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vendredi, 16 mars 2007

Le 16 mars 1244, la forteresse de Montségur, dernier foyer de résistance cathare, tombe après six mois de siège.

medium_Montsegur2.jpgLa communauté Cathare qui y vit constitue l'un des derniers carrés d'hérétiques, véritable défi pour l'ordre religieux officiel. Montségur abrite des révoltés qui lancent des expéditions punitives en assassinant les moines inquisiteurs.

En mai 1243, le sénéchal de Carcassonne, Hugues des Arcis et l'archevêque Pierre Amiel de Narbonne lancent une expédition militaire pour assiéger la forteresse. Ses murs sont défendus par une garnison d'environ cent cinquante hommes commandés par Pierre Roger de Mirepoix, gendre du seigneur de Montségur. Outre les familles des seigneurs et des soldats, environ 200 Cathares sont abrités dans le château parmi lesquels l'évêque Bertrand Marty et le théologien Raymond Arguilher. Ravitaillés en secret par la population des alentours, les assiégés résistent pendant dix mois, repoussant tous les assauts, enterrant , dit-on, leur trésor, pour éviter qu'il ne tombe entre les mains des assiégeants. Ceux-ci réussissent à se porter jusqu'à la hauteur de la citadelle, bombardée par une puissante pierrière. Au début du printemps 1244, l'eau vient à manquer sans espoir d'être secouru.

medium_i3_0030.jpgLe 2 Mars 1244, Pierre Roger de Mirepoix accepte de discuter les modalités d'une reddition. Les assiégeants proposent aux hérétiques la vie sauve à condition qu'ils livrent la forteresse dans la quinzaine et qu' ils abjurent. La plupart des Cathares refusent et restent sur place jusqu'à l'ultimatum.

medium_musee_chantilly.jpgLe 16 Mars 1244, les portes du château s'ouvrent et « Après qu'ils eurent distribué tout ce qu'ils possédaient à ceux qui les avaient défendus durant dix mois, les parfaits de Montségur se jetèrent tous ensemble dans le bûcher préparé par les catholiques au pied de la montagne. En tout, deux cent vingt hommes et femmes périrent dans le brasier. Parmi eux se sacrifièrent des soldats de la garnison qui n'avaient pas voulu les abandonner. Très vite ce ne fut qu'un immense brasier, tandis que le Veni Creator, entonné de milliers de voix, couvrait les cris et les hurlements des victimes. On les fit passer des flammes terrestres dans celles de l'enfer . »  Dès lors ce lieu prit le nom de « Prat dels Cremats ». (le camp des brûlés). Morts pour la liberté de conscience, les cathares deviennent un symbole qui vit encore aujourd'hui et sont une épine dans le pied totalitaire de toutes les religions du monde et leurs pratiques dogmatiques.

Tournant politique et militaire, la reddition de cette place forte, qui abrite toute une chevalerie insoumise, marque la fin des espoirs du comte de Toulouse. C’était de Montségur qu’avec le commando d’Avignonet contre l’Inquisition, en mai 1242, était parti le signal qui devait soulever le pays au moment de la dernière guerre du comte contre la royauté française. Montségur rendu et ses derniers fidèles tombés, le comte de Toulouse ne tentera plus de redresser la tête.

Tournant dans l’histoire de l’Eglise aussi, la fin du catharisme, qui avait alors bien résisté à l’Inquisition, est désormais programmée. Les derniers bons hommes et toute une population de croyants cherchent refuge en Lombardie. L’Inquisition médiévale, tribunal ecclésiastique d'exception chargé de lutter contre les hérésies, est alors à son apogée, et jusqu’ici itinérante, elle s’installe à Carcassonne, Albi, Toulouse ... mais son activité va bientôt décliner, concurrencée par les juridictions nationales, et au XVe siècle, elle disparaitra.

 

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dimanche, 11 mars 2007

« Pour la Patrie, les sciences et la gloire »

medium_Decret1794P11.jpgmedium_Decret1794P21.jpgAu début de 1794, l'Etat manque dramatiquement de cadres scientifiques et techniques. A l'instigation de quelques savants réputés, ralliés aux nouvelles idées, parmi lesquels on trouve le géomètre Monge et le chimiste Fourcroy, le Comité de Salut public confie par un décret du 21 ventose de l'an II (11 mars 1794), à Jacques-Elie Lamblardie, Gaspard Monge, et Lazare Carnot la mission d'organiser une nouvelle École centrale des travaux publics, qui deviendra l’Ecole Polytechnique.

medium_Decret1794P31.jpgmedium_Decret1794P41.jpgDans la lignée des humanistes et de la révolution française, le droit divin est remplacé par le culte de la connaissance encyclopédique, des belles lettres et des belles sciences. L'école doit permettre aux plus méritants, aux esprits les plus fins d'accéder aux plus hautes fonctions et ceci quelle que soit leur condition de naissance. Ses enseignants sont nommés parmi les plus grands noms de la science et ses élèves sont recrutés par un concours qui se déroule dans toute la France. Pour que tous ceux jugés dignes par leurs connaissances et leur intelligence d'entrer dans la nouvelle école ne soient pas gênés par des problèmes d'argent, les futurs élèves reçoivent pour se rendre à Paris des frais de route et perçoivent un salaire.

medium_207_g.jpgmedium_napoleon.gifLa mise en place au XXIXème siècle des autres grandes écoles, les Mines fondée en 1783, Normale Supérieure qui a vu a également le jour en 1794, les Arts et Métiers créée en 1803, Centrale en 1829, etc. ... correspond à cette logique de sélection et de formation élitiste. En fait, c'est un système de sélection sociale qui se met peu à peu en place, réputé pourtant particulièrement objectif car fondé sur les capacités intellectuelles des individus et sur leur volonté d'apprendre sans autre considération, d’où le système des bourses, les internats, les aides diverses qui sont mises en place pour que les plus méritants ne soient pas arrêtés par des problèmes matériels.

