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lundi, 13 décembre 2010

Chez moi

 

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Chez moi, dit la petite fille

On élève un éléphant.

Le dimanche son œil brille

Quand papa le peint en blanc

 

Chez moi, dit le petit garçon

On élève une tortue.

Elle chante des chansons

En latin et en laitue.

 

Chez moi, dit la petite fille

Notre vaisselle est en or.

Quand on mange des lentilles

On croit manger un trésor.

 

Chez moi, dit le petit garçon

Nous avons une soupière

Qui vient tout droit de Soissons

Quand Clovis était notaire.

 

Chez moi, dit la petite fille

Ma grand-mère a cent mille ans.

Elle joue encore aux billes

Tout en se curant les dents.

 

Chez moi, dit le petit garçon

Mon grand-père a une barbe

Pleine pleine de pinsons

Qui empeste la rhubarbe.

 

Chez moi, dit la petite fille

Il y a trois cheminées

Et lorsque le feu pétille

On a chaud de trois côtés.

 

Chez moi, dit le petit garçon

Passe un train tous les minuits.

Au réveil mon caleçon

Est tout barbouillé de suie.

 

Chez moi, dit la petite fille

Le pape vient se confesser.

Il boit de la camomille

Une fois qu’on l’a fessé.

 

Chez moi, dit le petit garçon

Vit un Empereur chinois.

Il dort sur un paillasson

Aussi bien qu’un Iroquois.

 

Iroquois ! dit la petite fille

Tu veux te moquer de moi !

Si je trouve mon aiguille

Je vais te piquer le doigt !

 

Ce que c’est d’être une fille !

Répond le petit garçon.

Tu es bête comme une anguille

Bête comme un saucisson.

 

C’est moi qu’ai pris la Bastille

Quand t’étais dans les oignons.

Mais à une telle quille

Je n’en dirai pas plus long !

 

René de Obaldia (Innocentines")

mardi, 01 juin 2010

Palestine, pierre précieuse dans sa nuit sanglante

 

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Mahmoud Darwich,

Deux extraits de Ne t'excuse pas, publié chez Actes Sud,

 

Pour notre patrie,

proche de la parole divine,

un toit de nuages.

Pour notre patrie,

distante des attributs du nom,

une carte de l'absence.

Pour notre patrie,

petite comme un grain de sésame,

un horizon céleste...et un abîme caché.

Pour notre patrie,

pauvre comme les ailes de la grouse,

des Livres saints...et une blessure à l'identité.

Pour notre patrie,

aux collines assiégées déchiquetées,

les embuscades du passé nouveau.

Pour notre patrie, butin de guerre,

le droit de mourir consumée d'amour.

Pierre précieuse dans sa nuit sanglante,

notre patrie resplendit au loin, au loin,

elle illumine à l'entour...

mais nous, en elle,

nous étouffons chaque jour davantage !

 

__________

 

Cadavres et anonymes.

Aucun oubli ne les réunit,

aucun souvenir ne les sépare...

Oubliés sur la voie publique,

dans l'herbe hivernale,

entre deux longs récits de bravoure

et de souffrances.

«Je suis la victime». «Non, je suis

l'unique victime». Ils n'ont pas répliqué:

«Une victime ne tue pas une autre,

et il y a dans cette histoire un assassin et une victime». Enfants,

ils cueillaient la neige sur les cyprès du Christ

et jouaient avec les angelots, car ils avaient

le même âge...Ils fuyaient

l'école pour échapper aux mathématiques

et à la vieille poésie héroïque. Aux barrages

ils jouaient avec les soldats au jeu innocent de la mort.

Ils ne leur disaient pas: «Laissez donc les fusils

et dégagez les routes que le papillon retrouve

sa mère auprès du matin,

que nous nous envolions avec le papillon

hors des rêves, car les rêves sont étroits

pour nos portes». Ils étaient petits,

ils jouaient et inventaient un conte pour la rose

rouge sous la neige, derrière deux longs récits

de bravoure et de souffrances,

puis ils s'échappaient

en compagnie des angelots

vers un ciel limpide.

