mercredi, 10 mai 2006
Afrique mon Afrique
Afrique des fiers guerriers dans les savanes ancestrales,
Afrique que chante ma grand-mère au bord de son fleuve lointain,
Je ne t'ai jamais connu,
Mais mon regard est plein de ton sang
Ton beau sang noir a travers les champs répandus...
Le sang de ta sueur.
la Sueur de ton travail,
Le travail de l'esclavage,
L'esclavage de tes enfants...
Afrique, dis-moi Afrique,
Est-ce donc toi ce dos qui se couche et se courbe sous le poids de l'humidité?
Ce dos tremblant à zébrures rouges qui dit oui au fouet sur les routes de midi
Alors gravement une voix me répondit:
Fils impétueux,
Cet arbre robuste et jeune,
Cet arbre là-bas,
Splendidement seul au milieu des fleurs blanches et fanées
C'est l'Afrique, ton Afrique, qui repousse patiemment, obstinément
Et dont les fleurs ont peu a peu l'amère saveur de la liberté
David Diop (1927-1961)
01:33 Publié dans poèmes | Lien permanent | Commentaires (3) | Facebook |
Commentaires
Merci Dominique pour ce message afin de ne pas oublier ; je suis nantaise et ma ville a un lourd passé.
Écrit par : La Fanchon | mercredi, 10 mai 2006
merci de ta visite ! Ma ville natale, Bordeaux, a elle aussi une responsabilité ...
Écrit par : Dominique | jeudi, 11 mai 2006
J’ai enrichi les siècles
"Chassé par mes frères
J'ai banni leur mémoire
J'ai payé en brutalité
Un lourd tribut au sang."
J'ai dépéri pendant trois siècles et cinq lustres dans une calebasse remplie d'immondices. Rien ne m'a été épargné, ni la vente à l'encan ni le baisé du fouet ni la caresse du ravet. Je n'étais pas en vie, je n'étais qu'une souffrance béante au sein d'une lumière prometteuse. Rien ne m'a été épargné sur cette terre d'abjection, ni l'humiliation ni l'avilissement ni la vexation. Mon jour était fait d'ignominies, mes nuits d'infamies, mon lot, brimades et rebuffades. J'ai sué sous le soleil des îles, j'ai plié sous la charge de la canne, j'ai couru après la faim et enrichi les siècles.
J'ai fait tout cela et bien plus encore
J'ai supporté tout cela et bien plus encore
J'ai été la lie de la terre, un être sans lumière
J'ai marché dans les ténèbres tel Lucifer banni de la sphère.
Je me suis battu contre la résignation
Je me suis défendu contre l'exécution
Je me suis levé contre l'abomination
Je me suis fait complice de mon incarcération.
Je n'étais pas en terre de tolérance, j'étais en pays de collusion
Rien n'était pareil ailleurs, car d'un état de pourriture, ils s'en faisaient une âme de grandeur. Sur cette terre mortifère pour échapper à la folie, j'ai bâti un être complexe, j'ai construit un homme nouveau.
Ils me crurent naïf, ils se sont trompés
Ils me pensèrent docile, ils se sont fourvoyés
Ils m'imaginèrent futile, ils se sont égarés
De leur vision de moi, rien ne s'est avéré.
Les marées ont refluées, l'histoire battue en brèche se dépassait. Le temps s'arrêtait pour me laisser passer. Alors je retournai au Pays des Anciens, nul ne me reconnut, je fus apatride sur une terre qui jadis fut mienne. Alors je compris que l'enfant n'est pas son père, que l'enfant n'est pas sa mère.
Je revins sur ma terre de souffrance, bâtir un univers de tolérance. Mais dans ce pays neuf, trop d'hommes dépassés promènent leur silhouette anodine sous un soleil où on prend goût à la lenteur et où le temps s'étire à dormir.
Je vis dans ces embruns, des hommes jeunes cachant derrière un sourire affable des dents carnassières. Je vis dans le chemin des Hommes surannés ayant fait leur temps s'attarder trop longtemps sur le parvis de la cathédrale. Alors je leur dis : bousculez vos préjugés pour que j'avance, j'ai une terre de fraternité à édifier et un enfant à faire ce Mardi-gras."
Evariste Zéphyrin (1995)
http://www.pyepimanla.com/mise_a_jour_2/j'ai_enrichi_les_siecles.html
Écrit par : cain | samedi, 13 mai 2006
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