En fait, les besoins sociaux montrent que l'on a un plus grand besoin d'exécutants que de dirigeants, on doit donc former une minorité d'intellectuels et une très large majorité de manuels, avec un corolaire, la sélection est la condition pérenne de la stabilité du système social.qui repose sur une convention sociale particulièrement forte : Diplôme = Niveau de qualification = Emploi = niveau de salaire  Pour cela, la sélection s'opère à partir des connaissances scientifiques et littéraires, la partie « classique » de l'enseignement, les capacités à conceptualiser, abstraire, sont privilégiées. Les aspects de culture générale sont particulièrement prépondérants; le modèle mis en avant est celui de l'intellectuel cultivé, homme de « belles » lettres et de « fines » sciences. Cette organisation renforce la dualité entre l'« intellectuel », paré d'une certaine noblesse, et le « manuel », celui qui n'a pas réussi à atteindre cet idéal.

Mais cette organisation, qui a d’abord bien fonctionné et a permis à la France de réaliser sa mutation de l'agricole vers l'industriel, montre aujourd’hui ses limites. Jusqu'à la fin des années soixante, un échec scolaire n'était nullement synonyme d'échec social, et quel que soit le niveau de sortie de l'école, chaque individu trouvait un emploi, avait un salaire, était intégré socialement. Aujourd’hui la disparition des ouvriers, des chefs d'équipe, des agents de maîtrise, des cadres ou administratifs dans les usines montre que l'adaptation de l'individu à l'évolution de la société dans laquelle il vit est une nécessité permanente, un ouvrier ou un employé ne peut plus espérer aujourd’hui rester dans la même entreprise pendant 30 ou 40 ans, la perspective d’acquérir progressivement une qualification a disparu, et même avec deux ou trois années d'études supplémentaires, la jeune génération peut s'attendre en moyenne à un sort moins favorable que celui de ses parents. La promotion ne va plus de soi, l'inflation des diplômes encombre les itinéraires qui mènent au sommet ... Si «l'ascenseur social» est en panne, comme on le répète, c'est pour la raison très simple que les classes dirigeantes n'ont plus besoin, comme à l'époque de Jules Ferry et de l'essor industriel, du savoir et du savoir-faire de la majorité des citoyens : que ceux d'en bas restent donc au sous-sol ou dans les caves de la société !

Alors certes, notre pays doit continuer à former des « élites », mais le redémarrage de l’« ascenseur social » ne peut être basé seulement sur l’élitisme républicain et la proposition, comme on l’entend dans la campagne présidentielle, d’ouvrir l’accès aux classes préparatoires et aux écoles supérieures à des jeunes de ZEP ... Il est également impératif que l’ensemble des futurs citoyens puisse trouver une place où évoluer dans le monde contemporain !

 

Lire l’histoire de l’Ecole sur son site http://www.polytechnique.fr/institution/historique.php

Lire aussi un article sur le livres de Bruno Belhoste, La Formation d’une technocratie. L’École polytechnique et ses élèves de la Révolution au Second Empire (Paris, Belin, 2003) paru dans la revue les Annales historiques de la révolution française http://ahrf.revues.org/document1564.html.

Bruno Belhoste propose une analyse globale du système polytechnicien au XIXe siècle, de ses pouvoirs et de ses savoirs, et une étude détaillée des origines des élèves et de leurs destins. Il fournit ainsi une réponse documentée et argumentée à la question des origines de la technocratie française.

 

* * * 

 

medium_logox.2.jpgLe symbole de l’école, le X, viendrait de l'importance des mathématiques dans son enseignement. : « C'est de l'importance même donnée à l'enseignement de l'ana, dont toute la langue est faite d'x et d'y qu'est venu le surnom d'X, universellement admis pour désigner les polytechniciens. Tous ne sont pas des mathématiciens, mais tous possèdent une connaissance du calcul différentiel et intégral suffisante pour les applications des services publics. Disons de plus qu'aux époques troublées de notre histoire, en 1830 et en 1848, cette connaissance leur a particulièrement servi à ne pas être confondus avec tous les individus qui se déguisaient en polytechniciens pour se donner l'apparence de défenseurs de l'ordre. À ceux-là, quand on les rencontrait, on leur demandait la différentielle de sin x ou de log x, et, s'ils ne répondaient pas, on les faisait immédiatement coffrer.» (L'argot de l'X de Lévy et Pinet - 1894). D'après certains, il viendrait également des deux canons croisés, symboles de l'artillerie, qui figurent sur le blason de l'école, mais cette explication n'est pas attestée par des sources vérifiables.

 

 

 

samedi, 10 mars 2007

Le 10 mars 1911, la France accepte d'aligner son heure légale sur celle du méridien de Greenwich.

medium_tintin.JPGCapitaine Haddock (un sextant dans les mains) : Voilà ... Rentrons, maintenant. Je vais faire mes calculs...

Le point indiqué par les parchemins était : 20°37'42" de latitude nord, 70°52'15" de longitude ouest. Voici notre position : même latitude, 71°2'29" de longitude ouest. Nous avons donc dépassé le point indiqué, et nous n'avons rien vu... Je n'y comprends rien !...

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 Tintin : Capitaine, nous sommes des ânes !...

Capitaine Haddock  : Que voulez-vous dire ?...

Tintin : Voyons, capitaine, le méridien par rapport auquel vous avez compté les degrés de longitude, c'est naturellement le méridien de Greenwich ?...

Capitaine Haddock  : évidemment, ce n'est pas celui de Tombouctou !

medium_rack1.JPGTintin : Attendez ! Le chevalier de Hadoque, lui, a certainement compté en prenant comme méridien d'origine le méridien de Paris, qui est situé à plus de deux degrés à l'est du méridien de Greenwich !...

Capitaine Haddock  : Mille sabords ! vous avez raison ! Comment n'y avons-nous pas songé plus tôt ?... Nous avons donc été trop loin vers l'ouest !... Il faut rebrousser chemin !

