dimanche, 25 décembre 2005
Pour Raphaël ...
Le Noël du petit roumain, un conte de noël raconté par Bernard DAVIDOU, conteur quercynois
Personne ne peut rester insensible à la vue de la misère. Il y a dans chaque être humain une tendance naturelle à la solidarité qui nous différencie des animaux. Néanmoins elle existe encore et s'amplifie avec la crise que connaît notre monde globalisé, depuis la fin des trente glorieuses.
Certains avancent des solutions économiques, d'autres proposent des programmes politiques, … "Mouna", célèbre clochard lettré et farfelu du quartier Saint-Germain en 1968 proposait l'extinction du paupérisme après dix-huit heures chaque soir. Avec le projet de prolonger le boulevard saint-Michel jusqu'à Deauville, il avait constitué un programme électoral ambitieux mais sa carrière politique se termina peu après les évènements de cette année-là.
Dans les grandes villes elle est parfois spectacle.
J'ai vécu les cinq dernières années du siècle précédent à Paris ou je travaillais et je rejoignais ma famille dans le sud-ouest toutes les fins de semaine.
Je me souviens de ce vendredi soir, dans le métro qui me ramenait vers Orly, un homme s'est mis à parler au milieu du wagon. Il dit qu'il était sorti depuis peu de prison, après une horrible erreur judiciaire. Il avait contracté le sida et avait faim. Il suppliait les voyageurs de lui donner un peu d'argent, à défaut il accepterait un sandwich, un ticket restaurant ou bien un fruit. Intrigué par cette franchise, je regardais l'effet qu'elle produisait sur les voyageurs. Quelques rares vielles femmes lui glissèrent une pièce. Certains, qui voulaient ignorer l'homme, détournaient leur regard avec gêne. Les autres regardaient à travers lui, comme s'il était transparent. N'ayant pas eu le temps d'en retirer je n'avais pas d'argent sur moi. Comme tous les vendredi, j'avais déjeuné très vite afin de finir ma semaine au plus tôt et avais gardé une pomme qui grossissait la poche de mon manteau. Je la lui tendis et il me remercia fort civilement. Quelques stations plus loin, je le revis qui sortait du wagon: Il avait encore ma pomme à la main et la laissa tomber avec dédain entre le marchepied du train et le quai.
En courant pour " attraper " la rame d' "0rly-Val", je me promis de faire preuve, à l'avenir, de plus de discernement dans mes futurs élans de générosité.
Après avoir réfléchi à cette question, je résolus de la régler définitivement en choisissant, sur mes trajets les plus fréquents dans la capitale, quelques mendiants auxquels je donnerai mon obole chaque semaine.
Il m'attendait sous un feu rouge, dans le quartier du "point du jour", dans l'ouest de Paris, que je traversais chaque fois que je revenais de " la défense " ou est située la plus grande concentration de sièges sociaux de sociétés du pays et mon bureau de la rue de Lyon.
Alors que je ralentissais pour respecter le feu tricolore avant de prendre la voie sur berge, je fus surpris par une silhouette qui me rappelait mon fils cadet. M'étant arrêté à sa hauteur, je me réveillais de ma rêverie face à un gamin au corps d'adolescent, surmonté d'une tête d'adulte qui me tendait la main en répétant plusieurs fois la même supplique:
- S'il te plait Monsieur, une pièce … pour manger. … S'il te plait Monsieur ….
Après avoir satisfait sa demande avec une pièce de dix francs, je le regardais avec attention. Je reconnus une allure quand il se déplaçait d'un véhicule à l'autre, une attitude quand il était immobile, main tendue, penché vers la portière d'un véhicule, qui avaient attiré mon attention en arrivant à sa hauteur. J'avais lu en prenant mon café que plusieurs bandes organisées d'enfants roumains avaient envahi les trottoirs de la capitale pour y mendier. Ces équipes étaient encadrées, disait le journaliste du " Parisien Libéré ", par des adultes provenant du même village que les enfants, qui leur apprenaient les trois mots nécessaires au travail attendu et qui les plaçaient aux endroits ou les voitures ralentissent.
Parce qu'il était brun avec des cheveux noirs et qu'il roulait les "r" j'en déduis qu'il en faisait partie.
