dimanche, 28 mai 2006
Peintre et truand
« Que d’inexactitudes, de fantaisies, de sottes conjectures ou de mensonges ai-je lus sur mon compte ! Ma mort surtout a enflammé les spéculations et donné lieu à des erreurs grossières. Reprenons les choses dans un semblant d’ordre. Après le meurtre de Ranuccio et ma condamnation à mort par le pape, fuite vers le Sud. De Rome à Paliano, de Paliano à Naples, de Naples à l’île de Malte. A La Valette, affaire du chevalier de Wignacourt et de son page, d’où nouvelle fuite, nouveaux vagabondages forcés. Syracuse, Messine, Palerme. Second séjour à Naples. Enfin, au bout de quatre années d’errances, espoir de retourner à Rome. Certaines personnes influentes intriguent auprès de Paul V pour obtenir ma grâce. La felouque sur laquelle j’emporte mes deux derniers tableaux, rançon de ma liberté, me dépose sur la plage de Porto Ercole, en Toscane, à une vingtaine de lieues au nord de la frontière avec les Etats du pape. La Toscane appartenant à la couronne de Madrid, une forte garnison espagnole stationne à Porto Ercole. Et là, tandis que j’attends le décret qui me permettra de rentrer à Rome, Dieu dispose de moi autrement. »
Dominique Fernandez
La course à l'abîme
© éditions Grasset 2002
Célèbre, même si controversé, le Caravage gagne beaucoup d’argent et en dépense sans doute beaucoup. Sa vie va changer radicalement le 28 mai 1606. Ce jour-là, sur le Champ de Mars, il assassine Ranuccio Tomassoni , aussi dissolu que lui. Ils ont partagé une maîtresse, Filipe Melandroni, qui posa d’ailleurs pour Caravage. Duel, bataille rangée ? Le prétexte en tout cas est une dette de jeu. Le peintre s’enfuit de Rome, il est hébergé dans le Latium par le duc Marzio Colonna, il apprend là qu’il est condamné à mort par contumace et banni de Rome. Commence pour lui une cavale jusqu'à Malte, durant laquelle il exécutera ses plus troublants chefs d'oeuvre...
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