 

vendredi, 16 avril 2010

DARKNESS

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Poème écrit suite à l'éruption du volcan Tambora, en 1815, en Indonésie

 

 

En 1815 , le mont Tambora, sur l'île de Sumbawa, en Indonésie, projette dans l'atmosphère d'énormes quantités de fine poussière. Longtemps ignorée puis considérée aujourd’hui comme la plus grande explosion volcanique de tous les temps, cette éruption tua plus de cent mille personnes en quelques secondes et bouleversa, un an après, l’équilibre du monde. Le volcan qui avait une altitude de 4 300 m, perd en quelques heures 1 500 m de hauteur (il culmine actuellement à 2 850 m) et éjecte près de 150 km3 de débris . Près du volcan, l’épaisseur des dépôts atteint une trentaine de mètres, sur une superficie d’environ 500 000 km2, soit la superficie de la France Après l'explosion, la poussière accumulée dans les hautes couches atmosphériques se déplace progressivement vers des latitudes plus élevées, sous l'effet des vents de la mousson qui soufflaient alors d’est en ouest, portant son ombre plus au nord. L'année suivante, la Nouvelle-Angleterre, le Canada et l'Europe de l'Ouest connaissent un été exceptionnellement froid. En Nouvelle-Angleterre, il neige au mois de juin et il gèle à pierre fendre pendant tout le mois d'août. En Europe, dans de nombreuses régions, les mauvaises récoltes de 1816 causent une grave pénurie de nourriture, voire des conditions voisines de la famine.

Cet été de 1816, Mary Shelley et son époux Percy Bysshe rendent visite à Lord Byron dans sa villa du Lac de Genève. La météo hostile les oblige à rester cloîtrés. Pour passer le temps, ils s’amusent à écrire des histoires de fantômes. Une seule restera à la postérité, Frankenstein. Lord Byron, lui, écrit une poésie sur cette éruption, Darkness.

Durant ces périodes sont également signalés des couchers de soleil prolongés et brillamment colorés, oranges ou rouges sur l'horizon, pourpres ou roses au-dessus. Ce phénomène nous est resté par les œuvres du peintre anglais William Turner (1775-1851), qui fit des aquarelles remarquables de ces couchers et de levers de soleil en 1815 et 1816. Ces phénomènes, que l'on a pu analyser aujourd'hui, semblent avoir été provoqués par le nuage éruptif du Tambora.


I had a dream, which was not all a dream.

The bright sun was extinguish'd, and the stars

Did wander darkling in the eternal space,

Rayless, and pathless, and the icy earth

Swung blind and blackening in the moonless air ;

Morn came and went - and came, and brought no day,

And men forgot their passions in the dread

Of this their desolation ; and all hearts

Were chill'd into a selfish prayer for light :

And they did live by watchfires - and the thrones,

The palaces of crowned kings - the huts,

The habitations of all things which dwell,

Were burnt for beacons ; cities were consum'd,

And men were gather'd round their blazing homes

To look once more into each other's face ;

Happy were those who dwelt within the eye

Of the volcanos, and their mountain-torch :

A fearful hope was all the world contain'd ;

Forests were set on fire - but hour by hour

They fell and faded - and the crackling trunks

Extinguish'd with a crash - and all was black.

The brows of men by the despairing light

Wore an unearthly aspect, as by fits

The flashes fell upon them ; some lay down

And hid their eyes and wept ; and some did rest

Their chins upon their clenched hands, and smil'd ;

And others hurried to and fro, and fed

Their funeral piles with fuel, and look'd up

With mad disquietude on the dull sky,

The pall of a past world ; and then again

With curses cast them down upon the dust,

And gnash'd their teeth and howl'd : the wild birds shriek'd

And, terrified, did flutter on the ground,

And flap their useless wings ; the wildest brutes

Came tame and tremulous ; and vipers crawl'd

And twin'd themselves among the multitude,

Hissing, but stingless - they were slain for food.

