vendredi, 08 avril 2011
no gazaran (suite)
46 minutes pour comprendre les enjeux de la mobilisation contre les gaz et huiles de schiste.
Ames sensibles, attention !
Et pour ceux qui ont le temps, le film intégral ... 1 h 3/4 quand même !
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lundi, 07 mars 2011
No gazaram !
Alertée par une voisine blogueuse sur un projet de recherche d"hydrocarbures" pratiquement à ma porte, j'ai fini de collecter toutes les informations pertinantes que j'ai pu trouver sur les hydrocarbures de schistes. "nimby" (Not In My Back Yard - Pas dans mon jardin) me direz-vous ? Pas du tout, cet article était en préparation déjà depuis quelques semaines !
Le pétrole est mort ! Vive les hydrocarbures de schiste ? oui mais ...
Le gaz de schiste, c'est parait-il la promesse d’un avenir énergétique radieux pendant encore quelques décennies. Les réserves sont gigantesques et il y en a un peu partout sur la planète. Selon le rapport du géant italien de l’énergie E.ON, des milliers de milliards de mètres cubes de gaz en Europe, sept fois plus en Amérique du Nord et plus encore en Asie et en Australie … De quoi flamber encore pendant quelques décennies sans besoin d’énergies renouvelables. Les réserves mondiales sont gigantesques alors que celles du gaz naturel "classique" risquent de diminuer en parallèle avec celles du pétrole. Les prix mondiaux du gaz sont d'ailleurs orientés à la baisse à cause de l'exploitation des gaz de schiste, contrairement à ce qui se passe en France où le prix du pétrole est indexé sur celui du pétrole. La France serait elle aussi assise sur d'importantes réserves de ce gaz naturel, sauf qu'au lieu d'être concentré au sein de poches souterraines, celui-ci est disséminé dans ces argiles profonds et imperméables.
Alors au moment où on nous annonce une forte hausse des tarifs de gaz, tout va très bien, Madame la Marquise ? Eh bien non, car la technologie qui permet de capturer ce gaz est extrêmement lourde de conséquences pour l'environnement, et en signant en mars 2010 des arrêtés autorisant leur recherche, Jean-Louis Borloo, pourtant déclaré champion des énergies renouvelables, a mis le feu aux poudres ... Et le Centre d’analyse stratégique, "en charge d’éclairer le Gouvernement dans la définition et la mise en œuvre de ses orientations stratégiques en matière économique, sociale, environnementale ou culturelle", s'interroge donc sur l'opportunité de se lancer dans leur exploitation.
Gaz et huile de schiste, Kesako ?
Les hydrocarbures se sont formés à partir de diverses matières organiques (algues, végétaux, animaux…) déposées dans une roche mère, puis au cours des temps géologiques une partie des hydrocarbures a migré vers une "roche-réservoir" où ils ont été "piégés", ce qui a empêché que la migration se poursuive jusqu’à la surface. Dans le cas des réserves gazières conventionnelles, la roche-réservoir a une perméabilité suffisante pour permettre l’écoulement du gaz vers des puits forés à partir de la surface, ce qui rend possible l’extraction du gaz. Le pétrole est donc situé dans des "poches" situées au-dessus des "roches-mères".
Mais dans le cas des "gaz de schiste" ("shale gas"), les hydrocarbures se trouvent dans des roches situées entre 1 et 3 kilomètres de profondeur, qui sont à la fois compactes et très peu perméables. Le gaz est contenu dans des couches sédimentaires très riches en matière organique, dont la minéralogie est principalement argileuse, avec des quartz et des carbonates qui les rendent friables et leur donne l’apparence du schiste.
La traduction française "gaz de schistes" est donc géologiquement approximative et vient d'une "mauvaise" traduction de l'anglais "shale" qui désigne en fait toute roche sédimentaire litée à grain très fin, en générale argileuse ou marneuse, alors que le schiste désigne toute roche susceptible de se débiter en feuillet. On devrait donc plutôt parler de "gaz de marnes" ou de "gaz de pélites" ...
Même si ce n'est pas notre sujet, parlons tout d'abord des schistes bitumineux (oil shale), ni schiste véritable, ni bitume, mais en fait des roches-mères contenant de la matière organique (kérogène) immature, qui n'a pas encore généré de pétrole, car n'ayant pas subi les conditions de température et de pression nécessaire à la génération d'hydrocarbures. Le schiste bitumineux contient généralement suffisamment de pétrole qui brûle sans traitement supplémentaire, et il est connu comme "la pierre qui brûle". Il existe deux méthodes d’extractions :
- des mines à ciel ouvert, où l'on retire les couches supérieures afin d’exposer la kérogène à l’air libre et de le traiter par la suite : On creuse depuis la surface, on récupère la roche, on la pyrolyse par le procédé appelé "Retorting" à une température très élevée (450, 500 °C) dans une enceinte privée d’air et ensuite on récupère la vapeur et on raffine le tout. Les schistes d'âge permien, ont été exploités en France, par extraction minière et cuisson (retorting), dans les bassins d'Autun (Saône-et-Loire), de 1835 à 1957, et d'Aumance (Allier) de 1853 à 2001.
- In situ : Shell est entrain de développer un procédé de «Retorting in situ» visant à chauffer de gros volumes de roche par le moyen de résistances électriques placées dans des puits verticaux (plusieurs centaines de °C).
Le retorting est très gourmand en énergie et en eau, émet beaucoup de C02 et plusieurs polluants comme les oxydes de souffre, oxydes d’azote, des particules, ou encore du monoxyde de carbone. ... enfin le coût d’extraction des kérogènes peut varier entre 52 et 113 dollars le baril contre 6 et 39 pour le pétrole conventionnel ...
Mais ce n'est pas ce n'est pas ce qui nous préoccupe dans cet article ... et le pétrole de schiste, ou Shale oil en anglais ne doit pas être confondu avec le Oil shale !
