Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samedi, 07 février 2009

Il y a 70 ans, la Retirada, l'espoir républicain ...

LePerthus.jpg"Llego la paz. Y todos los caminos son de regreso para el hombre. Canta la semilla en los surcos matutinos, el sol, de los escombros se levanta. Paz a la mar, los cielos y la tierra ! Y al español, destierro, carcel, guerra. La paix est là. Et tous les chemins sont pour l’homme chemins de retour. La graine chante au petit matin dans les sillons, le soleil surgit parmi les décombres. Paix à la mer, aux cieux et à la terre ! Mais pour l’Espagnol : exil, prison, guerre." Rafael ALBERTI

Lorsque, le 26 janvier 1939, les troupes nationalistes entrent à Barcelone, l’une des dernières régions encore tenues par les républicains, l'issue de la Guerre civile ne fait plus aucun doute. L'armée républicaine est vaincue. Partout en Catalogne, pendant les derniers jours de janvier, les massacres de civils et les exécutions sommaires de républicains se multiplient. La répression franquiste est sanglante et impitoyable. Pour les républicains et leurs familles, il n'est pas d'autre solution que la fuite et le passage en territoire français.

Le 5 février 1939, poussé par la pression internationale, le gouvernement français ouvre la frontière entre l'Espagne et la France pour laisser entrer des enfants, des femmes et des combattants vaincus, abattus, fuyant la brutale répression franquiste mais remplis d'espoirs. Ils arrivent parfois en voiture par Cerbère et le Perthus, mais le plus souvent à pied à travers la montagne, malgré les rigueurs de l’hiver. C'est la "retirada" (retraite), immense exode qui se déverse sur Port-Bou, le Perthus, Mollo et Puigcerda ... Le 7 février, le président Manuel Azaña y Díaz lui-même s'exile en France avec ce qu'il lui reste de gouvernement. Une dernière vague de réfugiés quittera le Sud-Est de l’Espagne en mars et gagnera les territoires français d’Afrique du Nord.


Les autorités françaises, qui étaient loin de soupçonner un tel déferlement de réfugiés, malgré les avertissements de diplomates français ou espagnols, et surtout de gouvernement républicain, qui en janvier, avait sollicité en vain l'accueil de 100 à 150 000 réfugiés civils, se montrent, au début, assez hospitalières, mais ne cachent pas leur inquiétude, d'ailleurs largement partagée par les populations locales. Et le 9 février, le gouvernement Daladier décide de fermer la frontière. Mais le plus gros des réfugiés est passé. D'autres passeront encore pendant les sept mois suivants, clandestinement surtout, mais leur nombre, comparé au précédent, est infime. Près d'un demi-million de personnes devront être hébergés, militaires ou, civils, bien portants, blessés ou malades ... En mars 1939, le nombre de réfugiés espagnols en France sera estimé à 440 000 personnes, d'après le rapport de Marcel Valière au gouvernement français le 9 mars 1939.

En toute hâte, des "centres d'accueil" sont aménagés sur les plages méditerranéennes de Saint-Cyprien et Argelès-sur-Mer, délimitées par des fils de fer, à Prats-de-Mollo, à Bourg-Madame, ... conformément à un décret de novembre 1938 créant des "centres" pour "l'accueil des indésirables soumis à des mesures de surveillance étroites". C’est, en effet, dans une France qui a commencé un repli xénophobe que les réfugiés espagnols ont la malchance d’arriver. Mais tout y manque, ou presque. On y couche à la belle étoile, dans le froid et dans des conditions d'hygiène lamentables, ce qui rend le séjour épouvantable pour des réfugiés, souvent malades ou blessés, toujours affaiblis par les longues marches des jours précédents, gardés par des spahis patrouillant à cheval, la troupe et les fardes mobiles. La nourriture manque et on se dispute le pain distribué parcimonieusement par l'armée.

Il faut donc ouvrir en catastrophe de nouveaux camps sur les plages environnant Perpignan (Argelès-sur-Mer, Saint-Cyprien, Collioure, Le Barcarès), dans le Haut-Vallespir (Arles-sur-Tech, Amélie-les-Bains) et en Cerdagne (Latour-de-Carol, Mont-Louis). Mais ces camps sont à leur tour submergés et, dans les stations d'altitude de Cerdagne, le froid est insupportable. Les autorités incitent les réfugiés à rentrer en Espagne, avec un succès mitigé. Il faut de nouveau déplacer hommes, femmes et enfants, et, le 23 février, le Conseil des ministres nomme le général Ménard, commandant la 17e région (Toulouse), chargé de mission responsable de la coordination de l'ensemble des mesures concernant l'accueil des réfugiés espagnols.

Ménard décide d'améliorer les conditions d'hébergement : il limite à trois le nombre des camps installés sur les plages des Pyrénées-Orientales (Argelès-sur-Mer, Saint-Cyprien et le Barcarès), les fait équiper de sanitaires, et décide la création de six grands centres dans les départements proches des Pyrénées. Les vieillards seront envoyés à Bram dans l'Aude, les ouvriers spécialisés seront conduits à Septfonds dans le Tarn-et-Garonne et les anciens de la division Durruti au Vernet d'Ariège en Haute-Garonne, pour être incorporés dans des compagnies de travailleurs et dirigés vers des exploitations agricoles, forestières, des usines, des chantiers, des mines...; les Catalans seront de préférence dirigés sur Agde dans l'Hérault et Rivesaltes dans les Pyrénées-Orientales et les Basques dans le camp de Gurs dans les Basses-Pyrénées ... les premiers camps de concentration !

Mais beaucoup s'exileront en Amérique du Sud ou rentreront en Espagne. Et fin 1939, il ne restera en France qu'approximativement 140 000 réfugiés espagnols, le Gouvernement français désignera quarante départements pour les accueillir et d'autres camps ouvriront, comme à Montflanquin, Bias, Casseneuil, Villeneuve-sur-Lot ou Sainte-Livrade-sur-Lot dans le Lot et Garonne, Moisdon-la-Rivière, et Juigné-des-Moutiers en Loire-Inférieure (aujourd'hui Loire-Atlantique), ainsi que dans le Massif central, les Bouches-du-Rhône et la région parisienne. ...

En Afrique du Nord, les camps Morand à Boghari et Suzzoni à Boghar et Medea en Algérie ou de Bizerte en Tunisie rassemblent 15 000 à 20 000 républicains venus du sud de l'Espagne.

Quelques mois plus tard, beaucoup seront déportés vers divers camps de concentration par le régime de Vichy, qui enverra aussi les républicains des Groupements de Travailleurs Étranger sur les chantiers de l'Organisation Todt sur la façade atlantique, dans le cadre du STO. D'autres demanderont à s'engager dans les bataillons étrangers de l'armée française, malgré la méfiance des officiers français envers ces "Rouges", d'autre enfin entreront dans la Résistance française, les maquis (on parle de 60 000 maquisards espagnols dans le Sud-Ouest en 1944) et les Forces françaises libres. "mas vale morir de pie que vivir de rodillas" !

Après l’armistice, les internés connaîtront un régime plus sévère qu’avant guerre. Accueillis avec méfiance et suspicion, les réfugiés espagnols devront attendre 1945 pour bénéficier du statut de réfugié politique, après avoir participé en grand nombre à la guerre et à la Résistance contre l’occupant.

00:00 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (4) |  Facebook | |

Commentaires

A l'occasion des 70 ans de la retirada, si tu peux te déplacer à Argeles sur mer (village) Paco Ibanez chante le 21 février (dans 8 jours) 10€ l'entrée !

Écrit par : Beatrice | vendredi, 13 février 2009

Bonjour !
Vous parlez du Camp de Moisdon-la-Rivière...
Faisant des recherches sur ce Camp, je voudrais savoir ce que que vous avez comme informations...
Merci d'avance !
André.

Écrit par : Webradio | samedi, 11 avril 2009

je n'ai que ce que j'ai trouvé sur internet ...

Écrit par : dominique | samedi, 11 avril 2009

On pourrait se joindre par mail ???

andre.saucisse@wanadoo.fr

et pour le Camp de Moisdon :

http://www.campdelaforge-moisdon.fr/

J'attends vos nouvelles...

Écrit par : Webradio | lundi, 13 avril 2009

Les commentaires sont fermés.