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vendredi, 25 juillet 2008

Dormir sept ans ... ou l'éternité

Au gré des mots qui passent

Nous construisons mausolée,

Palais des mille vocables,

Ignorant sens et serrure :

Ainsi neige opaque

Obtiendra

Âme, cœur, temps

Le plancher grince

Dès qu'un rat devient

Sombre animal défunt.

Nous ouvrons la fenêtre ;

Chauve-souris s'installent

Près des tocsins, des chamades.

Jacques Izoard

Dormir sept ans  (Coll. Clepsydre)

 

Je rentre de quelques jours de vacances au vert, et me précipite lire le Monde délaissé pendant une semaine. Habituellement je jette un œil distrait sur la page "carnet", mais cette fois-ci, mon regard s'attarde. Un poète, Jacques Izoard, est mort !

Connais pas, normal, je n'ai découvert la poésie qu'assez récemment. Pourtant son œuvre comprend plus d’une cinquantaine de livres et plaquettes !

Alors google me livrera peut être quelques uns de ces poèmes ? Pourquoi pas celui-ci, de son recueil Vêtu, dévêtu, libre paru en 1978

 

Passage à langue

D'ombre à langue, un seul quinquet

Celui de la petite parole

ou de la petite pupille.

Petite langue à la serpe.

Languette douce, langue de papier.

Langue de boucher, de vitrier.

Langue de musée du verre étoilé.

Deux langues disent la voix

d'un double corps d'épouse.

Langue de dimanche au soleil.

Langue à l'affût des langues,

des dards, des verges et des glus.

J'avance la langue vers toi,

pli très doux du vertige.

Je la loge entre les lèvres

les plus aveugles du corps.

Le bleu tassé inonde

ventre et bouche ensevelis.

Mais l'herbe en masse

étourdit le dormeur.

Le chemin de salive

a longé la forêt.

Langue dodue, langue d'ailleurs.

J'arrache la voix du crieur.

J'avale la voix du voleur.

 

Jacques Izoard

Vêtu, dévêtu, libre

 

 

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