lundi, 07 mars 2011
No gazaram !
Alertée par une voisine blogueuse sur un projet de recherche d"hydrocarbures" pratiquement à ma porte, j'ai fini de collecter toutes les informations pertinantes que j'ai pu trouver sur les hydrocarbures de schistes. "nimby" (Not In My Back Yard - Pas dans mon jardin) me direz-vous ? Pas du tout, cet article était en préparation déjà depuis quelques semaines !
Le pétrole est mort ! Vive les hydrocarbures de schiste ? oui mais ...
Le gaz de schiste, c'est parait-il la promesse d’un avenir énergétique radieux pendant encore quelques décennies. Les réserves sont gigantesques et il y en a un peu partout sur la planète. Selon le rapport du géant italien de l’énergie E.ON, des milliers de milliards de mètres cubes de gaz en Europe, sept fois plus en Amérique du Nord et plus encore en Asie et en Australie … De quoi flamber encore pendant quelques décennies sans besoin d’énergies renouvelables. Les réserves mondiales sont gigantesques alors que celles du gaz naturel "classique" risquent de diminuer en parallèle avec celles du pétrole. Les prix mondiaux du gaz sont d'ailleurs orientés à la baisse à cause de l'exploitation des gaz de schiste, contrairement à ce qui se passe en France où le prix du pétrole est indexé sur celui du pétrole. La France serait elle aussi assise sur d'importantes réserves de ce gaz naturel, sauf qu'au lieu d'être concentré au sein de poches souterraines, celui-ci est disséminé dans ces argiles profonds et imperméables.
Alors au moment où on nous annonce une forte hausse des tarifs de gaz, tout va très bien, Madame la Marquise ? Eh bien non, car la technologie qui permet de capturer ce gaz est extrêmement lourde de conséquences pour l'environnement, et en signant en mars 2010 des arrêtés autorisant leur recherche, Jean-Louis Borloo, pourtant déclaré champion des énergies renouvelables, a mis le feu aux poudres ... Et le Centre d’analyse stratégique, "en charge d’éclairer le Gouvernement dans la définition et la mise en œuvre de ses orientations stratégiques en matière économique, sociale, environnementale ou culturelle", s'interroge donc sur l'opportunité de se lancer dans leur exploitation.
Gaz et huile de schiste, Kesako ?
Les hydrocarbures se sont formés à partir de diverses matières organiques (algues, végétaux, animaux…) déposées dans une roche mère, puis au cours des temps géologiques une partie des hydrocarbures a migré vers une "roche-réservoir" où ils ont été "piégés", ce qui a empêché que la migration se poursuive jusqu’à la surface. Dans le cas des réserves gazières conventionnelles, la roche-réservoir a une perméabilité suffisante pour permettre l’écoulement du gaz vers des puits forés à partir de la surface, ce qui rend possible l’extraction du gaz. Le pétrole est donc situé dans des "poches" situées au-dessus des "roches-mères".
Mais dans le cas des "gaz de schiste" ("shale gas"), les hydrocarbures se trouvent dans des roches situées entre 1 et 3 kilomètres de profondeur, qui sont à la fois compactes et très peu perméables. Le gaz est contenu dans des couches sédimentaires très riches en matière organique, dont la minéralogie est principalement argileuse, avec des quartz et des carbonates qui les rendent friables et leur donne l’apparence du schiste.
La traduction française "gaz de schistes" est donc géologiquement approximative et vient d'une "mauvaise" traduction de l'anglais "shale" qui désigne en fait toute roche sédimentaire litée à grain très fin, en générale argileuse ou marneuse, alors que le schiste désigne toute roche susceptible de se débiter en feuillet. On devrait donc plutôt parler de "gaz de marnes" ou de "gaz de pélites" ...
Même si ce n'est pas notre sujet, parlons tout d'abord des schistes bitumineux (oil shale), ni schiste véritable, ni bitume, mais en fait des roches-mères contenant de la matière organique (kérogène) immature, qui n'a pas encore généré de pétrole, car n'ayant pas subi les conditions de température et de pression nécessaire à la génération d'hydrocarbures. Le schiste bitumineux contient généralement suffisamment de pétrole qui brûle sans traitement supplémentaire, et il est connu comme "la pierre qui brûle". Il existe deux méthodes d’extractions :
- des mines à ciel ouvert, où l'on retire les couches supérieures afin d’exposer la kérogène à l’air libre et de le traiter par la suite : On creuse depuis la surface, on récupère la roche, on la pyrolyse par le procédé appelé "Retorting" à une température très élevée (450, 500 °C) dans une enceinte privée d’air et ensuite on récupère la vapeur et on raffine le tout. Les schistes d'âge permien, ont été exploités en France, par extraction minière et cuisson (retorting), dans les bassins d'Autun (Saône-et-Loire), de 1835 à 1957, et d'Aumance (Allier) de 1853 à 2001.
