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lundi, 15 octobre 2007

Mata Hari ou la romance interrompue

8e6685ace35ad1a88f03154bb1fbed6a.jpgDans les fossés de Vincennes

Quand fleurissait la verveine

Au petit jour, les yeux bandés,

Au poteau l'espionne est placée

Et celle qu'on va fusiller

C'est elle ! C'est sa bien-aimée !

Fermant les yeux pour ne pas voir

Il cria : " Feu ! " C'était son devoir !

Dans les fossés de Vincennes

Le soleil se lève à peine

Sous les murs du fort

A passé la mort.

Et l'espionne a subi sa peine !

Et lui, brisé par l'effort,

Le cœur pris de folie soudaine

Eclate d'un grand rire alors

Dans les fossés de Vincennes !

Complainte écrite par Cami, chantée par Georgel, et fredonnée par toutes les lèvres à l'automne de 1917 et transcrite dans un article du Magazine littéraire de 1970

 

Il y a 90 ans, le 15 octobre 1917, Mata Hari était fusillée pour espionnage dans les fossés de la forteresse de Vincennes. Selon la légende, elle se serait écrié : " Quelle manie ont les Français de fusiller les gens à l'aube. J'aurais mieux aimé aller à Vincennes dans l'après-midi après un bon déjeuner " et aurait refusé le bandeau qu'on lui proposait et aurait lancé un dernier baiser aux soldats de son peloton d'exécution. Sa famille ne réclama pas le corps, qui fut confié au département d'anatomie de la faculté de médecine de Paris pour des recherches médicales.

Greta Garbo puis Jeanne Moreau et  Maruschka Detmers ont immortalisé sa légende respectivement dans Greta Garbo, film américain réalisé par George Fitzmaurice, sorti en 1931, dans Mata-Hari, agent H 21, production franco-italienne réalisée par Jean-Louis Richard en 1964, sur un scénario de Jean-Louis Richard et François Truffaut, et dans Mata Hari, la vraie histoire, film d'Alain Tasma sorti en 2003

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samedi, 09 juin 2007

Haro sur le buveur d'eau claire !

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"On n'est pas complètement d'accord, même dans le midi, sur les causes de la mévente du vin. La masse des viticulteurs ne les trouve que dans la fraude; la masse des négociants les trouve, surtout, dans la surproduction naturelle, et, conséquemment, ceux-ci font volontiers peser les responsabilités sur ceux-là… et réciproquement.

A la vérité, suivant certaines compétences, le sucre ne devrait pas être l'ennemi du vin, si le sucre était employé discrètement. En diverses régions viticoles, le vin qu'on récolte de bonne heure est faible.

Mais on peut le "remonter", et le sucrage légal intervient : cinq kilos de sucre par hectolitre donneront, à ce vin vert, la force qui lui manque… Mais, le malheur, c'est que, parfois, on abuse du sucre. Avec la même vendange on fait successivement une, deux, trois cuvées… Et alors il y a fraude réelle et, du même coup, surproduction. Et puis, il existe une cause qu'on paraît ignorer un peu trop. C'est celle résultant de la mode qui exile le vin de beaucoup de tables pour le remplacer par l'eau. Un médecin déclarait, l'autre jour, qu'il empêchait à lui seul, la vente de 150000 litres de vin par an. Supposons seulement que 2000 médecins sur 20000 fassent de même, cela fait 300 millions de litre de vin dont la vente est empêchée.

Le buveur d'eau paraît être, dans l'occurrence, un plus grand coupable que l'on ne croit généralement. Et c'est là le sens de l'originale composition qui orne notre première page. Le vin et le sucre lui-même souffrent de cet abus de l'eau. Que ne s'élèvent-ils pas contre lui ! la fraude existe, c'est entendu, et il appartient aux laboratoires de la signaler et à la loi de la punir. La production est considérable, c'est encore vrai, mais il n'est pas prouvé qu‘elle le soit trop. Ce qui est certain, c'est que la consommation a diminué dans des proportions inquiétantes. C'est cette diminution qu'il faut combattre. Et, pour cela, il importe que les médecins n'aient plus de raisons de conseiller à leurs patients de se priver de vin…

Qu'on nous donne donc du vin pur, du vin naturel et alors nous pourrons, en bonne justice, crier haro sur les buveurs d'eau claire."

 

Article paru dans le supplément illustré du Petit Journal du 9 juin 1907

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mardi, 29 mai 2007

Fête des parcs et jardins en Yvelines

La chronique fargusienne de ma "presque voisine" vous en avait déjà parlé, jusqu'au 30 juin, venez découvrir 51 lieux magiques des Yvelines sur le thème "Histoire(s) de jardins". Week-end en famille, promenade d’une journée, laissez-vous enchanter par un programme toujours inédit !

