres ont réussi à s'évader. Parmi eux, Henri Chamberlin dit Henri Lafont, qui deviendra chef de la gestapo à Paris, au 93 rue Lauriston

C'est à la prison militaire de Bordeaux, la caserne Boudet, à l’angle de la rue de Pessac et de la rue des Treuils, que sont remis, le 20 juin, dix hommes de ce convoi, condamnés à mort pour trahison par le 3e Tribunal militaire de Paris et dont la grâce a été refusée quelques jours plus tôt par le président de la République Albert Lebrun : Jean Amourelle (33 ans, espionnage), Jacques Ferréa (espionnage), Léon Lebeau (34 ans, sabotage), Maurice Lebeau (17 ans, sabotage), Charles Masson (44 ans, trahison), Marcel Rambaud (23 ans, sabotage), Roger Rambaud (17 ans, sabotage), René Spieth (24 ans, espionnage), Raymond Verdaguer (28 ans, espionnage) et Otto Weil (29 ans, espionnage).

Jean Amourelle, secrétaire sténographe au Sénat et membre du Parti socialiste (SFIO), a été convaincu d'espionnage pour avoir reçu 400 000 francs des agents nazis en échange des délibérations secrètes de la commission des affaires militaires du Sénat pour financer un journal qu’il avait le projet de fonder, "La Carmagnole". Roger Rambaud travaille comme ajusteur aux usines d’aviation Farman, à Boulogne-Billancourt. Son frère aîné est militaire au 503e régiment de chars de combat à Versailles tandis que Léon Lebeau appartient au 3e régiment de génie. Ils sont tous trois communistes et ont été reconnus coupables de sabotage d'avions de guerre. Roger Rambaud a sectionné, sur les conseils de son frère et de Léon Lebeau, des fils de laiton dans le but de favoriser l'explosion en vol des appareils. Tous les quatre sont "remis au commissaire du Gouvernement pour être conduit sur le terrain d’exécution".

Le frère de Léon Lebeau, Maurice Lebeau, condamné à mort lui aussi pour "complicité de destruction ou détérioration volontaire d’appareils de navigation aérienne ou toute installation susceptible d’être employée pour la Défense Nationale", voit sa peine commuée en travaux forcés à perpétuité par décision présidentielle du 18 juin 1940. Le 23 juin, il est transféré à la prison du Fort du Hâ. Les cinq autres condamnés - Jacques Ferréa, Charles Masson, René Spieth, Raymond Verdaguer et Otto Weil - doivent rejoindre les autres prisonniers au camp de Gurs et seront finalement libérés par les autorités allemandes en gare d’Orthez, pendant leur transfert.

fusilles-de-pessac-22-juin-19401.jpgJean Amourelle, les frères Rambeau et Léon Lebeau sont exécutés le samedi 22 juin, à 5 heures 45, sur le champ de tir de Verthamon, qui jouxte les vignes du célèbre château Haut-Brion, à Pessac. La veille, le commandant de la place d’armes de Bordeaux a donné ses instructions concernant l’exécution, qui doit avoir lieu à 4 heures 30 du matin. Le 181e régiment régional est chargé de la besogne. Le peloton d’exécution se compose "d’un adjudant, un sous-officier armé du révolver [chargé de donner le coup de grâce] et 24 hommes (12 sergents et 12 caporaux)". La note précise aussi : "Assisteront au réveil des condamnés à 3 heures 45 le major de garnison ou son représentant, le commissaire du gouvernement, un juge d’instruction et un greffier désignés par le commissaire du gouvernement, un juge militaire désigné par l’état-major, l’officier comptable de la prison, un médecin désigné par le médecin-chef de la place, l’aumônier du culte catholique de l’hôpital Robert Picqué et un défenseur désigné par le bâtonnier de l’ordre des avocats à la cour de Bordeaux. Les condamnés seront ensuite transportés sur le lieu de l’exécution dans la voiture cellulaire de la place et escortés par huit gendarmes qui devront être rendus à la prison militaire à 3 heures 45." Sans doute craint-on que des communistes fomentent une action pour délivrer leurs camarades emprisonnés puisque la note précise encore : "Le service d’ordre sera assuré par un demi peloton de gardes mobiles qui devra être pour 3 heures 45 au stand de Verthamon.". Un procès-verbal confirme que l’exécution a bien eu lieu à 5 heures 45. Mais Roger Rambaud, exécuté au même âge que Guy Môquet, et ses compagnons ont été oubliés par l'histoire, vraisemblablement parce qu'ils sont tombés sous des balles républicaines et non allemandes..

