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mercredi, 04 octobre 2006

Un événement bien discret …

medium_brazza_petitjournal_detail_.jpg« Payez leurs services, achetez leurs vivres, écoutez leurs doléances, n'oubliez pas que vous êtes l'intrus qu'on n'a pas appelé. »

 

Hier, aucune information à la télé ou à la radio …

Et pourtant les dépouilles de l’explorateur français Pierre Savorgnan de Brazza, décédé en 1905 à Dakar, de son épouse et de ses quatre enfants ont été transférés samedi d’Alger où ils reposaient, et ré inhumés mardi à Brazzaville dans un mausolée construit par les autorités congolaises à côté de la mairie, en présence des présidents congolais, Denis Sassou Nguesso, et gabonais, Omar Bongo Ondimba, du roi de la communauté téké, la plus importante ethnie du Congo et du ministre français des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy.

Né en 1852 à Rome et décrit comme un aventurier visionnaire et humaniste, Pierre Savorgnan de Brazza fut l’une des grandes figures de la présence coloniale française en Afrique. C’est lui qui signa à la cour du chef Makoko le traité rattachant le Congo à l’Empire français en 1882. Son "utopie" pour l’époque de considérer que les colons étaient des intrus devant conquérir le respect des autochtones lui valut d’être relevé de ses fonctions en 1898. Il s’installe alors à Alger où il vivra quelques années avant d’être rappelé pour enquêter sur les exactions commises au Congo par l’administration française. Son rapport qui décrit les abus et le pillage organisé par les sociétés françaises, est resté confidentiel. Aujourd’hui encore, la France dément en détenir une copie, sans doute par crainte des conséquences que cela pourrait avoir sur ses rapports avec le Congo et pour éviter que le Congo et l'Algérie ne demandent aujourd'hui des réparations.

Parmi les quelques fonctionnaires de la commission figurait un jeune agrégé de philosophie, Félicien Challaye, qui représentait le ministre de l’instruction publique. Félicien Challaye publia son témoignage en 1935 dans un ouvrage intitulé « Souvenirs sur la colonisation ». Ces textes furent repris en 1998 dans « Un livre noir du colonialisme » édité par Les nuits rouges. Un extrait de cet ouvrage sur la situation des indigènes au Congo, il y a un siècle donne des précisions sur le système des concessions qui a saigné le Congo.

Des polémiques se sont développées au Congo, notamment, à l'occasion de ce transfert. Lors d'un colloque à Franceville, organisé par la fondation Savorgnan de Brazza, des universitaires gabonais et congolais se sont notamment insurgés que « des colonisés puissent faire l'apologie du colonisateur ». D'autres se demandent si ce monument dédié à la mémoire d'un administrateur colonial n'entretient pas le mythe de l'Européen supérieur à l'Africain. Le coût du monument (près de 8 millions d'euros), financés par le gouvernement congolais, a également été critiqué au sein de la diaspora congolaise et pour cause : le pays compte parmi les plus pauvres..

 

Lire un article intéressant de Christian Campiche publié sous le titre "Brazza dérange encore" dans La Liberté du 4 décembre 2005

 

06:10 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |

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