 

b7fba26cca0e3108675a3283973e6a87.jpgEt si vous voulez enchanter vos enfants, inscrivez-les à la ferme de Gally, où la "ferme ouverte" leur offre un parcours didactique, écolo, rigolo ou gourmand... avec entre autre son "Jardin des 5 sens", aménagé dans un décor paysager de 400 m² au fond de la pépinière de la jardinerie de Saint Cyr l'Ecole. Vos petits naturalistes pourront découvrir les traces des pattes d'animaux de la ferme, et ramener un moulage en plâtre d'une trace d'un animal, découvrir la passionnante organisation de la société des abeilles et le métier d'apiculteur en fabricant des bougies ou extrayant du miel, transformer la riche crème en beurre dans la baratte.

Et le dimanche 10 juin à Sartrouville, lors de la Fête du potager, vous apprendrez avec eux à semer et repiquer les légumes puis découvrirez comment pousse une plante, planterez votre fraisiers ou votre aromatique, dans un pot biodégradable, découvrirez le compostage des déchets verts, l’intérêt du paillage et des engrais verts, observerez les insectes des bois et ceux utiles au jardin et fabriquerez du papier recyclé

 

a6df5ce06427a753267897a807c1b97c.jpgEmmenez-les au château de Breteuil, où un jeu de piste pour les enfants leur fera découvrir les contes de Charles Perrault, et, où, le 10 juin, Mousquetaires du Roi et Grenadiers de Napoléon de la troupe Dauphin Dauphine donneront un spectacle d'enfants, avec calèches, poneys, maquillage, conteuse et gourmandises. Entrée gratuite pour tous les enfants costumés en personnage de conte.

Vous en profiterez pour arpenter le parcours balisé à travers son parc de 75 ha classé "Jardin Remarquable" par le Ministère de la Culture et ses "arbres remarquables", du cyprès chauve au tulipier de Virginie, en passant par le cèdre du Liban ou les châtaigniers plantés sous Louis XIV; neuf de ces arbres sont eux même classés "arbres remarquables" et font partie des 210 plus beaux arbres de France. L'autre nouveauté de l'année est le

 

8ec6cd704a55706c7266e997849cde30.jpgOu encore le château de Monte-Cristo, demeure et parc d'Alexandre Dumas, sur la colline de Port-Marly, entre Marly-le-Roi et Saint-Germain-en-Laye où ils pourront participer à une chasse au trésor organisée les mercredis 6 et 13 juin, à un spectacle "Contes de cape et d'effets" le mercredi 20 juin, un conte très animé, visuel et mouvementé où alternent suspense et humour, par Jean DONAGAN, conteur, ou enfin à un "spectacle en bac à sable" original et amusant avec une comédienne marionnette, des chansons , par la compagnie "le TOA", Théâtre d'Opération Ambulant, le mercredi 27 juin. Pour les plus grands, une balade dans le parc et une visite du château vous feront découvrir tout l'univers de l'écrivain à travers une collection de gravures, peintures et reproductions. Et le samedi 16 juin, danseurs aux costumes multicolores, musiciens orientaux, échassiers, bretteurs, comédiens... vous plongeront dans une atmosphère orientale dépaysante; la soirée se clôturera par un magnifique spectacle de feu, une création originale de la compagnie Nagarythe pour Monte-Cristo ....

 

4a6def7cd1478ea92e2e480c99432028.jpgLes 2 et 3 juin, ne ratez pas le programme spécial : « Magie de l’Eau à Versailles » : entre fontaines et bassins, au fil de ballades contées, de visites- conférences et d’autres animations, vous naviguerez du Grand Canal aux océans, sur les traces de Louis XIV et du corsaire Jean Bart.

 

Il y a encore plein d'autres lieux dont je vous reparlerai peut être ...

samedi, 26 mai 2007

Le roi de la contrebande

8c1c451fafa4ba6a18b03f185510992b.jpgNous étions vingt ou trente,

Brigands dans une bande,

Tous habillés de blanc,

A la mode des...

Vous m'entendez ?

Tous habillés de blanc

A la mode des marchands.

 

La première volerie

Que je fis dans ma vie

C'est d'avoir goupillé,

La bourse d'un...

Vous m'entendez ?

C'est d'avoir goupillé

La bourse d'un curé.

 

J'entrai dedans sa chambre

Mon Dieu, qu'elle était grande !

