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mercredi, 30 janvier 2008

Du 31 janvier au 7 février, exposition d'encadrement d'art à Maurepas

3fd976897825dd486eaf346e5f95643d.jpgL’exposition « Encadrements d’art » aura lieu du 31 janvier au 7 février 2008 inclus dans la grande Salle du Conseil de la mairie de Maurepas (Yvelines). Les 220 élèves des ateliers vous présenteront une partie du travail de ces deux dernières années.

Classiques, anciens ou contemporains, plus de 300 encadrements reflèteront la recherche, la sobriété, l’originalité, dans le seul but du respect de l’image et de faire de chaque travail une pièce unique.

Exposition ouverte tous les jours de 14h à 18h30. Entrée libre.

 

 

 

Renseignements : 01 30 50 25 76 - 01 30 50 43 14 - 01 30 49 04 96.

 

Venez nombreux !

lundi, 28 janvier 2008

Ballade à l'étang des Noës

Week-end ensoleillé qui donne envie de se balader ... direction l'étang des Noës !

 

218148c6532a8f6b6eb70822121d8454.jpgCréé par Vauban en 1684, il fait partie d’un ensemble de lacs et d'étangs qui permettaient, jusqu'en 1977, de récupérer les eaux de pluie de Rambouillet à Trappes pour alimenter les fontaines et bassins du parc du château de Versailles.

Son rôle était de collecter les eaux du plateau de Maurepas et d’une partie de celui de Coignières. En amont, le réseau comprenait les étangs de Saint-Hubert, Pourras, Corbet, de Hollande, de la Tour et du Perray. Le drainage s’effectuait grâce à des rigoles, et ce chapelet d’étangs était relié par un “grand lit de rivière”, collecteur permettant d’alimenter l’étang de Trappes et, de là, les réservoirs de Montbauron. L’ensemble des étangs supérieurs comprenait 15 étangs, soit près de 200 km de rigoles et 25 aqueducs recueillant les eaux de surface de près de 13 000 hectares. Il était même prévu de prolonger ce système jusqu’à l’Eure par Maintenon, mais les travaux ne furent jamais achevés à cause des guerres et de la fin du règne de Louis XIV.

Un peu d'histoire

ea1a4d818f5f773278c695da8d7cf771.jpgQuand, en 1661, Louis XIV âgé de vingt-trois ans accède enfin au trône, son choix est de transporter sa cour à Versailles, où ses parties de chasse l'ont souvent amené à se reposer dans un petit château de briques construit par son père en plein marais. Décision est prise d'y construire un nouveau château, mais aussi des jardins à la française, avec jeux de fontaines, de cascades et de jets d’eau ! mais Versailles est située dans un fond de vallon et ne bénéficie que du mince apport hydraulique du rû de Clagny. La course à l’eau est donc lancée et elle mobilisera pendant environ trente ans les savants, les ingénieurs et les techniciens les plus brillants de l’époque.

7ea52182ed79a75954249704ed0e8fa1.jpgColbert se mit donc à la tâche, de grands travaux sont lancés pour collecter, amener, stocker et même pomper par des moulins à vent les eaux des alentours. Mais cela ne suffisait pas, et le surintendant porta son attention à différents projets qui promettaient d’apporter une quantité plus importante d’eau. Parmi tous ces projets gigantesques, Ricquet, célèbre par la création du canal du Midi, proposa d’amener la Loire à Versailles. Colbert fut séduit et les travaux allaient être exécutés, moyennant la somme de deux millions quatre cent mille livres quand l'abbé Picard, brillant astronome membre de l'académie des sciences, affirmaque la chose était impossible, qu'il avait nivelé le terrain fort légèrement à la vérité, mais suffisamment pour pouvoir assurer qu'il n'y avait pas assez de pente pour amener l'eau jusqu'à Versailles. Colbert, prudent, fit donc réaliser une vérification par l’abbé Picard, qui avait créé des instruments de précision permettant des observations astronomiques et géodésiques, en particulier un niveau à lunettes pour la mesure des hauteurs du sol, avec précision de l’ordre d’1 cm par km.