 

carte.jpgSelon les clauses de l’armistice du 22 juin 1940, la France est coupée en deux par une ligne de démarcation. Pour des impératifs économiques et stratégiques, le littoral atlantique est englobé dans la zone occupée. Ainsi, les Allemands mettent la main sur Bordeaux et son port qui seront occupés le 1er juillet. Le 29 juin 1940, le gouvernement français quitte la ville pour s’installer trois jours plus tard à Vichy, choisie comme capitale de la zone dite "libre". Le 10 juillet, la Chambre des députés et le Sénat y sont réunis en congrès. Ils confèrent les fonctions de chef de l’Etat Français au maréchal Philippe Pétain ainsi que les pleins pouvoirs exécutifs et législatifs. Pierre Laval est nommé vice-président du Conseil. L’Etat Français, régime autoritaire et paternaliste, dont la devise est "Travail, Famille, Patrie", le programme la "Révolution Nationale", le symbole la "Francisque" et l’hymne "Maréchal, nous voilà !" remplace la Troisième République.

 

 

 

ligne de demarcation.JPG

Sources et images :

http://bertrandfavreau.net/bordeaux-juin1940.htm

http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_du_port_de_Bordeaux...

http://www.ajpn.org/commune-1940-33063.html

http://www.lemonde.fr/livres/article/2010/06/10/sur-les-r...

http://www.editions-perrin.fr/_docs/9782262029647.pdf

http://sousamendes.org/Bordeaux-dans-la-tourmente.html

http://perso.numericable.fr/arts-et-l/arts-loisirs-arlac/...

http://www.criminocorpus.cnrs.fr/spip.php?article643

http://www.sudouest.fr//2010/06/22/opposes-a-la-guerre-fu...

http://prisons-cherche-midi-mauzac.com/des-hommes/ces-qua...

http://prisons-cherche-midi-mauzac.com/actualites/les-fus...

http://www.arkheia-revue.org/Pessac-ces-quatre-fusilles-d...

http://prisons-cherche-midi-mauzac.com/varia/le-sabotage-...

Commentaires

Bonjour

Vous utilisez, dans la présente page, la carte http://motslocaux.hautetfort.com/media/00/02/30174320.JPG que j'ai créée.
Veuillez indiquer en crédit : © Lhoumeau.com 2007
Je vous autorise à l'utiliser dans la présente page web

Il serait bienséant d'indiquer le nom des auteurs cités, qui pour partie sont des historiens de renom :
- Philippe Souleau, pour "Bordeaux dans la tourmente" (sousamendes.org) et pour Bordeaux en 39-45 (ajpn.org)
- Jean-Louis Loubet, pour la Maison Peugeot
- Jacky Tronel, pour prison Cherche-Midi et pour "Pessac, ces 4 fusillés"

Rendez à César…

Écrit par : Lhoumeau | vendredi, 19 juillet 2013

Attention aussi à la photo de la petite fille sur le camion place Pey-Berland. Les droits appartiennent au journal Sud Ouest, avez-vous l'autorisation d'utilisation, ce n'est pas gratuit.

La photo Sousa Mendes est tirée de la couverture de l'ouvrage "Héros rebelle" aux éd. Confluences, vous devriez l'indiquer.

Écrit par : Lhoumeau | vendredi, 19 juillet 2013

@ monsieur Lhoumeau
Merci de m'autoriser à utiliser votre photo
Excusez-moi de ne pas vous avoir cité ... c'est tout simplement que l'ensemble des sources que j'ai utilisées (et citées) ne vous citaient pas elles-mêmes ! idem pour les noms ou sources "en aval" des documents utilisés ...
Je suis en vacances et n'ai pas accès facilement au source de mes posts, je ferai la modification dès que possible ...

Écrit par : dominique | mardi, 30 juillet 2013

Pas de problème. Et bravo pour ce travail.

Écrit par : Lhoumeau | mercredi, 31 juillet 2013

Les commentaires sont fermés.