Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

dimanche, 14 mai 2006

Le rêve brisé

medium_traite_versailles_1768.2.jpgS'il suffisait de vouloir la liberté, le monde entier serait libre

Si j'étais maître de la foudre, je m'en servirais pour défendre la patrie

Il est encore en Europe un peuple capable de législation, l'île de Corse. J'ai quelque pressentiment qu'un jour cette petite île étonnera l'Europe (J-J. Rousseau)

 

En novembre 1755, Pasquale Paoli, "Capo Générale", dote la Corse d’une Constitution, inspirée à la fois des traditions politiques insulaires et des préceptes de Montesquieu. Elle bénéficie des réfléxions de Jean-Jacques Rousseau, à qui Paoli avait demandé la rédaction du document. Cette constitution, extrêmement moderne, introduit la souveraineté du peuple et la séparation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire. Elle accorde aussi le droit de vote aux citoyens et citoyennes de plus de 25 ans. Elle prévoit un exécutif de trois Primats et une Assemblée populaire (Consulta) formée par les élus des 90 cantons (pièvi). Rédigée par l'avocat ajaccien Sebastianu Costa, cette Constitution - la première de l'Histoire - n'entra jamais vraiment en application mais elle inspira quelques décennies plus tard les Insurgents d'Amérique et les révolutionnaires de Paris. Par la même occasion, les insurgés corses se donnent un hymne national. C'est le «Dio vi Salvi Régina». Ce ne sera qu’en 1761 que la Cunsulta de Viscuvatu décidera de frapper monnaie.

Mais le 15 mai 1768, Louis XV achète l'Ile à la République de Gênes, ou plutôt Gênes, en proie à des difficultés extérieures grandissantes et trop heureuse de se débarrasser d'une île en permanence insoumise, lui permet, par le traité de Versailles, de l’occuper militairement et d’y exercer sa souveraineté contre un subside de 200 000 livres par an jusqu’à ce que la Sérénissime soit en mesure de la reprendre! La France qui venait de perdre le Canada se devait d'empêcher l'Angleterre de s'installer en méditerranée. Ce traité nie complètement l’existence de l’Etat national décrété par Paoli et les Corses : La France admet que les peuples puissent changer de souverains mais pas qu’ils s’en émancipent … et le 9 mai 1769, au terme d'une bataille de plusieurs jours, les indépendantistes corses sont défaits par l'armée française à Ponte-Novo.

Les commentaires sont fermés.