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mercredi, 18 février 2009

"Un roi illettré n’est qu’un âne couronné".

pinocchio_ane_recadré.jpg"Illiteratus rex quasi asinus coronatus est". Cette citation tirée de Politicratus, ouvrage de Jean de Salisbury écrit au XIIème siècle, est le nouveau slogan proposé par les universitaires en réponse au discours de Nicolas Sarkozy lors de ses voeux à l’éducation nationale où il a fustigé la lecture de "la princesse de Clèves"

"La culture... ce qui a fait de l'homme autre chose qu'un accident de l'univers." disait aussi André Malraux ! C'est pourquoi je vous soumets la lecture de ce tout petit extrait du livre qui fait tant souffrir notre président bling-bling.

Pour avoir l'intégralité du roman ... http://fr.wikisource.org/wiki/La_Princesse_de_Clèves

 

"Quelques jours après, le roi était chez la reine à l'heure du cercle ; l'on parla des horoscopes et des prédictions. Les opinions étaient partagées sur la croyance que l'on y devait donner. La reine y ajoutait beaucoup de foi ; elle soutint qu'après tant de choses qui avaient été prédites, et que l'on avait vu arriver, on ne pouvait douter qu'il n'y eût quelque certitude dans cette science. D'autres soutenaient que, parmi ce nombre infini de prédictions, le peu qui se trouvaient véritables faisait bien voir que ce n'était qu'un effet du hasard.

— J'ai eu autrefois beaucoup de curiosité pour l'avenir, dit le roi ; mais on m'a dit tant de choses fausses et si peu vraisemblables, que je suis demeuré convaincu que l'on ne peut rien savoir de véritable. Il y a quelques années qu'il vint ici un homme d'une grande réputation dans l'astrologie. Tout le monde l'alla voir ; j'y allai comme les autres, mais sans lui dire qui j'étais, et je menai monsieur de Guise, et d'Escars ; je les fis passer les premiers. L'astrologue néanmoins s'adressa d'abord à moi, comme s'il m'eût jugé le maître des autres. Peut-être qu'il me connaissait ; cependant il me dit une chose qui ne me convenait pas, s'il m'eût connu. Il me prédit que je serais tué en duel. Il dit ensuite à monsieur de Guise qu'il serait tué par derrière et à d'Escars qu'il aurait la tête cassée d'un coup de pied de cheval. Monsieur de Guise s'offensa quasi de cette prédiction, comme si on l'eût accusé de devoir fuir. D'Escars ne fut guère satisfait de trouver qu'il devait finir par un accident si malheureux. Enfin nous sortîmes tous très malcontents de l'astrologue. Je ne sais ce qui arrivera à monsieur de Guise et à d'Escars ; mais il n'y a guère d'apparence que je sois tué en duel. Nous venons de faire la paix, le roi d'Espagne et moi ; et quand nous ne l'aurions pas faite, je doute que nous nous battions, et que je le fisse appeler comme le roi mon père fit appeler Charles-Quint.

Après le malheur que le roi conta qu'on lui avait prédit, ceux qui avaient soutenu l'astrologie en abandonnèrent le parti, et tombèrent d'accord qu'il n'y fallait donner aucune croyance."

Madame de La Fayette, La Princesse de Clèves, deuxième partie

 

mardi, 17 février 2009

"Je suis né dans les prairies, là où les vents soufflent librement et où rien n'arrête la lumière du soleil. Je suis né là où il n'y a pas de barrières …"

geronimo001.jpg"- Mon fils, j'ai fait un rêve terrible au bord de la rivière... une vision qui parle de demain... Demain, dans de nombreuses lunes... J'ai vu un monde où l'Indien sera Blanc, où l'homme Noir sera Blanc, où l'homme Jaune sera Blanc... J'ai vu ce monde, Daklugie... J'ai vu les rivières et les forêts et les montagnes et l'herbe et la terre, salies et défigurées... J'ai vu des enfants qui ne reconnaissent plus leurs parents, des hommes et des femmes qui ne savent plus qui ils sont... Dans ce monde, les grizzlys, les couguars, les loups et beaucoup d'autres animaux sauvages ont disparu ou sont mis en cage... j'ai vu ce monde, mon fils... je n'en veux pas...". Pour la dixième fois, Geronimo raconte le massacre de sa mère, de sa femme Alope et de ses trois jeunes enfants par les soldats du général mexicain Carrasco, alors que les hommes du village sont partis échanger des peaux contre de la marchandise., et le rêve qu'il avait fait la veille de ce jour maudit où les hommes blancs sont arrivés sur leurs terres pour les exterminer.