Je décidais sur le champ de l'ajouter à mes pauvres. Dorénavant je m'arrêtais au moins une fois chaque semaine à sa hauteur et inlassablement il me répétait la même supplique :
- S'il te plait Monsieur, une pièce … pour manger. … S'il te plait Monsieur …
J'essayais, quand la durée du feu le permettait, une banalité à propos du temps ou des fêtes qui approchaient … Sans un sourire, comme s'il ne me voyait pas et pressé de passer à la voiture suivante, il attendait ma pièce jaune à laquelle il répondait par un bref "M..errr.. ci".
Une fois pourtant je réussis à le faire sourire en lui disant "Business is business!"(1). Il connaissait un peu d'anglais et répondit :
- As usual, Sir! No more !(2).
Nous avions chacun nos préoccupations et notre stress. Un soir, il me rendit la pièce de vingt centimes que, voulant aller vite et bien involontairement, je lui avais donné à la place de celle de dix francs dont il avait l'habitude. Il protestait :
- Trompé, pas bon, pas bon … Monsieur,
Ceux qui ont connu ces pièces, me trouveront des circonstances atténuantes car, de même couleur jaune et même diamètre, elles ne différaient que par le poids … et la valeur. Je réparais volontiers très vite mon erreur et lui laissais, grand seigneur, les deux pièces. Le feu était vert déjà et je démarrais dans un concert de klaxons impatients. Les parisiens au volant sont comme cela.
La seconde fois que je commis la même erreur, je me dis que les vacances de Noël qui approchaient me feraient le plus grand bien.
La troisième fois je commençais à me demander si mon petit Roumain ne me prenait pas pour un cave et me promis de suivre attentivement ses gestes à l'avenir. Je le suspectais de subtiliser la pièce de dix francs et faire apparaître une pièce de vingt centimes que son client devait lui rendre dans un élan supplémentaire de générosité, après avoir réparé l'erreur.
Lors de mes prochains passages, le cérémonial se déroula invariable. Le gamin, dont je fixais les doigts avec attention comprit-il ma résolution de le confondre, ou bien était-il de bonne foi et avais-je, par distraction, confondu les pièces ? Après l'avoir contrôlée, il enfouissait sa pièce de dix francs dans la poche de son maigre blouson sale et courait à la voiture suivante.
Je le revis plusieurs fois, dans le froid, parfois sous la pluie, sans que notre communication s'améliore ou que je refasse l'erreur qui m'avait conduit à le suspecter de cette amusante substitution.
Les vacances de Noël tant attendues et nécessaires arrivèrent enfin. En approchant du feu je ralentis pour attendre qu'il devienne rouge, me donnant ainsi le temps de lui donner mon obole. Arrivé à sa hauteur je lui souhaitais un bon Noël mais son visage resta lisse et inexpressif alors qu'il répétait comme d'habitude la formule apprise par cœur :
- S'il te plait Monsieur, une pièce … pour manger. … S'il te plait Monsieur …
C'était Noël, je partais en vacances et donc je ne le reverrai pas la semaine suivante, je pris deux fois dix francs dans le vide poche ouvert entre le tableau de bord et le levier de vitesse de la Mégane-Scénic que la société qui m'employait avait mise à ma disposition et les lui tendis.
Il avait suivi mes gestes avec attention et je l'avais vu regarder la monnaie dans le vide-poche avec envie. Il contempla mon aumône un petit moment. Comme le feu virait au vert, il parut glisser légèrement alors que j'enclenchais la première et son coude heurta la montant de ma portière … laissant échapper dans ma voiture les deux pièces de dix francs que je venais de lui remettre.
- Tombé, Monsieur, … donne une autre, … vite ….
Il me montrait sa main ouverte et vide en fermant et ouvrant les doigts pour en rétablir la circulation sanguine. Les parisiens derrière nous menaient un raffut assourdissant et des injures diverses commençaient à fleurir de tous les côtés. Je remis à plus tard de rechercher mes vingt francs sur le tapis de la voiture, attrapais une poignée de monnaie comprenant deux autres pièces de dix francs et les lui tendis en démarrant. Je vis dans mon rétroviseur le magnifique sourire qui éclaira enfin son visage alors qu'il soupesait le contenu de sa paume.
C'était Noël.
- Merry Christmas Sir ! (3)
Dit-il alors que je m'éloignais.