And War, which for a moment was no more,

Did glut himself again : a meal was bought

With blood, and each sate sullenly apart

Gorging himself in gloom : no love was left ;

All earth was but one thought - and that was death

Immediate and inglorious ; and the pang

Of famine fed upon all entrails - men

Died, and their bones were tombless as their flesh ;

The meagre by the meagre were devour'd,

Even dogs assail'd their masters, all save one,

And he was faithful to a corse, and kept

The birds and beasts and famish'd men at bay,

Till hunger clung them, or the dropping dead

Lur'd their lank jaws ; himself sought out no food,

But with a piteous and perpetual moan,

And a quick desolate cry, licking the hand

Which answer'd not with a caress - he died.

The crowd was famish'd by degrees ; but two

Of an enormous city did survive,

And they were enemies : they met beside

The dying embers of an altar-place

Where had been heap'd a mass of holy things

For an unholy usage ; they rak'd up,

And shivering scrap'd with their cold skeleton hands

The feeble ashes, and their feeble breath

Blew for a little life, and made a flame

Which was a mockery ; then they lifted up

Their eyes as it grew lighter, and beheld

Each other's aspects - saw, and shriek'd, and died -

Even of their mutual hideousness they died,

Unknowing who he was upon whose brow

Famine had written Fiend. The world was void,

The populous and the powerful was a lump,

Seasonless, herbless, treeless, manless, lifeless -

A lump of death - a chaos of hard clay.

The rivers, lakes and ocean all stood still,

And nothing stirr'd within their silent depths ;

Ships sailorless lay rotting on the sea,

And their masts fell down piecemeal : as they dropp'd

They slept on the abyss without a surge -

The waves were dead ; the tides were in their grave,

The moon, their mistress, had expir'd before ;

The winds were wither'd in the stagnant air,

And the clouds perish'd ; Darkness had no need

Of aid from them - She was the Universe.

 

LORD GEORGE BYRON

Diodati, July, 1816

 

Les ténèbres

Je fis un rêve qui n'était pas tout à fait un rêve. Le soleil s'était éteint, et les astres privés de lumière erraient au hasard à travers l'immensité de l'espace. La terre glacée et comme aveugle se balançait dans une atmosphère ténébreuse que n'éclairait plus la clarté de la lune. Le matin arriva, s'écoula, revint encore, mais il n'amenait plus le jour.

Dans cette désolation affreuse, les hommes oublièrent leurs passions. Tous les coeurs glacés d'effroi ne soupiraient qu'après la lumière. On allumait de grands feux, et l'on y passait tous ses intants. Les trônes, les palais des rois, les chaumières, les huttes du pauvre, tout fut brûlé pour servir de signaux. Les cités furent consumées, et les habitants, rassemblés autour de leurs demeures enflammées, cherchaient à se regarder encore une fois. Heureux ceux qui vivaient auprès des volcans et des montagnes brûlantes.

Une espérance mêlée de terreur; tel était le sentiment universel. On mit le feu aux forêts; mais d'heure en heure elles se réduisaient en cendres. Les troncs d'arbres tombaient avec un dernier craquement, s'éteignaient et tout rentrait dans une obscurité profonde. Le front des humains éclairé par ces flammes mourantes avait un aspect étrange. Les uns étaient prosternés, cachaient leurs yeux et répandaient des pleurs; les autres reposaient leurs têtes sur les mains jointes, et s'efforçaient de sourire; ceux-ci couraient çà et là, cherchant de quoi entretenir leurs bûchers funèbres. Ils regardaient avec une sombre inquiétude le firmament obscurci qui semblait un drap mortuaire jeté sur le cadavre du monde; puis ils se roulaient dans la poussière, grinçaient des dents, blasphémaient et poussaient des hurlements.