Le pétrole de schiste (shale oil) concerne des roches-mères matures qui ont généré du pétrole. Il est contenu dans des couches épaisses d’argile dans lesquelles des intercalations fines contiennent du sable qui enferme du pétrole dans ses pores. Les conditions d’écoulement sont très difficiles car la perméabilité est très faible. Quand au gaz de schiste (shale gas), c'est du méthane formé par la dégradation du kérogène et encore contenu dans sa roche mère, parce que celle-ci n'est pas (ou très peu) perméable. Ce méthane y est souvent contenu dans des (micro)pores ne communiquant pas entre eux, ou éventuellement adsorbé sur des particules argileuses, d’où l’imperméabilité de la roche. Cette non perméabilité a empêché le méthane (et les autres hydrocarbures) de migrer. La roche mère est donc restée riche en gaz. C'est donc à la fois une roche mère et une roche "magasin".
Les couches géologiques concernées sont celles du Lias et notamment celles du Toarcien dont l'âge est d'environ 180 millions d'années.
Le problème est que l'accumulation n'est pas discrète (beaucoup de gaz réuni en un point) mais continue (le gaz est présent en faible concentration dans un énorme volume de roche), ce qui rend l'exploitation bien plus difficile ...
Un trésor empoisonné ...
L'exploitation des huiles et gaz de schiste fait donc appel à de nouvelles techniques, telle que la fracturation de la roche par injection d’un mélange d’eau, de sable et de produits chimiques propulsé à très haute pression (600 bars), qui fait remonter le gaz vers la surface avec une partie de ce "liquide de fracturation". cliquer sur l'image ci-dessous, puis ensuite sur les flèches rouges pour voir une animation très bien faite pour tout comprendre sur cette méthode ...
Problème, à la différence du pétrole, souvent présent dans de vastes gisements, ce gaz de schiste se trouve dans des petites zones plus largement disséminées. Et parfois, dans des zones habitées.
Autre problème, ce procédé nécessite d’énormes quantités d’eau (plusieurs milliers de m3 par fracturation soit plusieurs centaines de camions), dans des régions déjà frappées de sécheresse endémique depuis plusieurs années (notamment en Drôme et en Ardèche). Question sensible : que faire de l’eau pompée ? L'envoyer dans nos stations d’épuration domestiques qui ne sont pas conçues pour ? De plus une partie reste au fond du puits, avec des résidus de sable et de nombreux produits chimiques (on parle de 500 à 2 000 produits, dont une partie sont des cancérigènes connus, tels le benzène ...) d'où un énorme danger pour les nappes phréatiques ! Or Selon le site Owni, un puits pourrait être fracturé jusqu’à 14 fois ... Et il faut un grand nombre de puits pour exploiter un champ, de 10 à 15 au km2 selon Roland Vially de l’Institut français du pétrole (Co2 mon amour, France Inter, 8/01).
On imagine alors la pollution de l'eau et de l'air par les produits chimiques et les gaz, les norias de camions pour acheminer la logistique et l’eau ...
De l'avis unanime des scientifiques, la méthode de l'injection de millions de mètres cubes d'eau, de sable et d'additifs chimiques destinés à casser les schistes et libérer les gaz pourrait avoir un impact catastrophique sur le milieu naturel : eau potable contaminée, diffusion de produits toxiques ...
Un documentaire Gasland (1h40 au total), réalisé par l'américain Josh Fox en 2010, porte précisément sur l'impact de l'extraction des gaz de schiste. Il montre une Amérique prête à sacrifier air pur, eau douce et santé humaine pour quelques mètres cubes de gaz de plus … Bien sûr, comme chez Michael Moore, tout est ici à charge et l'industrie combat farouchement ses affirmations.
Une étude dévastatrice publiée par le ministère de l’Environnement américain (Environmental Protection Agency) sur la filière du gaz naturel devrait apporter de l’eau au moulin aux opposants. Selon l’agence, l’exploration et l’exploitation des gaz de schiste est beaucoup plus polluante que prévu, en particulier à cause de la quantité importante de méthane qui s’échappe dans l’atmosphère. Et lorsque toutes les émissions de gaz à effet de serre sont comptées, la filière du gaz de schiste deviendrait à peine 25 % plus propre que le charbon, la pire des énergies fossiles en ce domaine ... Et si l’on considère l’impact sur 20 ans (en adéquation avec la durée de vie des puits de gaz de schiste), le méthane contenu dans le gaz de schiste, a un PRG (Pouvoir de réchauffement Global) 72 fois plus "efficace" que le CO2 en termes d’effet de serre.
Et la gigantesque enquête sur les gaz de schiste publiée par le New York Times est une nouvelle bombe lancée sur cette technique d'extraction. une traduction de l'article est disponible au format OpenOffice ICI ou Microsoft Office ICI.
Ces documents révèlent que les eaux rejetées par les forages de gaz de schiste sont radioactives à des taux qui peuvent atteindre 1.000 fois les limites autorisées pour l’eau de boisson. Selon les documents que s’est procurés le New York Times, les niveaux de radioactivité dans les eaux usées sont tels que les industriels ne peuvent pas les dépolluer complètement. La moitié des eaux serait donc envoyée dans les stations d’épuration traditionnelles, qui n’ont souvent pas les capacités de ramener les eaux à des niveaux correspondant aux normes requises pour l’eau de boisson.
