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lundi, 20 décembre 2010

Il y a 25 ans, ouverture des premiers “ Restos du cœur ”.

Coluche.jpgIl y a 25 ans, le 21 décembre 1985, l'association de lutte contre la pauvreté fondée par le Coluche ouvre ses premiers centres de distribution de vivres dans toute la France.

Une rencontre insolite est à l’origine du concept des Restos du Cœur, celle de Coluche et du député belge au Parlement Européen José Happart. Celui-ci avait introduit une "motion sur la pauvreté" au Parlement de Strasbourg, où il demande que les surplus alimentaires chèrement stockés et détruits soient mis à la disposition de ceux qui en ont besoin. Malheureusement, celle-ci laisse tout le monde indifférent.

Dans les mois qui suivent, Coluche, profitant de l’antenne d’Europe 1, crie la détresse et la misère de certains face au monde, au gaspillage de la société de consommation, à la satisfaction des nantis, au dénuement, au paupérisme des autres. Cette série d’émissions lui vaut nombre d’appels de détresse. C’est à ce moment que lui revient en mémoire l’interpellation du député belge. Et le 26 septembre, Coluche dénonce lui aussi la destruction des surplus agricoles en France et en Europe. "J'ai une petite idée comme ça. Si des fois y'a des marques qui sont intéressées par sponsorer une cantine gratuite qu'on pourrait commencer par faire à Paris, nous on est prêts à aider une entreprise comme ça qui ferait un resto qui aurait comme ambition, au départ, de distribuer 2 000 à 3 000 couverts par jour [...] Quand il y a des excédents de bouffe à droite à gauche, et qu’on les détruit pour maintenir les prix sur le marché, on pourrait les récupérer [...]  et on essaiera de faire un grande cantine pour donner à manger à tous ceux qui ont faim."

 

 

 

 

L’idée des "restos du cœur" est lancée … Plus de 5 000 bénévoles se mettent au service de cette initiative. Jusqu'au 21 mars, au début du printemps, ils distribuent 8,5 millions de repas. Jean-Jacques Goldman crée la Chanson des Restos "Aujourd'hui, on n'a plus le droit, ni d'avoir faim ni d'avoir froid ..." qui va faire un tube et attirer l'attention de tous les médias. Une première émission de télévision est organisée face à l'événement : elle récoltera des millions de francs de dons.

 

 

 

 

Coluche ne veut pas en rester là et entend interpeller un maximum de responsables politiques. Il entre en contact avec José Happart en lui demandant une entrée au Parlement Européen. Happart accepte. En février 86, Coluche plaide la cause des Restos devant le Parlement européen en soulignant que les surplus de nourriture coûtent davantage si on les stocke que si on les distribue gratuitement aux pauvres. Il sera entendu et en 1987 le PEAD (Programme Européen d’Aide aux plus démunis) est institué ... Ces stocks sont distribués par quatre associations dès 1987 : la banque alimentaire de l'abbé Pierre, la Croix-Rouge, le Secours populaire et bien sûr les Restos du Coeur.

Durant l'hiver 1986-1987, une deuxième campagne s’organise, malgré la disparition de Coluche, des associations départementales se créent portant les nom et logo des Restos du Cœur. Ils distribuent 11,5 millions de repas et sont soutenus par 6 000 bénévoles. Le mouvement perdure et s'amplifie : l'année suivante, les Restos du Coeur organisent une autre campagne pour aider les plus démunis tout au long de l'année et non plus seulement en hiver. 22 millions de repas sont distribués par 7 300 bénévoles.

Peu de temps après avoir lancé les Restos du Cœur, Coluche constate que les plus nombreux donateurs sont ceux dont les revenus sont les plus bas. Or, rien ne les avantage fiscalement. Une injustice de plus !