Les oiseaux de proie faisaient entendre des cris lugubres, et voltigeaient sur la terre en agitant leurs ailes inutiles. Les bêtes les plus féroces devenaient timides et tremblantes. Les vipères rampaient et s'entrelaçaient au milieu de la foule; elles sifflaient, mais leur venin était sans force; on les tua pour s'en nourrir.

La guerre qui avait un moment cessé, renaquit avec toutes ses horreurs. On acheta sa nourriture avec du sang, et chacun, assis à l'écart, se repaissait de sa proie. L'amour n'existait plus; il n'y avait plus qu'une pensée sur la terre, celle de la mort... et d'une mort prochaine et sans gloire. La faim, de sa dent cruelle, déchirait les entrailles. Les hommes mouraient, et leurs corps gisaient privés de sépulture. Des cadavres ambulants dévoraient les cadavres qui avaient vécu. Les chiens eux-mêmes assaillirent leurs maîtres, un seul excepté qui demeura fidèle au corps du sien et le défendit contre les oiseaux, les animaux et les hommes, jusqu'à ce que la faim les eût fait périr. Il ne chercha pas sa nourriture, mais léchant la main qui ne pouvait plus lui rendre ses caresses, il poussait des cris lamentables et continuels, et il mourut enfin.

La famine fit périr peu à peu tout le genre humain. Deux habitants d'une grande cité survécurent seuls : c'étaient deux ennemis. Ils se rencontrèrent auprès d'un autel sur lequel finissaient de brûler quelques tisons qui avaient consumé une foule d'objets sacrés destinés à un usage profane. Ils agitèrent en frissonnant les cendres chaudes avec leurs mains froides et décharnées; de leur faible souffle, ils essayèrent de ranimer les charbons presque éteints, et produisirent une légère flamme. Cette lueur passagère attira leurs regards, et en levant les yeux, ils aperçurent leurs visages : à cette vue, ils poussèrent un cri et moururent de l'effroi de leur laideur mutuelle, ne sachant lequel des deux la famine avait réduit à l'état d'un spectre.

Le monde n'était plus qu'un grand vide; la réunion des contrées populeuses et florissantes ne fut plus qu'une masse, sans saisons, sans verdure, sans arbres, sans hommes, sans vie, empire de la mort, chaos de la matière. Les rivières, les lacs, l'océan demeurèrent immobiles; rien ne troubla le silence de leurs profondeurs. Les navires sans matelots pourrirent sur la mer; leurs mâts tombèrent en pièces, mais sans faire rejaillir l'onde par leur chute. Les vagues étaient mortes; elles étaient comme ensevelies dans un tombeau; la lune qui les agitait autrefois avait cessé d'être. Les vents s'étaient flétris dans l'air stagnant, les nuages s'étaient évanouis; les ténèbres n'avaient plus besoin de leur secours, elles étaient tout l'univers.


lundi, 07 décembre 2009

Te recuerdo Amanda

Il est des hommes dont la voix et l’engagement politique font vibrer les coeurs et les mémoires bien au-delà de leur mort. Le chanteur Victor Jara est de ceux-là au Chili. 36 ans après avoir été torturé et exécuté lors du coup d‘état d’Augusto Pinochet, il a été enterré dignement hier après trois jours d’hommage national.

“Son corps, détruit par la torture va retourner à la terre, entouré de l’amour de ses filles et de sa femme, et dans l’immense amour que son peuple et le monde ont exprimé,” a déclaré la fille du chanteur, Manuella Jara. Victor Jara avait été enterré à la sauvette en 1973. Sa dépouille a été exhumée en juin dernier pour des examens médico-légaux. Le dossier des morts et disparus de la dictature est loin d‘être clos. “Victor peut enfin reposer en paix après 36 ans, a souligné la présidente du Chili Michelle Bachelet. Mais beaucoup d’autres familles” aimeraient aussi retrouver la paix”. “Il est important de poursuivre la quête de justice et de vérité”. Un souhait partagé par la femme de Victor Jara. Son mari fut détenu dans le stade de Santiago avec 5000 autres prisonniers politiques en 1973. Ses bourreaux s’acharnèrent sur ses doigts de guitariste. Ils les brisèrent avant d’exécuter à la mitraillette le chanteur dont la voix, elle, continue de rimer avec résistance.

http://fr.euronews.net/2009/12/06/chili-enterrement-solen...