L’abbé Picard alla calculer la pente qu’il pouvait y avoir de la Loire à Versailles. Les opérations eurent lieu en 1674 et démontrèrent que le niveau de la Loire au-dessus de Briare où Ricquet pensait le drainer était plus bas que celui du parc de Versailles et ce projet fut abandonné. Colbert demande alors à l'abbé Picart de faire des nivellements sur les plateaux environnants. Celui-ci découvre que les plaines de Trappes et Bois-d'Arcy sont à cinq mètres au-dessus du niveau du plus haut réservoir du château, situation permettant de collecter et d'acheminer de nouvelles quantités d'eau. Colbert donne l'ordre de commencer les travaux en 1677. ...

Une formidable réserve écologique

6dbd43eb1703ea3fd4fddff8398ad14e.jpgL’étang est une réserve écologique qui abrite 266 espèces de plantes et 96 espèces d’oiseaux (sur 354 en Ile-de-France). C'est pour cela qu'il est classé Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique, Floristique et Faunistique (ZNIEFF)

On y observe des milieux très variés : bois et lisières, prairies et roselières, mares, fossés et eaux libres.

Sur la rive sud de l'étang, on trouvent 270 espèces végétales, dont deux protégées au niveau régional, le Pâturin des marais et la Stellaire glauque.

d94f39e1046d58ef1f19efec207e5e49.jpgL'étang accueille 96 espèces d'oiseaux en quête d'alimentation, des oiseaux nicheurs sédentaires et des migrateurs et 14 espèces de libellules ...

On peut observer notamment la Rousserolles effarvattes, Phragmites des joncs, Bouscarles de Cetti et Grèbes Huppés qui résident et nichent dans les roselières de l'étang. Le cri de ces derniers annonce dès le mois de février le début des parades amoureuses qui l'entraînent dans d'étonnantes cérémonies avec sa nouvelle compagne. Le couple fabrique le nid flottant dans la roselière, couve en alternance et promènera à tour de rôle les grébetons cachés sous les plumes du dos.

c457f452a99aa479c6bfe199361244c3.jpgD'autres espèces comme la Foulque macroule, le Bruant des roseaux et la Fauvette babillarde ont élu domicile aux Noës, rejoints à l’automne par le Canard souchet.

Plus communs, des canards Colvert et même un grand cygne blanc sont venus à ma rencontre, histoire de voir si je n'avais pas un peu de nourriture à leur donner ...

Malgré sa faible profondeur (87cm en moyenne) l'étang abrite aussi un grand nombre de poissons : brèmes, gardons, carpes, goujons, tanches, rotengles, perches, sandres, brochets et silures ... qui satisfont l'appétit des oiseaux et la passion des pêcheurs !

Le sentier PR 19 longeant l’étang au sud et à l’est, emprunte une remarquable allée plantée de pins noirs et pins sylvestres.

vendredi, 18 janvier 2008

Le bal des faux culs


Alors que l’on s’apprête à enterrer le vote du 29 mai 2005, je reprends à mon compte ce titre de Politis car certains de mes camarades socialistes continuent vraiment à nous prendre pour des cons!

Entre Manuel Valls et Jacques Lang qui votent les yeux fermés le nouveau traité, Ségolène Royal qui renie sans vergogne ses engagements de campagne, il existe heureusement encore des camarades qui ont le sens de la légitimité démocratique et sauvent un peu l’honneur du PS. En effet, 51 députés PS, dont Laurent Fabius, Henri Emmanuelli, Arnaud Montebourg et Michel Vauzelle ont voté contre afin de protester contre la décision du président Nicolas Sarkozy de passer par la voie parlementaire pour ratifier le nouveau traité et non par référendum.

Henri Emmanuelli, lui, ne mâche pas ses mots dans l’interview qu’il donne au journal Libération de mardi. Revenant sur le boycott du Congrès, il juge cette position « incompréhensible ». Pour lui, il ne fait aucun doute qu’il faut aller à Versailles pour voter non à la révision de la constitution afin d’exiger un référendum sur le nouveau traité. Qu’il parle de Jean-Marc Ayrault, François Hollande ou Ségolène Royal, Emmanuelli n’est pas tendre. « Je sais que ceux qui l’ont menée (ndlr : la campagne) pour le oui n’ont jamais admis le vote du peuple français. Mais qu’ils aient le courage de le dire et qu’ils arrêtent d’expliquer que ceux qui veulent le faire respecter sont des tacticiens. » Et on comprend pourquoi Henri Emmanuelli veut proposer que lors du prochain congrès socialiste, « le futur ou la future secrétaire s’achète une boussole ». Si c’est pour se diriger vers la droite, nul besoin. Le PS est pour l'instant dans la bonne direction.