J'y trouvai mille écus,

Je mis la main...

Vous m'entendez ?

J'y trouvai mille écus,

Je mis la main dessus.

 

J'entrai dedans une autre,

Mon Dieu, qu'elle était haute !

De robes et de manteaux

J'en chargeai trois...

Vous m'entendez ?

De robes et de manteaux,

J'en chargeai trois chariots.

 

Je les portai pour vendre

A la foire en Hollande.

J' les vendis bon marché,

Ils n' m'avaient rien...

Vous m'entendez ?

J' les vendis bon marché,

Ils n' m'avaient rien coûté.

 

Ces Messieurs de Grenoble

Avec leurs longues robes,

Et leurs bonnets carrés,

M'eurent bientôt...

Vous m'entendez ?

Et leurs bonnets carrés

M'eurent bientôt jugé.

 

Ils m'ont jugé à pendre,

Ah ! c'est dur à entendre !

A pendre et étrangler,

Sur la place du...

Vous m'entendez ?

A pendre et étrangler,

Sur la place du Marché.

 

Monté sur la potence

Je regardai la France,

J'y vis mes compagnons,

A l'ombre d'un...

Vous m'entendez ?

J'y vis mes compagnons,

A l'ombre d'un buisson.

 

Compagnons de misère,

Allez dire à ma mère,

Qu'elle ne me reverra plus,

Je suis un enfant...

Vous m'entendez ?

Qu'elle ne me reverra plus,

Je suis un enfant perdu !

 

La complainte de Mandrin

 

Il y a un peu plus de 250 ans, le 26 mai 1755, ce bandit de grand chemin qui volait les riches pour en faire profiter les pauvres, était exécuté sur une place de Valence. Depuis 1755, l’histoire de Mandrin a été colportée de génération en génération.

 

Cette complainte, datant de l'année même de sa mort, est chantée sur un timbre tiré d’un air de l’opéra comique de Favart, Acajou (1744) , qui est lui-même une parodie en mode majeur d’un intermède instrumental de l’opéra de Jean-Philippe Rameau, Hippolyte et Aricie (1733), et que ce dernier avait lui-même tiré de la musique traditionnelle ... Les paroles quant à elles, sont assez proche de d’autres chansons de brigands de la fin du XVIème siècle.

dimanche, 20 mai 2007

La Proclamation des Gueux

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Qui sommes-nous ?

Nous sommes ceux qui travaillent et qui n'ont pas le sou.

Nous sommes les proprios décavés ou ruinés, les ouvriers sans travail ou peu s'en faut, les commerçants dans la purée ou aux abois. Nos sommes ceux qui crèvent la faim.

Nous sommes ceux qui ont du vin à vendre et qui ne trouvent pas toujours à le donner ; nous sommes ceux qui ont des bras à louer et qui ne peuvent guère les employer ; nous sommes ceux qui ont des boutiques dont les clients paient sans argent. Nous sommes ceux qui crèvent de faim.

Nous sommes ceux qui sont endettés, les uns jusqu'au cou, les autres par dessus la tête : tous ceux qui paient mal et tous ceux qui ne paient plus. Nous sommes ceux qui ont quelque crédit, ceux qui n'en ont guère et ceux qui n'en ont pas. Nous sommes ceux qui crèvent de faim.

Nous sommes ceux qui doivent partout : au boulanger, à l'épicier, au percepteur et au cordonnier; ceux qu'éconduisent les prêteurs, que relancent les huissiers et ceux que traquent les collecteurs d'impôts. Nous sommes ceux qui voudraient vivre en honnêtes gens et qui sont acculés aux expédients et à la misère. Nous sommes ceux qui crèvent de faim.

Nous sommes ceux qui aiment la République, ceux qui la détestent et ceux qui s'en foutent, nous sommes ses ardents défenseurs ou ses adversaires déclarés : radicaux ou conservateurs, modérés ou syndicalistes, socialistes ou réactionnaires, nous sommes ceux qui ont leur jugeote et aussi leurs opinions. Mais nous avons un ventre et nous sommes ceux qui crèvent de faim.

Nous sommes ceux enfin dont chaque espoir s'est traduit par plus de misère. Nous sommes ceux qui, rivés au sol, demandent à ce sol leur pitance; c'est par nous que la terre est belle et verdoyante; par nous elle produit plus qu'en tout autre temps. Nous sommes ceux qui la fécondent par leurs soins, leurs efforts, leur travail et leur peine. Hélas, parmi les gueux, nous sommes les plus gueux. Nous sommes ceux qui crèvent de faim.

