dimanche, 19 mars 2006
Quand l'ordre est injustice, le désordre est déjà un commencement de justice. (Romain Rolland)
Dans un forum de Libération, à la question "Pourquoi l'immense majorité des journalistes politique préfèrent-ils traiter des rivalités futiles entre hommes politique du même parti ou du même camp, plutôt que des programmes?" il répond "la première réponse qui me vient c'est que c'est plus facile. Cela ne nécessite pas un savoir technique très développé. Cela nécessite seulement une bonne connaissance des hommes, de leur histoire, de leur psychologie. Par cet aspect, cela se rattache donc aussi à une certaine tradition française dans laquelle la culture littéraire est davantage valorisée que la culture économique ou scientifique, même si elle se monnaye moins chèrement. Valorisée symboliquement j'entends.".Et il constate plus loin : "Dans leur immense majorité, ils (les journalistes politiques) ne travaillent pas pour leurs lecteurs, leurs auditeurs, ou leurs téléspectateurs. Ils travaillent pour leurs confrères journalistes politiques (il faut dire la même chose que les confrères, mais si possible le dire avant et le dire mieux) et pour les hommes politique (là, il faut être brillant). Ils ont oublié que le monde extérieur existe.
Selon Serge Halimi dans son pamphlet "les nouveaux chiens de garde»" "metteurs en scène de la réalité sociale et politique, intérieure et extérieure, ils les déforment l'une après l'autre. Ils servent les intérêts des maîtres du monde. Ils sont les nouveaux chiens de garde. Or ils se proclament contre-pouvoir.
Le billet réconfortant de Guy Birenbaum, essayiste et journaliste à VSD et RTL, nous donne une piste : " Nous ne comprenons plus l'opinion parce que la séparation des conditions de vie des observateurs avec ceux qu'ils sont censés sonder, scruter, entendre, comprendre, n'ont jamais été aussi fortes. (…) Grosse voiture, grand duplex, revenus très confortables, carte noire, horaires libres, etc. Je suis désormais de l'autre côté." Franchement, ce genre de lucidité est suffisamment rare, dans une presse française désormais supports de la pensée unique, pour mériter d'être salué …
Mais ce qui s'applique aux journalistes s'applique bien plus encore au gouvernement pourtant sensé représenter le peuple. Et le commentaire d'un de ses lecteurs résume assez bien "ce mal récurrent qui nous inonde quotidiennement : la séparation de la société avec ses plus hauts représentants (hommes politiques, d'Etat, chefs d'entreprise...). A force de croire et de comprendre pour tout le monde, nos décideurs ont oublié que la population qui lui est "inférieure" (au sens latin du terme) ne lui a pas forcément offert un blanc-seing. Il y a par moments des réflexes qui nous pousseraient à croire que finalement entre notre vieille démocratie et le système féodal, la frontière n'est pas si large que ça. Un roi qui décide (à la seule différence qu'il peut reculer si le peuple en masse se mobilise, encore que tout est question de nombre...), un président et un premier ministre qui imposent, un peuple qui acquiesce. Il en faut des mobilisations de tous ordres pour qu'enfin on écoute. L'aveuglement des décideurs est devenu une vertu politique. Ou comment savoir faire semblant d'écouter quand on ne veut pas entendre. Dans mon pays, il y a slogan qui n'a jamais été aussi bon et beau à écouter qu'aujourd'hui : "El pueblo unido jamas sera vencido...".
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Commentaires
Je crois vraiment au pouvoir des blog.
A mort le CPE, vive les ch'ti
Écrit par : Elona | dimanche, 19 mars 2006
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