Pour ceux qui n'ont pas le temps de lire les dix pages de l'original. Rue89 a épluché cette enquête : " Le quotidien américain a consacré de gros moyens au déchiffrage des quelque 30 000 pages de documents confidentiels provenant de l'agence américaine de protection de l'environnement, l'EPA, et de différentes sources internes à l'industrie, qu'il s'est procurés. Une méthode "à la manière de WikiLeaks", mais avec le professionnalisme des équipes du journal, qui ont ajouté aux données brutes :
- une infographie interactive : une carte recense la radioactivité présente dans 149 des quelque 200 puits installés dans l'Etat de Pennsylvanie et recense 42 puits dont l'eau rejetée dépasse la norme autorisée pour l'eau potable en radium, 4 dans le cas de l'uranium, 41 dans celui du benzène, 128 les dépassent pour le « gross alpha » (des radiations causées par les émissions d'uranium et de radium) ;
- un reportage vidéo où l'on voit des habitants des montagnes rocheuses (Colorado) obligés de déménager parce que les gaz de schiste les ont « empoisonnés ». Nausées, diarrhées, saignements de nez… ils se disent contaminés par les fuites provenant des extractions autour de chez eux ;
- et un fichier d'analyse de plus de 200 échantillons pris dans les puits : les taux de radium et d'uranium sont mentionnés ainsi que le cancérigène benzène."
Le mensonge par omission du ministre Borloo
En France, un permis, attribué dans le plus grand secret début 2006, a déjà donné lieu en 2007 à des forages d'exploration en Haute-Garonne et en Ariège, selon cette technique de la "fracturation hydraulique". Le site Médiapart a trouvé l'existence de ce permis en examinant le rapport d'activité 2007 de l'ancienne DRIRE (aujourd'hui DREAL, direction régionale de l'environnement de l'aménagement et du logement) Midi-Pyrénées. Le permis de Foix, accordé en 2006 à Encana France (filiale d'un groupe canadien), a été prolongé en juin 2010 jusqu'en 2014, mais sur une surface ramenée de 3478 à 549 km2 attribuée à Vermilion Pyrénées SAS (filiale d'un autre canadien). Un forage en octobre 2007, aurait permis, selon la DRIRE, de trouver du gaz mais si cet essai "s’est avéré positif du point de vue de la méthode, la quantité recueillie ne permet pas d'avoir une rentabilité économique du forage". Finalement, l’aventure a vite tourné court pour Encana ...
Encore novices dans l’exploitation des huiles et gaz de schistes, les groupes français ne peuvent se passer de partenaires américains, les seuls à maîtriser la technique clef d’extraction de ces nouvelles ressources. Depuis le printemps 2010, le géant pétrolier français Total s'est donc allié avec l’américain Chesapeake, le leader mondial dans l’exploration, pendant que GDF Suez s’est offert l’expertise des texans Schuepbach Energy et Dale, "spécialiste du forage urbain" pour explorer des milliers de km² dans le Sud de la France.
Signés par Jean-Louis Borloo par arrêtés datés du 1er mars 2010, trois permis exclusifs de recherche (Permis de Montélimar; Permis de Nant, Permis de Villeneuve de Berg)) couvrent en effet une surface totale de 9 672 km2 sur les départements de l’Ardèche, la Drôme, le Vaucluse, le Gard, l’Hérault, l’Aveyron et la Lozère, dessinant un gigantesque V de Montelimar au Nord de Montpellier, remontant à l’Ouest le long du parc naturel des Cévennes.... Un permis de recherche est un euphémisme implicite qui signifie permis d'exploiter ! "On en est encore au début de la phase d’exploration" s’empresse-t-on de souligner chez Total et au ministère de l’écologie – qui a perdu la compétence énergie lors du remaniement de l’automne. Ils se veulent rassurants ... Début janvier, alors que la mobilisation des "anti-gaz de schiste" pointe à peine, le directeur de cabinet de Nathalie Koscuisko-Morizet, Jean-Marie Durant, détaille dans un courrier les étapes prévues par le code minier. Il écrit notamment que les permis d’exploration "ont pour objectif une meilleure connaissance du sous-sol", estimant que "les forages à réaliser sont des puits de reconnaissance faisant appel à des techniques classiques". Il insiste : " Les techniques qui (vous) inquiètent" sont réservées à la phase d’exploitation. C’est faux, comme le démontre le précédent du "permis de Foix" : même en phase d’exploration, la fracturation hydraulique est utilisée.
D’autres permis devraient bientôt être délivrés par le ministère en charges des Mines – compétence d’Eric Besson, principalement dans le Sud-Est, le Bassin parisien et en Aquitaine, en gris sur la "carte des titres miniers d'hydrocarbures" qui fournit 2 fois par an (1er janvier et 1er juillet) les permis, demandes de permis et titres d'exploitation ... Les permis de recherche sont accordés par simple arrêté ministériel sans enquête publique et il sont renouvelables de façon quasi automatique (cf. l’alerte donnée par Corinne Lepage à propos des permis de recherche confirmée ici) ... José Bové estime qu'un "huitième du territoire est concerné".!
Pourquoi découvre-t-on le sujet plusieurs mois après les autorisations accordées par le gouvernement ? La presse, alertée dès le 6 octobre dans Charlie-Hebdo par le journaliste Fabrice Nicolino, était au courant, mais n'avait pas creusé le sujet, les grandes associations écologistes ne se sont mobilisées que tardivement, prétextant un manque d'information ... A la tête de la contestation, on trouve en effet essentiellement des groupes locaux, le député européen José Bové, mais pas ces associations écologistes, plutôt en retrait !
Et maintenant ...