Nous sommes enfin des miséreux, des miséreux qui ont femmes et enfants et qui ne peuvent pas vivre de l'air du temps. Nous sommes ceux qui ont des vignes au soleil et des outils au bout des bras, ceux qui veulent manger en travaillant et ceux qui ont droit à la vie. Nous sommes ceux qui crèvent de faim.

 

Ce texte a été publié par le journal "le Tocsin" le dimanche 21 avril 1907 lors de la révolte des vignerons de l'Aude. L'auteur en est-il Marcellin Albert ?

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Devinette

medium_cafe.jpgSavez vous d’où vient le nom de "moulins" donné aux moteurs des automobiles puis des avions ?

 

Allez, je vous aide !

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jeudi, 17 mai 2007

Eux aussi ont donné leur sang pour la Liberté


podcast

 

Le 21 février 1944

Ma chère Mélinée, ma petite orpheline bien aimée,

 

Dans quelques heures je ne serai plus de ce monde. Nous serons fusillés cet après-midi à quinze heures. Cela m'arrive comme un accident dans ma vie. Je n'y crois pas mais je sais pourtant que je ne te verrai plus jamais. Que puis-je t'écrire ? Tout est confus en moi et bien clair en même temps.

Je m'étais engagé dans l'armée de la Libération en soldat volontaire et je meurs à deux doigts de la victoire et du but. Bonheur à ceux qui vont nous survivre. Écoutez la douceur de la liberté, de la paix de demain.

Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la liberté sauront honorer notre mémoire dignement.

Au moment de mourir, je proclame que je n'ai aucune haine contre le peuple allemand. Chacun aura ce qu'il mérite comme châtiment et comme récompense. Le peuple allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre qui ne durera plus longtemps. Bonheur à tous.

J'ai un regret profond de ne t'avoir pas rendue heureuse. J'aurais bien voulu avoir un enfant de toi, comme tu le voulais toujours. Je te prie donc de te marier après la guerre sans faute et d'avoir un enfant pour accomplir ma: dernière volonté. Marie-toi avec quelqu'un qui puisse te rendre heureuse.

Tous mes biens et toutes mes affaires, je te les lègue à toi, à ta soeur et à mes neveux. Après la guerre, tu pourras faire valoir ton droit à la pension de guerre en tant que ma femme car je meurs en soldat régulier de l'armée française de la Libération. Avec l'aide des amis qui voudront bien m'honorer, tu feras éditer mes poèmes et mes écrits. Tu apporteras mes souvenirs, si possible, à mes parents en Arménie.

Je mourrai tout à l'heure avec mes vingt-trois camarades avec le courage et la sérénité d'un homme qui a la conscience bien tranquille.

Aujourd'hui il y a du soleil. C'est en regardant le soleil et la belle nature que j'ai tant aimée que je dirai Adieu à la vie et à vous tous, ma bien chère femme, et mes bien chers amis.

Je t'embrasse bien fort ainsi que ta sœur et tous les amis qui me connaissent de loin ou de près. Je vous serre tous sur mon cœur. Adieu.

 

Ton mari, ton ami, ton camarade.

Missak MANOUCHIAN.

 

lundi, 07 mai 2007

"Le peuple français reconnaît l'existence d'un Etre Suprême et l'immortalité de l'âme."

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Le 7 mai 1794, la Convention crée par décret une nouvelle religion : le culte de l'Etre suprême.

C'est Robespierre, inspiré par les idées des philosophes du XVIIIème siècle, qui fait adopter ce culte. Il y voit un fondement métaphysique des idéaux républicains.

Un décret du 18 floréal an II (7 mai 1794), adopté par la Convention montagnarde sur un rapport de Robespierre (Comité de salut public) instituait un calendrier de fêtes républicaines marquant les valeurs dont se réclamait la République et se substituant aux fêtes catholiques. En outre, elle établissait le culte à l'Être Suprême, qui se juxtaposait au culte de la Raison.

medium_070504145429.vl7hw09u1_des-partisans-du-candidat-ump-nicolas-sarkozy--le-b.jpgLe "culte" de l'Être suprême se traduisait par une série de fêtes civiques, destinées à réunir périodiquement les citoyens et à « refonder » la Cité autour de "vertus civiques".

La fête de l'Être suprême, célébrée le 20 prairial an II (8 juin 1794), est, pour quelques heures, la manifestation de cette unanimité mystique, morale et civique que Maximilien de Robespierre envisage pour l'avenir comme condition de la paix et du bonheur.

medium_070507002153.fpk6bck31_les-departements-gagnes-par-sarkozy-et-ceux-par-rob.jpgLes fêtes civiques sont restées concentrées principalement dans le bassin parisien, en région lyonnaise et dans le couloir rhodanien.