Et puis soudain le visage tourmenté se détend, Geronimo a crié sa dernière phrase ce 17 février 1909. Les femmes qui n'ont cessé de le veiller sur lui depuis plusieurs jours se regardent, puis se mettent à pleurer ...

Depuis une semaine, une vilaine pneumonie donne au vieillard un souffle court, et ses proches doivent tendre l'oreille pour saisir ses phrases hachées. A ceux qui se relaient à son chevet, il dit son regret de ne pas être mort au combat et son désespoir de n’avoir jamais revu les montagnes Chiricahuas. Il raconte le désespoir qui a suivi l'extermination des siens, et qui, peu à peu fait place à une soif de vengeance féroce. Il rit en mimant les Mexicains ce 30 septembre 1859, jour de la Saint-Jérôme, où il a décidé de venger les siens, et comment leurs cris " Geronimo ! Geronimo !" lui ont inspiré son surnom. >

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dimanche, 15 février 2009

La retirada ... suite

En commentaire de ma note, Béeatrice m'a indiqué que Paco Ibanez chante le 21 février à Argeles. En effet l'anniversaire de la retirada est l'occasion de nombreuses manifestations et commémorations, expositions, conférences, marches symbolique, spectacles ... programme à télécharger en cliquant ici

samedi, 14 février 2009

Le bonheur

coeur.gif"Peut-on aimer plusieurs années de suite?" ... question très à propos pour la Saint Valentin ! Voilà une nouvelle qu'écrit Guy de Maupassant à ce sujet.

 

"C'était l'heure du thé, avant l'entrée des lampes. La villa dominait la mer; le soleil disparu avait laissé le ciel tout rose de son passage, frotté de poudre d'or; et la Méditerranée, sans une ride, sans un frisson, lisse, luisante encore sous le jour mourant, semblait une plaque de métal polie et démesurée.

Au loin, sur la droite, les montagnes dentelées dessinaient leur profil noir sur la pourpre pâlie du couchant.

On parlait de l'amour, on discutait ce vieux sujet, on redisait des choses qu'on avait dites, déjà, bien souvent. La mélancolie douce du crépuscule ralentissait les paroles, faisait flotter un attendrissement dans les âmes, et ce mot: "amour", qui revenait sans cesse, tantôt prononcé par une forte voix d'homme, tantôt dit par une voix de femme au timbre léger, paraissait emplir le petit salon, y voltiger comme un oiseau, y planer comme un esprit.

Peut-on aimer plusieurs années de suite?

- Oui, prétendaient les uns.

- Non, affirmaient les autres.

On distinguait les cas, on établissait des démarcations, on citait des exemples; et tous, hommes et femmes, pleins de souvenirs surgissants et troublants, qu'ils ne pouvaient citer et qui leur montaient aux lèvres, semblaient émus, parlaient de cette chose banale et souveraine, l'accord tendre et mystérieux de deux êtres, avec une émotion profonde et un intérêt ardent.

Mais tout à coup quelqu'un, ayant les yeux fixés au loin, s'écria:

- Oh! voyez, là-bas, qu'est-ce que c'est?

Sur la mer, au fond de l'horizon, surgissait une masse grise, énorme et confuse.

Les femmes s'étaient levées et regardaient sans comprendre cette chose surpenante qu'elles n'avaient jamais vue.

Quelqu'un dit:

- C'est la Corse! On l'aperçoit ainsi deux ou trois fois par an dans certaines conditions d'atmosphère exceptionnelles, quand l'air, d'une limpidité parfaite, ne la cache plus par ces brumes de vapeur d'eau qui voilent toujours les lointains.

On distinguait vaguement les crêtes, on crut reconnaître la neige des sommets. Et tout le monde restait surpris, troublé, presque effrayé par cette brusque apparition d'un monde, par ce fantôme sorti de la mer. Peut-être eurent-ils des visions étranges, ceux qui partirent, comme Colomb, à travers les océans inexplorés.

Alors, un vieux monsieur, qui n'avait pas encore parlé, prononça:

- Tenez, j'ai connu dans cette île, qui se dresse devant nous, comme pour répondre elle-même à ce que nous disions et me rappeler un singulier souvenir, j'ai connu un exemple admirable d'un amour constant, d'un amour invraisemblablement heureux.

petit-coeur-chocolat.jpgLe voici.

Je fis, voilà cinq ans, un voyage en Corse. Cette île sauvage est plus inconnue et plus loin de nous que l'Amérique, bien qu'on la voie quelquefois des côtes de France, comme aujourd'hui.

Figurez-vous un monde encore en chaos, une tempête de montagnes que séparent des ravins étroits où roulent des torrents; pas une plaine, mais d'immenses vagues de granit et de géantes ondulations de terre couvertes de maquis ou de hautes forêts de châtaigniers et de pins. C'est un sol vierge, inculte, désert, bien que parfois on aperçoive un village, pareil à un tas de rochers au sommet d'un mont. Point de culture, aucune industrie, aucun art. On ne rencontre jamais un morceau de bois travaillé, un bout de pierre sculptée, jamais le souvenir du goût enfantin ou raffiné des ancêtres pour les choses gracieuses et belles. C'est là même ce qui frappe le plus en ce superbe et dur pays: l'indifférence héréditaire pour cette recherche des formes séduisantes qu'on appelle l'art.

L'Italie, où chaque palais, plein de chefs-d'oeuvre, est un chef-d'oeuvre lui-même, où le marbre, le bois, le bronze, le fer, les métaux et les pierres attestent le génie de l'homme, où les plus petits objets anciens qui traînent dans les vieilles maisons révèlent ce divin souci de la grâce, est pour nous tous la patrie sacrée que l'on aime parce qu'elle nous montre et nous prouve l'effort, la grandeur, la puissance et le triomphe de l'intelligence créatrice.

Et, en face d'elle, la Corse sauvage est restée telle qu'en ses premiers jours. L'être y vit dans sa maison grossière, indifférent à tout ce qui ne touche point son existence même ou ses querelles de famille. Et il est resté avec les défauts et les qualités des races incultes, violent, haineux, sanguinaire avec inconscience, mais aussi hospitalier, généreux, dévoué, naïf, ouvrant sa porte aux passants et donnant son amitié fidèle pour la moindre marque de sympathie.

Donc, depuis un mois, j'errais à travers cette île magnifique, avec la sensation que j'étais au bout du monde. Point d'auberges, point de cabarets, point de routes. On gagne, par des sentiers à mulets, ces hameaux accrochés au flanc des montagnes, qui dominent des abîmes tortueux d'où l'on entend monter, le soir, le bruit continu, la voix sourde et profonde du torrent. On frappe aux portes des maisons. On demande un abri pour la nuit et de quoi vivre jusqu'au lendemain. Et on s'assoit à l'humble table, et on dort sous l'humble toit; et on serre, au matin, la main tendue de l'hôte qui vous a conduit jusqu'aux limites du village.

Or, un soir, après dix heures de marche, j'atteignis une petite demeure toute seule au fond d'un étroit vallon qui allait se jeter à la mer une lieue plus loin. Les deux pentes rapides de la montagne, couvertes de maquis, de rocs éboulés et de grands arbres, enfermaient comme deux sombres murailles ce ravin lamentablement triste.

Autour de la chaumière, quelques vignes, un petit jardin, et plus loin, quelques grands châtaigniers, de quoi vivre enfin, une fortune pour ce pays pauvre.

La femme qui me reçut était vieille, sévère et propre, par exception. L'homme, assis sur une chaise de paille, se leva pour me saluer, puis se rassit sans dire un mot. Sa compagne me dit:

- Excusez-le; il est sourd maintenant. Il a quatre-vingt-deux ans.

Elle parlait le francais de France. Je fus surpris.

Je lui demandai:

- Vous n'êtes pas de Corse?

Elle répondit:

- Non, nous sommes des continentaux. Mais voilà cinquante ans que nous habitons ici.

Une sensation d'angoisse et de peur me saisit à la pensée de ces cinquante années écoulées dans ce trou sombre, si loin des villes où vivent les hommes. Un vieux berger rentra, et l'on se mit à manger le seul plat du dîner, une soupe épaisse où avaient cuit ensemble des pommes de terre, du lard et des choux.

Lorsque le court repas fut fini, j'allai m'asseoir devant la porte, le coeur serré par la mélancolie du morne paysage, étreint par cette détresse qui prend parfois les voyageurs en certains soirs tristes, en certains lieux désolés. Il semble que tout soit près de finir, l'existence et l'univers. On perçoit brusquement l'affreuse misère de la vie, l'isolement de tous, le néant de tout, et la noire solitude du coeur qui se berce et se trompe lui-même par des rêves jusqu'à la mort.

Trois-petits-coeurs-tous-ch.jpgLa vieille femme me rejoignit et, torturée par cette curiosité qui vit toujours au fond des âmes les plus résignées:

- Alors. vous venez de France? dit-elle.

- Oui, je voyage pour mon plaisir.

- Vous êtes de Paris, peut-être?

- Non, je suis de Nancy.

Il me sembla qu'une émotion extraordinaire l'agitait. Comment ai-je vu ou plutôt senti cela, je n'en sais rien.

Elle répéta d'une voix lente:

- Vous êtes de Nancy?

L'homme parut dans la porte, impassible comme sont les sourds.

Elle reprit:

- Ça ne fait rien. Il n'entend pas.

Puis, au bout de quelques secondes:

- Alors, vous connaissez du monde à Nancy?

- Mais oui, presque tout le monde.

- La famille de Sainte-Allaize?

- Oui, très bien; c'étaient des amis de mon père.

- Comment vous appelez-vous?

Je dis mon nom. Elle me regarda fixement, puis prononça, de cette voix basse qu'éveillent les souvenirs:

- Oui, oui, je me rappelle bien. Et les Brisemare qu'est-ce qu'ils sont devenus?

- Tous sont morts.

- Ah! Et les Sirmont, vous les connaissiez?

- Oui, le dernier est général.

Alors elle dit, frémissante d'émotion, d'angoisse, de je ne sais quel sentiment confus, puissant et sacré, de je ne sais quel besoin d'avouer, de dire tout, de parler de ces choses qu'elle avait tenues jusque-là enfermées au fond de son coeur, et de ces gens dont le nom bouleversait son âme:

- Oui, Henri de Sirmont. Je le sais bien. C'est mon frère.

Et je levai les yeux vers elle, effaré de surprise. Et tout d'un coup le souvenir me revint.

Cela avait fait, jadis, un gros scandale dans la noble Lorraine. Une jeune fille, belle et riche, Suzanne de Sirmont, avait été enlevée par un sous-officier de hussards du régiment que commandait son père.

C'était un beau garçon, fils de paysans, mais portant bien le dolman bleu, ce soldat qui avait séduit la fille de son colonel. Elle l'avait vu, remarqué, aimé en regardant défiler les escadrons, sans doute. Mais comment lui avait-elle parlé, comment avaient-ils pu se voir, s'entendre? comment avait-elle osé lui faire comprendre qu'elle l'aimait? Cela, on ne le sut jamais.

On n'avait rien deviné, rien pressenti. Un soir, comme le soldat venait de finir son temps, il disparut avec elle. On les chercha, on ne les retrouva pas. On n'en eut jamais de nouvelles et on la considérait comme morte.

Et je la retrouvais ainsi dans ce sinistre vallon.

Alors, je repris à mon tour:

- Oui, je me rappelle bien. Vous êtes mademoiselle Suzanne.

Elle fit "oui", de la tête. Des larmes tombaient de ses yeux. Alors, me montrant d'un regard le vieillard immobile sur le seuil de sa masure, elle me dit:

- C'est lui.

Trois-coeurs-tous-chauds--.jpgEt je compris qu'elle l'aimait toujours, qu'elle le voyait encore avec ses yeux séduits.

Je demandai:

- Avez-vous été heureuse, au moins?

Elle répondit, avec une voix qui venait du coeur:

- Oh! oui, très heureuse. Il m'a rendue très heureuse. Je n'ai jamais rien regretté.

Je la contemplais, triste, surpris, émerveillé par la puissance de l'amour! Cette fille riche avait suivi cet homme, ce paysan. Elle était devenue elle-même une paysanne. Elle s'était faite à sa vie sans charmes, sans luxe, sans délicatesse d'aucune sorte; elle s'était pliée à ses habitudes simples. Et elle l'aimait encore. Elle était devenue une femme de rustre, en bonnet, en jupe de toile. Elle mangeait dans un plat de terre sur une table de bois, assise sur une chaise de paille, une bouillie de choux et de pommes de terre au lard. Elle couchait sur une paillasse à son côté.

Elle n'avait jamais pensé à rien, qu'à lui! Elle n'avait regretté ni les parures, ni les étoffes, ni les élégances, ni la mollesse des sièges, ni la tiédeur parfumée des chambres enveloppées de tentures, ni la douceur des duvets où plongent les corps pour le repos. Elle n'avait eu jamais besoin que de lui; pourvu qu'il fût là, elle ne désirait rien.

Elle avait abandonné la vie, toute jeune, et le monde, et ceux qui l'avaient élevée, aimée. Elle était venue, seule avec lui, en ce sauvage ravin. Et il avait été tout pour elle, tout ce qu'on désire, tout ce qu'on rêve, tout ce qu'on attend sans cesse, tout ce qu'on espère sans fin. Il avait empli de bonheur son existence, d'un bout à l'autre.

Elle n'aurait pas pu être plus heureuse.

Et toute la nuit, en écoutant le souffle rauque du vieux soldat étendu sur son grabat, à côté de celle qui l'avait suivi si loin, je pensais à cette étrange et simple aventure, à ce bonheur si complet, fait de si peu.

Et je partis au soleil levant, après avoir serré la main des deux vieux époux.

Le conteur se tut. Une femme dit:

- C'est égal, elle avait un idéal trop facile, des besoins trop primitifs et des exigences trop simples. Ce ne pouvait être qu'une sotte.

Une autre prononça d'une voix lente:

- Qu'importe! elle fut heureuse.

Et là-bas, au fond de l'horizon, la Corse s'enfonçait dans la nuit, rentrait lentement dans la mer, effaçait sa grande ombre apparue comme pour raconter elle-même l'histoire des deux humbles amants qu'abritait son rivage."

Guy de Maupassant

Nouvelle parue dans le Gaulois, le 16 mars 1884.

 

 

Les images sont de Sandrine BURNICHON pour UN ATELIER TOUT-EN-COULEUR!.....

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vendredi, 13 février 2009

Fatrasies

PDP_Affiche_Rose_HD.JPGEn rimes ... en rires !


C'est le titre de la version 2009 du Printemps des poètes qui se déroule du 2 au 15 mars.


Alors je vous ai réservé deux petites fatrasies modernes de Pascal Kaeser, poète-mathématicien suisse :

 

 

 

 

 

Un icosaèdre

couvre un hexaèdre

de ses leucocytes,

un dodécaèdre

ouvre un tétraèdre

à ses phagocytes.

Si l'icône a ses trachytes,

si l'otage a ses exèdres,

par contre les troglodytes

n'ont jamais pu peler Phèdre,

ni son beau-fils Hippolyte.

 

Ou encore :

 

Un chat quadrilingue,

dans une carlingue,

déclenche un esclandre.

Et une meringue

pointe sa seringue

vers l'homme au scaphandre.

" Sandwich à la salamandre ",

réclame un steward cradingue,

" ou mélasse et palissandre ",

ajoute-t-il d'un ton dingue,

avec sa voix de calandre.

 

En fait, j'ai découvert récemment les fatrasies, ces poèmes médiévaux apparemment incohérents qui, réunis à d'autres, formaient des petites pièces satiriques.

C'était au printemps dernier, lors d'une exposition sur les arts du Moyen-âge qui avait lieu dans mon département, et à laquelle participait ma prof d'enluminure.

Enluminures, donc, mais aussi calligraphie, vitrail, peinture, sculpture, photographie ... et c'est là que je rencontrais Bernadette Wiener et ses sculptures toujours drôles et parfois coquines, mais aussi son amour de la poésie. Elle m'avait donné un marque-pages sur ce sujet, que j'avais gardé et utilisé dans un gros bouquin que j'ai mis du temps à lire.

En fait je croyais que c'était une invention de sa part, et ce n'est donc que cette semaine que j'ai eu la curiosité d'aller vérifier sur internet ... eh oui, cela a bien existé au XIIIe siècle. Des cercles de lettrés s'adonnaient alors à des expérimentations joyeuses sur le langage dignes d’André Breton et de l'OuLiPo (Ouvroir de Littérature Potentielle) et s'illustrèrent dans ce type de composition comme en témoigne les Fatrasies d'Arras, recueil anonyme (souvent attribuées à Jehan Bodel) composé dans la deuxième moitié du Xlllème siècle dans une langue du Sud de la Picardie et conservé à l'Arsenal.

La fatrasie a une forme très rigoureuse, constituée par une strophe de six vers de cinq syllabes (rimes aabaab), suivis de cinq vers de sept syllabes (rimes babab), soit un onzain), mais son contenu est irrationnel. Les phrases grammaticalement correctes semblent ne pas avoir de sens réel, l'auteur s'y abandonne au pur plaisir des mots. Mais parfois ces phrases cachent des critiques ou des pamphlets du pouvoir en place. Malraux a pu écrire que "l'audience des fatrasies du Moyen Âge ne fut pas moindre que celle de Jérôme Bosch".

 

Allez, je vous en mets une des Fatrasies d'Arras en vieux picard !

Uns kailleus veluz

Devenoit rendus,

Ses pechiez plourant,

Et uns vieue baüs

Ocist quatre dus

Son cors desfendant ;

Mais mal lor fust convenant,

Se ne fust uns eternus

Qu'il troi firent en dormant,

Qui dit que li rois Artus

Estoit gros de vif emfant.

 

 

samedi, 07 février 2009

Il y a 70 ans, la Retirada, l'espoir républicain ...

LePerthus.jpg"Llego la paz. Y todos los caminos son de regreso para el hombre. Canta la semilla en los surcos matutinos, el sol, de los escombros se levanta. Paz a la mar, los cielos y la tierra ! Y al español, destierro, carcel, guerra. La paix est là. Et tous les chemins sont pour l’homme chemins de retour. La graine chante au petit matin dans les sillons, le soleil surgit parmi les décombres. Paix à la mer, aux cieux et à la terre ! Mais pour l’Espagnol : exil, prison, guerre." Rafael ALBERTI

Lorsque, le 26 janvier 1939, les troupes nationalistes entrent à Barcelone, l’une des dernières régions encore tenues par les républicains, l'issue de la Guerre civile ne fait plus aucun doute. L'armée républicaine est vaincue. Partout en Catalogne, pendant les derniers jours de janvier, les massacres de civils et les exécutions sommaires de républicains se multiplient. La répression franquiste est sanglante et impitoyable. Pour les républicains et leurs familles, il n'est pas d'autre solution que la fuite et le passage en territoire français.

Le 5 février 1939, poussé par la pression internationale, le gouvernement français ouvre la frontière entre l'Espagne et la France pour laisser entrer des enfants, des femmes et des combattants vaincus, abattus, fuyant la brutale répression franquiste mais remplis d'espoirs. Ils arrivent parfois en voiture par Cerbère et le Perthus, mais le plus souvent à pied à travers la montagne, malgré les rigueurs de l’hiver. C'est la "retirada" (retraite), immense exode qui se déverse sur Port-Bou, le Perthus, Mollo et Puigcerda ... Le 7 février, le président Manuel Azaña y Díaz lui-même s'exile en France avec ce qu'il lui reste de gouvernement. Une dernière vague de réfugiés quittera le Sud-Est de l’Espagne en mars et gagnera les territoires français d’Afrique du Nord.

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vendredi, 06 février 2009

Arrêter Facebook

patch_facecorette.png Arrêter Facebook®, que ce soit immédiatement ou progressivement, en réduisant ses connexions au site, est une aventure semée d'embûches, un défi personnel à relever chaque jour. Pour réussir cette aventure, il faut se préparer, s'informer, franchir des étapes, et savoir se faire aider pour surmonter les difficultés rencontrées au quotidien.

Facecorette est un patch qui s'applique très facilement et se décolle sans douleur. Il sera en vente très bientôt dans tous les bons télé-achats.

Facecorette a pour but de vous aider et de vous accompagner tout au long de votre aventure personnelle.

  • Calculer son degré de dépendance,
  • Faire connaître Facecorette à un ami,
  • Calculer son degré de motivation,
  • Quelques astuces pour nous aider,

C'est sur le site http://atou.eu/facecorette/

 

jeudi, 05 février 2009

On trouve des pepites sur dailymotion (suite)

Dans une note précédente, je parlais d'un court métrage réalisé par des étudiants de l'Ecole supérieure des métiers d'art (ESMA) de Montpellier, ORACLE ...

Beaucoup d'autres animation sont également disponibles sur dailymotion. Parfois inquiétantes, souvent poétiques, à trier évidemment car on y trouve de tout, mais je me suis donc régalée pendant plusieurs heures ... et comme il existe un outil "videozap" pour les grouper et les mettre en ligne, je n'ai pas résisté à en faire un petit choix ...

 

dimanche, 01 février 2009

On trouve des pépites sur dailymotion

En ces temps, plus ou moins inquiétants, où l'on va ficher les jeunes dès 13 ans (et même certains voudraient commencer à 3 ans ...), j'ai découvert un court métrage réalisé par des étudiants de l'Ecole supérieure des métiers d'art (ESMA) de Montpellier : il s'agit d'"Oracle", un système futuriste qui permet de découvrir l'avenir de nos enfants alors qu'ils viennent à peine de naitre, et ainsi de savoir si oui ou non il deviendra un délinquant, permettant alors de choisir de le garder ou non ... Ce logiciel novateur permettrait de baisser la violence dans le monde d'une manière significative ! Un père de famille découvre donc l'avenir de sa fille d'une manière dubitative ...

Cette animation est épatante par la qualité de sa réalisation, mais aussi heureusement par sa fin très humaniste ... bravo aux réalisateurs qui font passer implicitement une question récurrente, peut on tout contrôler ?


Oracle
envoyé par Esma-Movie

 

Une foule d'autres animations à savourer sur http://www.dailymotion.com/Esma-Movie

 

lundi, 19 janvier 2009

"le Chat noir"

1chat.jpgLe 19 janvier 1809, il y a 200 ans naissait Edgar Allan Poe, écrivain américain.

La nouvelle "Le Chat noir" fut publiée pour la première fois le 19 août 1843 dans l’hebdomadaire The Saturday Night Evening Post. La version française de cette nouvelle, comme beaucoup d’autres de Poe, a été traduite en français par Charles Baudelaire. La nouvelle se trouve également dans le recueil Nouvelles histoires extraordinaires.

En voici le texte intégral ...

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