 

Te recuerdo Amanda

La calle mojada

Corriendo a la fábrica

Donde trabajaba Manuel.

La sonrisa ancha

La lluvia en el pelo,

No importaba nada

Ibas a encontrarte,

Con él, con él, con él

Son cinco minutos,

La vida es eterna

En cinco minutos.

Suena la sirena

De vuelta al trabajo,

Y tu caminando

Lo ilumina todos

Los cinco minutos

Te hacen florecer

Te recuerdo Amanda

La calle mojada

Corriendo a la fábrica

Donde trabajaba Manuel.

La sonrisa ancha

La lluvia en el pelo,

No importaba nada

Ibas a encontrarte,

Con él, con él, con él,

Que partió a la sierra

Que nunca hizó daño

Que partió a la sierra

Y en cinco minutos

Quedó destrozado.

Suena la sirena

De vuelta al trabajo ;

Muchos no volvieron,

Tampoco Manuel.

Te recuerdo Amanda…

Victor Jara (1968)

Je me souviens de toi, Amanda.

Les rues qui se mouillaient

tandis que tu marchais vers l'usine

où travaillait Manuel.

Un large sourire,

la pluie sur ton visage,

rien n'avait d'importance

car tu allais te retrouver avec lui,

avec lui, avec lui, avec lui...

Cinq minutes seulement.

La vie est éternelle

Pendant ces cinq minutes.

La sirène sonne,

La reprise du travail.

et toi tu marchais

en illuminant tout ce qui t'entourait.

Ces cinq minutes

t'avaient fait fleurir.

Je me souviens de toi, Amanda.

Les rues qui se mouillaient

tandis que tu marchais vers l'usine

où travaillait Manuel.

Un large sourire,

la pluie sur ton visage,

rien n'avait d'importance

car tu allais te trouver avec lui,

avec lui, avec lui, avec lui

qui est parti à la montagne,

qui ne faisait aucun mal,

qui est parti à la montagne

et qui en cinq minutes

a été déchiqueté.

La sirène sonne,

La reprise du travail.

Beaucoup d'entre eux ne sont pas revenus,

Manuel non plus.

Je me souviens de toi, Amanda.

Les rues qui se mouillaient

tandis que tu marchais vers l'usine

où travaillait Manuel.

 

mardi, 20 octobre 2009

Me lo decía mi abuelito

ns091008.JPGCes derniers jours, l'affaire de Jean Sarkozy et de sa nomination à l'EPAD (car je n'ose pas parler d'élection !) j'ai repensé à cette chanson de Paco Ibañez, dont j'ai trouvé la traduction ici ... Le texte est à l'origine un poème de Jose Agustin GOYTISOLO, écrivain et poète catalan. La traduction est du chanteur provençal Pierre Pascal, ami de Paco Ibanez qui traduit pour lui en espagnol les chansons de Georges Brassens.

 



podcast

 

Me lo decía mi abuelito,

me lo decía mi papá,

me lo dijeron muchas veces

y lo olvidaba muchas más.


Trabaja niño, no te pienses

que sin dinero vivirás.

Junta el esfuerzo y el ahorro

ábrete paso, ya verás,

como la vida te depara

buenos momentos, te alzarás

sobre los pobres y mezquinos

que no han sabido descollar.


Me lo decía mi abuelito,

me lo decía mi papá,

me lo dijeron muchas veces

y lo olvidaba muchas más.


La vida es lucha despiadada

nadie te ayuda, así, no más,

y si tú solo no adelantas,

te irán dejando atrás, atrás.

¡Anda muchacho dale duro !

La tierra toda, el sol i el mar,

son para aquellos que han sabido,

sentarse sobre los demás.


Me lo decía mi abuelito,

me lo decía mi papá,

me lo dijeron muchas veces,

y lo he olvidado siempre más.


traduction : mon grand-père me le disait


Refrain :

Mon grand-père me le disait

Et mon père me le disait

Et plus souvent ils me le dirent

Plus souvent moi je l'oubliais


Travaille fils ne vas pas croire

Que sans fortune tu vivras

Fais des efforts, économise

Joue bien des coudes et tu verras

Combien cette vie te réserve

De bons moments, tu fouleras

Aux pieds, les pauvres et les médiocres

Qui n'ont pas su sortir du tas

(Refrain)

La vie est une lutte impitoyable

Nul ne t'aidera pour tes beaux yeux

Si tu ne gravis pas l'échelle,

Tu resteras en bas, en bas

Allons gamin, travaille ferme

La terre, le mer et le soleil

Appartiennent à ceux qui marchent

Sur le ventre de leurs pareils

(Refrain)

dessin http://undessinparjour.wordpress.com/

mardi, 06 octobre 2009

L'ENFANT QUI VA AUX COMMISSIONS

 

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"Un pain, du beurre, un camembert,

mais surtout n'oublie pas le sel.

Reviens pour mettre le couvert,

ne va pas traîner la semelle."


L'enfant s'en va le nez au vent.

Le vent le voit. Le vent le flaire.

L'enfant devient un vol-au-vent,

l'enfant devient un fils de l'air.


"Reviens, reviens, au nom de Dieu !

Tu fais le malheur de ton père.

Ma soupe est déjà sur le feu.

Tu devais mettre le couvert !"


Léger, bien plus léger que l'air,

l'enfant est sourd à cet appel.

Il est déjà à Saint-Nazaire.

Il oublie le pain et le sel...


Claude Roy

 

mardi, 22 septembre 2009

sans papier

2341609605_1.jpgJ'ai pas de papier

D'après ce qu'on dit

Je vais me faire expulser

Vers ce maudit pays

J'entends même dire

Je vous jure c'est vrai

Que j'allais mourir

Si je résistais

Mettront sur le nez

Un de leur coussin

Voudront m'étouffer

Mais y sont pas bien

Pas de risque que je crie

M'auront bien scotché

La bouche et puis

Les mains les pieds


Tu sais d'où je viens

Y'a pas que des manchots

Ça frappe du poing

Même sur les marmots

Si tu gueules « j'ai faim »

On te coupe la langue

Si c'est « mort aux chiens !»

On te fou la sangle

Je croyais qu'ici

Les bras ouverts

On m'aurait dit

Respire le grand air

Je croyais qu'ici

Finis les cauchemars

Qui me réveillent la nuit

Maman !

J'ai peur dans le noir


Me voilà par terre

Dans cette église

C'est pas l'enfer

Mais ça s'éternise

Paraît que dehors

Y'a des uniformes

Qui veulent ma mort

En bonne et due forme

J'ai pas de papier

D'après ce qu'on dit

Je vais me faire expulser

Vers ce maudit pays

J'ai pas de papier

Et je sais même pas

Si je vais me faire tuer

Ici ou là-bas....


Gavroche

 

Photo : Linternationalmagazine.com

 

vendredi, 22 mai 2009

Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !

Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !

 

Au-dessus de l'île on voit des oiseaux

Tout autour de l'île il y a de l'eau

 

Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !

 

Qu'est-ce que c'est que ces hurlements

 

Bandit ! Voyou ! Voyou ! Chenapan !

 

C'est la meute des honnêtes gens

Qui fait la chasse à l'enfant

 

Il avait dit j'en ai assez de la maison de redressement

Et les gardiens à coup de clefs lui avaient brisé les dents

Et puis ils l'avaient laissé étendu sur le ciment

 

Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !

 

Maintenant il s'est sauvé

Et comme une bête traquée

Il galope dans la nuit

Et tous galopent après lui

Les gendarmes les touristes les rentiers les artistes

 

Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !

 

C'est la meute des honnêtes gens

Qui fait la chasse à l'enfant

 

Pour chasser l'enfant, pas besoin de permis

Tous le braves gens s'y sont mis

Qu'est-ce qui nage dans la nuit

Quels sont ces éclairs ces bruits

C'est un enfant qui s'enfuit

On tire sur lui à coups de fusil

 

Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !

 

Tous ces messieurs sur le rivage

Sont bredouilles et verts de rage

 

Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !

 

Rejoindras-tu le continent rejoindras-tu le continent !

 

Au-dessus de l'île on voit des oiseaux

Tout autour de l'île il y a de l'eau.

 

Jacques PREVERT

PAROLES

mercredi, 08 avril 2009

Femme nue, femme noire

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Mon coeur est ardent, comme brûlant, mon soleil.

Grand aussi mon coeur, comme l'Afrique mon grand coeur.

Habitée d'un grand coeur, mais ne pouvoir aimer...

Aimer toute la terre, aimer tous ses fils.

Etre femme, mais ne pouvoir créer;

Créer, non seulement procréer.


Et femme africaine, lutter.

Encore lutter, pour s'élever plutôt.

Lutter pour effacer l'empreinte de la botte qui écrase.

Seigneur!... lutter

Contre les interdits, préjugés, leur poids.

Lutter encore, toujours, contre soi, contre tout.


Et pourtant!...

Rester Femme africaine, mais gagner l'autre.

Créer, non seulement procréer.

Assumer son destin dans le destin du monde


 

 

Mbengué Diakhaté Ndèye-Coumba

Filles du soleil.

Nouvelles Editions Africaines, 1980


Que ce poème réponde aux propos racistes et machistes d'Alain Destrem, un élu parisien méprisant et méprisable du 15ème arrondissement ...

 

Ndèye Coumba Mbengue Diakhaté a été institutrice et écrivaine Sénégalaise. Elle est décédée le 25 septembre 2001. La majeure partie du recueil "Filles du soleil" est composée de poèmes qui posent le problème de la condition sociale des femmes (L'Aveugle - mère , Mirage , Tu n'es qu'une femme , Négresse en laisse , Deux négresses ), mais évoque aussi la douleur face à la mort (Jeune femme morte , Veuve ce jour ). La dédicace du recueil est un poème à l'adresse d'une femme ayant perdu la vie en couches :

Dédié à DABA:

Ma soeur si douce!
Fleur à peine épanouie,
Mais très tôt perdit la vie,
Car voulant la donner

A Ndiar, nymphe des clairs de lune,
Et fille de Coumbam'lamb;
A toutes les filles de Râ,
Génitrices de chaleur.

Ventre en gésine,
Seins palpitants
De naissantes vies.

A l'Afrique-Coeur,
Mon coeur,
Et lumière du monde.

mercredi, 11 mars 2009

Tant de temps

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Le temps qui passe

Le temps qui ne passe pas

Le temps qu'on tue

Le temps de compter jusqu'a dix

Le temps qu'on n'a pas

Le temps qu'il fait

Le temps de s'ennuyer

Le temps de rêver

Le temps de l'agonie

Le temps qu'on perd

Le temps d'aimer

Le temps des cerises

Le mauvais temps

Et le bon et le beau

Et le froid et le temps chaud

Le temps de se retourner

Le temps des adieux

Le temps qu'il est bien temps

Le temps qui n'est même pas

Le temps de cligner de l'œil

Le temps relatif

Le temps de boire un coup

Le temps d'attendre

Le temps du bon bout

Le temps de mourir

Le temps qui ne se mesure pas

Le temps de crier gare

Le temps mort

Et puis l'éternité

 

Poèmes et poésies

Philippe Soupault

Éd. Grasset, coll. « Les Cahiers rouges », 1987.

 

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