 

A lire aussi "la peur du peuple" l'édito de Denis Siffert dans Politis

 

Et pour finir, une petite citation : "On ne ment jamais autant qu’avant les élections, pendant la guerre et après la chasse." (Otto von Bismarck)

mardi, 08 janvier 2008

"The world must be made safe for democracy"

1b7e949201c2abdd11f45ca52375b8e0.jpgIl y a 90 ans, le 8 Janvier 1918, le président américain Thomas Woodrow Wilson énonce, dans un discours retentissant, un programme en Quatorze Points pour mettre fin à la Grande Guerre.

Désormais il n'est plus seulement l'homme qui apporte à l'Europe le concours américain, il devient l'organisateur de la paix de demain, celui qui tiendra une place primordiale dans la reconstruction des relations internationales.

Déçu par l'attitude des nations en guerre, il récuse l’idée d’une diplomatie fondée sur l’équilibre des puissances qu’il considère comme la marque même de la décadence européenne, et veut mettre en place un nouvel ordre international fondé sur des appréciations morales et juridiques et non plus sur des considérations géopolitiques, un "nouveau monde" capable d'éviter les guerres.

S'alliant aux courants libéraux, il se pose donc en promoteur d'une diplomatie ouverte et propose la création d'une Société des Nations (premier et dernier points de son discours) en relation avec un libéralisme économique : liberté des mers et limitation des barrières douanières, réduction des armements nationaux (troisième et quatrième points). En héritier des "Pères fondateurs" des Etats-Unis, il consacre plusieurs points de son projet au droit des peuples colonisés de disposer d'eux-mêmes, ou aux tracés de frontières "selon les limites des nationalités", ce qui provoquera des différends avec les Anglais, les Français et les Italiens qui avaient, dès le Traité de Londres, établi un plan de partage de l'empire ottoman et sont bien décidés à se partager les anciens territoires coloniaux et zones d'influences allemandes.

Mais dans l'ensemble, la presse française témoigne son approbation, les uns parce qu'ils sont persuadés que le président Wilson vient d'annoncer un monde nouveau, débarrassé du fléau de la guerre, les autres parce qu'ils croient que le généreux programme américain ne sera appliqué qu'après le succès des armées alliées, tous parce qu'ils ont surtout retenu du message présidentiel le point 8, celui qui a trait à l'Alsace-Lorraine.

Mais le gouvernement français craint que ce programme ne renforcer l'opposition à la politique du cabinet Clemenceau. En effet, les journaux socialistes approuvent le président américain avec enthousiasme.: "Ce sera l'honneur du président Wilson d'avoir, par ses messages répétés, obligé les nations de l'Entente à conformer leurs aspirations nationales à la justice." (Albert Thomas dans l'Information). La presse modérée s'inquiète: "Les socialistes et quelques autres penseurs prétendent nous imposer (...) la Société des Nations comme une chose révélée, échappant par là à la discussion et au doute." (Alfred Capus dans le Figaro). Et Paris invite discrètement le président Wilson à ne pas manifester des sympathies excessives à l'égard des socialistes et à soutenir la politique de Clemenceau. Entre le président du Conseil et le président des États-Unis des rapports complexes s'établissent. La France a besoin des troupes, du matériel, des dollars des États-Unis pour faire la guerre. L'Amérique, même si elle préfère Albert Thomas à Clemenceau, ne veut pas être le champion des mouvements révolutionnaires. Le réalisme les pousse donc à s'entendre ...

Certains points du programme de Thomas Woodrow Wilson serviront de base au Traité de Versailles de 1919. Mais Woodrow Wilson commet l’erreur de se rendre personnellement en France pour négocier le traité de paix et s’enlise dans des considérations assez éloignés de l’idéalisme affiché des 14 points. Au total, le Traité de Versailles aboutit aux objectifs inverses que souhaitait remplir Wilson. L’Allemagne se vit infliger d’importantes sanctions territoriales (perte de 13% de son territoire et de ses colonies), une sévère restriction militaire (une armée de 100.000 hommes avec une marine symbolique) et d’importantes compensations économiques. Et il réussit paradoxalement à renforcer le rôle géopolitique de l’Allemagne par la création d’une multitude d’Etats dont la puissance était insuffisante pour contenir les ambitions renaissantes de l’Allemagne.