 

medium_4198842389.2.jpgA Paris ce jour-là, des Tuileries au Champ-de-Mars, la musique de François-Joseph Gossec et d'Étienne Nicolas Méhul rythment la marche. Robespierre précède les députés de la Convention dont il est le président.

medium_nicolas.sarkozy.3.jpgIl avance seul, dans son rêve, et pour la circonstance il a revêtu un habit bleu céleste serré d'une écharpe tricolore, habit qu'il portera le jour de son exécution. Il tient un bouquet de fleurs et d'épis à la main. La foule immense, venue communier aussi à ce grand spectacle, est ordonnancée par Jacques-Louis David. Devant la statue de la Sagesse, Robespierre met le feu aux mannequins qui symbolisent l'Athéisme, l'Ambition, l'Égoïsme et la fausse Simplicité.

medium_070504173902.d33lsado0_le-depute-andre-santini--g--et-le-ministre-udf-gilb.jpgDans la troupe des députés de la Convention, pendant la cérémonie, on se moque, on bavarde, on refuse de marcher au pas.

 

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 Mais la fête de l'Etre suprême mécontente les Montagnards et n'intéresse pas le peuple. Robespierre, à l'origine de la Terreur, sera guillotiné le 24 juillet 1794.

 

 

 

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jeudi, 26 avril 2007

La victoire de Guernica

medium_Guernica1.2.JPG

 

I

 

Beau monde des masures

De la nuit et des champs

 

II

 

Visages bons au feu visages bons au fond

Aux refus à la nuit aux injures aux coups

 

III

 

Visages bons à tout

Voici le vide qui vous fixe

Votre mort va servir d'exemple

 

IV

 

La mort coeur renversé

 

V

 

Ils vous ont fait payer le pain

Le ciel la terre l'eau le sommeil

Et la misère

De votre vie

 

VI

 

Ils disaient désirer la bonne intelligence

Ils rationnaient les forts jugeaient les fous

Faisaient l'aumône partageaient un sou en deux

Ils saluaient les cadavres

Ils s'accablaient de politesses

 

VII

 

Ils persévèrent ils exagèrent ils ne sont pas de notre monde

 

VIII

 

Les femmes les enfants ont le même trésor

De feuilles vertes de printemps et de lait pur

Et de durée

Dans leurs yeux purs

 

IX

 

Les femmes les enfants ont le même trésor

Dans les yeux

Les hommes le défendent comme ils peuvent

 

X

 

Les femmes les enfants ont les mêmes roses rouges

Dans les yeux

Chacun montre son sang

 

XI

 

La peur et le courage de vivre et de mourir

La mort si difficile et si facile

 

XII

 

Hommes pour qui ce trésor fut chanté

Hommes pour qui ce trésor fut gâché

 

XIII

 

Hommes réels pour qui le désespoir

Alimente le feu dévorant de l'espoir

Ouvrons ensemble le dernier bourgeon de l'avenir

 

XIV

 

Parias la mort la terre et la hideur

De nos ennemis ont la couleur

Monotone de notre nuit

Nous en aurons raison.

 

Paul Éluard

- 1938 -

 

Le 26 avril 1937, l’aviation allemande de la légion Condor, alliée de Franco, déverse 30 tonnes de bombes incendiaires sur la petite ville basque de Guernica. En trois heures, la ville est quasiment rasée. Combien de morts ? 800 ? 2 000 ? Un massacre délibéré de civils innocents pour terroriser la population. Sur place, un journaliste, George Steer, témoigne pour le Times et le New York Times, alors que les franquistes tentent par tous les moyens d’étouffer l’affaire et d’en faire disparaître les preuves. Picasso peint l’un de ses plus célèbres tableaux qu’il présente trois mois à l’exposition internationale de Paris. La toile résonne comme un cri de douleur face à l’horreur et à la barbarie, en même temps qu’elle appelle à la résistance. Choqué par le massacre de Guernica en 1937, Paul Eluard prend position en faveur de l’Espagne républicaine et écrit «la Victoire de Guernica» , (Cours naturel, 1938), puis s’engagera dans la Résistance.

