mardi, 15 avril 2008
Aujourd'hui, c'est la Sainte Anastasie
Mais en France, depuis le milieu du XIXe siècle, Anastasie évoque surtout un personnage une vieille femme bossue, ricanante, binoclarde, armée d'énormes ciseaux, personnifiant pour les journalistes et les écrivains la redoutable censure, aux ordres des pouvoirs publics. Elle deviendra l'allégorie caricaturale de la censure d'Etat sous la IIIe République, au moment des grands affrontements droite-gauche autour de 1900.
Certains pensent que le mot tire son origine d'Anastase Ier, 39ème pape de l'Église Catholique Romaine, de 399 à 401 qui inaugure la censure chrétienne en interdisant certains livres d'Origène et des donatistes, même si la censure a accompagné la liberté d'expression depuis le début de l'Histoire. Ainsi, l'origine du terme censure remonte au poste de censeur, crée à Rome en -443, dont le but était de maintenir les mœurs. Le plus célèbre cas de censure antique est celui de Socrate, condamné à boire la ciguë pour avoir incité les jeunes à la débauche.
Quand et comment apparaît Anastasie ? Les informations les plus précises et les plus sures que nous ayons trouvé sur "Anastasie" sont extraites du livre de Pascal Ory : La censure en France.
On lit en général que l’inventeur d’Anastasie est André Gill, le célèbre caricaturiste et on date même sa première apparition du 19 juillet 1874 à la une de l’Eclipse en vieille mégère aux ongles crochus, aux allures de concierge, portant une chouette sur son épaule et tenant une paire de ciseaux gigantesques … Si A Gill a rendu célèbre le personnage il n’en revendique pas la paternité…..
En effet, plus d'un demi-siècle plus tôt, le journal La Foudre (1821-1823) parle déjà de la "dame aux ciseaux" et dans Le Charivari du 15 avril 1850, Charles Vernier dessine une femme acariâtre au visage disgracieux barré de lunettes et portant des ciseaux.
Le nom même d'Anastasie est plus tardif. On lit notamment toujours dans Le Charivari du 3 décembre 1850, "taille de plume brevetée mais sans garanti du gouvernement, à l'usage de messieurs les journalistes. S'adresser à madame Anastasie qui taille, coupe et plume l'oie". Mais ce nom ne s'impose pas tout de suite, et au début des années 1870, on la nomme parfois Victorine.
Or ce nom n'est pas assez ridicule et c'est Touchatout, dans un dessin paru dans Le Trombinoscope en juillet 1874 qui la nomme ainsi : "Censure (Anastasie), illustre engin liberticide français, née à Paris sous le règne de Louis XIII. Elle est fille naturelle de Séraphine Inquisition, et compte de nos jours dans sa famille quelques autres personnages très connus : Ernest communiqué, Zoé Bonvouloir, Vicomte Butor de Saint arbitraire et agathe estampille, ses cousines, tantes et beaux-frères dont nous exquisserons les traits un de ces jours (…) "
Mais pourquoi Anastasie? Anastasie c’est en grec et en latin la résurrection ...
Anastasie représente la censure qu’on croit toujours enterrée et qui sans cesse ressuscite…
15:28 Publié dans Bavardage, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
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