- In situ : Shell est entrain de développer un procédé de «Retorting in situ» visant à chauffer de gros volumes de roche par le moyen de résistances électriques placées dans des puits verticaux (plusieurs centaines de °C).
Le retorting est très gourmand en énergie et en eau, émet beaucoup de C02 et plusieurs polluants comme les oxydes de souffre, oxydes d’azote, des particules, ou encore du monoxyde de carbone. ... enfin le coût d’extraction des kérogènes peut varier entre 52 et 113 dollars le baril contre 6 et 39 pour le pétrole conventionnel ...
Mais ce n'est pas ce n'est pas ce qui nous préoccupe dans cet article ... et le pétrole de schiste, ou Shale oil en anglais ne doit pas être confondu avec le Oil shale !
Le pétrole de schiste (shale oil) concerne des roches-mères matures qui ont généré du pétrole. Il est contenu dans des couches épaisses d’argile dans lesquelles des intercalations fines contiennent du sable qui enferme du pétrole dans ses pores. Les conditions d’écoulement sont très difficiles car la perméabilité est très faible. Quand au gaz de schiste (shale gas), c'est du méthane formé par la dégradation du kérogène et encore contenu dans sa roche mère, parce que celle-ci n'est pas (ou très peu) perméable. Ce méthane y est souvent contenu dans des (micro)pores ne communiquant pas entre eux, ou éventuellement adsorbé sur des particules argileuses, d’où l’imperméabilité de la roche. Cette non perméabilité a empêché le méthane (et les autres hydrocarbures) de migrer. La roche mère est donc restée riche en gaz. C'est donc à la fois une roche mère et une roche "magasin".
Les couches géologiques concernées sont celles du Lias et notamment celles du Toarcien dont l'âge est d'environ 180 millions d'années.
Le problème est que l'accumulation n'est pas discrète (beaucoup de gaz réuni en un point) mais continue (le gaz est présent en faible concentration dans un énorme volume de roche), ce qui rend l'exploitation bien plus difficile ...
Un trésor empoisonné ...
L'exploitation des huiles et gaz de schiste fait donc appel à de nouvelles techniques, telle que la fracturation de la roche par injection d’un mélange d’eau, de sable et de produits chimiques propulsé à très haute pression (600 bars), qui fait remonter le gaz vers la surface avec une partie de ce "liquide de fracturation". cliquer sur l'image ci-dessous, puis ensuite sur les flèches rouges pour voir une animation très bien faite pour tout comprendre sur cette méthode ...
Problème, à la différence du pétrole, souvent présent dans de vastes gisements, ce gaz de schiste se trouve dans des petites zones plus largement disséminées. Et parfois, dans des zones habitées.
Autre problème, ce procédé nécessite d’énormes quantités d’eau (plusieurs milliers de m3 par fracturation soit plusieurs centaines de camions), dans des régions déjà frappées de sécheresse endémique depuis plusieurs années (notamment en Drôme et en Ardèche). Question sensible : que faire de l’eau pompée ? L'envoyer dans nos stations d’épuration domestiques qui ne sont pas conçues pour ? De plus une partie reste au fond du puits, avec des résidus de sable et de nombreux produits chimiques (on parle de 500 à 2 000 produits, dont une partie sont des cancérigènes connus, tels le benzène ...) d'où un énorme danger pour les nappes phréatiques ! Or Selon le site Owni, un puits pourrait être fracturé jusqu’à 14 fois ... Et il faut un grand nombre de puits pour exploiter un champ, de 10 à 15 au km2 selon Roland Vially de l’Institut français du pétrole (Co2 mon amour, France Inter, 8/01).
On imagine alors la pollution de l'eau et de l'air par les produits chimiques et les gaz, les norias de camions pour acheminer la logistique et l’eau ...
De l'avis unanime des scientifiques, la méthode de l'injection de millions de mètres cubes d'eau, de sable et d'additifs chimiques destinés à casser les schistes et libérer les gaz pourrait avoir un impact catastrophique sur le milieu naturel : eau potable contaminée, diffusion de produits toxiques ...