Lorsque, après les vacances de fin d'année j'eus regagné la capitale en début janvier, j'entrepris de nettoyer l'intérieur de ma voiture. J'avais un peu oublié mon petit roumain mais je pensais immédiatement à lui lorsque, en passant l'aspirateur, je retrouvais, sous le tapis de sol, côté conducteur,
…… deux pièces de vingt centimes luisantes comme si elles étaient neuves.
Bernard DAVIDOU Noël 2005
(1) Les affaires sont les affaires.
(2) Comme d'habitude, Monsieur. Pas plus.
(3) Joyeux Noël, Monsieur.
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samedi, 24 décembre 2005
Fermé pour cause de réveillon !!!
Bonnes fêtes à tous
17:26 | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook |
Joyeux Noël
00:17 | Lien permanent | Commentaires (5) | Facebook |
mardi, 20 décembre 2005
La DADVSI discutée à l'Assemblée aujourd'hui et mercredi
Il faut rappeler que cette même directive n'a pas été débattue en toute liberté par les parlementaires européenspuisqu'elle était le résultat d'accords internationaux signés entre diplomates en 1996, dans le cadre de l'Organisation des Nations Unies. La communauté européenne a apposé sa signature sur les deux traités de l'OMPI (WCT et WPPT)le 20 décembre 1996, engageant alors l'ensemble des états membres dans une course à la surprotection du droit d'auteur.
Le projet de loi DADVSI, confié à la Commission spécialisée portant sur les aspects juridiques d'une oeuvre sur Internet, dite commission Sirinelli, du nom de son président, vise à notamment à "instituer une protection juridique des mesures techniques de protection et d'identification des oeuvres" et à assimiler le contournement de ses dispositifs à de la contrefaçon, selon le site de l'Assemblée Nationale.
La loi DADVSI, si elle est adoptée en l'état, interdira les logiciels de lecture et d'échange de fichiers ne disposant pas de gestion des droits numériques. L'adoption de cette loi marquerait donc une forte limitation du droit à la copie privée, droit pour lequel les citoyens français payent quand ils achètent des CD vierges ou des baladeurs numériques. Le ministre de la Culture, M. Donnedieu de Vabres apporte son soutien à ce projet.
215 amendements ont été déposés (voir l'analyse thématique de ces amendements sur le site de "Temps Nouveaux"), qui devront être débattus une seule fois, procédure d'urgence imposée par le gouvernement oblige Les députés n'auront que deux jours pour décider de l'avenir de la diffusion de la culture en France. Ils devront faire le choix entre le modèle purement économique de confort des monopoles des industries culturelles, ou le modèle social de l'accès garanti à la culture et la sauvegarde des pratiques culturelles. Une série d'amendements tente de jouer la conciliation entre les deux mondes. Il s'agit de ceux, proposés par l'Alliance Public-Artistes, repris par le PS et par certains députés UMP, qui visent à instaurer une licence globale.
Selon une enquête de la Spedidam, 75% des internautes seraient d'accords avec cette solution "leur permettant d'échanger des oeuvres sur internet, dans un mode optionnel, contre une rémunération forfaitaire destinée aux ayants droit". Toujours selon cette organisation d'artistes-interprètes, "les internautes d'accord pour payer un supplément mensuel afin d'avoir le droit de téléchargement et d'échanger librement et légalement de la musique, des films et des images seraient prêts à payer en moyenne 6,90 euros par mois".
Télécharger n'a aucun effet sur l'achat de CD et DVD... Une étude financée par le ministère de la Recherche et publiée aujourd'hui indique que l'intensité du copiage n'a "globalement aucun effet" sur les achats de CD et DVD. Lire l'article du Nouvel Obs
19:09 Publié dans chronique à gauche | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
jeudi, 15 décembre 2005
Week end enluminé
Je lègue à mes amis
un bleu céruleum pour voler haut
un bleu de cobalt pour le bonheur
un bleu d'outremer pour stimuler l'esprit
un vermillon pour faire circuler le sang allègrement
un vert mousse pour apaiser les nerfs
un jaune d'or : richesse
un violet de cobalt pour la rêverie
une garance qui fait entendre le violoncelle
un jaune barite : science-fiction, brillance, éclat
un ocre jaune pour accepter la terre
un vert Véronèse pour la mémoire du printemps
un indigo pour pouvoir accorder l'esprit à l'orage
un orange pour exercer la vue d'un citronnier au loin
un jaune citron pour la grâce
un blanc pur: pureté
terre de Sienne naturelle: la transmutation de l'or
un noir somptueux pour voir Titien
une terre d'ombre pour mieux accepter la mélancolie noire
une terre de Sienne brûlée pour le sentiment de durée
(Viera da Silva, "Le Testament")
Mes coups de coeur : le site "pourpre" consacré à la couleur, et "le site "discipline" qui est une véritable encyclopédie de la peinture!!!