samedi, 07 avril 2007

7 avril 1780 Inauguration du Grand Théâtre de Bordeaux

medium_plan_bordeaux_tourny.jpgA la fin du règne de Louis XIV, cinq kilomètres de remparts encerclaient encore Bordeaux et séparaient la cité des faubourgs en plein essor. Quarante ans plus tard, en 1755, quand le Maréchal de Richelieu (neveu du Cardinal) est nommé Gouverneur de Guyenne, la ville a connu une expansion économique, une explosion démographique et un embellissement qui impressionnent les visiteurs, elle sort peu à peu de ses murailles du XIVe siècle sous l'impulsion des intendants Claude Boucher (1720-1743), et Louis de Tourny (1743-1757) Avec les architectes Jacques-Ange Gabriel et André Portier, ils multiplient les opérations d’urbanisme pour rompre définitivement avec l’image d’une cité médiévale. Ces réalisations sont encore aujourd'hui primordiales dans la vie de la cité puisque l'architecture du XVIIIe siècle marque encore très fortement le centre ville : l'implantation de la place Royale (actuelle place de la Bourse), au droit des quais, et dont la construction, de 1730 à 1760, va représenter une ouverture sur le fleuve et donc sur le monde : « Il sera construit, suivant et conformément aux ordres donnés par le sieur Gabriel, d’autres bâtiments le long du port de Bordeaux depuis l’alignement des maisons qui font face sur la rue du Chapeau-Rouge et sur l’esplanade du château-Trompette, jusqu’au palais de la cour des Aides… dans lequel espace sera formée une place de soixante toises d’un sens, entre les pavillons de la tête de la dite place, sur quarante-cinq toises ou environ de l’autre, depuis le parapet de l’avance du mur du quai qui sera fait sur la rivière de Garonne, jusqu’au fossé de l’ouverture, dans le fond de la dite place qui servira de clôture à la ville laquelle ouverture aura dix-huit à dix-neuf toises de largeur sur quinze toises de profondeur ou environ, en sorte que l’alignement de la rue Saint-Rémy tombe obliquement au point de la statue équestre ».Ou encore la percée de cours (d'Aquitaine, d'Albret, ...) et d'allées conçus comme des promenades (Fossés de l'Hotel de ville, Fossés du Chapeau Rouge, Allées de Saint-Germain maintenant Tourny...), l’aménagement de places agrémentées de "portes", véritables arcs de triomphes, et de fontaines, la Place Saint-Julien (actuelle place de la Victoire) et sa porte monumentale d'Aquitaine achevées vers la fin des années 1750, la Place Dauphine dédiée à la jeune épouse du Dauphin, Marie Antoinette (aujourd'hui Place Gambetta), achevée en 1770.et sa Porte Dijeaux, terminée en 1748, et la Place Tourny, la Place de Bourgogne (Bir-Hakeim), les façades des quais, la réalisation du Jardin Royal (aujourd'hui Jardin Public), que Tourny surnomme "ses Tuileries", et de nombreux lotissements, le démantèlement du Château Trompette ... « Vers 1700, Bordeaux était un amas gothique de venelles. Le XVIIIe siècle métamorphose cette communauté en cité de pierre et d’axes glorieux. Cendrillon magnifiquement parée sort de sa citrouille girondine. L’ex-ville close du Moyen Âge devient l’ouverte agglomération bordelaise ; elle troue son anneau fortifié ; elle le troque pour une demi-ceinture de proto-boulevards ». (E. Leroy-Ladurie, Histoire de la France urbaine)

medium_Richelieu_marechal.jpgMais il manque à la ville un théâtre ! Les « théâtres de société », véritables scènes privées furent légion dans la France du 18e siècle ; ainsi que les salons particuliers qui dans le cadre de leurs activités littéraires mondaines firent représenter des pièces. Bordeaux ne pouvait échapper à la règle, et un assez grand nombre de salles de spectacle se sont succédées, mais elles ont été tour à tour incendiées, rue du chai-des farines, place de la mairie, Fossés de l'intendance, ... Les jurats ont bien fait construire en 1738 une salle en pierre dans les jardins de l'ancien l'hôtel de ville, alors situé à proximité de la Grosse-Cloche, sur les plans de l'architecte de la ville, Montégut. Mais ce théâtre d'une capacité de 1 500 places est détruit par un incendie dans la nuit du 28 au 29 décembre 1755. D'innombrables troupes de comédiens, baladins, danseurs de corde, et acteurs de foire se produisirent sur les places publiques, dressant des tréteaux pour quelques jours seulement. Dans l'attente de la reconstruction nécessaire bien qu'hypothétique de l'hôtel de ville qui devait intégrer une nouvelle salle de spectacle, un théâtre est aménagé en 1760, à l'entrée de la rue de la Corderie proche de la place Dauphine et du couvent des Récollets. Le Maréchal de Richelieu se passionne pour la Comédie ... et les comédiennes qui l'appellent "Papa maréchal" ... il sédentarise en 1761 une de ces troupes, qui obtient le monopole des spectacles. Le célèbre acteur Le Kain viendra jouer à plusieurs reprises dans la salle de la Corderie et y rencontrera un franc succès.