Un documentaire Gasland (1h40 au total), réalisé par l'américain Josh Fox en 2010, porte précisément sur l'impact de l'extraction des gaz de schiste. Il montre une Amérique prête à sacrifier air pur, eau douce et santé humaine pour quelques mètres cubes de gaz de plus … Bien sûr, comme chez Michael Moore, tout est ici à charge et l'industrie combat farouchement ses affirmations.
Une étude dévastatrice publiée par le ministère de l’Environnement américain (Environmental Protection Agency) sur la filière du gaz naturel devrait apporter de l’eau au moulin aux opposants. Selon l’agence, l’exploration et l’exploitation des gaz de schiste est beaucoup plus polluante que prévu, en particulier à cause de la quantité importante de méthane qui s’échappe dans l’atmosphère. Et lorsque toutes les émissions de gaz à effet de serre sont comptées, la filière du gaz de schiste deviendrait à peine 25 % plus propre que le charbon, la pire des énergies fossiles en ce domaine ... Et si l’on considère l’impact sur 20 ans (en adéquation avec la durée de vie des puits de gaz de schiste), le méthane contenu dans le gaz de schiste, a un PRG (Pouvoir de réchauffement Global) 72 fois plus "efficace" que le CO2 en termes d’effet de serre.
Et la gigantesque enquête sur les gaz de schiste publiée par le New York Times est une nouvelle bombe lancée sur cette technique d'extraction. une traduction de l'article est disponible au format OpenOffice ICI ou Microsoft Office ICI.
Ces documents révèlent que les eaux rejetées par les forages de gaz de schiste sont radioactives à des taux qui peuvent atteindre 1.000 fois les limites autorisées pour l’eau de boisson. Selon les documents que s’est procurés le New York Times, les niveaux de radioactivité dans les eaux usées sont tels que les industriels ne peuvent pas les dépolluer complètement. La moitié des eaux serait donc envoyée dans les stations d’épuration traditionnelles, qui n’ont souvent pas les capacités de ramener les eaux à des niveaux correspondant aux normes requises pour l’eau de boisson.
Pour ceux qui n'ont pas le temps de lire les dix pages de l'original. Rue89 a épluché cette enquête : " Le quotidien américain a consacré de gros moyens au déchiffrage des quelque 30 000 pages de documents confidentiels provenant de l'agence américaine de protection de l'environnement, l'EPA, et de différentes sources internes à l'industrie, qu'il s'est procurés. Une méthode "à la manière de WikiLeaks", mais avec le professionnalisme des équipes du journal, qui ont ajouté aux données brutes :
- une infographie interactive : une carte recense la radioactivité présente dans 149 des quelque 200 puits installés dans l'Etat de Pennsylvanie et recense 42 puits dont l'eau rejetée dépasse la norme autorisée pour l'eau potable en radium, 4 dans le cas de l'uranium, 41 dans celui du benzène, 128 les dépassent pour le « gross alpha » (des radiations causées par les émissions d'uranium et de radium) ;
- un reportage vidéo où l'on voit des habitants des montagnes rocheuses (Colorado) obligés de déménager parce que les gaz de schiste les ont « empoisonnés ». Nausées, diarrhées, saignements de nez… ils se disent contaminés par les fuites provenant des extractions autour de chez eux ;
- et un fichier d'analyse de plus de 200 échantillons pris dans les puits : les taux de radium et d'uranium sont mentionnés ainsi que le cancérigène benzène."
Le mensonge par omission du ministre Borloo
En France, un permis, attribué dans le plus grand secret début 2006, a déjà donné lieu en 2007 à des forages d'exploration en Haute-Garonne et en Ariège, selon cette technique de la "fracturation hydraulique". Le site Médiapart a trouvé l'existence de ce permis en examinant le rapport d'activité 2007 de l'ancienne DRIRE (aujourd'hui DREAL, direction régionale de l'environnement de l'aménagement et du logement) Midi-Pyrénées. Le permis de Foix, accordé en 2006 à Encana France (filiale d'un groupe canadien), a été prolongé en juin 2010 jusqu'en 2014, mais sur une surface ramenée de 3478 à 549 km2 attribuée à Vermilion Pyrénées SAS (filiale d'un autre canadien). Un forage en octobre 2007, aurait permis, selon la DRIRE, de trouver du gaz mais si cet essai "s’est avéré positif du point de vue de la méthode, la quantité recueillie ne permet pas d'avoir une rentabilité économique du forage". Finalement, l’aventure a vite tourné court pour Encana ...
