dimanche, 03 décembre 2006
Ô ma jolie Vénitienne !
La place San Marco de Auguste Renoir (1881) - Institute of Art, Minneapolis
Renoir est mort le 3 décembre 1919
Dans la cambrure du Grand Canal ,
J'ai vu fleurir des choses étranges .
Quand les dorures sont végétales ,
Ici les roses portent les anges .
Villon y dirait leurs douleurs ,
Baudelaire aimerait leurs frayeurs,
Rimbaud y tiendrait ses couleurs ,
Et ses voyelles, et mon bonheur .
Ô, ma jolie vénitienne!
Comme l'amour à l'antienne ,
Posons sur toi le bleu de Sienne ,
L'indigo des mers lontaines ,
Ô, ma jolie vénitienne !
Je t'ai cherchée sur les canaux,
A l'aube , au pont du Rialto ,
Comme d'autres s'enfuient à Bornéo
Vers on ne sait quel Eldorado .
Je t'ai cherchée sur les canaux .
Ô, ma jolie vénitienne!
Comme l'amour à l'antienne ,
Posons sur toi le bleu de Sienne ,
L'indigo des mers lontaines ,
Ô, ma jolie vénitienne !
A l'appel des vaporetti ,
Au départ du pont des Scalzi ,
M'enchante une fille d'Italie
Qui chaque jour refleurit ,
A l'appel des vaporetti .
Ô, ma jolie vénitienne!
Comme l'amour à l'antienne ,
Posons sur toi le bleu de Sienne ,
L'indigo des mers lontaines ,
Ô, ma jolie vénitienne !
Une goutte de Bardolino
Réveilla mon coeur de Pierrot :
Larme grenat de vin sans eau .
Sous le pinceau de Carpaccio ,
Une goutte de Bardolino .
Ô, ma jolie vénitienne!
Comme l'amour à l'antienne ,
Posons sur toi le bleu de Sienne ,
L'indigo des mers lontaines ,
Ô, ma jolie vénitienne !
Je t'ai rêvée à San Marco
A l'ombre d'un cappucino .
Au Florian sans nous dire un mot ,
Sous l'azur pour un boléro ,
Je t'ai rêvée à San Marco .
Ô, ma jolie vénitienne!
Comme l'amour à l'antienne ,
Posons sur toi le bleu de Sienne ,
L'indigo des mers lontaines ,
Ô, ma jolie vénitienne !
Elle a remis sa bauta blême
Posant un masque à mon poème .
De ses doigts sur mes lèvres crème ,
Quand j'ai écrit les mots " Je t'aime ",
Elle a remis sa bauta blême .
Ô, ma jolie vénitienne!
Comme l'amour à l'antienne ,
Posons sur toi le bleu de Sienne ,
L'indigo des mers lontaines ,
Ô, ma jolie vénitienne !
Gérard Cotton
http://www.campiello-venise.com/souvenirs/cotton_gerard.htm
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samedi, 04 novembre 2006
"Nuages d'automne" meutriers à Gaza
Les enfants de Palestine
De Christian Pierredon
Des enfants sont allés tout près de la frontière
Narguer les militaires par quelques jets de pierre
Pour crier cette haine qu‚ils ont de cette guerre
Et de ces répressions toujours plus sanguinaires
Faisant face à Gavroche la machine militaire
Protège les colonies qui ont pillé leur terre
Les hommes sont puissants, très finement armés
Et sur tous ces enfants, n’hésitent à tirer
On dit de ces gamins mais quelles sont leurs mères
Qui ont laissé leurs enfants aller jeter ces pierres
Sont-elles encore humaines, comment peuvent-elle faire
Pour les laisser ainsi mourir dans cette guerre
C‚est oublier que ces gosses depuis qu‚ils sont nés
Ils n‚ont jamais vécu dans un pays en paix
Leurs dix années sont faites de tant et tant de morts
De maisons écrasées comme unique décor
Dites-moi quel espoir peut naître de ces cendres
De ces années perdues qu’ont-ils donc à attendre
Un jour ils ont assez de cette vie qui gronde
Pour finir ils attachent à leur ventre une bombe
C’est un peuple prisonnier dans son propre pays
Durant toute l’année ils sont à la merci
Des humeurs des geôliers qui leur barrent l’accès
Aux vivres, aux hôpitaux, et à leur dignité
L’olivier, on le sait est un arbre de paix
L’armée sans retenue les a tous arrachés
Comme elle a arraché tous les rêves aux enfants
Il ne leur reste que la rage dans le coeur maintenant
Il faudra bien du temps pour soigner leurs blessures
Car ces enfants meurtris ont perdu leur âme pure
Toi l’enfant, la victime de la folie des hommes
Permets-moi de te dire ce simple mot : shalom.