Le Maréchal de Richelieu entreprend donc de construire un "vauxhall" près du Château Trompette, à l'instar de Lyon ou Montpellier. Refusant un premier projet présenté par François Lhote, il fait venir Victor Louis, qui travaille déjà à restaurer son hôtel parisien rue Neuve Saint-Augustin. En 1173, celui-ci présente des plans que le Maréchal Richelieu fera modifier pour l'embellir. Le théâtre, dont la façade est orientée vers les Allées de Tourny, est construit en partie sur les glacis du château Trompette à l'emplacement du forum gallo-romain où se trouvait le temple des Piliers de Tutelle (du nom de la déesse Tutela protectrice de la ville). Il faut également couper 200 arbres que Tourny venait juste de planter le long du Chapeau-Rouge, malgré la réticence des jurats!

medium_victor_louis.jpgLes banquiers génois prêtent 600 000 livres, et l'état vend, mal, l'Îlot Louis pour financer les travaux, mais cela ne suffit pas. Pendant les 6 années de construction, Victor Louis dirige son chantier, jongle avec les créanciers pour payer ses ouvriers et se brouille finalement avec les jurats. Un jour que Beaumarchais, de passage à Bordeaux pour l'aider à trouver des fonds nécessaires à l'achévement, était venu le voir au milieu de ses échafaudages, le pauvre architecte lui confia ses chagrins et ses découragements. "Allons, lui dit-il en riant, faisant allusion aux appareils de toutes sortes qui l'environnaient, allons, en élevant cet édifice à ta gloire, ne t'attendais-tu pas à être encombré de grues ?". Mais lors de l'inauguration, le 8 avril 1780, une foule immense se bousculait devant les portes du nouveau bâtiment. Certes, on vint assister à Athalie de Racine et au Jugement d'Apollon de Blincourt mais on vint surtout admirer la construction. C'est un triomphe et le cousin du Roi, Philippe d'Orléans, confiera à Victor Louis la rénovation du Palais-Royal.

 

medium_theatre_bordeaux_1778.jpgLa façade de 47 mètres est ornée, réminiscence de l'Antiquité, de 12 colonnes corinthiennes surmontées de statues de pierre représentant les neuf muses (Euterpe, Uranie, Calliope, Terpsichore, Melpomène, Thalie, Polymnie, Érato, Clio) et trois déesses (Junon, Vénus, Minerve) imaginées par le sculpteur Burrer. Elle s'ouvre sur deux galeries latérales longues de 88 mètres, décorées de pilastres encadrant les arcades destinées à recevoir des boutiques, mais aussi un café et sa terrasse. Le théâtre abrite également une salle de concert, un corps de garde, des appartements et même des caves louées comme chais à des négociants.

A l'intérieur, le vestibule, avec ses 16 colonnes doriques et sa voûte à caissons et à rosaces, a très peu évolué depuis 1780. On y retrouve la blondeur nue des pierres Le grand escalier en T (le premier dans ce style) est surmonté d'une coupole de 19 m de hauteur, et donne accès à la salle de spectacle dont la porte principale est gardée par 2 cariatides, l’une représentant la comédie, l’autre la tragédie. 

medium_coupe_theatre_bordeaux.jpgL’escalier se divise en deux pour donner accès au deuxième étage paré, lui, de 8 colonnes ioniques, et au Grand Foyer, le foyer d'été et celui d'hiver. Le foyer des artistes est l'une des pièces les plus flamboyantes du Grand Théâtre. Il occupe en fait l'emplacement de l'ancienne salle de concert.

medium_garonne.jpgJean-Baptiste Robin reçut en 1774 la commande du plafond entièrement en bois et en forme de coupole de la salle de spectacle, qu'il peignit en 5 mois 1/2 en 1777. Avec ses sur 193 m2, c'était le plus grand plafond peint depuis celui du salon d'Hercule à Versailles. Robin orna "à la détrempe" en peignant directement sur ce matériau. Cette fresque représente la ville de Bordeaux offrant le nouveau théâtre à Appolon et aux Muses. Dans les angles, en pendentifs, il peignit Molière, Corneille, Rameau et Quinault portés par les génies tenant les attributs de leur art. Le plafond disparut dans un incendie en 1798. Pierre Lacour, qui avait été écarté 25 ans auparavant peignit un nouveau plafond. Mais en 1917 le peintre bordelais, Roganeau, reproduisit à l’identique le plafond initial. Les autres ornements furent peints par Taconnet, qui mourut d'une chute dans la salle alors qu'il venait d'en achever le décor