Nathalie Kosciusko-Morizet a annoncé une mission, chargée "d'éclairer le gouvernement sur les enjeux économiques, sociaux et environnementaux des hydrocarbures de roche-mère", confiée conjointement au Conseil général de l'industrie, de l'énergie et des technologies (CGIET), ceux-là même qui ont lancé ce délirant programme, et au Conseil général de l'environnement et du développement durable (CGEDD - nouveau nom des Ponts et Chaussées), avant de préciser qu'aucune autorisation de travaux sur le gaz de schiste ne sera donnée ni même instruite avant le résultat de cette mission'' et qu’il n’était "pas question d’autoriser en France une exploitation telle qu’elle est pratiquée en Amérique du Nord". Cette mission rendra un rapport d'étape le 15 avril 2011 et un rapport final le 31 mai 2011. "Les rapports seront rendus publics et les conclusions en seront tirées avant fin juin 2011", précisent les ministères. Par ailleurs, le 10 février, au cours d'une réunion avec les deux ministres, les entreprises minières ont présenté leurs projets et il a été "décidé conjointement" de "différer" certaines opérations. En contrepartie, "les ministres ont pris acte de l'intérêt des industriels pour une éventuelle prolongation de la durée des permis d'exploration afin de prendre en compte ces décisions.". Les reports annoncés sont variables selon l'avancement des projets et sont le fruit d'un consensus décidé après avoir "examiné la compatibilité des calendriers industriels avec les travaux de la mission CGIET-CGEDD." Ce retard est d’ailleurs très relatif, Monsieur Balkany ayant déjà annoncé qu’il forerait son premier puits dès le jour de la remise du rapport le 15 avril prochain, cela promet ! Une décision qui pourrait décevoir les organisations qui réclament un moratoire. D'autant qu'Eric Besson a fait sursauter les défenseurs de l’environnement en précisant sur Europe 1 le 16 février que "La France n'a pas fermé la porte au gaz de schiste" ... Les 2 ministres ne semblent pas avoir une position identique ... à moins que l'objectif soit de faire le gros dos jusqu'aux élections cantonales !
La résistance s’organise avec notamment la signature d’une pétition qui a recueilli des dizaines de milliers de signatures pour demander un débat public et un moratoire ... ce qu'interdit le nouveau code minier adopté discrètement !
De nombreux rassemblements de citoyens et d'élus se sont tenus ou doivent se tenir dans le sud-EST ou le Sud-Ouest, comme à Villeneuve de Berg, Barjac, Cahors, Gagnières, Lanuejols ou Ispagnac ...
Les prises de position d'élus se multiplient, comme le Conseil général du Gard, Martin Malvy, Jean-Jacques Queyranne, respectivement présidents (PS) des Régions Midi-Pyrénées et Rhône-Alpes, ainsi que par les eurodéputés d'Europe Ecologie Eva Joly et José Bové, et depuis un mois on assiste à une volée de questions à l'Assemblée nationale ...
L'Association des Régions de France (ARF) relève que "les eaux usées et sursalées résultant de l'exploitation des gaz de schiste s'apparentent à des déchets dangereux", et rappelle que depuis 2002, les Régions ont à charge de planifier la gestion de ce type de déchets.
Pierre Morel-à-L’Huissier, député UMP de la Lozère et Pascal Terrasse, député PS de l’Ardèche ont créé un comité de surveillance et de précaution sur le gaz de schiste et appellent d’autres parlementaires à les rejoindre.
La fédération des Parcs naturels regionaux s'est également prononcé contre les explorations géologiques et toute exploitation.
Et dans En Ile-de-France ...
L'exploitation des gaz de schiste est plus avancée que celle des huiles pour une raison simple : la viscosité du gaz en sous-sol est bien moindre que la viscosité des liquides. Ces derniers s’écoulent beaucoup moins bien. Dans la région parisienne, comme en Picardie et en Champagne-Ardenne, les permis ne concernent pas la recherche de gaz de schiste mais d'huiles de schistes. S’appuyant sur les similitudes géologiques existant avec la formation de Bakken, dans le Dakota du Nord, aux Etats-Unis, on peut penser que le Bassin Parisien recèle ce pétrole qui était jusqu’à présent inaccessible avec les techniques habituelles.
Il faut trouver des bons coins ("sweet spots"), des endroits où les caractéristiques de la roche permettent d'espérer des débits corrects (entre 500 et 1 000 barils par jour par puits, mais avec un déclin de 50% à 70% la première année). Pour que le "shale oil" fonctionne dans le Bassin de Paris, il faut forer dans les régions où la roche-mère, principalement constituée d’une roche connue sous le nom de "Schistes-Cartons" ("black shales"), d’âge Toarcien (180 millions d’années environ), est à une profondeur suffisante pour avoir engendré des hydrocarbures. Cette profondeur minimale d’enfouissement est de l’ordre de 2 300 mètres. Il existe d’autres roches-mères plus anciennes et donc plus profondes dans le Lias (entre 180 et 200 millions d’années) mais elles sont moins bien connues, et ne seront étudiées que dans un deuxième temps.
Deux sociétés pétrolières, TOREADOR ENERGY FRANCE (qui possède déjà 133 puits conventionnels dans la région, pour 885 barils/jour), associé à l'américain Hess, et Vermilion, se partagent déjà aujourd’hui les permis du sous-sol francilien. Le vice-président de Toréador n’est autre que Julien Balkany, le demi-frère de Patrick Balkany, député maire de Levallois-Perret. Gageons que Julien Balkany et sa société Toreador n'ont pas quitté Dallas pour s'implanter à Paris, sans garanties politiques, ou plutôt que cette Société, qui a déposé sa première demande de permis de forage en France le 3 juillet 2007, a vu d'un très bon œil que Julien Balkany les rejoigne en janvier 2009 ...
La fédération régionale de France nature environnement avait publié en janvier une carte interactive de la Direction générale de l’énergie et du climat faisant état d’autorisations de forages sur un secteur couvrant plus de 8 000 km2, en Seine-et-Marne, mais aussi dans l’Essonne et dans les Yvelines. Trois permis d’exploration ont déjà été accordés, et plus de vingt demandes ont été déposées, sans aucune transparence ni concertation avec les collectivités concernées. Et pour l'heure, seules les opérations de fracturation sont suspendues en Ile-de-France jusqu'au 31 mai. Les premiers forages verticaux devraient, eux, débuter dès le 15 avril. Les travaux de préparation (terrassement, avant-trou) sont déjà en cours près de Château-Thierry.
La Seine-et-Marne est le département francilien le plus touché puisque les trois permis d’exploration y ont déjà été attribués à Doue, Signy-Signets et à Jouarre, au cœur du projet de Parc naturel régional (PNR) de la Brie et des deux Morin. 80% de la surface du département, y compris dans les zones urbaines, est concerné par les permis attribués et les demandes en cours d'instruction.
