jeudi, 02 septembre 2010
La haine des bourgeois
"Je me suis pâmé, il y a huit jours, devant un campement de Bohémiens qui s’étaient établis à Rouen. Voilà la troisième fois que j’en vois. Et toujours avec un nouveau plaisir. L’admirable, c’est qu’ils excitaient la haine des bourgeois, bien qu’inoffensifs comme des moutons.
Je me suis fait très mal voir de la foule, en leur donnant quelques sols. Et j’ai entendu de jolis mots à la Prudhomme. Cette haine-là tient à quelque chose de très profond et de complexe. On la retrouve chez tous les gens d’ordre.
C’est la haine qu’on porte au Bédouin, à l’Hérétique, au Philosophe, au Solitaire, au Poète. Et il y a de la peur dans cette haine. Moi qui suis toujours pour les minorités, elle m’exaspère. Il est vrai que beaucoup de choses m'exaspèrent. Du jour où je ne serai plus indigné, je tomberai à plat, comme une poupée à qui on retire son bâton."
Gustave Flaubert, lettre à Georges Sand, Croisset le 12 juin 1867
17:53 Publié dans chronique à gauche, coup de coeur, coup de gueule, litterature, militance, mobilisation, peinture | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook |
Commentaires
Merci .
Écrit par : genevieve hebert | lundi, 13 septembre 2010
Y'a quand même des moments où on se sent poupée molle... puis ça redémarre mais c'est difficile face à tout ce qui nous envahit d'officiellement sauvage.
Écrit par : La fargussienne | vendredi, 01 octobre 2010
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