L'armée israélienne a lancé mercredi une vaste opération contre Beit Hanoun appelée "nuages d'automne" … La plus importante depuis plusieurs, et qui s'annonce déjà très meurtrière.
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jeudi, 02 novembre 2006
Senza di te tornavo, come ebbro
non più capace d'esser solo, a sera
quando le stanche nuvole dileguano
nel buio incerto.
Mille volte son stato così solo
dacché son vivo, e mille uguali sere
m'hanno oscurato agli occhi l'erba, i monti
le campagne, le nuvole.
Solo nel giorno, e poi dentro il silenzio
della fatale sera. Ed ora, ebbro,
torno senza di te, e al mio fianco
c'è solo l'ombra.
E mi sarai lontano mille volte,
e poi, per sempre. Io non so frenare
quest'angoscia che monta dentro al seno;
essere solo.
Pier Paolo Pasolini
(1945-1946)
Pier Paolo Pasolini a été retrouvé 2 novembre 1975 sur la plage d'Ostie, assassiné dans des conditions toujours mal élucidées.
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mercredi, 01 novembre 2006
Les vies encloses
Dans les ciels de Toussaint la pluie est humble et lente!
Maladive beauté de ces ciels où des fils
Ont capturé notre âme en leurs réseaux subtils,
Echeveau qu'on croit frêle et qui nous violente!
Quel remède à l'ennui des longs jours pluvieux?
Et comment éclaircir, lorsqu'on y est en proie,
Le mystère de leur tristesse qui larmoie?
Sont-ce les pleurs du ciel - en deuil de quelle peine?
Car la pluie a vraiment une tristesse humaine!
Pluie éparse. Elle nous atteint! C'est comme afin
De nous lier à sa peine contagieuse.
Elle s'étend dans l'atmosphère spongieuse
Et, grise, elle renaît d'elle-même sans fin.
Pluie étrange. Est-ce un filet où l'âme se mouille
Et se débat? Est-ce de la poussière d'eau?
Où l'effilochement fil à fil d'un rideau?
Est-ce le chanvre impalpable d'une quenouille?
Où bien le ciel a-t-il lui-même des douleurs
Et pleut-il simplement les jours que le ciel pleure?
Alors tout s'élucide: attraction des pleurs!
La pluie apporte en nous les tristesses de l'heure;
Insinuante, jusqu'en nous elle descend;
Elle cherche nos pleurs et va les accroissant,
O pluie alimentant le réservoir des larmes!
Inexorable pluie! Apporteuse d'alarmes!
Nous n'en souffrons si fort que pour prévoir un peu
Qu'après la pluie et les heures sombres enfuies,
Même lorsque le ciel sera de nouveau bleu,
Il nous faudra plus tard pleurer toutes ces pluies.
Georges Rodenbach – 1896
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samedi, 21 octobre 2006
UN VOILIER PASSE
Un voilier passe dans la brise du matin et part vers l'océan.
Il est la beauté et la vie. Je le regarde jusqu'à ce qu'il disparaisse à l'horizon.
Quelqu'un à mon côté dit: « Il est parti » Parti vers où ?
Parti de mon regard, c'est tout.
Son mât est toujours aussi haut. Sa coque a toujours la force de porter sa charge humaine.
Sa disparition totale de ma vue est en moi, pas en lui.
Et au moment où quelqu'un auprès de moi dit : « Il est parti» Il y en a d'autres qui, le voyant poindre à l'horizon et venir vers eux, s'exclament avec joie: « Le voilà ».
C'est cela la mort.
William Blake
Vieille galoche, tu es morte centenaire comme tu en avais toujours révé ...
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vendredi, 20 octobre 2006
Histoires d'ours !!!
Une clownerie sanglante : Sergueï Starostine, vice-directeur du Département pour la protection et le développement des Ressources de chasse de la région de Vologda, dans le nord-ouest de la Russie, a raconté à la presse que Juan Carlos d'Espagne aurait tué un ours ivre lors d'une partie de chasse truquée en août dernier. Les organisateurs de cette chasse auraient amené dans un champ une cage transportant un ours dompté s'appelant Mitrofan, ils lui auraient donné de la vodka mélangée à du miel et l'auraient poussé en dehors de la cage. Le roi auraient alors tué Mitrofan d'un seul coup de fusil.
Mais savez vous qu'un lointain cousin de Mitrofan eut plus de chance en 1902 aux Etats-Unis? en 1903, Théodore (Teddy) Roosevelt rentra bredouille d'une chasse à l'ours de quatre jours. Croyant lui faire plaisir, les organisateurs enchaînèrent un ourson au pied d'un arbre afin de satisfaire les cartouches du président : outré par cette mise à mort, Théodore Roosevelt fit libérer l'animal. Un caricaturiste reproduisit la scène dans le Washington Star en Novembre 1902, et l'ours devint le symbole du président. Deux émigrants russes, Rose et Morris Mictchom immortalisèrent cette histoire en créant un ours en peluche qu'ils baptisèrent Teddy.
Et maintenant, la chanson de l'ours ...
Dans notre village, autrefois,
Un ours énorme dévastait le bois.
Il faisait peur au bûcheron
Et du berger mangeait tous les moutons.
Le maire et monsieur le curé
Dirent en colère : "Cela ne peut durer.
Cet ours nous enlève tout repos.
Avant huit jours, il faut avoir sa peau."
On partit donc de bon matin
Dans la forêt qui sentait le bon pin
Avec des piques des flambeaux
Car, ce jour-là, il ne faisait pas beau.
Nous avons marché tout le jour
Et, malgré ça, nous n'avons pas vu d'ours.
Pourtant, à la tombée de la nuit,
Dans un sentier, on voit un œil qui luit
Et pan ! Voilà monsieur le Curé
Qui met en joue et s'en est bien tiré
Mais l'ours, qui n'était que blessé,
Tout étourdi, roula dans un fossé.
On l'emporta à la maison
Et, dans la cave, on le met en prison.
Depuis ce jour, apprivoisé,
L'ours pas méchant, joyeux et bien rasé
Se charge d'un tas de travaux.
A la fontaine il va quérir de l'eau.
Il sait conduire le tracteur.
Au nouvel an, il aide le facteur.
Pour la distribution des prix,
C'est son discours qui fut le mieux compris.
Depuis qu'il siège au tribunal,
On s'aperçoit que ça ne va pas plus mal.
Tout marche mieux à la mairie.
Ah, s'ils avaient le même ours à Paris...
Paroles et Musique: Charles Trenet
01:55 Publié dans Bavardage, enluminures, poèmes | Lien permanent | Commentaires (3) | Facebook |
dimanche, 15 octobre 2006
Promenade du Soir
Le citoyen arménien n’a jamais pardonné
Que l’on ait égorgé son père
Sur la montagne kurde
Mais il t’aime,
Parce que toi non plus tu n’as pas pardonné
A ceux qui ont marqué de cette tache noire
Le front du peuple turc.
Nazim Hikmet
(poème partiellement censuré par le ministère turc de la culture)
18:30 Publié dans coup de coeur, poèmes | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |
lundi, 09 octobre 2006
La sultane favorite
N'ai-je pas pour toi, belle juive,
Assez dépeuplé mon sérail ?
Souffre qu'enfin le reste vive.
Faut-il qu'un coup de hache suive
Chaque coup de ton éventail ?
Repose-toi, jeune maîtresse.
Fais grâce au troupeau qui me suit.
Je te fais sultane et princesse :
Laisse en paix tes compagnes, cesse
D'implorer leur mort chaque nuit.
Quand à ce penser tu t'arrêtes,
Tu viens plus tendre à mes genoux ;
Toujours je comprends dans les fêtes
Que tu vas demander des têtes
Quand ton regard devient plus doux.
Ah ! jalouse entre les jalouses !
Si belle avec ce coeur d'acier !
Pardonne à mes autres épouses.
Voit-on que les fleurs des pelouses
Meurent à l'ombre du rosier ?
Ne suis-je pas à toi ? Qu'importe,
Quand sur toi mes bras sont fermés,
Que cent femmes qu'un feu transporte
Consument en vain à ma porte
Leur souffle en soupirs enflammés ?
Dans leur solitude profonde,
Laisse-les t'envier toujours ;
Vois-les passer comme fuit l'onde ;
Laisse-les vivre : à toi le monde !
A toi mon trône, à toi mes jours !
A toi tout mon peuple - qui tremble !
A toi Stamboul qui, sur ce bord
Dressant mille flèches ensemble,
Se berce dans la mer, et semble
Une flotte à l'ancre qui dort !
A toi, jamais à tes rivales,
Mes spahis aux rouges turbans,
Qui, se suivant sans intervalles,
Volent courbés sur leurs cavales
Comme des rameurs sur leurs bancs !
A toi Bassoral, Trébizonde,
Chypre où de vieux noms sont gravés,
Fez où la poudre d'or abonde,
Mosul où trafique le monde,
Erzeroum aux chemins pavés !
A toi Smyrne et ses maisons neuves
Où vient blanchir le flot amer !
Le Gange redouté des veuves !
Le Danube qui par cinq fleuves
Tombe échevelé dans la mer !
Dis, crains-tu les filles de Grèce ?
Les lys pâles de Damanhour ?
Ou l'oeil ardent de la négresse
Qui, comme une jeune tigresse,
Bondit rugissante d'amour ?
Que m'importe, juive adorée,
Un sein d'ébène, un front vermeil !
Tu n'es point blanche ni cuivrée,
Mais il semble qu'on t'a dorée
Avec un rayon de soleil.
N'appelle donc plus la tempête,
Princesse, sur ces humbles fleurs,
Jouis en paix de ta conquête,
Et n'exige pas qu'une tête
Tombe avec chacun de tes pleurs !
Ne songe plus qu'aux vrais platanes
Au bain mêlé d'ambre et de nard,
Au golfe où glissent les tartanes...
Il faut au sultan des sultanes ;
Il faut des perles au poignard !
Victor HUGO
Les orientales
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samedi, 07 octobre 2006
Indigènes
Récits éblouissants d'une héroïque histoire,
Que les âges futurs nommeront fabuleux!
Adieu, bouches de feu vomissant la mitraille,
Glaives qui rayonnez, quand gronde la bataille,
Comme des éclairs lumineux!
Hier, on entendait la trompette d'alarmes,
La plainte des blessés, le cliquetis des armes,
Le clairon du zouave et le cri des spahis;
Hier, comme un héros d'une antique épopée,
Brillait du fier pacha la formidable épée,
Étincelante de rubis.
Hier, les lourds canons, épouvantant la terre,
Retentissaient au loin comme un glas funéraire
Qui couvre l'agonie et l'adieu des mourants;
Hier, les nations, muettes, dans l'attente,
Regardaient en tremblant cette arène sanglante
Où se mesuraient trois géants.
Mais aujourd'hui la paix, divinité sereine,
Découvrant de ses biens la source toujours pleine,
Aux regards du vaincu, comme à ceux du vainqueur,
Vient offrir les douceurs, chères à la mémoire,
De la patrie absente. Hier c'était la gloire,
Mais aujourd'hui c'est le bonheur.
C'est le jour des héros, qui, repliant leur tente,
S'éloignent en vainqueurs de la scène éclatante
Où leurs noms ont brillé dans un drame immortel.
Ils s'en vont radieux, conduits par l'espérance,
Suspendre les lauriers conquis par leur vaillance
Au toit du foyer paternel.
Comme le naufragé sauvé de la tempête,
Les fils de Mahomet, en ce grand jour de fête,
Aux vivats des chrétiens viennent mêler leurs chants,
Et les nobles accents de cette voix sonore
S'élèvent solennels des rives du Bosphore
Aux sommets glacés des Balkans.
Octave Crémazie
(Québec 1827- Le Havre 1879)
Claude-Joseph-Olivier Crémazie est né à Québec, le 16 avril 1827. Il fait ses études de philosophie au Petit Séminaire de Québec qu'il abandonne pour fonder, en 1843, avec son frère Joseph, une librairie qui deviendra l'un des foyers de la culture de la ville, dont, l'arrière-boutique est un lieu de rencontre des plus grands auteurs québécois. Il participe à la fondation de l'Institut Canadien de Québec en 1847. A partir de 1849, Octave Crémazie commence à publier ses poèmes dans le Journal de Québec et l'Abeille. Malheureusement, la librairie fait faillite en 1862, et Octave doit s'enfuir clandestinement de Québec pour Paris, sous le nom de Jules Fontaine. Il vit très difficilement et assiste au siège de Paris, qu'il commentera dans son Journal du siège de Paris. Il perd son frère en 1872. Il travaillera à Bordeaux puis au Havre pour des libraires. Il y meurt d'une péritonite, le 16 janvier 1879.
Consacré «barde national» au milieu du siècle dernier, il est considéré Un des plus importants écrivains romantiques du Canada français.
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jeudi, 28 septembre 2006
Le vieux et son chien.
De tous les chiens du monde,
Je l'aimerais encore
A cause de ses yeux.
Si j'étais le plus laid
De tous les vieux du monde,
L'amour luirait encore
Dans le fond de ses yeux.
Et nous serions tous deux
Lui si laid, moi si vieux,
Un peu moins seuls au monde,
A cause de ses yeux.
Pierre Menanteau
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