Encore novices dans l’exploitation des huiles et gaz de schistes, les groupes français ne peuvent se passer de partenaires américains, les seuls à maîtriser la technique clef d’extraction de ces nouvelles ressources. Depuis le printemps 2010, le géant pétrolier français Total s'est donc allié avec l’américain Chesapeake, le leader mondial dans l’exploration, pendant que GDF Suez s’est offert l’expertise des texans Schuepbach Energy et Dale, "spécialiste du forage urbain" pour explorer des milliers de km² dans le Sud de la France.
Signés par Jean-Louis Borloo par arrêtés datés du 1er mars 2010, trois permis exclusifs de recherche (Permis de Montélimar; Permis de Nant, Permis de Villeneuve de Berg)) couvrent en effet une surface totale de 9 672 km2 sur les départements de l’Ardèche, la Drôme, le Vaucluse, le Gard, l’Hérault, l’Aveyron et la Lozère, dessinant un gigantesque V de Montelimar au Nord de Montpellier, remontant à l’Ouest le long du parc naturel des Cévennes.... Un permis de recherche est un euphémisme implicite qui signifie permis d'exploiter ! "On en est encore au début de la phase d’exploration" s’empresse-t-on de souligner chez Total et au ministère de l’écologie – qui a perdu la compétence énergie lors du remaniement de l’automne. Ils se veulent rassurants ... Début janvier, alors que la mobilisation des "anti-gaz de schiste" pointe à peine, le directeur de cabinet de Nathalie Koscuisko-Morizet, Jean-Marie Durant, détaille dans un courrier les étapes prévues par le code minier. Il écrit notamment que les permis d’exploration "ont pour objectif une meilleure connaissance du sous-sol", estimant que "les forages à réaliser sont des puits de reconnaissance faisant appel à des techniques classiques". Il insiste : " Les techniques qui (vous) inquiètent" sont réservées à la phase d’exploitation. C’est faux, comme le démontre le précédent du "permis de Foix" : même en phase d’exploration, la fracturation hydraulique est utilisée.
D’autres permis devraient bientôt être délivrés par le ministère en charges des Mines – compétence d’Eric Besson, principalement dans le Sud-Est, le Bassin parisien et en Aquitaine, en gris sur la "carte des titres miniers d'hydrocarbures" qui fournit 2 fois par an (1er janvier et 1er juillet) les permis, demandes de permis et titres d'exploitation ... Les permis de recherche sont accordés par simple arrêté ministériel sans enquête publique et il sont renouvelables de façon quasi automatique (cf. l’alerte donnée par Corinne Lepage à propos des permis de recherche confirmée ici) ... José Bové estime qu'un "huitième du territoire est concerné".!
Pourquoi découvre-t-on le sujet plusieurs mois après les autorisations accordées par le gouvernement ? La presse, alertée dès le 6 octobre dans Charlie-Hebdo par le journaliste Fabrice Nicolino, était au courant, mais n'avait pas creusé le sujet, les grandes associations écologistes ne se sont mobilisées que tardivement, prétextant un manque d'information ... A la tête de la contestation, on trouve en effet essentiellement des groupes locaux, le député européen José Bové, mais pas ces associations écologistes, plutôt en retrait !
Et maintenant ...
Nathalie Kosciusko-Morizet a annoncé une mission, chargée "d'éclairer le gouvernement sur les enjeux économiques, sociaux et environnementaux des hydrocarbures de roche-mère", confiée conjointement au Conseil général de l'industrie, de l'énergie et des technologies (CGIET), ceux-là même qui ont lancé ce délirant programme, et au Conseil général de l'environnement et du développement durable (CGEDD - nouveau nom des Ponts et Chaussées), avant de préciser qu'aucune autorisation de travaux sur le gaz de schiste ne sera donnée ni même instruite avant le résultat de cette mission'' et qu’il n’était "pas question d’autoriser en France une exploitation telle qu’elle est pratiquée en Amérique du Nord". Cette mission rendra un rapport d'étape le 15 avril 2011 et un rapport final le 31 mai 2011. "Les rapports seront rendus publics et les conclusions en seront tirées avant fin juin 2011", précisent les ministères. Par ailleurs, le 10 février, au cours d'une réunion avec les deux ministres, les entreprises minières ont présenté leurs projets et il a été "décidé conjointement" de "différer" certaines opérations. En contrepartie, "les ministres ont pris acte de l'intérêt des industriels pour une éventuelle prolongation de la durée des permis d'exploration afin de prendre en compte ces décisions.". Les reports annoncés sont variables selon l'avancement des projets et sont le fruit d'un consensus décidé après avoir "examiné la compatibilité des calendriers industriels avec les travaux de la mission CGIET-CGEDD." Ce retard est d’ailleurs très relatif, Monsieur Balkany ayant déjà annoncé qu’il forerait son premier puits dès le jour de la remise du rapport le 15 avril prochain, cela promet ! Une décision qui pourrait décevoir les organisations qui réclament un moratoire. D'autant qu'Eric Besson a fait sursauter les défenseurs de l’environnement en précisant sur Europe 1 le 16 février que "La France n'a pas fermé la porte au gaz de schiste" ... Les 2 ministres ne semblent pas avoir une position identique ... à moins que l'objectif soit de faire le gros dos jusqu'aux élections cantonales !