Paradoxe : le Congrès des États-Unis refusera de signer ce traité ainsi que d'entrer dans la Société des Nations, certains de ses membres faisant ainsi payer à Wilson son refus de soutenir la cause indépendantiste du Sinn Fein irlandais.

 

 

Résumé des Quatorze Points :

I. Traités de paix conclus lors de négociations en pleine lumière, afin de mettre un terme à la diplomatie secrète.

II. Liberté de navigation sur les océans, à l'extérieur des eaux territoriales, à l'exception des zones fermées dans le cadre de l'application de traités internationaux.

III. Abolition, autant que possible, de toutes barrière douanières et l'instauration de conditions de commerces équitables au sein de toutes les nations consentantes à la paix et associés en vue de la préserver.

IV. Garanties que chaque nation s'engagera à réduire l'armement national au niveau le plus bas possible, compte tenu des exigences de leur sécurité domestique.

V. Règlement des conflits coloniaux, respectant le bien-être des populations concernées aussi bien que l'intérêt des nations colonisatrices.

VI. Évacuation des territoires russes occupés et règlement des questions relatives à la Russie favorable à son auto-détermination politique et à son insertion dans la société des nations libres.

VII. La Belgique devra être évacuée et retrouver son entière souveraineté.

VIII. Évacuation et rétablissement de tous les territoires français occupés, retour de l'Alsace-Lorraine à la France.

IX. Rectification des frontières italiennes sur une base nationaliste.

X. Autonomie des peuples composant l'Empire austro-hongrois.

XI. Évacuation de la Roumanie, de la Serbie et du Monténégro et restitution des territoires occupés; libre accès à la mer pour la Serbie; rectification des frontières dans les Balkans pour favoriser les aspirations nationales et historiques.

XII. Souveraineté pour la portion turque de l'Empire ottoman ; autonomie des états non-turcs ; liberté de passage dans le Bosphore et les Dardanelles.

XIII. Création d'un état polonais indépendant, avec libre accès à la mer.

XIV. Création d'une Société des Nations assurant l'indépendance politique et l'intégrité des États petits et grands.

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jeudi, 03 janvier 2008

Le ciel sur la baie

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Petite ballade en baie de Somme en photos et en musique sur une chanson de jean-francois barrez avec cette vidéo trouvée sur dailymotion (réalisation Philippe Chauchoy)

 

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mardi, 01 janvier 2008

Les Étrennes des orphelins


                           I

La chambre est pleine d'ombre ; on entend vaguement

De deux enfants le triste et doux chuchotement.

Leur front se penche, encore alourdi par le rêve,

Sous le long rideau blanc qui tremble et se soulève...

- Au dehors les oiseaux se rapprochent frileux ;

Leur aile s'engourdit sous le ton gris des cieux ;

Et la nouvelle Année, à la suite brumeuse,

Laissant traîner les plis de sa robe neigeuse,

Sourit avec des pleurs, et chante en grelottant...

 

                        II

Or les petits enfants, sous le rideau flottant,

Parlent bas comme on fait dans une nuit obscure.

Ils écoutent, pensifs, comme un lointain murmure...

Ils tressaillent souvent à la claire voix d'or

Du timbre matinal, qui frappe et frappe encor

Son refrain métallique et son globe de verre...

- Puis, la chambre est glacée...on voit traîner à terre,

Épars autour des lits, des vêtements de deuil :

L'âpre bise d'hiver qui se lamente au seuil

Souffle dans le logis son haleine morose !

On sent, dans tout cela, qu'il manque quelque chose...

- Il n'est donc point de mère à ces petits enfants,

De mère au frais sourire, aux regards triomphants ?

Elle a donc oublié, le soir, seule et penchée,

D'exciter une flamme à la cendre arrachée,

D'amonceler sur eux la laine de l'édredon

Avant de les quitter en leur criant : pardon.

Elle n'a point prévu la froideur matinale,

Ni bien fermé le seuil à la bise hivernale ?...