Christian Jacob, président du groupe UMP, Jean-François Copé, président de l’UMP, et Franck Riester, tous trois députés du département, disent qu’ils n’étaient pas au courant. Or, M. Jacob a été rapporteur de la loi sur le Grenelle de l’environnement … Et alors que la ministre de l’écologie avait assuré qu’aucune autorisation de forage exploratoire ne serait donnée avant la fin d’une mission d‘information qu’elle a diligentée avec le ministère de l’industrie, les travaux ont bel et bien commencé dans la Brie.
Et dans le département des Yvelines, les sociétés POROS SAS et TOREADOR ont déposé des demandes de permis de recherche d’hydrocarbure, conventionnel ou non, respectivement n°1552 et n°1566, déclarées recevable et en fin d’instruction. Ces permis couvrent plus des 2/3 des Yvelines, (cf. plan établi à partir du plan officiel).
Les élus socialistes du Conseil Régional, Jean-Paul Huchon en tête, se sont rendus à Doue, en Seine-et-Marne pour exiger un moratoire d’urgence sur tous les forages d’exploration de gaz de schiste prévus ou en cours en Ile de France. Jean-Paul Huchon, qui estime que l’exploitation du pétrole non conventionnel serait contraire aux divers documents d’urbanisme et de protection de l’environnement de la collectivité, a demandé au préfet de Région dans un courrier rendu public lundi 7 février de lui fournir toutes les informations en sa possession, et la tenue d’un débat public. Jean-Paul Huchon a exprimé ainsi son opposition à l'exploitation des gaz de schiste en Ile-de-France : "L'indépendance énergétique durable de notre région viendra plus certainement d'une action résolue pour l'efficacité énergétique des bâtiments, le développement des transports en commun et des véhicules propres, et le soutien constant à la production d'énergie renouvelable."
Pour un moratoire sur le Gaz de schiste !
envoyé par Groupe-socialiste-IDF. - L'info internationale vidéo.
De son côté, Europe Ecologie a annoncé dans un communiqué que les groupes de la majorité du conseil régional d'Ile-de-France avaient à leur tour réclamé à Nathalie Kosciusko-Morizet "un moratoire d'urgence" sur l'exploration du pétrole de schiste (ou "schistes bitumineux") et demandé "d'étendre la mission sur les gaz de schiste aux pétroles de schiste".
Samedi 5 mars, une manifestation a eu lieu à Doue. Toreador, qui a investi 120M€, a néanmoins informé la commune de la reprise des travaux dès le 15 avril, avec l’arrivée d’une tour de forage.
AFFAIRE A SUIVRE !
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lundi, 20 décembre 2010
Il y a 25 ans, ouverture des premiers “ Restos du cœur ”.
Il y a 25 ans, le 21 décembre 1985, l'association de lutte contre la pauvreté fondée par le Coluche ouvre ses premiers centres de distribution de vivres dans toute la France.
Une rencontre insolite est à l’origine du concept des Restos du Cœur, celle de Coluche et du député belge au Parlement Européen José Happart. Celui-ci avait introduit une "motion sur la pauvreté" au Parlement de Strasbourg, où il demande que les surplus alimentaires chèrement stockés et détruits soient mis à la disposition de ceux qui en ont besoin. Malheureusement, celle-ci laisse tout le monde indifférent.
Dans les mois qui suivent, Coluche, profitant de l’antenne d’Europe 1, crie la détresse et la misère de certains face au monde, au gaspillage de la société de consommation, à la satisfaction des nantis, au dénuement, au paupérisme des autres. Cette série d’émissions lui vaut nombre d’appels de détresse. C’est à ce moment que lui revient en mémoire l’interpellation du député belge. Et le 26 septembre, Coluche dénonce lui aussi la destruction des surplus agricoles en France et en Europe. "J'ai une petite idée comme ça. Si des fois y'a des marques qui sont intéressées par sponsorer une cantine gratuite qu'on pourrait commencer par faire à Paris, nous on est prêts à aider une entreprise comme ça qui ferait un resto qui aurait comme ambition, au départ, de distribuer 2 000 à 3 000 couverts par jour [...] Quand il y a des excédents de bouffe à droite à gauche, et qu’on les détruit pour maintenir les prix sur le marché, on pourrait les récupérer [...] et on essaiera de faire un grande cantine pour donner à manger à tous ceux qui ont faim."
L’idée des "restos du cœur" est lancée … Plus de 5 000 bénévoles se mettent au service de cette initiative. Jusqu'au 21 mars, au début du printemps, ils distribuent 8,5 millions de repas. Jean-Jacques Goldman crée la Chanson des Restos "Aujourd'hui, on n'a plus le droit, ni d'avoir faim ni d'avoir froid ..." qui va faire un tube et attirer l'attention de tous les médias. Une première émission de télévision est organisée face à l'événement : elle récoltera des millions de francs de dons.
Coluche ne veut pas en rester là et entend interpeller un maximum de responsables politiques. Il entre en contact avec José Happart en lui demandant une entrée au Parlement Européen. Happart accepte. En février 86, Coluche plaide la cause des Restos devant le Parlement européen en soulignant que les surplus de nourriture coûtent davantage si on les stocke que si on les distribue gratuitement aux pauvres. Il sera entendu et en 1987 le PEAD (Programme Européen d’Aide aux plus démunis) est institué ... Ces stocks sont distribués par quatre associations dès 1987 : la banque alimentaire de l'abbé Pierre, la Croix-Rouge, le Secours populaire et bien sûr les Restos du Coeur.