(Les aventures de Tintin dans Le trésor de Rackham le Rouge d'Hergé)

 

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LE REMPLACEMENT DU MÉRIDIEN DE GREENWICH

 « Périodiquement, on agite la question d'unifier le méridien, et cela ne serait pas un mal, surtout pour les navigateurs. Mais il y a un hic. Les Anglais veulent conserver le leur, celui de Greenwich, qui retarde de neuf minutes et vingt et une secondes sur le nôtre. Ils ont de bonnes raisons pour y tenir. La majeure partie des cartes employées aujourd'hui dans la marine mondiale, sont des cartes anglaises.

De notre côté, nous voudrions que ce fût le méridien de Paris qui eût gain de cause. Nos raisons ne sont pas moins bonnes. C'est la France qui a innové cette mesure de l'arc du méridien terrestre, c'est l'Académie française qui a envoyé des savants à travers le globe (jusqu'en Laponie) pour établir cette réglementation, et c'est enfin la France qui a dressé les premières et les meilleures cartes, sans compter que ces premiers travaux ont été bien plus coûteux que ceux qui ont suivi, et que, bien entendu, c'est la France qui a payé.

Mais est-il bien politique, à l'heure où beaucoup de nos propres géographes se servent du méridien de Greenwich, et où nous voudrions voir notre système métrique adopté par l'Angleterre, de refuser son méridien ? Nous ne le pensons pas, et ils avaient été bien inspirés, nos députés, lorsqu'en 1897, ils demandaient à ce qu'on adoptât le méridien de nos voisins. Mais c'était, à cette époque, une tare que de faire la moindre concession à l'Angleterre, qui, de son côté, avouons-le, ne nous faisait pas très bonne figure, non plus. D'autant plus que, depuis 1885, le méridien de Greenwich avait été reconnu - par une convention régulière - méridien international.

A cette époque, toujours, la Société astronomique de France avait défendu notre vieux méridien français, avec des avocats comme MM. Janssen et Oppert, de l'Institut ; Capari, ingénieur hydrographe, et d'autres personnages de qualité... scientifique. « La Société astronomique de France, considérant qu'au congrès de Washington, la proposition du méridien de Béring (il devait traverser Venise, Rome et coupait l'Afrique par le milieu), qui avait un caractère éminemment géographique, impersonnel et d'ordre universel, n'a pas été adoptée, ne juge pas à propos d'en adopter un qui n'a, à aucun degré, le caractère auquel la France est toujours restée fidèle dans les réformes dont elle a pris l'initiative... »

Cette bisbille de méridiens est d'autant plus regrettable, qu'en même temps serait résolue la question de l'unification de l'heure. Mais c'est toujours la difficulté pareille qui se dresse dans les unifications, même celle des langues. Quel méridien adopter sans froisser les chauvinismes toujours en éveil ; il y en a plusieurs en usage : celui de l'île de Fer, d'abord, - Ab Jove principium - Cadix, Vienne, Poulkow, Washington, Oudjeïn, Greenwich, Paris, peut-être d'autres que nous ignorons.

Notre seul avantage est que nous pouvons arguer de notre antériorité. Mais encore une fois, cet argument serait-il bien politique ? Vers 1895, on avait proposé, dans la louable intention de mettre tout le monde d'accord, d'adopter le méridien de Jérusalem, de même qu'on demanda d'adopter le latin comme langue universelle. Mais si cette langue rencontre peu d'adversaires, attendu que la majorité du monde intellectuel la parle, le méridien de Jérusalem n'eût contenté que les catholiques. Aussi, fallut-il renoncer à cette fantaisiste proposition.

Le méridien ne date pourtant pas d'aujourd'hui, puisque si nous en croyons nos lectures, le calife Haroun-al-Raschid, le héros des «Mille et une Nuits», eut le premier l'idée de faire mesurer la grandeur exacte de la terre, tentative qui ne réussit pas, puisqu'on croyait la terre beaucoup plus petite qu'elle ne l'était réellement (on ignorait alors l'Amérique et l'Océanie). On remit la question sur le tapis sous Louis XIII et Louis XIV, et c'est alors que brille cette constellation d'astronomes italiens qui forment un des plus beaux fleurons de la science française : les Cassini.

A côté de ces noms illustres, il nous faut inscrire ceux des Méchain, des Delambre, des Legendre qui établirent précisément les différences de longitude entre les méridiens de Paris et de Greenwich, et celui d'Arago, qui, sur la recommandation de Monge, accompagna Biot, collabora en 1806 avec Chaix et Rodriguez à l'achèvement des travaux de mensuration terrestre depuis Dunkerque jusqu'aux îles Baléares. Il nous faut ajouter aussi le nom du capitaine Périer qui, en 1872, redressa une erreur concernant le passage du méridien à Perpignan, et tout récemment, dans les Andes de Quito, les noms de nos compatriotes MM. Lacombe et Maurain.

On voit que la France a toujours tenu la plus large place dans les travaux d'établissement des méridiens, et que nous avons quelque droit vraiment à vouloir que le méridien de Paris soit reconnu comme seul méridien ; mais nous répèterons toujours : « Est-ce bien politique ? Devons-nous montrer la même intransigeance qu'en 1897 ? Sommes-nous comme sous Louis XIII, qui fit remplacer internationalement le méridien de l'île de Fer par celui de Paris le 1er juillet 1634 ; sommes-nous comme sous Louis XIII, le seul peuple scientifique du monde ? » L'humanité a marché depuis.

Peut être aurions-nous dû profiter de la proposition faite par un enseigne de vaisseau, M. Jacotin, qui avait, il y a une dizaine d'années, conseillé aux nations civilisées, d'adopter comme méridien unique et international, le 280° astronomique ; M. Jacotin donnait ses raisons, qui auraient dû paraître très bonnes, ou du moins très sages. Ce 280° méridien était celui dans le plan duquel se trouvait le soleil quand l'homme parut sur la terre, c'est-à-dire le premier jour de l'an 1 de la genèse.