- Le rêve maternel, c'est le tiède tapis,

C'est le nid cotonneux où les enfants tapis,

Comme de beaux oiseaux que balancent les branches,

Dorment leur doux sommeil plein de visions blanches !...

- Et là, - c'est comme un nid sans plumes, sans chaleur,

Où les petits ont froid, ne dorment pas, ont peur ;

Un nid que doit avoir glacé la bise amère...

 

                        III

Votre cœur l'a compris : - ces enfants sont sans mère.

Plus de mère au logis ! - et le père est bien loin !...

- Une vieille servante, alors, en a pris soin.

Les petits sont tout seuls en la maison glacée ;

Orphelins de quatre ans, voilà qu'en leur pensée

S'éveille, par degrés, un souvenir riant...

C'est comme un chapelet qu'on égrène en priant :

- Ah ! quel beau matin, que ce matin des étrennes !

Chacun, pendant la nuit, avait rêvé des siennes

Dans quelque songe étrange où l'on voyait joujoux,

Bonbons habillés d'or, étincelants bijoux,

Tourbillonner, danser une danse sonore,

Puis fuir sous les rideaux, puis reparaître encore !

On s'éveillait matin, on se levait joyeux,

La lèvre affriandée, en se frottant les yeux...

On allait, les cheveux emmêlés sur la tête,

Les yeux tout rayonnants, comme aux grands jours de fête,

Et les petits pieds nus effleurant le plancher,

Aux portes des parents tout doucement toucher...

On entrait !... Puis alors les souhaits... en chemise,

Les baisers répétés, et la gaieté permise !

 

                        IV

Ah ! c'était si charmant, ces mots dits tant de fois !

- Mais comme il est changé, le logis d'autrefois :

Un grand feu pétillait, clair, dans la cheminée,

Toute la vieille chambre était illuminée ;

Et les reflets vermeils, sortis du grand foyer,

Sur les meubles vernis aimaient à tournoyer...

- L'armoire était sans clefs !... sans clefs, la grande armoire !

On regardait souvent sa porte brune et noire...

Sans clefs !... c'était étrange !... on rêvait bien des fois

Aux mystères dormant entre ses flancs de bois,

Et l'on croyait ouïr, au fond de la serrure

Béante, un bruit lointain, vague et joyeux murmure...

- La chambre des parents est bien vide, aujourd'hui :

Aucun reflet vermeil sous la porte n'a lui ;

Il n'est point de parents, de foyer, de clefs prises :

Partant, point de baisers, point de douces surprises !

Oh ! que le jour de l'an sera triste pour eux !

- Et, tout pensifs, tandis que de leurs grands yeux bleus,

Silencieusement tombe une larme amère,

Ils murmurent : « Quand donc reviendra notre mère ? »

 

                        V

Maintenant, les petits sommeillent tristement :

Vous diriez, à les voir, qu'ils pleurent en dormant,

Tant leurs yeux sont gonflés et leur souffle pénible !

Les tout petits enfants ont le cœur si sensible !

- Mais l'ange des berceaux vient essuyer leurs yeux,

Et dans ce lourd sommeil met un rêve joyeux,

Un rêve si joyeux, que leur lèvre mi-close,

Souriante, semblait murmurer quelque chose...

- Ils rêvent que, penchés sur leur petit bras rond,

Doux geste du réveil, ils avancent le front,

Et leur vague regard tout autour d'eux se pose...

Ils se croient endormis dans un paradis rose...

Au foyer plein d'éclairs chante gaiement le feu...

Par la fenêtre on voit là-bas un beau ciel bleu ;

La nature s'éveille et de rayons s'enivre...

La terre, demie-nue, heureuse de revivre,

A des frissons de joie aux baisers du soleil...

Et dans le vieux logis tout est tiède et vermeil :

Les sombres vêtements ne jonchent plus la terre,

La bise sous le seuil a fini par se taire...

On dirait qu'une fée a passé dans cela !...

- Les enfants, tout joyeux, ont jeté deux cris... Là,

Près du lit maternel, sous un beau rayon rose,

Là, sur le grand tapis, resplendit quelque chose...

Ce sont des médaillons argentés, noirs et blancs,

De la nacre et du jais aux reflets scintillants ;

Des petits cadres noirs, des couronnes de verre,

Ayant trois mots gravés en or : « À NOTRE MÈRE ! »

 

Arthur Rimbaud, (1870)