Coluche décide de faire étudier le problème par des fiscalistes, et lance son idée au cours d'une émission télévisée réalisée en janvier 1986 sur TF1, quelques mois avant les élections législatives de décembre. Tous les leaders politiques, de la gauche à la droite, l'assurent alors de leur soutien à cette proposition de loi. Malheureusement, le 19 juin 1986 prive les partisans de ce texte de leur principal aiguillon, et un nouveau gouvernement oublie les engagements du précédent ... jusqu'en 1988, où Michel Charasse inscrit dans la Loi de Finances 1989 un texte proche de celui initialement proposé par Coluche. Et c'est à l'unanimité du Parlement que la "Loi Coluche" est votée en 1988, en référence au fondateur des Restaurants du Cœur. Son nom officiel est article 238 bis du Code Général des Impôts. Elle crée une réduction d'impôts supplémentaire pour les associations caritatives et humanitaires qui viennent en aide aux personnes en difficultés en fournissant de la nourriture, des soins ou un logement aux personnes dans la précarité. Comme le répondait Coluche à certains qui s'inquiétaient qu'il leur fasse de l'ombre : "Mais non ! Je vais vous faire du soleil !".

Cette même année, 25 millions de repas sont distribués par 8 500 bénévoles.

En 1989 a lieu la première tournée des Enfoirés, suivie d’un premier disque au profit de l’association.

affiche-resto-du-coeur.jpgAprès les Restos du Coeur, sont créés les Relais du Coeur destinés à aider les personnes dans leur démarche de réinsertion, les Camions du Coeur, quant à eux, vont dans les rues de Paris pour servir des repas chauds aux sans-abri. Mais la situation en France ne fait qu'empirer et les Restos doivent ouvrir les Toits du Coeur afin d'héberger des personnes en cours de réinsertion. Les chiffres des repas distribués et le nombre de bénévoles ne cessent d'augmenter année après année. Sont ensuite créés les Ateliers et les Jardins du Coeur pour redonner une vie sociale, un rythme de vie et un savoir-faire aux plus démunis. Les actions ne s'arrêtent pas là. Une maison de vacances est organisée à Châtellerault, les premiers relais bébés ouvrent leurs portes, la Péniche du Coeur est installée à Paris ainsi que des résidences sociales à Poissy, au Mans, à Dijon, etc ... des ateliers de lutte contre l'illettrisme sont mis en place ...

Aujourd'hui, la loi accorde aux particuliers qui font un don au profit de n'importe quelle association ou fondation, une réduction fiscale qui est fixée à 66% de la somme versée dans la limite de 20% du revenu imposable. L'amendement Coluche porte cette réduction d'impôt à 75% lorsque ces dons bénéficient aux associations comme les Restos du Coeur "qui procèdent à la fourniture gratuite de repas à des personnes en difficulté, qui contribuent à favoriser leur logement ou qui procèdent, à titre principal, à la fourniture gratuite de soins à des personnes en difficulté." (Art. 200-1 ter du code général des impôts).

Le consensus politique lors du vote de cette loi ne devait pourtant pas empêcher certains de la remettre en cause, comme ce fut le cas lors de l’examen de la loi sur le mécénat en plein mois d’août 2003 ... Mais grâce à l’intense mobilisation des bénévoles des Restos, la loi Coluche fut finalement sauvée et renforcée par les votes unanimes de l'Assemblée Nationale et du Sénat. Cette année encore, en septembre, dans un entretien aux Echos, le ministre du budget François Baroin ... dont la compagne, Michèle Laroque, ne cesse pourtant depuis des années de solliciter la générosité publique pour le Financement des Restos du Cœur avec Les Enfoirés … évoquait la possibilité de retoucher la loi "Coluche" sur les dons aux associations, alors que déjà les dons ont piqué du nez à cause de la crise économique ! Cette défiscalisation, est pourtant un moyens, pour les particuliers, de financer la vie associative, et notamment de soutenir des actions menées par les association suite au désengagement ou au désintérêt de l’état ! Et "la crise" a bien failli être le prétexte pour condamner a coup sûr l’ensemble des associations de Solidarité et d’entraide ! Alors que le slogan des Restos du Coeur est de plus en plus d'actualité ...

"On compte sur vous !"

Finalement le gouvernement a fait machine arrière ... mais pour combien de temps ?

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