Tout le monde aurait été satisfait, même les chauvinistes ; le difficile était de prouver ce que l'on entendait par l'an 1 de l'humanité ? Était-ce l'apparition de ces grands singes anthropomorphes et pithécanthropes, qui ont fait couler tant d'encre et dont la science veut faire nos grands-pères ? Était-ce aussi ces êtres ni hommes ni singes, qui sont venus sur terre les derniers du règne animal et que les préhistoriens ont classés dans l'humanité ? Or, cette humanité, saluée par le soleil au plan du 280°, est-elle celle de la Bible, et voilée sous le nom d'Adam ? On voit que la question était aussi complexe qu'intéressante, et que ce sont peut-être ces causes qui ont empêché la proposition de M. Jacotin d'être examinée. » (D'après un article paru en 1907 – source http://www.france-pittoresque.com/anecdotes/81b.htm )

 

medium_Canary-map.jpgAu cours du IIe siècle ap.J.C., Ptolémée, mathématicien et géographe grec, plaça le méridien zéro à l'ouest de toutes les terres connues à cette époque, à savoir sur l'île Ferro (aujourd'hui Hierro), l'île la plus occidentale de l'archipel des Canaries.

Pourtant, pendant des siècles, chaque pays utilisa un méridien zéro différent. C'était le cas en particuliers de ceux de Paris, d'Upsala, de Berlin, de Christiania (Oslo), de Copenhague, de Naples, de Rome, De Saint-Pétersbourg, et de Vienne ! A l'intérieur de certains pays, la situation pouvait même être compliquée par le choix de méridiens d'origine séparés de seulement quelques kilomètres !

En France, Louis XIII convoqua en 1634, une assemblée internationale de mathématiciens, astronomes et géographes pour mettre de l'ordre. Celle-ci fixa officiellement comme méridien zéro celui de l'île Ferro : « Dans la sphère armillaire, Le méridien eft foûtenu à angles droits fur l'horizon, dans deux entaillûres ; c'est luy qui foûtient les poles du monde, & au milieu duquel on fait tourner les autres cercles pour s'en fervir. Il y a autant de Méridien que de degrez dans l'équateur, car tous les Méridiens font de grands cercles paffans par les pôles du monde, & par les points de l'équateur, & qui fervent de Méridien particulier à quelque lieu. Il y a de grandes difputes, touchant le lieu que l'on devoit affigner pour le premier Meridien. Mais en l'an 1634. le 25 d'Avril, les plus fameux Mathématiciens de l'Europe affemblez dans l'Arfenal de Paris, par l'ordre du Cardinal Duc de Richelieu, convinrent qu'il le falloit faire paffer par l'Ifle de Fer, qui eft la plus Occidentale des Canaries : ce qui a été reçu comme une Loy, & depuis on a toûjours conté les Méridiens depuis cet endroit. Les points d'Orient & d'Occident, font les deux pôles du Méridien. On peut encore confiderer plufieurs chofes fur le Meridien, fçavoir la longitude qui eft l'arc de l'équateur compris entre le premier Meridien & le Meridien particulier du lieu. » (texte de l’astronome Jean Richer, publié en 1701 chez Jean Jombert, avec privilège du Roi).

medium_meridienGreenwich.jpgCette décision fut adoptée par la plupart des nations d'Europe, mais non appliquée ! De son côté, le roi Charles II d’Angleterre créa un Observatoire Royal (Royal Observatory) à Greenwich (faubourg du sud-est de Londres), le 22 juin 1675 dans le but précis de trouver une solution au problème du calcul de la longitude pour les navires anglais en mer et hors de portée de vue de la terre. Quand aux autres pays, ils continuèrent à baser leurs propres mesures de longitude sur les usages locaux : ainsi l'Italie utilisait le méridien de Naples, les Suédois utilisaient celui de Stockholm et les Espagnols celui de Ferro.

Mais avant le 18e siècle, il n'existait aucun moyen de calculer la longitude en mer. Pour une nation maritime comme l'Angleterre, il était essentiel de trouver une façon de définir la longitude en mer. Une solution consistait à utiliser les étoiles et le mouvement de la lune comme horloge géante dans le ciel.

En mars 1675, Charles II désigna John Flamsteed comme premier Astronome Royal. Cet ecclésiastique de 28 ans fut chargé «de s'appliquer avec le plus grand sérieux et la plus grande diligence à la rectification des tables des mouvements célestes et la position des étoiles fixes de façon à ce que l'on puisse découvrir la longitude tant désirée des lieux pour perfectionner l'art de la navigation.». Flamsteed commença ses observations en 1676, mais ce n'est qu'avec la publication du premier Almanach nautique rédigé en 1767 par le 5ème Astronome Royal, Neville Maskelyne, que les marins purent utiliser les méthodes de l'astronomie résolvant le problème de la longitude en mer. Grâce à ces percées essentielles dans les méthodes de navigation, la Grande-Bretagne devint le producteur de cartes nautiques le plus important des 18e et 19e siècles.

Dans les années 1850, il devint évident aux yeux de tous qu'un système d'heure et de longitude international s'imposait. Le temps moyen de Greenwich, déjà utilisé par les marins britanniques, fut adopté au Royaume-Uni par la compagnie ferroviaire Railway Clearing House en 1847, puis par la plupart des autres compagnies dans l'année suivante. Le GMT fut légalement adopté comme temps officiel à travers toute la Grande-Bretagne en 1880. Il fut adopté par l'île de Man en 1883, Jersey en 1898 et Guernesey en 1913. L'Irlande l'adopta en 1916, supplantant ainsi le temps moyen de Dublin.

En 1884, lors de la conférence internationale de Washington, la lutte entre la France et le Royaume-Uni fut rude sur le choix du méridien zéro. Vingt-cinq pays y furent représentés. La délégation française proposa d'adopter un méridien "neutre", ni français ni britannique, comme celui de l'île Ferro. Mais cela revenait à adopter le méridien choisi par les Français deux siècles plus tôt ! De plus, il aurait fallu y construire un observatoire, le connecter par télégraphe aux autres ... La délégation britannique proposa d'adopter le méridien passant justement par l'Observatoire de Greenwich En contrepartie, elle se déclara prête à accepter comme système international le système métrique français. Beaucoup de pays soutinrent cette proposition et, après un mois de délibérations, il fut convenu que l'on adopterait le Méridien à Greenwich comme longitude 0° – le méridien d'origine pour le monde entier. Il fut également convenu que la longitude serait mesurée dans deux directions depuis le méridien d'origine, «la longitude est étant positive, la longitude ouest négative». Sur les 25 pays participants, 22 adoptèrent la résolution, seule la République Dominicaine, représentée par L. de J. Galvan, vota contre, quant au Brésil, représenté par Luis Ceuls, et la France, représentée par A. Lefaivre et P. Jansen, ils s'abstinrent. La convention internationale adopta donc comme méridien zéro le méridien de Greenwich, situé à 2°20'14"à l'ouest de celui de Paris. Ainsi tous les pays d'Europe occidentale, sauf la France, se référèrent-ils au même fuseau horaire ... La République dominicaine et le Brésil se rallièrent toutefois progressivement au choix général au cours des décennies suivantes.

Le temps civil de Paris, devenu le temps légal français en 1891, sera toutefois abandonné en 1911 quand la France intégrera le système international des fuseaux horaires adopté en 1884. Pour les Français la nouvelle heure retarde alors de 9 minutes et 21 secondes sur l'ancienne.

Des signaux horaires furent émis depuis l'observatoire royal de Greenwich à partir du 5 février 1924. celui-ci fut finalement transféré en 1946 à Herttmoncew Castle dans le Sussex. Le complexe de bâtiments de Greenwich fut donc confié au Musée Maritime National. En 1990, les astronomes déménagèrent de nouveau pour s'installer cette fois à Cambridge; et, en octobre 1998, le Royal Greenwich Observatory de Cambridge fut officiellement fermé. En même temps que cette fermeture, le nom de l'Observatoire à Greenwich (qui pendant trente ans avait été connu sous le nom de Old Royal Observatory) fut changé par mandat royal pour devenir le Royal Observatory Greenwich.

Aujourd'hui, le méridien de Greenwich est utilisé comme méridien zéro par tous les marins du monde, mais le système métrique n'est pas encore utilisé sur les routes britanniques !

 

Un peu de science maintenant : Le Greenwich Mean Time (GMT) a servi de référence temporelle dans le monde pendant une majeure partie du XXe siècle. La mesure du GMT étant basée sur le temps solaire moyen, midi GMT ne correspond pas forcément à la mesure astronomique du moment où le Soleil culmine à Greenwich. À cause de la vitesse variable de la Terre sur son orbite elliptique et de l'inclinaison de son axe de rotation sur l'écliptique, cette heure peut être décalée jusqu'à 16 minutes sur l'heure solaire apparente (cette différence s'appelant l'équation du temps). La rotation de la Terre se ralentit progressivement et, de plus, présente des irrégularités imprévisibles. La durée des jours augmente donc très lentement en moyenne. Avec le développement des horloges atomiques, le GMT ne fut plus suffisamment précis. Le 1er janvier 1972, GMT fut remplacé par le temps universel, divisé entre le temps universel coordonné (UTC) lié au temps atomique international (TAI), défini par le bureau international des poids et mesures (BIPM) (Pavillon de Breteuil à Sèvres en France), maintenu à partir de quelques 300 horloges atomiques au césium réparties dans le monde et UT1, reflétant la rotation de la Terre. L’UTC a la même fréquence que le TAI mais en diffère par un nombre entier de secondes, nombre qui peut être incrémenté ou décrémenté pour assurer que la différence entre UTC et le temps universel UT reste inférieure à 0,9 s.

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vendredi, 12 janvier 2007

" Assassinat commis par le prince Pierre Napoléon Bonaparte sur le citoyen Victor Noir ".

medium_enterrement_victor_noir.jpg"J'ai eu la faiblesse de croire qu'un Bonaparte pouvait être autre chose qu'un assassin ! J'ai osé m'imaginer qu'un duel loyal était possible dans cette famille où le meurtre et le guet-apens sont de tradition et d'usage. Notre collaborateur Paschal Grousset a partagé mon erreur, et aujourd'hui nous pleurons notre pauvre et cher ami Victor Noir, assassiné par le bandit Pierre-Napoléon Bonaparte.

Voilà dix-huit ans que la France est entre les mains ensanglantées de ces coupe-jarrets qui, non contents de mitrailler les républicains dans les rues, les attirent dans des pièges immondes pour les égorger à domicile. Peuple français, est-ce que décidément tu ne trouves pas qu'en voilà assez ?" Henri Rochefort (le quotidien "la Marseillaise", le 11 janvier 1870).

medium_Victor_Noir.JPGVictor Noir, pseudonyme de Yvan Salmon (1848-1870), journaliste à La Marseillaise mort à l'âge de vingt-deux ans, est resté célèbre pour les circonstances de son décès et une caractéristique de sa pierre tombale … Le prince Pierre Bonaparte, fils de Lucien Bonaparte, neveu de Napoléon 1er et cousin de Napoléon III, s'estimant diffamé par un article de La Marseillaise, provoque en duel son rédacteur en chef, Pascal Grousset. Ce dernier envoie Victor Noir et un ami au domicile du prince, 9, rue d'Auteuil, en vue d'organiser le duel. L'entrevue se passe mal. Victor Noir, semble-t-il, lève sa canne sur le prince et celui-ci, se saisissant d'un pistolet, fait feu sur le jeune homme et le tue net. Pierre Bonaparte, connu pour son tempérament très violent, sera néanmoins acquitté par la Haute Cour de justice le 21 mars 1870.

Victor Noir est d'abord enterré le 12 janvier 1870 dans le cimetière de Neuilly, et l'émotion de la foule débouche sur de violentes manifestations hostiles à l'Empire et à Napoléon III. En 1885 une cérémonie commémorative a lieu et les restes de celui que beaucoup considéraient comme un martyr de la foi républicaine, sont transférés au Père Lachaise dans un tombeau payé par une souscription nationale. C'est à Jules Dalou, ancien élève de Carpeaux, que fut confiée la réalisation du monument. Avec beaucoup de réalisme, il choisit de représenter le jeune Victor Noir allongé sur une dalle, en habit de cérémonie tel qu'il avait été découvert blessé à mort. La tombe de Victor Noir jouit depuis cette date d'une popularité qui ne se dément pas ! On dit qu'aujourd'hui encore, des jeunes filles et des femmes en mal d'amour viennent, par superstition, effleurer une certaine protubérance du gisant sculpté par Jules Dalou (ce qui explique l'usure du bronze à cet endroit). Celles qui ont vu leurs vœux exaucés ne manquent pas de fleurir la tombe du "séduisant" journaliste.

 

medium_destin_de_brutus.jpg"Un passé lisse, une femme modèle, des amis précieux, une probité à toute épreuve, une implantation locale, un bon bilan, un parti à sa dévotion, une ambition... A force de manipulation et de séduction des médias, Nicolas Sarkozy s'est façonné une image d'homme politique qui sait " ce que pensent vraiment les Français " et ne se prive pas de le dire tout haut.

Aujourd'hui ministre de l'Intérieur, président de l'UMP, président du conseil général des Hauts-de-Seine et conseiller municipal de Neuilly, serait-il, en outre, l'homme providentiel capable de préserver la droite de ses vieux démons ? Certes, " Sarko " séduit. Mais il faudrait être de bien mauvaise foi pour s'imaginer qu'une telle ambition se bâtit sur des sourires et des poignées de main. Il faut beaucoup de moyens, et peu de scrupules - une méthode, un système.

C'est précisément à cette face moins apparente du personnage, rarement évoquée dans les abondantes pages que la presse lui consacre, que s'intéresse ce livre. Qu'il s'agisse des dessous de son fief des Hauts-de-Seine, de son activité d'avocat d'affaires, de ses fréquentations - pas toujours fréquentables -, de ceux qui lui sont proches ou qui le sont moins aujourd'hui, on trouvera ici tout ce qui manque à son portrait officiel.

Longtemps on a fait à Nicolas Sarkozy la réputation d'un Iago, d'un Brutus, prêt à tuer son père. Aujourd'hui, alors que ses mentors semblent passer la main. les uns après les autres, c'est à un combat fratricide qu'il se prépare. Mais Brutus est-il enfin prêt à devenir César ?" Victor Noir est le nom donné à un collectif de journalistes d'investigation à Libération et au Parisien, qui a écrit "Nicolas Sarkozy ou le destin de Brutus", paru en octobre 2006.

Auteuil, un journaliste symbole d’un soulèvement populaire contre l’Empire … une coïncidence ?

dimanche, 07 janvier 2007

"Sainte-Mélanie, priez pour le nouveau commandant militaire du département d'Alger !"

medium_3Filmagens.jpgIl y a 50 ans, le 7 janvier 1957, l’armée reçevait les pleins pouvoirs à Alger. C'était le début de la bataille d'Alger, menée par les « paras » du général Jacques Massu, chargé du maintient de l’ordre dans l’agglomération algéroise. Sans s'embarrasser de scrupules ni de juridisme, ils pratiquent la torture pour faire parler les personnes suspectes d'avoir déposé des bombes. Ces hommes, dont beaucoup ont précédemment combattu les Allemands et dénoncé la barbarie nazie, se justifient de leurs actes au nom de la nécessité …

medium_bataille_alger.gifLe réalisateur italien Gillo Pontecorvo a l’idée d’un film sur les "événements" d’Algérie bien avant que ceux-ci se terminent, son projet s’intitule à l’époque "Paras".

Mais son idée va attendre de rencontrer celle de Yacef Saadi, ex-commandant du Front de libération nationale (FLN) d’Alger, trois fois condamné à mort, gracié en 1958 par de Gaulle, et devenu à l’indépendance le créateur de Casbah Films, première maison de production algérienne. Il monte une co-production entre son pays et l’Italie en 1965. Montrant les méthodes hideuses de l’armée française aussi bien que les attentats monstrueux contre les civils perpétrés par les membres du FLN, Gillo Pontecorvo réussit un film honnête et impartial. Ce qui n’est pas de l’avis de tous. Le film est interdit en France à sa sortie. Il est pourtant Lion d’Or au Festival de Venise en 1966, prix de la critique au Festival de Cannes la même année. Il récolte également trois nominations aux Oscars (en 1967 et 1969, Meilleur film étranger, Meilleur réalisateur, Meilleur scénario) et un énorme succès public à sa sortie à Alger. Mais il n’obtient son visa d’exploitation en France qu’en 1971. Et à quel prix. A sa sortie, le Saint-Séverin, qui affiche le film à Paris, est plastiqué. A Lons-le-Saulnier, dans le Jura, un commando met l’écran en pièces et détruit la copie du film à l’acide sulfurique. Partout en France, le film explosif est retiré des écrans.

En novembre 1971, Massu publiera "La Vraie Bataille d'Alger", qui lui vaudra, l'année suivante, la réplique de Pierre Vidal-Naquet "La Torture dans la République".

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vendredi, 05 janvier 2007

Philippe le Bel, les impôts et le droit au logement !!!

Les loyers chers à Paris, cela ne date pas d'hier … ainsi le 5 janvier 1307, il y a donc 700 ans aujourd'hui, vingt-huit Parisiens étaient pendus suite à une émeute qui avait éclaté quelques jours plus tôt à Paris en raison du rétablissement de la monnaie forte par Philippe IV le Bel, les propriétaires parisiens entendant se faire payer des loyers exigibles d'avance en monnaie forte, alors que les salaires étaient encore versés en monnaie faible, ce qui aboutissait à un triplement des charges pesant sur les locataires … D'où, fin 1306, de graves émeutes à Paris, où les artisans de corporations semblent avoir joué un rôle de premier plan. L'exécution de meneurs et de chefs des corporations, la suppression, provisoire, des corporations parisiennes laissent soupçonner que cet épisode mal connu n'a fait que révéler et exacerber des antagonismes sociaux profonds.

medium_philippe_le_bel_et_revoltes.jpg"Cette même année, le roi de France Philippe IV voulut, ainsi qu'il l'avait promis auparavant au pape Benoît XI, rétablir en bon état la monnaie ayant cours dans tout le royaume ; et il fit ordonner, vers la fête de saint Jean Baptiste, partout par les villes et les châteaux du royaume, ainsi qu'il fut consigné dans l'acte, qu'à partir de la Nativité de la Vierge en septembre, tous les contrats seraient passés en bonne monnaie, à la valeur de la monnaie ayant cours au temps de son aïeul Saint Louis, et que tous les revenus et loyers des maisons seraient versés en bonne monnaie. C'est pour cette raison qu'une révolte éclata et beaucoup d'autres par la suite. Les citoyens de Paris, surtout les pauvres et les moyens, qui louaient leurs maisons, à cause de l'augmentation par trois du prix des loyers, ourdirent une conspiration d'abord contre les propriétaires des maisons et ensuite contre le roi. En effet, ces gens en armes et désespérés assiégèrent le roi dans le Temple(1), où il s'était réfugié avec ses sergents d'armes, ses chevaliers, de nombreux barons et conseillers afin qu'il ne puisse recevoir de nourriture et objets de première nécessité avant de leur avoir parlé pacifiquement à propos de leur requête (ce que le roi refusait, au contraire, il se dérobait). Et parce qu'on disait que le conseiller du roi sur ce sujet était Étienne Barbette, citoyen de Paris et voyer de la ville (2), ils se réunirent en une seule foule, puis une partie alla incendier entièrement la maison que ledit Étienne avait en dehors de la ville, et l'autre mit à sac une autre maison qu'il avait dans la ville. medium_philippe_le_bel_et_templiers.jpgEt la foule tenait le roi, ses frères et ses barons si bien assiégés dans le Temple qu'aucun d'eux ou de leurs hommes n'osait entrer ou sortir. Ce fut la raison de bien des malheurs : en effet, le roi par la main armée des nobles répondit par la violence, et plusieurs émeutiers furent tués, et d'autres pendus aux arbres près de la ville le jour de l'Épiphanie, pour que tous les voient ; d'autres encore qui n'étaient que suspects, furent emprisonnés quelque temps dans les prisons royales. Il saisit les biens de tous les gens qui avaient été pendus. Quelques innocents furent pendus ; tandis que d'autres, conscients du péril où ils étaient, choisirent la fuite." Extrait de la Chronique de Jean de Saint-Victor dans Recueil des historiens de France (Traductions du latin)

 

Eh oui, le règne de Philippe IV n'est pas marqué par une réussite extraordinaire en tout, notamment en matière de Finances publiques ! Bien au contraire, nombre de ses initiatives gouvernementales se sont soldées par des échecs, mais son règne marque le début des finances publiques modernes car c'est à partir de celui-ci que les historiens ont identifié une volonté de transformer les finances privées du roi en des finances nationales.

medium_banquiers_juifs.jpgLa nécessité de développer de véritables finances publiques vient du fait que le roi ne pouvait plus gouverner avec les seuls revenus du domaine royal augmentés de taxations extraordinaires levées en vertu des institutions féodales (aides demandées en certains cas aux vassaux), domaniales (tailles levées sur les paysans) ou obtenues du clergé aux fins prétendues de croisade (décimes), ou des villes (subsides) sous des prétextes divers. Il lui faut donc faire appel à un certain nombre d'expédients tels que des dévaluations (en 1295-1296, 1303 et 1305) qui lui vaudront d’être appelé "faux monnayeur" par le Pape Boniface VIII, allié aux banquiers florentins, créanciers du roi, suivies de rétablissements de valeur en 1306 et 1313 pour conjurer l’inflation qui, à la longue appauvrit le Trésor, ou de plusieurs confiscations des biens, qui s'accompagnent d'expulsions collectives : en 1306 les Juifs, en 1277, 1291 et 1311 les banquiers Lombards, qui jouaient un rôle important dans le grand commerce (le plus riche Parisien du temps était probablement le Placentin Gandoufle ou Gandolphe d'Arcelles) et dans les finances royales (les frères florentins Biccio et Musciato Guidi de Franzesi, dits Biche et Mouche, furent les banquiers et les conseillers du roi en matière monétaire)., et en 1307 le célèbre ordre du Temple en 1307 …

medium_pape_et_philippe_le_bel.jpgPhilippe le Bel tenta bien d'établir une imposition directe régulière par différents moyens qui assureraient à l'Etat des ressources stables : centièmes, cinquantièmes, vingtièmes ou autres, assis sur le capital, le revenu, ou par famille ("par feu"). Pour obtenir l'assentiment à cette mesure, à partir de 1302 le roi va convoquer pour la première fois ensemble les ordres du Royaume, représentants de la Noblesse, du clergé ou des villes, chacun octroyant une assistance financière spécifique. L’appellation d’Etats généraux leur sera donnée postérieurement. Mais l'administration de Philippe le Bel, que celui-ci a "laïcisée", est impuissante à fixer l'assiette en matière d'impôt, incapable de connaître le chiffre de la population, la richesse des individus et du pays, de réunir les renseignements indispensables à un gouvernement rationnel. Les projets fiscaux du roi sont donc des échecs.

Par contre les bases historiques des institutions actuelles des Finances publiques sont solidement posées : Philippe le Bel crée un Trésorier, véritable ancêtre du ministre des Finances, et des receveurs spécialement chargés d’encaisser les recettes et de payer les dépenses. Cette création d’un corps spécifique de comptables royaux sera suivi après Philippe IV de l’instauration d’un serment obligatoire devant les chambres des comptes à qui est confié leur contrôle. C’est l’origine lointaine de l’actuelle Cour des comptes.

Et par les consultations des représentants de la Noblesse, du clergé ou des villes, le roi et ses conseillers contribuent à créer une "opinion publique nationale" et la "raison d'État" au niveau de la justification publique.

Comme on le voit, en 700 ans les préoccupations n'ont pas changé !!! vie chère, revenus trop faibles, lourds impôts, fraude fiscale … avec quelque fois des poussées de violence qui pourraient rappeler les "Jacqueries" d'autrefois ?

dimanche, 17 décembre 2006

259,68 m à 3 mètres au dessus du sol et en 59 secondes !

medium_Avion_frere_wright.jpgLe 17 décembre 1903, pour la première fois un engin plus lourd que l'air vole véritablement ...
Les frères Wright viennent d'inventer l'aviation ! 

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lundi, 11 décembre 2006

Le boucher de Santiago a retrouvé ses amis dictateurs Franco, Mussolini , Ceausescu …

Pinochet a échappé à ses juges. Le monde de justice rêvé par Victor Jara n'est pas pour demain.

« On amena Victor et on lui ordonna de mettre les mains sur la table. Dans celles de l'officier, une hache apparut. D'un coup sec il coupa les doigts de la main gauche, puis d'un autre coup, ceux de la main droite. On entendit les doigts tomber sur le sol en bois. Le corps de Victor s'écroula lourdement. On entendit le hurlement collectif de 6 000 détenus. L'officier se précipita sur le corps du chanteur-guitariste en criant : " Chante maintenant pour ta putain de mère ", et il continua à le rouer de coups. Tout d'un coup Victor essaya péniblement de se lever et comme un somnambule, se dirigea vers les gradins, ses pas mal assurés, et l'on entendit sa voix qui nous interpellait : " On va faire plaisir au commandant. " Levant ses mains dégoulinantes de sang, d'une voix angoissée, il commença à chanter l'hymne de l'Unité populaire, que tout le monde reprit en chour. C'en était trop pour les militaires ; on tira une rafale et Victor se plia en avant. D'autres rafales se firent entendre, destinées celles-là à ceux qui avaient chanté avec Victor. Il y eut un véritable écroulement de corps, tombant criblés de balles. Les cris des blessés étaient épouvantables. Mais Victor ne les entendait pas. Il était mort. » Miguel Cabezas (extrait d'un article paru dans l'Humanité du 13 janvier 2000).

 


podcast

Victor Jara

"El aparecido

 

Love story (suite)


podcast
"Un amour comme le notre"

Créée par Lucienne Boyer en 1935

Chanté ici par Jean et Germaine Sablon en 1935 également

Paroles: Axel Farel. Musique: Ch.Borel-Clerc

© 1935 Nouvelles Editions Meridian

Love story

medium_edward8abdication2.jpgLe 11 décembre 1937, à 22 heures 30, Edouard VIII annonce sur les ondes de la B.B.C. qu'il renonce au trône royal, qu'il préfère vivre avec la femme qu'il aime, l'énigmatique Wallis Simpson, roturière, petite bourgeoise et divorcée...

 

"At long last I am able to say a few words of my own. I have never wanted to withhold anything, but until now it has not been constitutionally possible for me to speak.

A few hours ago I discharged my last duty as King and Emperor, and now that I have been succeeded by my brother, the Duke of York, my first words must be to declare my allegiance to him. This I do with all my heart.

You all know the reasons which have impelled me to renounce the throne. But I want you to understand that in making up my mind I did not forget the country or the empire, which, as Prince of Wales and lately as King, I have for twenty-five years tried to serve.

But you must believe me when I tell you that I have found it impossible to carry the heavy burden of responsibility and to discharge my duties as King as I would wish to do without the help and support of the woman I love.

And I want you to know that the decision I have made has been mine and mine alone. This was a thing I had to judge entirely for myself. The other person most nearly concerned has tried up to the last to persuade me to take a different course.

I have made this, the most serious decision of my life, only upon the single thought of what would, in the end, be best for all. This decision has been made less difficult to me by the sure knowledge that my brother, with his long training in the public affairs of this country and with his fine qualities, will be able to take my place forthwith without interruption or injury to the life and progress of the empire.

And he has one matchless blessing, enjoyed by so many of you, and not bestowed on me -- a happy home with his wife and children. During these hard days I have been comforted by her majesty my mother and by my family. The ministers of the crown, and in particular, Mr. Baldwin, the Prime Minister, have always treated me with full consideration.

There has never been any constitutional difference between me and them, and between me and Parliament. Bred in the constitutional tradition by my father, I should never have allowed any such issue to arise. Ever since I was Prince of Wales, and later on when I occupied the throne, I have been treated with the greatest kindness by all classes of the people wherever I have lived or journeyed throughout the empire.

For that I am very grateful. I now quit altogether public affairs and I lay down my burden. It may be some time before I return to my native land, but I shall always follow the fortunes of the British race and empire with profound interest, and if at any time in the future I can be found of service to his majesty in a private station, I shall not fail. And now, we all have a new King. I wish him and you, his people, happiness and prosperity with all my heart.

God bless you all! God save the King!"

Edward VIII - 11 Décembre 1936.

 

Edouard VIII avait abdiqué la veille. Une photo archi célèbre illustre Edouard VIII, de profil, prononçant son discours d'abdication devant un micro de la BBC, ce 11 décembre 1936. En réalité, face au refus du premier ministre, Stanley Baldwin, de le voir épouser une Américaine divorcée, le roi avait envisagé de passer outre et de lire un tout autre discours dans lequel il aurait fait part à ses sujets de son prochain mariage morganatique, une union qui aurait évité à Wallis de devenir reine. Ce texte, que le Telegraph a publié en entier, commence par ces mots : "Ce soir, je vais vous parler comme à des amis, hommes et femmes britanniques, où que vous résidiez, dans ou en dehors de l'Empire." Suit un plaidoyer passionné : "Je ne pourrai pas supporter le lourd fardeau qui pèse constamment sur mes épaules de roi sans être soutenu dans cette tâche par une vie conjugale heureuse. J'ai donc pris la ferme résolution d'épouser la femme que j'aime, lorsqu'elle pourra m'épouser." Edouard VIII ne lut jamais ce discours. Baldwin l'avait mis en garde contre "un affront" au gouvernement et au Parlement aussi grave, selon lui, que celui commis trois siècles plus tôt par Charles Ier avant d'être décapité. Il s'inclina, malgré l'intervention de son ami Churchill.

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