Et pour finir un site qui donne une foule de liens concernant la calligraphie et enluminure
19:30 Publié dans coup de coeur, enluminures | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
samedi, 10 décembre 2005
Les Restos du cœur ont du mal à trouver des locaux
Alors qu'ils entament leur 21ème saison, les restos du cœur ont de "plus en plus de mal à trouver des locaux dans les centres-villes" selon Olivier Berthe, président de l’association. "L’objectif de certaines communes est de cacher la misère et de l’exporter au-delà des frontières du centre- ville" , affirme-t- il. L’association s’inquiète également de la baisse des moyens issus de l’Union européenne. Pourtant il y a dix fois plus de démunis qui fréquentent les restos du cœur qu'il y a vingt ans. Au cours de l’hiver 2004‑2005, les 43 000 bénévoles ont distribué 67 millions de repas à 630 000 personnes.
Voir le site des restos du coeur
15:16 Publié dans chronique à gauche, coup de gueule | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
vendredi, 09 décembre 2005
Décidément, tout est bon chez Victor …
Petit Papa Noël, dépose dans ma chaussure quelques ouvrages de ce bon Victor, que je puisse continuer à me régaler ….
16:20 Publié dans chronique à gauche, coup de coeur, Hugo...mania | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
mercredi, 07 décembre 2005
Les brunes ne comptent pas pour des prunes
Selon un sondage IPSOS réalisé pour l'émission "Ca se discute" sur France-2, les femmes ne s'en doutent pas, mais les hommes préfèrent les brunes pulpeuses.
A quand un sondage pour que nous puissions choisir entre un petit chauve ou un grand ventripotent ?
11:29 Publié dans coup de gueule | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook |
mardi, 06 décembre 2005
Laïcité (suite)
VENDREDI 9 DECEMBRE: à partir de 17 heures à RAMBOUILLET (78), salle Patenôtre (rue Gambetta, à l'arrière de la Gendarmerie) 4 ateliers "Autour de la laïcité" , agrémentés d'un cocktail. Thèmes : a- Religions et laïcité ; b- Laïcité, service public et insertion ; c- Les sources de la laïcité ; d- Laïcité, démocratie et mondialisation avec Gérard Larcher, Ministre Délégué à l'Emploi, au Travail et à l'Insertion Professionnelle des Jeunes, Azouz Begag, Ministre délégué à la Promotion de l'Egalité des chances, Dalil Boubajeur, Recteur de la Mosquée de Paris, Yves Bruley, Chargé de mission pour le centenaire de la loi de 1905 auprès de l'Académie des Sciences morales et politiques, André Damien, Vice-Président de l'Académie des Sciences morales et politiques, Jean-Arnold de Clermont, Président du Conseil de la Fédération protestante de France, Martin Hirsch, Président d'Emmaüs France, Ould Kherroubi, Président de l'Association des Musulmans de Versailles, Monseigneur Lalanne, Secrétaire Général de la Conférence des Evêques de France, Jean-Louis Mandinaud, Membre du Conseil Economique et Social, Michel Sollogoub, Secrétaire de l'Archevêché des Eglises orthodoxes Russes en Europe occidentale, Valentine Zuber, Maître de conférences en "Histoire et sociologie de la laïcité" à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes. Inscription conseillée au 01 30 88 73 73
10:28 Publié dans chronique à gauche | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
Pour Christine ...
Pour ton anniversaire, j'ai recopié et illustré pour toi ce poème, trouvé sur internet.
Je te souhaite de nombreuses années de bonheur.
Je t'embrasse affectueusement
00:10 Publié dans messages perso ... | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |