samedi, 20 octobre 2007
Que ferons nous de ce mary jaloux?
Je pry a Dieu qu'on le puist escorchier.
Tant se prent il de près garde de nous
Que ne pouons l'un de l'autre approchier
A male hart on le puist atachier,
L'ort, vil, villain, de goute contrefait,
Qui tant de maulz et tant d'anuis nous fait!
Estranglé puist estre son corps des loups,
Qu'aussi ne sert il, mais que d'empeschier!
A quoy est bon ce vieillart plein de toux,
Fors a tencier, rechigner et crachier?
Dyable le puist amer ne tenir chier,
Je le hé trop, l'arné, vieil et deffait,
Qui tant de maulz et tant d'anuis nous fait!
Hé! qu'il dessert bien qu'on le face coux
Le baboïn qui ne fait que cerchier
Par sa maison! hé quel avoir! secoux
Un pou sa pel pour faire aler couchier,
Ou les degrez lui faire, sanz marchier,
Tost avaler au villain plein d'agait,
Qui tant de maulz et tant d'anuis nous fait
Christine De Pisan
Balade LXXVIII
Et en Français d'aujourd'hui ...
Que ferons-nous de ce mari jaloux?
Je prie Dieu qu'on le puisse écorcher.
Il nous surveille de si près
que nous ne pouvons nous approcher l'un de l'autre.
Puisse-t-on le pendre à une mauvaise corde,
l'infâme, l'affreux, le vilain, contrefait par la goutte,
qui tant de maux et tant d'ennuis nous fait !
Qu'il puisse être étranglé par les loups,
vu qu'il ne sert à rien, sauf à être un obstacle!
À quoi est bon ce vieillard plein de toux,
sinon à quereller, grogner et cracher?
Le diable l'aime et le chérisse,
je le hais trop, ce cocu, vieux et laid,
qui tant de maux et tant d'ennuis nous fait!
Hé ! qu'il mérite bien qu'on le fasse cocu,
le babouin qui passe son temps à espionner
dans sa maison ! Ah ! quelle affaire ! Secoue
un peu ses os pour le faire aller coucher,
ou lui faire descendre, sans marcher,
à toute allure l'escalier, à ce vilain plein de ruse,
qui tant de maux et tant d'ennuis nous fait !
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vendredi, 19 octobre 2007
Lendemain de grève
LE TRAIN
Une locomotive suivie de vingt wagons.
Quelques gouttes de pluie claquent comme des balles.
Une femme en bleu qu'étreint un homme en noir.
Des enfants que l'on gifle. Des valises qui s'ouvrent.
Des femmes qui s'insultent.
Des hommes qui s'énervent.
Des paquets qui culbutent et cognent les genoux.
Un vieillard qui prend peur, un infirme qu'on porte.
Un agent qui surprend un voleur qui s'enfuit.
Une aiguille qui saute sur un cadran radieux.
Un cheminot qui vient lorsqu'un postier s'en va.
Deux jeunes qui s'envoient des baisers de la main.
Quelques gouttes de pluie.
Un haut parleur qui parle.
Un homme. Une femme.
Un coup de sifflet qui déchire quelqu'un.
Un signal qui s'allume lorsqu'un autre s'éteint.
Un lourd rugissement.
Un homme qui serre les poings.
La gorge qui fait mal.
Deux mains qui se tendent.
Deux larmes qui coulent et un train qui s'en va...
Marcel Guy
Paroles à musique
Ed. Jupilles (1982)
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mercredi, 17 octobre 2007
L'éternelle chanson
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs,
Au mois de mai, dans le jardin qui s'ensoleille,
Nous irons réchauffer nos vieux membres tremblants.
Comme le renouveau mettra nos cœurs en fête,
Nous nous croirons encore de jeunes amoureux,
Et je te sourirai tout en branlant la tête,
Et nous ferons un couple adorable de vieux.
Nous nous regarderons, assis sous notre treille,
Avec de petits yeux attendris et brillants,
Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs.
Sur notre banc ami, tout verdâtre de mousse,
Sur le banc d'autrefois nous reviendrons causer,
Nous aurons une joie attendrie et très douce,
La phrase finissant toujours par un baiser.
Combien de fois jadis j'ai pu dire " Je t'aime " ?
Alors avec grand soin nous le recompterons.
Nous nous ressouviendrons de mille choses, même
De petits riens exquis dont nous radoterons.
Un rayon descendra, d'une caresse douce,
Parmi nos cheveux blancs, tout rose, se poser,
Quand sur notre vieux banc tout verdâtre de mousse,
Sur le banc d'autrefois nous reviendrons causer.
Et comme chaque jour je t'aime davantage,
Aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain,
Qu'importeront alors les rides du visage ?
Mon amour se fera plus grave - et serein.
Songe que tous les jours des souvenirs s'entassent,
Mes souvenirs à moi seront aussi les tiens.
Ces communs souvenirs toujours plus nous enlacent
Et sans cesse entre nous tissent d'autres liens.
C'est vrai, nous serons vieux, très vieux, faiblis par l'âge,
Mais plus fort chaque jour je serrerai ta main
Car vois-tu chaque jour je t'aime davantage,
Aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain.
Et de ce cher amour qui passe comme un rêve,
Je veux tout conserver dans le fond de mon cœur,
Retenir s'il se peut l'impression trop brève
Pour la re-savourer plus tard avec lenteur.
J'enfouis tout ce qui vient de lui comme un avare,
Thésaurisant avec ardeur pour mes vieux jours ;
Je serai riche alors d'une richesse rare
J'aurai gardé tout l'or de mes jeunes amours !
Ainsi de ce passé de bonheur qui s'achève,
Ma mémoire parfois me rendra la douceur ;
Et de ce cher amour qui passe comme un rêve
J'aurai tout conservé dans le fond de mon cœur.
Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs,
Au mois de mai, dans le jardin qui s'ensoleille,
Nous irons réchauffer nos vieux membres tremblants.
Comme le renouveau mettra nos cœurs en fête,
Nous nous croirons encore aux jours heureux d'antan,
Et je te sourirai tout en branlant la tête
Et tu me parleras d'amour en chevrotant.
Nous nous regarderons, assis sous notre treille,
Avec de petits yeux attendris et brillants,
Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs
Rosemonde GÉRARD (1871-1933)
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mercredi, 11 juillet 2007
Hommes sous linceul de silence
Camarade,
es-tu vacciné contre toutes maladies toutes?
es-tu tamponné pour l'emballage et l'amour
pour donner
ton sang ta voix tes muscles ton corps
pour la prospérité de leur industrie
pour le bien-être de tous notre humanité
pour rapporter des devises et venir raconter aux autres que là-bas... Ah! là-bas... ce n'est pas comme ici là-bas à Gennevilliers Aubervilliers ou Argenteuil cabanes plombées par treize par sept entassés dans votre fraternité votre solitude votre silence entre le feue et l'usine
avec vos sexes en berne
avec votre désir à jamais refoulé
même pas pour ramasser une infection vénérienne courante
Non, pas de putains pour les Nor'af
Assassine en toi l'Arabe
Tu es porteur de germes de barbarie
ressuscite en un autre corps en une autre peau
on te veut
comme nos caisses d'oranges
comme nos caisses de conserves
on te veut
sans visage sans regard sans nom sans famille
sans enfants
sans désir sans désir on te veut
brute et force
absolu comme un chiffre
en unité de bulldozer
en bras métalliques
mains calleuses
en acier en fer marchandise courante
et surtout
refusé au souvenir
camarade.
Il est une place
presqu'île dans le silence
où des hommes viennent accrocher le soleil
dans l'indifférence des remparts
et le refus des autres
une ombre sort un œil
et le pose sur la natte
corps à vendre
pièce maîtresse d'un arsenal dur
et des mains dans les fers
j'ai un front pour casser vos pierres
de l'acier pas de la chair
Sur ma vie j'ai prélevé des jours
pour miner votre sommeil
pour pâlir vos rêves
pour polluer l'air
et assurer votre mort
violente
Je puise encore dans la réserve des mots-torpilles
des serpents à sonnette
des nids de violence
pour vous préparer un lit dans l'étang cancéreux
attendez pour savoir
vos larmes n'auront pas le temps de conjurer le ciel.
à l'apparition de la lune les hommes ramassent leur corps
et s'en vont le rectifier à la mer.
Tahar Ben Jelloun
Hommes sous linceul de silence
Publié en 1970 aux éditions Atalantes
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dimanche, 24 juin 2007
Éloge et pouvoir de l'absence
Je ne prétends point être là, ni survenir à l'improviste, ni paraître en habits et chair, ni gouverner par le poids visible de ma personne,
Ni répondre aux censeurs, de ma voix; aux rebelles, d'un œil implacable; aux ministres fautifs, d'un geste qui suspendrait les têtes à mes ongles.
Je règne par l'étonnant pouvoir de l'absence. Mes deux cent soixante-dix palais tramés entre eux de galeries opaques s'emplissent seulement de mes traces alternées.
Et des musiques jouent en l'honneur de mon ombre; des officiers saluent mon siège vide; mes femmes apprécient mieux l'honneur des nuits ou je ne daigne pas.
Égal aux Génies qu'on ne peut récuser puisqu'invisibles,- nulle arme ni poison ne saura venir ou m'atteindre.
Victor Segalen
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jeudi, 14 juin 2007
Commune présence
Tu es pressé d'écrire,
Comme si tu étais en retard sur la vie.
S'il en est ainsi fais cortège à tes sources.
Hâte-toi.
Hâte-toi de transmettre
Ta part de merveilleux de rébellion de bienfaisance.
Effectivement tu es en retard sur la vie,
La vie inexprimable,
La seule en fin de compte à laquelle tu acceptes de t'unir,
Celle qui t'est refusée chaque jour par les êtres et par les choses,
Dont tu obtiens péniblement de-ci de-là quelques fragments décharnés
Au bout de combats sans merci.
Hors d'elle, tout n'est qu'agonie soumise, fin grossière.
Si tu rencontres la mort durant ton labeur,
Reçois-là comme la nuque en sueur trouve bon le mouchoir aride,
En t'inclinant.
Si tu veux rire,
Offre ta soumission,
Jamais tes armes.
Tu as été créé pour des moments peu communs.
Modifie-toi, disparais sans regret
Au gré de la rigueur suave.
Quartier suivant quartier la liquidation du monde se poursuit
Sans interruption,
Sans égarement.
Essaime la poussière
Nul ne décèlera votre union.
René Char
Le Marteau sans maître, 1934
René Char est né il y a cent ans, le 14 juin 1907
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vendredi, 08 juin 2007
The night of loveless nights
Il y a les mains terribles
Main noircie d'encre de l'écolier triste
Main rouge sur le mur de la chambre du crime
Main pâle de la morte
Mains qui tiennent un couteau ou un revolver
Mains ouvertes
Mains fermées
Mains abjectes qui tiennent un porte-plume
O ma main toi aussi toi aussi
Ma main avec tes lignes et pourtant c'est ainsi
Pourquoi maculer tes lignes mystérieuses
Pourquoi? plutôt les menottes plutôt te mutiler plutôt, plutôt
Écris, écris car c'est une lettre que tu écris a elle et ce moyen impur est un moyen de la toucher
Mains qui se tendent mains qui s'offrent
Y a-t-il une main sincère parmi elles
Ah je n'ose plus serrer les mains
Mains menteuses mains lâches mains que je hais
Mains qui avouent et qui tremblent quand je regarde les yeux
Y a-t-il encore une main que je puisse serrer avec confiance
Mains sur la bouche de l'amour
Mains sur le cœur sans amour
Mains au feu de l'amour
Mains à couper du faux amour
Mains basses sur l'amour
Mains mortes à l'amour
Mains forcées pour l'amour
Mains tenues sur l'amour
Mains hautes sur l'amour
Mains tendues vers l'amour
Mains d'oeuvre d'amour
Mains heureuses d'amour
Mains à la pâte hors l'amour horribles mains
Mains liées par l'amour éternellement
Mains lavées par l'amour par des flots implacables
Mains à la main c'est l'amour qui rôde
Mains pleines c'est encore l'amour
Mains armées c'est le véritable amour
Mains de maître mains de l'amour
Main chaude d'amour
Main offerte à l'amour
Main de justice main d'amour
Main forte à l'amour !
Mains Mains toutes les mains
Un homme se noie une main sort des flots
Un homme s'en va une main s'agite
Une main se crispe un coeur souffre
Une main se ferme ô divine colère
Une main encore une main
Une main sur mon épaule
Qui est-ce ?
Est-ce toi enfin ?
Il fait trop sombre ! quelles ténèbres !
Je ne sais plus à qui sont les mains
Ce qu'elles veulent
Ce qu'elles disent
Les mains sont trompeuses
Je me souviens encore de mains blanches dans l'obscurité étendues sur une table dans l'attente
Je me souviens de mains dont l'étreinte m'était chère
Et je ne sais plus
Il y a trop de traîtres trop de menteurs
Ah même ma main qui écrit
Un couteau ! une arme ! un outil !
Tout sauf écrire !
Du sang du sang!
Patience! ce jour se lèvera. [...]
Robert Desnos
Robert Desnos est mort le 8 juin 1945 au camp de concentration de Theresienstadt en Tchécoslovaquie
un autre poème de Robert Desnos à l'annexe
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jeudi, 31 mai 2007
Etranges étrangers
reprise de la note du 28 février 2006
Étranges étrangers
Kabyles de la Chapelle et des quais de Javel
hommes des pays loin
cobayes des colonies
doux petits musiciens
soleils adolescents de la porte d'Italie
boumians de la porte de Saint-Ouen
Apatrides d'Aubervilliers
brûleurs des grandes ordures de la ville de Paris
ébouillanteurs des bêtes trouvées mortes sur pied
au beau milieu des rues
Tunisiens de Grenelle
embauchés débauchés
manoeuvres désoeuvrés
Polacks du Marais du Temple des Rosiers
cordonniers de Cordoue soutiers de Barcelone
pêcheurs des Baléares ou du cap Finisterre
rescapés de Franco
et déportés de France et de Navarre
pour avoir défendu en souvenir de la vôtre
la liberté des autres
Esclaves noirs de Fréjus
tiraillés et parqués
au bord d'une petite mer
où peu vous vous baignez
Esclaves noirs de Fréjus
qui évoquez chaque soir
dans les locaux disciplinaire
avec une vieille boite à cigares
et quelques bouts de fil de fer
tous les échos de vos villages
tous les oiseaux de vos forêts
et ne venez dans la capitale
que pour fêter au pas cadencé
la prise de la Bastille le quatorze juillet
Enfants du Sénégal
dépatriés expatriés et naturalisés
Enfants indochinois
jongleurs aux innocents couteaux
qui vendiez autrefois aux terrasses des cafés
de jolis dragons d'or faits de papiers plié
Enfants trop tôt grandis et si vite en allés
qui dormez aujourd'hui de retour au pays
le visage dans la terre
et des bombes incendiaires labourant vos rizières
On vous a renvoyé
la monnaie de vos papiers dorés
on vous a retourné
vos petits couteaux dans le dos
Étranger étrangers
Vous êtes de la ville
vous êtes de sa vie
même si mal en vivez
même si vous en mourez.
Jacques PREVERT
(La pluie ou le beau temps)
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mercredi, 16 mai 2007
Ah que j'aime Victor Hugo !!!
Trois amis l'entouraient. C'était à l'Elysée,
On voyait du dehors luire cette croisée.
Regardant venir l'heure et l'aiguille marcher,
Il était là, pensif ; et, rêvant d'attacher
Le nom de Bonaparte aux exploits de Cartouche,
Il sentait approcher son guet-apens farouche.
D'un pied distrait dans l'âtre il poussait le tison,
Et voici ce que dit l'homme de trahison :
- « Cette nuit vont surgir mes projets invisibles.
Les Saint-Barthélemy sont encore possibles.
Paris dort comme aux temps de Charles de Valois ;
Vous allez dans un sac mettre toutes les lois,
Et par-dessus le pont les jeter dans la Seine. »
Ô ruffians ! bâtards de la fortune obscène,
Nés du honteux coït de l'intrigue et du sort !
Rien qu'en songeant à vous, mon vers indigné sort
Et mon cœur orageux dans ma poitrine gronde
Comme le chêne au vent dans la forêt profonde !
Comme ils sortaient tous trois de la maison Bancal,
Morny, Maupas le Grec, Saint-Arnaud le chacal,
Voyant passer ce groupe oblique et taciturne,
Les clochers de Paris, sonnant l'heure nocturne,
S'efforçaient vainement d'imiter le tocsin ;
Les pavés de Juillet criaient à l'assassin !
Tous les spectres sanglants des antiques carnages,
Réveillés, se montraient du doigt ces personnages ;
La Marseillaise, archange aux chants aériens,
Murmurait dans les cieux : Aux armes, citoyens !
Paris dormait. hélas ! et bientôt, sur les places,
Sur les quais, les soldats, dociles populaces,
Janissaires conduits par Reybell et Sauboul,
Payés comme à Byzance, ivres comme à Stamboul,
Ceux de Dulac, et ceux de Korte et d'Espinasse,
La cartouchière au flanc et dans l'œil la menace,
Vinrent, le régiment après le régiment,
Et le long des maisons ils passaient lentement,
À pas sourds, comme on voit les tigres dans les jongles
Qui rampent sur le ventre en allongeant leurs ongles ;
Et la nuit était morne, et Paris sommeillait
Comme un aigle endormi pris sous un noir filet.
Les chefs attendaient l'aube en fumant leurs cigares.
Ô Cosaques ! voleurs ! chauffeurs ! routiers ! Bulgares !
Ô généraux brigands ! bagne, je te les rends !
Les juges d'autrefois pour des crimes moins grands
Ont brûlé la Voisin et roué vif Desrues !
Eclairant leur affiche infâme au coin des rues
Et le lâche armement de ces filous hardis,
Le jour parut. La nuit, complice des bandits,
Prit la fuite, et traînant à la hâte ses voiles,
Dans les plis de sa robe emporta les étoiles,
Et les mille soleils dans l'ombre étincelant,
Comme les sequins d'or qu'emporte en s'en allant
Une fille, aux baisers du crime habituée,
Qui se rhabille après s'être prostituée !
Victor Hugo
Châtiments
Livre I
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mardi, 15 mai 2007
Soirs bleus
Sensation
Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue,
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l'amour infini me montera dans l'âme,
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, — heureux comme avec une femme.
Arthur Rimbaud
Mars 1870
Un décriptage du tableau "soir bleu" de Hopper sur :
http://laboiteaimages.hautetfort.com/archive/2006/09/13/s...
Edward Hopper est mort le 15 mai 1967
23:20 Publié dans peinture, poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |