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samedi, 09 juin 2007

Haro sur le buveur d'eau claire !

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"On n'est pas complètement d'accord, même dans le midi, sur les causes de la mévente du vin. La masse des viticulteurs ne les trouve que dans la fraude; la masse des négociants les trouve, surtout, dans la surproduction naturelle, et, conséquemment, ceux-ci font volontiers peser les responsabilités sur ceux-là… et réciproquement.

A la vérité, suivant certaines compétences, le sucre ne devrait pas être l'ennemi du vin, si le sucre était employé discrètement. En diverses régions viticoles, le vin qu'on récolte de bonne heure est faible.

Mais on peut le "remonter", et le sucrage légal intervient : cinq kilos de sucre par hectolitre donneront, à ce vin vert, la force qui lui manque… Mais, le malheur, c'est que, parfois, on abuse du sucre. Avec la même vendange on fait successivement une, deux, trois cuvées… Et alors il y a fraude réelle et, du même coup, surproduction. Et puis, il existe une cause qu'on paraît ignorer un peu trop. C'est celle résultant de la mode qui exile le vin de beaucoup de tables pour le remplacer par l'eau. Un médecin déclarait, l'autre jour, qu'il empêchait à lui seul, la vente de 150000 litres de vin par an. Supposons seulement que 2000 médecins sur 20000 fassent de même, cela fait 300 millions de litre de vin dont la vente est empêchée.

Le buveur d'eau paraît être, dans l'occurrence, un plus grand coupable que l'on ne croit généralement. Et c'est là le sens de l'originale composition qui orne notre première page. Le vin et le sucre lui-même souffrent de cet abus de l'eau. Que ne s'élèvent-ils pas contre lui ! la fraude existe, c'est entendu, et il appartient aux laboratoires de la signaler et à la loi de la punir. La production est considérable, c'est encore vrai, mais il n'est pas prouvé qu‘elle le soit trop. Ce qui est certain, c'est que la consommation a diminué dans des proportions inquiétantes. C'est cette diminution qu'il faut combattre. Et, pour cela, il importe que les médecins n'aient plus de raisons de conseiller à leurs patients de se priver de vin…

Qu'on nous donne donc du vin pur, du vin naturel et alors nous pourrons, en bonne justice, crier haro sur les buveurs d'eau claire."

 

Article paru dans le supplément illustré du Petit Journal du 9 juin 1907

00:10 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (1) |  Facebook | |

Commentaires

L'un de nous avait évoqué ce problème des buveurs d'eau il y a peu (publicité sur un guide touristique, pour le vin, avec citation de Pasteur.

dominique

Écrit par : dmerlen | dimanche, 10 juin 2007

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