Durant l'hiver 1986-1987, une deuxième campagne s’organise, malgré la disparition de Coluche, des associations départementales se créent portant les nom et logo des Restos du Cœur. Ils distribuent 11,5 millions de repas et sont soutenus par 6 000 bénévoles. Le mouvement perdure et s'amplifie : l'année suivante, les Restos du Coeur organisent une autre campagne pour aider les plus démunis tout au long de l'année et non plus seulement en hiver. 22 millions de repas sont distribués par 7 300 bénévoles.
Peu de temps après avoir lancé les Restos du Cœur, Coluche constate que les plus nombreux donateurs sont ceux dont les revenus sont les plus bas. Or, rien ne les avantage fiscalement. Une injustice de plus !
Coluche décide de faire étudier le problème par des fiscalistes, et lance son idée au cours d'une émission télévisée réalisée en janvier 1986 sur TF1, quelques mois avant les élections législatives de décembre. Tous les leaders politiques, de la gauche à la droite, l'assurent alors de leur soutien à cette proposition de loi. Malheureusement, le 19 juin 1986 prive les partisans de ce texte de leur principal aiguillon, et un nouveau gouvernement oublie les engagements du précédent ... jusqu'en 1988, où Michel Charasse inscrit dans la Loi de Finances 1989 un texte proche de celui initialement proposé par Coluche. Et c'est à l'unanimité du Parlement que la "Loi Coluche" est votée en 1988, en référence au fondateur des Restaurants du Cœur. Son nom officiel est article 238 bis du Code Général des Impôts. Elle crée une réduction d'impôts supplémentaire pour les associations caritatives et humanitaires qui viennent en aide aux personnes en difficultés en fournissant de la nourriture, des soins ou un logement aux personnes dans la précarité. Comme le répondait Coluche à certains qui s'inquiétaient qu'il leur fasse de l'ombre : "Mais non ! Je vais vous faire du soleil !".
Cette même année, 25 millions de repas sont distribués par 8 500 bénévoles.
En 1989 a lieu la première tournée des Enfoirés, suivie d’un premier disque au profit de l’association.
Après les Restos du Coeur, sont créés les Relais du Coeur destinés à aider les personnes dans leur démarche de réinsertion, les Camions du Coeur, quant à eux, vont dans les rues de Paris pour servir des repas chauds aux sans-abri. Mais la situation en France ne fait qu'empirer et les Restos doivent ouvrir les Toits du Coeur afin d'héberger des personnes en cours de réinsertion. Les chiffres des repas distribués et le nombre de bénévoles ne cessent d'augmenter année après année. Sont ensuite créés les Ateliers et les Jardins du Coeur pour redonner une vie sociale, un rythme de vie et un savoir-faire aux plus démunis. Les actions ne s'arrêtent pas là. Une maison de vacances est organisée à Châtellerault, les premiers relais bébés ouvrent leurs portes, la Péniche du Coeur est installée à Paris ainsi que des résidences sociales à Poissy, au Mans, à Dijon, etc ... des ateliers de lutte contre l'illettrisme sont mis en place ...
Aujourd'hui, la loi accorde aux particuliers qui font un don au profit de n'importe quelle association ou fondation, une réduction fiscale qui est fixée à 66% de la somme versée dans la limite de 20% du revenu imposable. L'amendement Coluche porte cette réduction d'impôt à 75% lorsque ces dons bénéficient aux associations comme les Restos du Coeur "qui procèdent à la fourniture gratuite de repas à des personnes en difficulté, qui contribuent à favoriser leur logement ou qui procèdent, à titre principal, à la fourniture gratuite de soins à des personnes en difficulté." (Art. 200-1 ter du code général des impôts).
Le consensus politique lors du vote de cette loi ne devait pourtant pas empêcher certains de la remettre en cause, comme ce fut le cas lors de l’examen de la loi sur le mécénat en plein mois d’août 2003 ... Mais grâce à l’intense mobilisation des bénévoles des Restos, la loi Coluche fut finalement sauvée et renforcée par les votes unanimes de l'Assemblée Nationale et du Sénat. Cette année encore, en septembre, dans un entretien aux Echos, le ministre du budget François Baroin ... dont la compagne, Michèle Laroque, ne cesse pourtant depuis des années de solliciter la générosité publique pour le Financement des Restos du Cœur avec Les Enfoirés … évoquait la possibilité de retoucher la loi "Coluche" sur les dons aux associations, alors que déjà les dons ont piqué du nez à cause de la crise économique ! Cette défiscalisation, est pourtant un moyens, pour les particuliers, de financer la vie associative, et notamment de soutenir des actions menées par les association suite au désengagement ou au désintérêt de l’état ! Et "la crise" a bien failli être le prétexte pour condamner a coup sûr l’ensemble des associations de Solidarité et d’entraide ! Alors que le slogan des Restos du Coeur est de plus en plus d'actualité ...
"On compte sur vous !"
Finalement le gouvernement a fait machine arrière ... mais pour combien de temps ?
19:55 Publié dans chronique à gauche, coup de coeur, coup de gueule, militance, mobilisation | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
jeudi, 02 septembre 2010
La haine des bourgeois
"Je me suis pâmé, il y a huit jours, devant un campement de Bohémiens qui s’étaient établis à Rouen. Voilà la troisième fois que j’en vois. Et toujours avec un nouveau plaisir. L’admirable, c’est qu’ils excitaient la haine des bourgeois, bien qu’inoffensifs comme des moutons.
Je me suis fait très mal voir de la foule, en leur donnant quelques sols. Et j’ai entendu de jolis mots à la Prudhomme. Cette haine-là tient à quelque chose de très profond et de complexe. On la retrouve chez tous les gens d’ordre.
C’est la haine qu’on porte au Bédouin, à l’Hérétique, au Philosophe, au Solitaire, au Poète. Et il y a de la peur dans cette haine. Moi qui suis toujours pour les minorités, elle m’exaspère. Il est vrai que beaucoup de choses m'exaspèrent. Du jour où je ne serai plus indigné, je tomberai à plat, comme une poupée à qui on retire son bâton."
