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jeudi, 23 décembre 2010

Le veau - conte de noël pour Sara Salis

veau.jpgIl y avait une fois un petit garçon qui avait été bien sage, bien sage. Alors, pour son petit Noël, son papa lui avait donné un veau.

- Un vrai ?

- Oui, Sara, un vrai.

- En viande et en peau ?

- Oui, Sara, en viande et en peau.

- Qui marchait avec ses pattes ?

- Puisque je te dis un vrai veau

- Alors ?

- Alors, le petit garçon était bien content d'avoir un veau seulement, comme il faisait des saletés dans le salon...

- Le petit garçon ?

- Non, le veau... Comme il faisait des saletés et du bruit, et qu'il cassait les joujoux de ses petites soeurs...

- Il avait des petites soeurs, le veau ?

- Mais non, les petites soeurs du petit garçon... Alors on lui bâtit une petite cabane dans le jardin, une jolie petite cabane en bois...

- Avec des petites fenêtres ?

- Oui, Sara, des tas de petites fenêtres et des carreaux de toutes couleurs... Le soir, c'était le réveillon. Le papa et la maman du petit garçon étaient invités à souper chez une dame. Après dîner, on endort le petit garçon et ses parents s'en vont...

- On l'a laissé tout seul à la maison ?

- Non, il y avait sa bonne... Seulement, le petit garçon ne dormait pas. Il faisait semblant. Quand la bonne a été couchée, le petit garçon s'est levé et il a été trouver des petits camarades qui demeuraient à côté...

- Tout nu ?

- Oh ! non, il était habillé. Alors tous ces petits polissons, qui voulaient faire réveillon comme des grandes personnes, sont entrés dans la maison, mais ils ont été attrapés, la salle à manger et la cuisine étaient fermées. Alors, qu'est-ce qu'ils ont fait ?...

- Qu'est-ce qu'ils ont fait, dis ?

- Ils sont descendus dans le jardin et ils ont mangé le veau...

- Tout cru ?

- Tout cru, tout cru.

- Oh ! les vilains !

- Comme le veau cru est très difficile à digérer, tous ces petits polissons ont été très malades le lendemain. Heureusement que le médecin est venu ! On leur a fait boire beaucoup de tisane, et ils ont été guéris... Seulement, depuis ce moment-là, on n'a plus jamais donné de veau au petit garçon.

- Alors, qu'est-ce qu'il a dit, le petit garçon ?

- Le petit garçon..., il s'en fiche pas mal.

Alphonse Allais (À se tordre - 1891)

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