Pendant quelques années, en particulier sous la Révolution, les représentations furent orageuses, et au commencement de 1795, l'acteur Louis Compain, qui fut directeur du Théâtre de la Monnaie à Paris, est même massacré en plein théâtre ! un écrivain chroniqueur, Charles Monselet en fait une description pleine de gaieté et de naturel en 1874 dans "Les souliers de sterne" A la fin du XVIIIe puis au XIXe siècle, le théâtre  accueille les artistes les plus célèbres : Dauberval, Kreutzer, Liszt, Cinti-Damoreau, Falcon, Viardot, Talma, Nourrit, Duprez, Rubini, Petipa... Plus tard, il est aussi le cadre de fêtes. Dans son écrit "Souvenirs d'un voyage à Bordeaux en 1804", qu'il écrit avec sa mère Johanna, Arthur Schopenhauer évoque les bals masqués qu'on donnait "durant toutes les soirées du carnaval et même pendant les quatre semaines qui lui succèdent, et ceci pendant le carême, et ils ne désemplissent pas".

medium_victorhugo.jpgLe 28 janvier 1871, l'armistice est signé avec la Prusse. Le 8 février, aux élections législatives, Paris vote à gauche, la province à droite à une grosse majorité. Victor Hugo est élu à Paris. Le 13 février, l'Assemblée nationale se réunit à Bordeaux. Hugo y arrive le 14 et siège le 15. Le 26 février, les Parisiens s'emparent des canons de la garnison et les installent à Belleville et à Montmartre. Le 28 février, Thiers a soumis à l'Assemblée les préliminaires du traité de paix, comportant notamment la cession de l'Alsace et d'une partie de la Lorraine. Le 1er mars 1871, l'assemblée Nationale est réunie au Grand Théâtre de Bordeaux. Les députés défilent à la tribune pour condamner la paix honteuse dont Thiers a demandé la ratification. Victor Hugo, alors député, y prononce un discours "J'ai parlé contre le traité de paix qui nous coûte deux provinces ( Alsace Lorraine) et cinq milliards". Le même jour, l'assemblée ratifiera les préliminaires de paix, malgré la protestation des députés alsaciens et lorrains, par 546 voix contre 107. "Aujourd'hui séance tragique. On a exécuté l'empire, - puis la France, hélas ! On a voté le traité Shylock-Bismarck. J'ai parlé (1). Louis Blanc a parlé après moi et supérieurement parlé. J'ai eu à dîner Louis Blanc et Charles Blanc. Le soir, je suis allé à la réunion rue Lafaurie-Monbadon, que j'ai cessé de présider. Schœlcher présidait. J'y ai parlé. Je suis content de moi." (Carnets Intimes de Victor Hugo 1870 – 1871). Les troupes allemandes entrent dans Paris, qu'elles quitteront le lendemain. Les 6 et 7 mars, Victor Hugo tente de faire venir à l'Assemblée un projet de décret prorogeant les députés d'Alsace et Lorraine dans leurs sièges « jusqu'au jour où ils pourront rendre à leurs commettants leur mandat dans les conditions où ils l'ont reçu ».Mais, le 8 mars, à l'occasion d'un incident concernant la validation du mandat de Garibaldi élu en Algérie, Victor Hugo démissionne en séance. Le 10 mars, l'Assemblée vote son transfert à Versailles par 427 voix contre 154.

 

medium_messaline.jpgA la fin de l'année 1900, Lautrec, malade, passe l'hiver à Bordeaux. Le Grand théâtre programme le 14 décembre la première représentation en France de Messaline, tragédie lyrique sur la musique de d'Isidore de Lara. Lautrec assiste à ce spectacle avec Paul Berthelot. . Dès l'apparition de Mademoiselle Ganne qui tient le rôle de Messaline, il en fera six tableaux appelés Messaline, il ne cesse de s'écier "Que c'est beau!" "Elle est divine!". Puis, quittant brusquement le théatre, peint pendant plusieurs jours fiévreusement des esquisses, il en fera six tableaux appelés Messaline, qui immortalise la comédienne.

 

 

 

 

medium_kokoschka_bdx_theatre.jpgEn 1925, Oskar Kokoschka en voyage à Bordeaux, consacrera une de ses toiles au Grand théâtre de Bordeaux

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