La résistance s’organise avec notamment la signature d’une pétition qui a recueilli des dizaines de milliers de signatures pour demander un débat public et un moratoire ... ce qu'interdit le nouveau code minier adopté discrètement !
De nombreux rassemblements de citoyens et d'élus se sont tenus ou doivent se tenir dans le sud-EST ou le Sud-Ouest, comme à Villeneuve de Berg, Barjac, Cahors, Gagnières, Lanuejols ou Ispagnac ...
Les prises de position d'élus se multiplient, comme le Conseil général du Gard, Martin Malvy, Jean-Jacques Queyranne, respectivement présidents (PS) des Régions Midi-Pyrénées et Rhône-Alpes, ainsi que par les eurodéputés d'Europe Ecologie Eva Joly et José Bové, et depuis un mois on assiste à une volée de questions à l'Assemblée nationale ...
L'Association des Régions de France (ARF) relève que "les eaux usées et sursalées résultant de l'exploitation des gaz de schiste s'apparentent à des déchets dangereux", et rappelle que depuis 2002, les Régions ont à charge de planifier la gestion de ce type de déchets.
Pierre Morel-à-L’Huissier, député UMP de la Lozère et Pascal Terrasse, député PS de l’Ardèche ont créé un comité de surveillance et de précaution sur le gaz de schiste et appellent d’autres parlementaires à les rejoindre.
La fédération des Parcs naturels regionaux s'est également prononcé contre les explorations géologiques et toute exploitation.
Et dans En Ile-de-France ...
L'exploitation des gaz de schiste est plus avancée que celle des huiles pour une raison simple : la viscosité du gaz en sous-sol est bien moindre que la viscosité des liquides. Ces derniers s’écoulent beaucoup moins bien. Dans la région parisienne, comme en Picardie et en Champagne-Ardenne, les permis ne concernent pas la recherche de gaz de schiste mais d'huiles de schistes. S’appuyant sur les similitudes géologiques existant avec la formation de Bakken, dans le Dakota du Nord, aux Etats-Unis, on peut penser que le Bassin Parisien recèle ce pétrole qui était jusqu’à présent inaccessible avec les techniques habituelles.
Il faut trouver des bons coins ("sweet spots"), des endroits où les caractéristiques de la roche permettent d'espérer des débits corrects (entre 500 et 1 000 barils par jour par puits, mais avec un déclin de 50% à 70% la première année). Pour que le "shale oil" fonctionne dans le Bassin de Paris, il faut forer dans les régions où la roche-mère, principalement constituée d’une roche connue sous le nom de "Schistes-Cartons" ("black shales"), d’âge Toarcien (180 millions d’années environ), est à une profondeur suffisante pour avoir engendré des hydrocarbures. Cette profondeur minimale d’enfouissement est de l’ordre de 2 300 mètres. Il existe d’autres roches-mères plus anciennes et donc plus profondes dans le Lias (entre 180 et 200 millions d’années) mais elles sont moins bien connues, et ne seront étudiées que dans un deuxième temps.
Deux sociétés pétrolières, TOREADOR ENERGY FRANCE (qui possède déjà 133 puits conventionnels dans la région, pour 885 barils/jour), associé à l'américain Hess, et Vermilion, se partagent déjà aujourd’hui les permis du sous-sol francilien. Le vice-président de Toréador n’est autre que Julien Balkany, le demi-frère de Patrick Balkany, député maire de Levallois-Perret. Gageons que Julien Balkany et sa société Toreador n'ont pas quitté Dallas pour s'implanter à Paris, sans garanties politiques, ou plutôt que cette Société, qui a déposé sa première demande de permis de forage en France le 3 juillet 2007, a vu d'un très bon œil que Julien Balkany les rejoigne en janvier 2009 ...