Gustave Flaubert, lettre à Georges Sand, Croisset le 12 juin 1867
17:53 Publié dans chronique à gauche, coup de coeur, coup de gueule, litterature, militance, mobilisation, peinture | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook |
mardi, 01 juin 2010
Palestine, pierre précieuse dans sa nuit sanglante
Mahmoud Darwich,
Deux extraits de Ne t'excuse pas, publié chez Actes Sud,
Pour notre patrie,
proche de la parole divine,
un toit de nuages.
Pour notre patrie,
distante des attributs du nom,
une carte de l'absence.
Pour notre patrie,
petite comme un grain de sésame,
un horizon céleste...et un abîme caché.
Pour notre patrie,
pauvre comme les ailes de la grouse,
des Livres saints...et une blessure à l'identité.
Pour notre patrie,
aux collines assiégées déchiquetées,
les embuscades du passé nouveau.
Pour notre patrie, butin de guerre,
le droit de mourir consumée d'amour.
Pierre précieuse dans sa nuit sanglante,
notre patrie resplendit au loin, au loin,
elle illumine à l'entour...
mais nous, en elle,
nous étouffons chaque jour davantage !
__________
Cadavres et anonymes.
Aucun oubli ne les réunit,
aucun souvenir ne les sépare...
Oubliés sur la voie publique,
dans l'herbe hivernale,
entre deux longs récits de bravoure
et de souffrances.
«Je suis la victime». «Non, je suis
l'unique victime». Ils n'ont pas répliqué:
«Une victime ne tue pas une autre,
et il y a dans cette histoire un assassin et une victime». Enfants,
ils cueillaient la neige sur les cyprès du Christ
et jouaient avec les angelots, car ils avaient
le même âge...Ils fuyaient
l'école pour échapper aux mathématiques
et à la vieille poésie héroïque. Aux barrages
ils jouaient avec les soldats au jeu innocent de la mort.
Ils ne leur disaient pas: «Laissez donc les fusils
et dégagez les routes que le papillon retrouve
sa mère auprès du matin,
que nous nous envolions avec le papillon
hors des rêves, car les rêves sont étroits
pour nos portes». Ils étaient petits,
ils jouaient et inventaient un conte pour la rose
rouge sous la neige, derrière deux longs récits
de bravoure et de souffrances,
puis ils s'échappaient
en compagnie des angelots
vers un ciel limpide.
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mardi, 22 septembre 2009
sans papier
D'après ce qu'on dit
Je vais me faire expulser
Vers ce maudit pays
J'entends même dire
Je vous jure c'est vrai
Que j'allais mourir
Si je résistais
Mettront sur le nez
Un de leur coussin
Voudront m'étouffer
Mais y sont pas bien
Pas de risque que je crie
M'auront bien scotché
La bouche et puis
Les mains les pieds
Tu sais d'où je viens
Y'a pas que des manchots
Ça frappe du poing
Même sur les marmots
Si tu gueules « j'ai faim »
On te coupe la langue
Si c'est « mort aux chiens !»
On te fou la sangle
Je croyais qu'ici
Les bras ouverts
On m'aurait dit
Respire le grand air
Je croyais qu'ici
Finis les cauchemars
Qui me réveillent la nuit
Maman !
J'ai peur dans le noir
Me voilà par terre
Dans cette église
C'est pas l'enfer
Mais ça s'éternise
Paraît que dehors
Y'a des uniformes
Qui veulent ma mort
En bonne et due forme
J'ai pas de papier
D'après ce qu'on dit
Je vais me faire expulser
Vers ce maudit pays
J'ai pas de papier
Et je sais même pas
Si je vais me faire tuer
Ici ou là-bas....
Gavroche
Photo : Linternationalmagazine.com
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mercredi, 18 février 2009
"Un roi illettré n’est qu’un âne couronné".
"Illiteratus rex quasi asinus coronatus est". Cette citation tirée de Politicratus, ouvrage de Jean de Salisbury écrit au XIIème siècle, est le nouveau slogan proposé par les universitaires en réponse au discours de Nicolas Sarkozy lors de ses voeux à l’éducation nationale où il a fustigé la lecture de "la princesse de Clèves"
"La culture... ce qui a fait de l'homme autre chose qu'un accident de l'univers." disait aussi André Malraux ! C'est pourquoi je vous soumets la lecture de ce tout petit extrait du livre qui fait tant souffrir notre président bling-bling.
Pour avoir l'intégralité du roman ... http://fr.wikisource.org/wiki/La_Princesse_de_Clèves
"Quelques jours après, le roi était chez la reine à l'heure du cercle ; l'on parla des horoscopes et des prédictions. Les opinions étaient partagées sur la croyance que l'on y devait donner. La reine y ajoutait beaucoup de foi ; elle soutint qu'après tant de choses qui avaient été prédites, et que l'on avait vu arriver, on ne pouvait douter qu'il n'y eût quelque certitude dans cette science. D'autres soutenaient que, parmi ce nombre infini de prédictions, le peu qui se trouvaient véritables faisait bien voir que ce n'était qu'un effet du hasard.
— J'ai eu autrefois beaucoup de curiosité pour l'avenir, dit le roi ; mais on m'a dit tant de choses fausses et si peu vraisemblables, que je suis demeuré convaincu que l'on ne peut rien savoir de véritable. Il y a quelques années qu'il vint ici un homme d'une grande réputation dans l'astrologie. Tout le monde l'alla voir ; j'y allai comme les autres, mais sans lui dire qui j'étais, et je menai monsieur de Guise, et d'Escars ; je les fis passer les premiers. L'astrologue néanmoins s'adressa d'abord à moi, comme s'il m'eût jugé le maître des autres. Peut-être qu'il me connaissait ; cependant il me dit une chose qui ne me convenait pas, s'il m'eût connu. Il me prédit que je serais tué en duel. Il dit ensuite à monsieur de Guise qu'il serait tué par derrière et à d'Escars qu'il aurait la tête cassée d'un coup de pied de cheval. Monsieur de Guise s'offensa quasi de cette prédiction, comme si on l'eût accusé de devoir fuir. D'Escars ne fut guère satisfait de trouver qu'il devait finir par un accident si malheureux. Enfin nous sortîmes tous très malcontents de l'astrologue. Je ne sais ce qui arrivera à monsieur de Guise et à d'Escars ; mais il n'y a guère d'apparence que je sois tué en duel. Nous venons de faire la paix, le roi d'Espagne et moi ; et quand nous ne l'aurions pas faite, je doute que nous nous battions, et que je le fisse appeler comme le roi mon père fit appeler Charles-Quint.
Après le malheur que le roi conta qu'on lui avait prédit, ceux qui avaient soutenu l'astrologie en abandonnèrent le parti, et tombèrent d'accord qu'il n'y fallait donner aucune croyance."
Madame de La Fayette, La Princesse de Clèves, deuxième partie
06:50 Publié dans coup de gueule, litterature, mobilisation | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook |
mardi, 15 juillet 2008
Le sexisme multi-récidiviste du Conseil Général des Yvelines !
Cette fois-ci il s’agit de plusieurs visuels destinés aux diplômé(e)s des grandes écoles à coup de jeux de mots sexistes et de mauvais goût qui font penser à un quelconque "Éros center" plutôt qu'à une grande école.
Cette nouvelle utilisation sexiste, vulgaire et ringarde d'une image de femme prouve encore une fois le mépris dans lequel Bédier tient la moitié des habitants de son département !
En effet cette publicité réduit la femme à un objet sexuel, faisant oublier qu’elle a intellectuellement les mêmes capacités que les hommes. Ensuite, elle suggère que les diplômés des grandes écoles sont attirés par les femmes et donc que les diplômés des grandes écoles sont forcément des hommes ! Par cette publicité il contribue à faire perpétuer des préjugés malheureusement largement partagés qui suggèrent que les femmes n’ont pas la même légitimité à faire des études et à diriger des entreprises que les hommes. C’est d’autant plus regrettable que cette publicité s’adresse à des populations comportant de nombreuses personnes en situation de responsabilité, arbitres des promotions des femmes à l’intérieur des entreprises et des administrations.
Cette publicité est également une apologie du viol, puisqu'un de ces slogans suggère "hacke moi si tu peux" or, "hacker" c'est pénétrer par effraction !
Et bien entendu cette campagne est payée par les habitants du département qui, pour moitié, sont des femmes ... mais on saura s'en souvenir avec nos bulletins de vote ! we can do it!
Vous voulez voir ces nouveaux visuels ? rendez-vous ici
Vous avez envie de protester ? Chaque geste compte !
Envoyez votre protestation au président du Conseil Général des Yvelines, Monsieur Pierre Bédier à cette adresse : communication@cg78.fr
ou par courrier (c’est plus efficace) à M. Pierre Bédier, président du Conseil Général des Yvelines, 2 Place André Mignot 78012 VERSAILLES Cedex
Et si ça vous tente, vous pouvez aller faire un tour sur le site des Yvelines. Il a un livre d’or qui ne dit que du bien. Certes, il est modéré … mais si vous voulez y déposer votre avis …
Et si vous voulez lire des réactions, allez sur le site de la Meute contre la pub sexiste : celles de 2008 sont en bas de la page ...
Serrons-nous les coudes !
19:53 Publié dans Bonnet d'âne, coup de gueule, femmes, militance, mobilisation | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook |
vendredi, 04 juillet 2008
Enfin !!!
et encore ...
02:32 Publié dans coup de coeur, mobilisation | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
vendredi, 18 janvier 2008
Le bal des faux culs
Alors que l’on s’apprête à enterrer le vote du 29 mai 2005, je reprends à mon compte ce titre de Politis car certains de mes camarades socialistes continuent vraiment à nous prendre pour des cons!
Entre Manuel Valls et Jacques Lang qui votent les yeux fermés le nouveau traité, Ségolène Royal qui renie sans vergogne ses engagements de campagne, il existe heureusement encore des camarades qui ont le sens de la légitimité démocratique et sauvent un peu l’honneur du PS. En effet, 51 députés PS, dont Laurent Fabius, Henri Emmanuelli, Arnaud Montebourg et Michel Vauzelle ont voté contre afin de protester contre la décision du président Nicolas Sarkozy de passer par la voie parlementaire pour ratifier le nouveau traité et non par référendum.
Henri Emmanuelli, lui, ne mâche pas ses mots dans l’interview qu’il donne au journal Libération de mardi. Revenant sur le boycott du Congrès, il juge cette position « incompréhensible ». Pour lui, il ne fait aucun doute qu’il faut aller à Versailles pour voter non à la révision de la constitution afin d’exiger un référendum sur le nouveau traité. Qu’il parle de Jean-Marc Ayrault, François Hollande ou Ségolène Royal, Emmanuelli n’est pas tendre. « Je sais que ceux qui l’ont menée (ndlr : la campagne) pour le oui n’ont jamais admis le vote du peuple français. Mais qu’ils aient le courage de le dire et qu’ils arrêtent d’expliquer que ceux qui veulent le faire respecter sont des tacticiens. » Et on comprend pourquoi Henri Emmanuelli veut proposer que lors du prochain congrès socialiste, « le futur ou la future secrétaire s’achète une boussole ». Si c’est pour se diriger vers la droite, nul besoin. Le PS est pour l'instant dans la bonne direction.
A lire aussi "la peur du peuple" l'édito de Denis Siffert dans Politis
Et pour finir, une petite citation : "On ne ment jamais autant qu’avant les élections, pendant la guerre et après la chasse." (Otto von Bismarck)
02:42 Publié dans chronique à gauche, coup de gueule, mobilisation | Lien permanent | Commentaires (1) | Facebook |