La fédération régionale de France nature environnement avait publié en janvier une carte interactive de la Direction générale de l’énergie et du climat faisant état d’autorisations de forages sur un secteur couvrant plus de 8 000 km2, en Seine-et-Marne, mais aussi dans l’Essonne et dans les Yvelines. Trois permis d’exploration ont déjà été accordés, et plus de vingt demandes ont été déposées, sans aucune transparence ni concertation avec les collectivités concernées. Et pour l'heure, seules les opérations de fracturation sont suspendues en Ile-de-France jusqu'au 31 mai. Les premiers forages verticaux devraient, eux, débuter dès le 15 avril. Les travaux de préparation (terrassement, avant-trou) sont déjà en cours près de Château-Thierry.
La Seine-et-Marne est le département francilien le plus touché puisque les trois permis d’exploration y ont déjà été attribués à Doue, Signy-Signets et à Jouarre, au cœur du projet de Parc naturel régional (PNR) de la Brie et des deux Morin. 80% de la surface du département, y compris dans les zones urbaines, est concerné par les permis attribués et les demandes en cours d'instruction.
Christian Jacob, président du groupe UMP, Jean-François Copé, président de l’UMP, et Franck Riester, tous trois députés du département, disent qu’ils n’étaient pas au courant. Or, M. Jacob a été rapporteur de la loi sur le Grenelle de l’environnement … Et alors que la ministre de l’écologie avait assuré qu’aucune autorisation de forage exploratoire ne serait donnée avant la fin d’une mission d‘information qu’elle a diligentée avec le ministère de l’industrie, les travaux ont bel et bien commencé dans la Brie.
Et dans le département des Yvelines, les sociétés POROS SAS et TOREADOR ont déposé des demandes de permis de recherche d’hydrocarbure, conventionnel ou non, respectivement n°1552 et n°1566, déclarées recevable et en fin d’instruction. Ces permis couvrent plus des 2/3 des Yvelines, (cf. plan établi à partir du plan officiel).
Les élus socialistes du Conseil Régional, Jean-Paul Huchon en tête, se sont rendus à Doue, en Seine-et-Marne pour exiger un moratoire d’urgence sur tous les forages d’exploration de gaz de schiste prévus ou en cours en Ile de France. Jean-Paul Huchon, qui estime que l’exploitation du pétrole non conventionnel serait contraire aux divers documents d’urbanisme et de protection de l’environnement de la collectivité, a demandé au préfet de Région dans un courrier rendu public lundi 7 février de lui fournir toutes les informations en sa possession, et la tenue d’un débat public. Jean-Paul Huchon a exprimé ainsi son opposition à l'exploitation des gaz de schiste en Ile-de-France : "L'indépendance énergétique durable de notre région viendra plus certainement d'une action résolue pour l'efficacité énergétique des bâtiments, le développement des transports en commun et des véhicules propres, et le soutien constant à la production d'énergie renouvelable."
Pour un moratoire sur le Gaz de schiste !
envoyé par Groupe-socialiste-IDF. - L'info internationale vidéo.
De son côté, Europe Ecologie a annoncé dans un communiqué que les groupes de la majorité du conseil régional d'Ile-de-France avaient à leur tour réclamé à Nathalie Kosciusko-Morizet "un moratoire d'urgence" sur l'exploration du pétrole de schiste (ou "schistes bitumineux") et demandé "d'étendre la mission sur les gaz de schiste aux pétroles de schiste".
Samedi 5 mars, une manifestation a eu lieu à Doue. Toreador, qui a investi 120M€, a néanmoins informé la commune de la reprise des travaux dès le 15 avril, avec l’arrivée d’une tour de forage.
AFFAIRE A SUIVRE !
15:53 Publié dans chronique à gauche, coup de gueule, militance, mobilisation | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook |
Commentaires
Super relais, les yeux grands ouverts, nous tâcherons de ne pas en bouffer, du gaz de truc ! Aujourd'hui motion de l'union des PNR : http://www.auffargis.com/2011/03/08/forage-o-desespoir-%E2%80%93-gas-de-schiste-5/
Écrit par : La fargussienne | mardi, 08 mars 2011
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